Éducation : la colère des enseignants du Cameroun élève de nouveau sa voix.

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Éducation : la colère des enseignants du Cameroun élève de nouveau sa voix.

Et voilà que çà recommence. Les enseignants du Cameroun n’en peuvent plus d’être parqués dans les bantoustans infects de la fonction publique, jetés en pâture à tous les vautours qui se sentent pousser les ailes de la profanation de cette profession qui forme pourtant l’élite de demain.

Le 15 mars dernier, l’intersyndicale de l’éducation s’est réunie à Yaoundé pour tirer une fois de plus, la sonnette d’alarme sur les problèmes des enseignants qui s’amoncellent au fil des ans et qui pourraient être le terreau fertile d’une déflagration sociale de grande ampleur. 

Au rang des sujets abordés figurait la discrimination salariale pratiquée par le gouvernement, dans la rémunération des personnels civils et militaires dont il a la charge. Ce déni de la loi fondamentale fièrement assumée et de manière décomplexée par ceux qui président aux destinées de notre cher et beau pays, a une fois de plus pour cible l’enseignant dont le dos est si large qu’on pourrait lui faire porter tous les fardeaux.

Tenez par exemple : aux indices identiques (1140 par exemple), la différence entre les salaires de base des personnels civils et militaires est une béance inexplicable qui tutoie les 157%. De plus, quelles explications cohérentes pourraient rendre compte du plafonnement indiciaire des enseignants à l’indice 1140 alors que dans le même temps, les autres fonctionnaires continuent d’avancer dans leurs carrières ? C’est tout simplement du mépris, un doigt d’honneur brandi sans scrupule à la face de l’enseignant qu’on pousse dans ses derniers retranchements. Mais attention à la bête féroce qui se laisse acculer dans une pièce sombre et sans exutoire.

Outre les questions relatives à la rémunération des enseignants, l’assassinat à Massourtouk de monsieur AYANG KOFTOUNG Emmanuel enseignant au lycée bilingue de Kaélé, par des éléments du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), a également été discuté. Cet autre crime odieux semble être enrobé d’un manteau qui entretient l’omerta. À ce jour, aucun retour favorable ne permet de dire sans équivoque qu’une suite favorable sera donnée à la profession enseignante qui crie après la justice.

Les exactions sur les enseignants sont devenues monnaie courante au point de faire désormais partie des faits divers dont on parle en passant, comme s’il s’agissait des « no name ». Méprisé par le gouvernement et abandonné dans une société désincarnée, l’enseignant subit les foudres de tous les éléments de son biotope, sans que jamais la justice ne soit à son chevet. Et quand ces dérives arrivent à leur comble, quand la violence atteint son paroxysme dans le tissu social, c’est encore la victime d’hier qui est pointée du doigt, avec le fallacieux argument qu’il fait mal son travail d’éducation et de diffusion des valeurs. Mais qu’attend-on de l’enseignant, tout garant de la qualité de l’éducation qu’il est, quand il est constamment humilié au milieu de ceux qu’il est sensé transformer ?

Le gouvernement espère-t-il comme à son habitude, moissonner sur des champs de ruine, au moyen de la technique du pourrissement qu’il déploie de manière atavique pour taire les revendications sociales et corporatistes ? Rappelons à toutes fins utiles que le Forum National de l’Éducation dont les travaux préliminaires sont achevés depuis 2019 sanglote désespérément dans les tiroirs du gouvernement qui reste sourd aux sirènes avant-gardistes.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES.