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mercredi, mars 22, 2023
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Éducation : la colère des enseignants du Cameroun élève de nouveau sa voix.

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Éducation : la colère des enseignants du Cameroun élève de nouveau sa voix.

Et voilà que çà recommence. Les enseignants du Cameroun n’en peuvent plus d’être parqués dans les bantoustans infects de la fonction publique, jetés en pâture à tous les vautours qui se sentent pousser les ailes de la profanation de cette profession qui forme pourtant l’élite de demain.

Le 15 mars dernier, l’intersyndicale de l’éducation s’est réunie à Yaoundé pour tirer une fois de plus, la sonnette d’alarme sur les problèmes des enseignants qui s’amoncellent au fil des ans et qui pourraient être le terreau fertile d’une déflagration sociale de grande ampleur. 

Au rang des sujets abordés figurait la discrimination salariale pratiquée par le gouvernement, dans la rémunération des personnels civils et militaires dont il a la charge. Ce déni de la loi fondamentale fièrement assumée et de manière décomplexée par ceux qui président aux destinées de notre cher et beau pays, a une fois de plus pour cible l’enseignant dont le dos est si large qu’on pourrait lui faire porter tous les fardeaux.

Tenez par exemple : aux indices identiques (1140 par exemple), la différence entre les salaires de base des personnels civils et militaires est une béance inexplicable qui tutoie les 157%. De plus, quelles explications cohérentes pourraient rendre compte du plafonnement indiciaire des enseignants à l’indice 1140 alors que dans le même temps, les autres fonctionnaires continuent d’avancer dans leurs carrières ? C’est tout simplement du mépris, un doigt d’honneur brandi sans scrupule à la face de l’enseignant qu’on pousse dans ses derniers retranchements. Mais attention à la bête féroce qui se laisse acculer dans une pièce sombre et sans exutoire.

Outre les questions relatives à la rémunération des enseignants, l’assassinat à Massourtouk de monsieur AYANG KOFTOUNG Emmanuel enseignant au lycée bilingue de Kaélé, par des éléments du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), a également été discuté. Cet autre crime odieux semble être enrobé d’un manteau qui entretient l’omerta. À ce jour, aucun retour favorable ne permet de dire sans équivoque qu’une suite favorable sera donnée à la profession enseignante qui crie après la justice.

Les exactions sur les enseignants sont devenues monnaie courante au point de faire désormais partie des faits divers dont on parle en passant, comme s’il s’agissait des « no name ». Méprisé par le gouvernement et abandonné dans une société désincarnée, l’enseignant subit les foudres de tous les éléments de son biotope, sans que jamais la justice ne soit à son chevet. Et quand ces dérives arrivent à leur comble, quand la violence atteint son paroxysme dans le tissu social, c’est encore la victime d’hier qui est pointée du doigt, avec le fallacieux argument qu’il fait mal son travail d’éducation et de diffusion des valeurs. Mais qu’attend-on de l’enseignant, tout garant de la qualité de l’éducation qu’il est, quand il est constamment humilié au milieu de ceux qu’il est sensé transformer ?

Le gouvernement espère-t-il comme à son habitude, moissonner sur des champs de ruine, au moyen de la technique du pourrissement qu’il déploie de manière atavique pour taire les revendications sociales et corporatistes ? Rappelons à toutes fins utiles que le Forum National de l’Éducation dont les travaux préliminaires sont achevés depuis 2019 sanglote désespérément dans les tiroirs du gouvernement qui reste sourd aux sirènes avant-gardistes.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES.

Adhésions massives et popularité en hausse : la réforme des retraites sauvera-t-elle les syndicats ?

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Adhésions massives et popularité en hausse : la réforme des retraites sauvera-t-elle les syndicats ?

Par Lou Fritel, Publié le 24/02/2023 à 6:00

Les organisations syndicales revendiquent de nombreuses nouvelles adhésions depuis le début du conflit social et apparaissent comme la meilleure opposition à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Regain réel ou sursis déguisé ?

Plus de 10 000 adhésions à la CGT, 10 000 à la CFDT, 5 000 pour Force ouvrière,… À écouter les représentants syndicaux, leurs organisations ont le vent en poupe depuis les mobilisations records du mois de janvier contre la réforme des retraites, celle du 31 janvier, tout particulièrement, avec 2,5 millions de personnes dans les rues, selon les syndicats, contre 1,27 million de manifestants pour le ministère de l’Intérieur. Plus, donc, que les 997 000 protestataires décomptés par Beauvau en 2010 contre une autre réforme des retraites, celle de François Fillon.

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Chez Europe 1 le 10 février, Philippe Martinez s’enorgueillissait que son syndicat ait « dépassé les 10 000 nouvelles adhésions en un mois ». Même son de cloche chez Laurent Berger qui annonçait un bond de 10 000 adhésions en janvier, 7 000 demandes sur la seule dernière semaine quand, « d’habitude, c’est 3 000, un peu moins que ça chaque semaine », précisait-il sur RTL le 1er février. Force ouvrière se félicite également de 5 000 adhésions en plus sur la même période, rapporte encore l’antenne du groupe M6. Sur France Bleu, l’Union nationale de syndicats autonomes (UNSA), aussi, se gargarise d’avoir retrouvé en janvier 2023 le niveau d’adhésion de 2019, avant la crise sanitaire, avec une augmentation de 2 000 adhérents en quatre ans.

COMPTER LES ARRIVÉES… MAIS AUSSI LES DÉPARTS Des adhésions « massives », selon les mots de Rémi Bourguignon, professeur à l’Université Paris-Est-Créteil, interrogé par RMC, qui « constituent une véritable originalité », mais pas nouvelle en temps de mobilisation sociale forte, comme le soulignent plusieurs spécialistes interrogés par Marianne. « Chaque fois que des manifestations ou des mouvements sociaux réussissent, les syndicats expliquent qu’il y a une augmentation des adhésions pour montrer leur réussite », nous rappelle Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à l’université de Bourgogne. Stéphane Sirot, socio-historien expert des mobilisations sociales, abonde et cite en exemple « le Front populaire, les grèves de 1936 ou même, dans une moindre mesure, le mouvement de mai 1968 » où les « afflux d’adhésions ont parfois été assez massifs ».

Ces chiffres doivent surtout se lire à l’aune du nombre d’adhérents à jour de cotisation. « Il faut bien voir que la syndicalisation est un flux : chaque année des gens arrivent et chaque année des gens s’en vont, détaille Dominique Andolfatto. Ce que nous disent les syndicats, c’est que les adhésions iraient deux fois plus vite que d’habitude. Mais ils ne nous donnent pas le nombre de partants. Or, il y a des adhérents qui déménagent et ne renouvellent pas leur carte, d’autres qui partent à la retraite. »

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En prévision de son 53e congrès, en mars, la CGT publiait un rapport précisant son nombre d’adhérents et leur évolution. En 2018, ils étaient 638 656. En 2020, ils ne sont plus « que » 605 603. Des chiffres plutôt dans la fourchette haute des estimations, quand les observateurs les plus sévères situent plutôt leur nombre autour de « 450 000 », précise encore Dominique Adolfatto, et qui témoignent en tout cas d’une perte de vitesse de l’organisation. Pour Stéphane Sirot, « la question qui se pose aujourd’hui » aux syndicats « est leur capacité à conserver » leurs adhérents.

« L’un des problèmes actuels est qu’il y a beaucoup de turn-over, beaucoup d’entrées mais aussi de sorties, poursuit-il. Depuis les années 1970-1980, la tendance lourde est à la désyndicalisation », alors que le taux de personnes syndiquées en France tourne « au mieux autour de 10 % » contre 20 à 25 % durant les Trente glorieuses. Ce désamour est d’autant plus palpable lors des élections professionnelles. En décembre, celles concernant les salariés de la fonction publique ont été boudées par les fonctionnaires, avec un taux de participation de 43,7 % seulement, un « recul de 6,1 points » par rapport au précédent scrutin en 2018, détaillait la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) dans un communiqué de presse à l’issue du scrutin.

PRISE DE DISTANCE AVEC LES PARTIS POLITIQUES

Ces considérations n’empêchent pas d’observer un regain réel des syndicats en ces temps de réforme des retraites. Selon un sondage de l’Ifop réalisé pour Le Journal du dimanche le 18 février, ces organisations apparaissent comme la meilleure opposition à Emmanuel Macron « pour 43 % des Français », précise l’institut. Loin devant le Rassemblement national (25 %) et la Nupes (23 %). Grâce à une prise de distance ostensible vis-à-vis des formations politiques ? « L’une des critiques des Français contre les syndicats était qu’ils étaient trop politisés. Depuis une vingtaine d’années, toutes les organisations essayent d’être autonomes des partis politiques. Même la CGT fait des efforts », observe Dominique Adolfatto.

Or, la dernière séquence parlementaire a, justement, rendu très visible cette prise de distance. Philippe Martinez, surtout, dont les sympathies pour la gauche ne sont pas un mystère, se lâchait contre les partenaires insoumis sur BFMTV le 19 février : « L’Assemblée nationale doit être au service de ce mouvement social. Or, au travers de nombreux incidents, on a plus évoqué ces incidents que le fond du problème et ce qui est en débat dans la rue », fustigeait-il alors que le comportement de LFI durant les discussions a déplu jusque dans les rangs socialistes et écologistes. Le patron de la CGT, qui passera la main en mars, accusait même certains de « vouloir s’approprier le mouvement social en reléguant les syndicats au second plan ».

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« Que la CGT soit si véhémente à l’égard des partis est un fait nouveau, reconnaît Dominique Adolfatto. Ils se respectaient plus ou moins jusque-là. On assiste à une forme de rupture même si beaucoup de militants sont toujours très proches de LFI ou de la gauche en général. Il s’agit donc plus d’une guerre des chefs et des stratégies », poursuit-il, estimant que ce changement de pied est « relativement populaire aux yeux des Français » et « peut jouer en la faveur » des syndicats.

REGAIN OU SURSIS ?

Pour l’heure, difficile de dire si cet apparent retour au syndicalisme a de beaux jours devant lui. Les organisations pourraient tout autant pâtir du jusqu’au-boutisme du gouvernement qu’elles ont profité de la vacuité des discussions à l’Assemblée. Depuis le début des années 2000, les syndicats ont perdu quasiment tous leurs bras de fer avec l’exécutif : la réforme Fillon en 2003, celle de Woerth en 2020, la loi Travail en 2016. Même la réforme des retraites de 2020, malgré une mobilisation dure et très suivie – 800 000 manifestants selon l’Intérieur le 5 décembre 2019 et « 55 ou 55 jours de grèves d’affilée », se souvient Stéphane Sirot –, n’avait pas empêché l’exécutif de passer en force en recourant au 49.3. Avant que la crise sanitaire n’y mette un terme.

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Sans effets dans la rue, l’opposition se manifeste dorénavant dans les urnes, comme en 1997 après les manifestations de 1995 ou en 2012 après la réforme de 2010. « Par leur amnésie et leur autisme, les politiques font monter encore un peu plus l’extrême droite, cingle Stéphane Sirot. Amnésie, comme lorsque Macron oublie avoir dit que les résultats de la présidentielle l’obligeaient. Autisme, parce que le gouvernement n’engage plus aucune négociation avec les organisations syndicales mais ne fait que les consulter. D’ailleurs, la Première ministre parle pour eux de “concertation” mais emploie le mot “négociations” quand il s’agit des députés LR », avec qui le gouvernement a topé sur les carrières longues.

Débat des lecteurs

 « Celui de la sous-traitance, des autoentrepreneurs, des Ubers, des précaires », égrène Stéphane Sirot. Assez pour faire naître des collectifs citoyens à l’importance parfois supérieure à celle des syndicats, comme les Gilets jaunes. Alors que 68 % des Français soutiennent l’opposition à la réforme selon un sondage pour Le Figaro datant du 17 février, ces « déserts syndicaux » couplée à l’impuissance des organisations face au gouvernement ne seront pas sans conséquences, prévient l’universitaire : « Nous assisterons peut-être à la résurgence de mouvements plus insurrectionnels type Gilets jaunes. »

CES VIOLENCES EN MILIEU SCOLAIRE QU’ON OCCULTE : cas spécifique des violences institutionnelles  sur les enseignants.

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CES VIOLENCES EN MILIEU SCOLAIRE QU’ON OCCULTE : cas spécifique des violences institutionnelles sur les enseignants.

Le Ministère des Enseignements Secondaires organise les 20 et 21 décembre 2022 à l’hôtel Hilton de Yaoundé une conférence sur les violences en milieu scolaire. Cette initiative est sans conteste louable. Notre espace scolaire est devenu ces dernières années un véritablement coupe-gorge où l’on insulte, frappe, empoisonne et poignarde à tour de bras. Le cas emblématique de feu Njomi Tchakounté froidement immolé au Lycée Classique de Nkolbisson reste gravé dans les mémoires, en même temps que la réaction brutale des pouvoirs publics à l’encontre des enseignants venus accompagner avec quelque honneur le collègue tombé sur le champ professionnel.

Qui subit le plus cette violence éruptive qui, tel un tsunami, balaie nos campus scolaires ? Un coup d’œil au programme de la prochaine conférence du MINESEC laisse apparaître que les élèves seraient, de l’avis des responsables du MINESEC, les principales victimes. Il suffit de s’attarder sur les thématiques à l’ordre du jour,  notamment sur l’énuméré des sous-thématiques du panel n°4 portant sur la réponse des pouvoirs publics à la montée des violences scolaires : on y parle de règlement intérieur, encore de règlement intérieur, d’orientation-conseil, de clean-school, de contrôle-suivi, et puis c’est tout. Ce n’est pas pauvre, mais c’est gravement lacunaire. On peine à trouver dans cette boîte à outil de quoi adresser une catégorie spécifique de violence : celle institutionnelle à l’égard des enseignants. Or, en raison de sa position centrale dans la mise en œuvre disciplinaire (nous dirons en quoi, et cela permettra de « brutaliser » certaines vaches sacrées que Dieu nous le pardonne !), il est difficile de lutter efficacement contre la violence en milieu scolaire si l’enseignant non seulement n’est pas acteur principal de ce combat mais en est lui-même victime à plusieurs titres, ce qui est le cas aujourd’hui.

Commençons par le dire de façon claire et sans équivoque : les apprenants sont en très grande majorité victimes de la violence en milieu scolaire. Il est indéniable que la fraction qui, parmi eux, s’illustre de manière violente n’est jamais qu’une minorité, mais c’est une minorité active, qui bénéficie souvent d’incompréhensibles passe-droits, de nombreuses lâchetés formelles et informelles, d’un laxisme institutionnel devenu chronique, d’une législation qui a dévoyé le programme des droits de l’Homme et de l’enfant pour en faire l’instrument idéologique d’un « permissivisme » suicidaire… Le MINESEC, j’en suis certain, ne se fera pas prendre à défaut sur la présentation de ce côté du tableau. Laissons-le lui donc, et occupons-nous un peu de ce qu’il risque fort bien de ne toucher, au mieux, qu’avec négligence : la violence à l’endroit des enseignants.

Quand nous étions jeunes élèves – la nostalgie n’est plus ce qu’elle était ! – il nous était difficile de dissocier de la peur le respect que nous inspiraient nos enseignants. L’œil du maître nous suivait jusques au quartier, aux domiciles. Et c’était salutaire. Le bâton y était sans doute pour quelque chose, mais s’en tenir à cette explication serait réducteur. L’autorité de l’enseignant n’était pas uniquement tributaire de la chicotte, de sa dextérité à manier celle-ci. Aujourd’hui, la peur a changé de camp, et la plupart du temps, l’enseignant qui baisse le regard et recule devant l’élève sait très bien que ce n’est pas par respect pour celui-ci mais parce qu’il lui « fout la trouille ». Nos petits anges d’hier sont en train de devenir de petits démons. Et ce n’est pas seulement parce que la chicotte a été interdite sur les campus scolaires. Des démons qui nous narguent en classe et hors de la classe, refusent de nous répondre ou nous répondent avec insolence, se rient de nos injonctions, n’exécutent pas les punitions que nous osons leur infliger pour les plus courageux d’entre nous, et quand ils estiment que nous avons dépassé les bornes unilatéralement fixées par eux, n’hésitent plus à s’en prendre à nous physiquement, seuls ou en bandes organisées. Cette violence-là nous atteint d’abord dans notre orgueil d’enseignants, ne nous touche physiquement jusqu’ici que dans des cas limités même si de plus en plus nombreux. Elle reste minoritaire même si sa courbe est croissante. La violence qui frappe de plein fouet l’enseignant depuis des années, indistinctement, collectivement, froidement, sèchement, impitoyablement, est institutionnelle.

En effet, la violation systématique des droits des enseignants, couplée à une mal-gouvernance chronique de leur carrière sont les pires violences que subissent ces derniers depuis des décennies. En début de carrière, ils sont jetés sur le terrain comme des enfants illégitimes de l’Etat : pendant que les élèves de l’ENAM, de l’EMIA, de l’Ecole de police (ce sont là les pupilles de l’Etat, les enfants légitimes) bénéficient dès l’école de bourses indiciaires, eux doivent, après avoir payé et financé leur formation eux-mêmes, entamer une carrière dans la plus honteuse des mendicités. C’est au cours de cette période que se désagrègent chez eux la confiance en eux et le respect de soi, et que commencent toutes les compromissions. Les chefs d’établissements, qui savent qu’ils n’ont ni logement ni pain, vont les harceler, les insulter, leur donner des demandes d’explication, des lettres d’observation… les infantiliser. Comment un enseignant qui quémande son lit et qui entre en classe 9 fois sur 10 le ventre vide peut-il être et se montrer digne devant les élèves ? Comment pourrait-il, excédé de tout à commencer par ses conditions de vie et de travail, résister à la démangeaison de passer sur ses élèves ses propres frustrations et ainsi allumer sinon alimenter la violence chez ces derniers ? Ces dernières années (entre 2018 et 2021), l’Etat (qui pouvait les payer) a retenu sur le bulletin de paie des enseignants près de 180 milliards dus ! Un décret présidentiel confère à une catégorie d’enseignants – les Animateurs pédagogiques – un rang de chef de service adjoint de l’administration centrale. Cela correspond à une prime de 9000 FCFA /mois. De toute la chaine de responsabilités de ce ministère, on avait alors décidé de retrancher 3 mois par an de cette prime et de ne la payer que 9 mois /12. Aucun texte ne l’autorisait : seul l’arbitraire. C’était déjà violent mais pas encore assez : on l’a supprimée purement et simplement, et on a sanctionné avec zèle tous ceux qui osaient refuser d’exercer gratuitement cette responsabilité. Imagine-t-on le degré de violence que cela représente ? non, certainement, puisque cette violence-là ne touche pas les élèves, elle ne touche que… des enseignants ! Et puis, il y a la violence par le mépris : cette prime dite de rendement : 3000FCFA/trimestre et parfois moins, c’est-à-dire 1000FCFA/mois et parfois moins ! Qu’à donc fait l’enseignant pour en mériter à ce point ? Mais la coupe de ce dernier n’est jamais pleine : il suffit de scruter la gestion de sa carrière.

Un profil existe-t-il pour ce faire ? Une ébauche à peine. Mais à quoi sert-elle généralement sinon à meubler son statut particulier ? Pendant que de vieux enseignants prennent retraite craie en main, ou font 15 à 20 ans comme surveillants généraux ou censeurs, de nouveaux venus, certainement plus cotés, deviennent Directeurs de collèges et proviseurs et les commandent. Un bon nombre d’enseignants commencent leurs carrières dans les grandes villes et les y achèvent ; d’autres, plus nombreux encore, les entament au fin fond des brousses et les y achèvent également. On a même vu, dans le NOSO en guerre, des enseignants passer 4 à 5 années au front alors que les soldats, formés quant à eux à la guerre, y sont relevés régulièrement. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de continuer à peindre ce tableau, bien que tous les détails n’y soient pas encore. Pourquoi toute politique de lutte contre la violence en milieu scolaire est-elle vouée à l’inefficacité en face d’un tel tableau ?

La raison en est fort simple : pour éradiquer un mal, il faut s’attaquer d’abord à ses causes et non pas à ses conséquences. Dans son préambule, l’Acte constitutif de l’UNESCO proclame que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Il suffirait de paraphraser cette déclaration: « la violence prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses pour la paix ». Nous sommes là à mille lieux d’une conception matérialiste et comptable de la violence en milieu scolaire qui, s’appuyant sur les rapports des surveillants généraux, des surveillants dits de secteurs, des conseils dits de discipline, déroule des statistiques comparées pour mesurer le recul ou la recrudescence de la violence. On comprend pourquoi dans cette vision, le surveillant général apparaît comme le personnage clef, le pilier de l’action disciplinaire. Mais qu’enseigne-t-il ? Ou plus simplement, comme on le dit habituellement s’agissant de n’importe quel enseignant : quelle discipline le surveillant général enseigne-t-il ? Aucune : il se contente de tenir la comptabilité disciplinaire et de sanctionner, quand cela lui est permis. Il n’est que le thermomètre de l’état disciplinaire de l’établissement. Autrefois, il était également l’exécuteur des hautes œuvres, le manieur de fouet. Aujourd’hui, il lui est quasiment interdit de punir. Il faut donc revenir aux fondamentaux, à ceux qui enseignent des disciplines, et par là construisent la discipline dans l’esprit des apprenants, ce qui revient à élever les défenses pour la paix : les enseignants.

Mais pourquoi les enseignants, par les disciplines qu’ils enseignent et puisqu’ils les enseignent indéniablement, n’arrivent plus à discipliner nos enfants ? Cette question, vous l’avez découvert j’en suis certain, est un attrape-nigaud. On n’enseigne pas ce que l’on sait, mais ce que l’on est. Une discipline n’est donc qu’un prétexte pour enseigner LA DISCIPLINE. La question devient de ce fait plus simple : les enseignants sont-ils encore disciplinés aujourd’hui ? Il suffit de scruter le parcours qui les mène à la salle de classe craie en main : comment obtiennent-ils leurs tickets pour les écoles normales ? De façon disciplinée (en d’autres termes par ordre de mérite) ou de façon désordonnée ? Comment obtiennent-ils leurs tickets de sortie de ces écoles ? Comment sont organisées leurs affectations et mutations une fois sur le terrain ? Leurs promotions ? etc. On le voit, ils passent par un parcours d’indiscipline notoire et il n’est pas illogique qu’ils en ressortent indisciplinés. Autrefois, ils avaient l’obligation de passer par le service militaire pour parachever leur formation disciplinaire : ils y apprenaient le respect des emblèmes nationaux, de la hiérarchie, des principes, l’esprit de sacrifice, du don de soi… On a cru bon les en dispenser, magnanimement ! Désormais, ils sont appelés à enseigner une chose qu’ils n’ont pas apprise eux-mêmes : la discipline. Que dis-je ? On ne leur demande même plus d’enseigner, je veux dire véritablement, quoi que ce soit, à plus forte raison la discipline. Quelles sont selon vous les chances pour qu’ils y réussissent ?

Roger Kaffo Fokou

Yaoundé : Report de la rencontre annuelle d’évaluation et de planification du RAFED

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Yaoundé : Report de la rencontre annuelle d'évaluation et de planification du RAFED

Prévue pour se tenir à Yaoundé du 12 au 15 décembre 2022, la réunion annuelle d’évaluation et de planification du Réseau Africain des Femmes en Education (RAFED) a dû finalement être reportée mais à la dernière minute et non sans dégâts. En effet, toute la préparation était achevée : les chambres d’hôtel, le matériel d’interprétation et les interprètes, tout était déjà retenu. Les billets d’avion achetés également. Une participante canadienne que le plan de vol obligeait à venir plus tôt est même arrivée à Yaoundé.

Seulement, les autres participants, assujettis à la procédure d’obtention de visas à l’entrée du pays parce que n’ayant pas d’ambassade, de consulat, ou d’hommes d’affaires camerounais dans leurs pays, n’ont pu se faire délivrer à temps lesdits visas.  La lenteur administrative dans le traitement des documents a eu raison de la bonne volonté des organisateurs. A chaque fois, il a fallu pas moins d’une semaine à chaque maillon de la chaîne de traitement des documents pour rejeter le dossier pour quelque irrégularité, jamais plus d’une à la fois. On aurait dit que de la réception du dossier à sa signature, à chaque étape, il n’y avait que des débutants, chacun d’eux incapable à son niveau de diagnostiquer les insuffisances détectables seulement à l’étape suivante. La procédure est devenue de ce fait un parcours de combattant imprévu et pour lequel les organisateurs, de bonne foi, n’avaient été préparés. Le Message de l’IERAF est donc finalement tombé, reportant, pour une tenue ultérieure non plus au Cameroun mais à Accra au Ghana, le sommet du RAFED.

Cher.e.s Collègues, 

Nous avons le regret de vous informer du report de dernière minute de la rencontre annuelle d’évaluation et de planification du RAFED, qui était prévue du 12 au 15 décembre 2022 à Yaoundé, au Cameroun. 

Cette situation regrettable est due au fait que plus de la moitié des participant.e.s se sont vu.e.s refuser le visa, ce qui n’a été porté à l’attention des syndicats hôtes par les autorités que cet après-midi.  

Face à cette situation, nous n’avons d’autre choix que de reprogrammer la réunion du 23 au 26 janvier 2023, à Accra, au Ghana. Nous vous communiquerons le lieu précis et d’autres détails, dans les prochains jours.  

Nous nous excusons sincèrement pour tout désagrément causé par ce report in extremis. Nous tenons à remercier les organisations membres de l’IE au cameroun, pour leur soutien et tous les efforts déployés pour obtenir les visas. La décision des autorités était inattendue et hors du contrôle des syndicats.  

Nous nous réjouissons d’avance de la réussite de la réunion d’Accra en janvier. 

Cordialement,   

Dr Dennis Sinyolo 

Directeur Régional, IE Afrique 

En conséquence, le Cameroun a perdu une occasion de recevoir cette importante rencontre de l’IE. Les hôtels retenus ont perdu les recettes attendues, les fournisseurs de ces hôtels, les chauffeurs de taxi, les interprètes également… Et ce n’est pas la première fois que cela arrive aux syndicats camerounais. Pendant que nos hôteliers se tournent les pouces et doivent payer des impôts sans véritablement travailler, ailleurs comme en Ethiopie, au Sénégal, les hôtels sont saturés toute l’année, et leurs niveaux de prestations ne cessent point de s’élever, pour être de plus en plus comparables au niveau international.

Roger Kaffo Fokou

IE Région Afrique : Le RESAC tient enfin son atelier sous-régional en présentiel !

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IE Région Afrique : Le RESAC tient enfin son atelier sous-régional en présentiel !

Après deux années de réunions en ligne à cause de la pandémie du COVID 19 et dans le cadre des activités 2022 du Réseau Africain des Femmes en Education (RAFED), le Réseau des Enseignantes Syndicalistes d’Afrique Centrale (RESAC) a organisé du 15 au 17 novembre 2022 à Brazzaville en République du Congo, un atelier sous-régional de formation et de partage d’expérience des responsables des questions d’égalité de genre des syndicats membres de l’IE sur le thème : « leadership genre et convention 190 de l’OIT » auquel était convié la FESER.

 Les objectifs de cet atelier étaient d’outiller les participant(e)s pour une meilleure compréhension du concept de leadership genre  et de développer des stratégies communes pour un plaidoyer efficace en vue de la ratification de la C190 sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail.

Cet atelier qui a connu la participation d’une trentaine de participant(e)s dont trois secrétaires généraux des fédérations syndicales s’est déroulé sous la coordination des camarades Agnès Béatrice Bikoko et Léa Georgina Eyeng et a permis aux femmes syndicalistes de partager des expériences et des exemples de bonne pratique en matière de syndicalisation des femmes, de plaidoyer et de constitution des groupes de pression. L’exemple le plus patent est celui du Gabon où le SENA a obtenu du gouvernement gabonais la promesse solennelle de la ratification de la C190 après un travail de collecte des données qui a permis aux camarades du SENA de compiler des centaines de cas de violence et de harcèlement dans les établissements scolaires.

Les tactiques et stratégies de mobilisations ainsi que les techniques de négociation ont également été partagées par les responsables syndicaux présents à cet atelier. Notons que la représentante de l’IE Afrique nous a suivis de bout en bout via un lien Zoom crée pour la circonstance, suite à l’impossibilité pour elle d’être parmi nous. C’est d’ailleurs elle qui nous a présenté les initiatives de l’IE en faveur des questions de genre ainsi que ses attentes vis-à-vis des organisations affiliées.

L’activité qui a retenu notre attention est bien celle du troisième jour qui a abouti à l’adoption des plans d’action par sous-région pour l’année 2023. L’autre information capitale de cet atelier est la préparation à l’élection de la prochaine coordinatrice du RESAC en 2023. Les critères pour y postuler sont connus : pouvoir communiquer en français et en anglais, et avoir mené les activités du plan d’action 2023 tel qu’adopté. Toutes les organisations syndicales ont été invitées à s’investir sur le terrain pour que les rapports soient plus consistants à notre prochaine rencontre. Par ailleurs et dans le cadre de la coopération Sud-Sud, la prochaine rencontre se tiendra au Cameroun. En attendant, le plan d’action de la section genre de la FESER pourrait entrer en exécution d’ici janvier 2023 inch allah !

Désirée Deffo Kaptche

                            Responsable des questions d’égalité genre de la FESER

Débat politique de la FES : Le Cameroun en 2023 va-t-il faire un pas de plus vers le chaos ?

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Débat politique de la FES : Le Cameroun en 2023 va-t-il faire un pas de plus vers le chaos ?

Le traditionnel débat bimestriel de la Fondation Friedrich Ebert de Yaoundé s’est tenu ce vendredi 02 décembre 2022 au lieu-dit. Il portait sur le thème « Quel Cameroun en 2023 ? Enjeux, défis et perspectives. » Un exercice clinique de légistes et de spécialistes de la prospective.

Sur le panel et autour de la camarade Kaptché Désirée du SNAES opérant comme modératrice de l’exercice, un sociologue, le Pr Claude ABE, un économiste homme politique, le Dr KAKDEU Louis Marie, une femme politique, Mme Anne féconde NOAH et un universitaire juriste, le Dr Richard Makon. Le tableau des enjeux et des défis sociaux, économiques et politques présenté a paru bien sombre et sans espoir. L’inorganisation des forces sociales face à la misère, l’absence de vision économique, en tout cas de mesures susceptibles d’inverser le schéma catastrophe en cours, le déficit d’engagement politique des citoyens, tout semble indiquer que rien ne sera à même de modifier la trajectoire d’un pouvoir déterminé à se conserver contre les intérêts du pays et de la majorité. Pour le Dr Makon, seul une intervention de l’armée pourrait modifier le scénario écrit.

Les débats ont permis de relever le déclasssement de l’ancienne classe moyenne et donc le risque d’un possible basculement du pays dans l’instabilité et le chaos. La tendance des acteurs politiques à se défausser sur le citoyen pourrait se lire comme une volonté de masquer les faiblesses et insuffisances de leurs propres stratégies politiques, et notamment leur incapacité actuelle à transfromer le citoyen en militant. Au-delà du scénario du putsch décrit comme le plus probable par le Dr Makon, il a été évoqué celui du chaos qui ne peut se disqualifier tout à fait.Cet exercice de Cassandre s’est achevé bien au-delà de 17h.

Roger KAFFO

Le banditisme intellectuel en cours de téléchargement au MINESEC

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Le banditisme intellectuel en cours de téléchargement au MINESEC

C’est louable de solliciter la contribution des CO du terrain, de la périphérie du centre de décision, dans le cadre de la révision du Cahier des charges des CO. Cette initiative est à féliciter. Dire le contraire, c’est être et faire rabat-joie. Toutefois, cela doit se faire dans le respect du droit d’auteur et du droit de propriété intellectuelle de tous les contributeurs.

Le banditisme intellectuel, très en vogue dans l’administration centralisée, veut que les idées de périphérie deviennent la propriété EXCLUSIVE de certain.e.s  responsables centraux qui s’en orgueillissent outre MESURE. Les exemples sont legion. Le champ de l’orientation-conseil ne fait pas mystère. Ici comme ailleurs, les hautes instructions de la hiérarchie se trouvent très souvent être les fruits du construit de certains acteurs du terrain. Malheureusement, jamais ils ne sont cités.

Un appel à contribution aurait permis de valoriser les compétences. Un appel à manifestation d’intérêt aurait permis de sélectionner un consultant individuel ou une firme pour faire le job et le soumettre à la validation de tous les acteurs de l’orientation-conseil au Cameroun.

Le MINESEC devrait donc faire un appel à candidature et envisager une collaboration avec les milieux de recherche et ceux des professionnels. Par exemple, le référentiel de compétences à s’orienter à l’issue du secondaire en France est présentement conduite au sein du Laboratoire de Psychologie et d’Ergonomie Appliquées de l’Université de Paris Cité avec la participation des Psy-EN, des CIO, des enseignants, des élèves, …

Pourquoi chez nous on ne pourrait pas mettre à profit la contribution des facultés des sciences de l’éducation, des bureaux d’études, des écoles de formation, des professionnels indépendants, etc. ? Qu’est ce qui garantit au CO et à la périphérie que leur droit seront respectés ? Les CO sollicités sont ils tous outillés pour faire le Job? Et si enfin on apprenait à faire les choses comme il se doit? Halte au chipotage ! Évoluons!

Inscrivez la rédaction et la révision du Cahier des charges des CO dans le BIP! Faites en une poche de dépenses institutionnelles et  faites faire le travail par des experts chevronnés! C’est ce qui se fait.

BOMDA

NYONG-ET-MFOUMOU : La Déleguée départementale des enseignements secondaires fait sa tournée.

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NYONG-ET-MFOUMOU : La Déleguée départementale des enseignements secondaires fait sa tournée.

La semaine du 28 Novembre au 2 Décembre dernière a été dense en activités pour la délégation départementale des enseignements secondaires du Nyong-et-Mfoumou. Madame Ngoh Ngoh née Zouga Salomé, la Déléguée départementale, a choisi cette période pour visiter les établissements scolaires placés sous sa responsabilité, l’objectif étant de réitérer l’appel à la digitalisation des enseignements.  

Le jeudi 1er décembre 2022, madame Ngoh Ngoh était dans l’arrondissement du Nyakokombo, la première halte étant le lycée bilingue de Kobdombo dont elle a foulé le sol à 13h32. Accueillie par le Proviseur et sa suite, le cortège s’est ébranlé vers la place du rassemblement bondée d’élèves et parée de ses meilleurs atours pour accueillir cet évènement solennel. L’hymne national chanté en anglais par les élèves de la classe de troisième a été repris sur ordre de la Déléguée départementale qui a invité à plus de vivacité et de présence dans l’exécution de cet emblème national. S’en est alors suivi le bal des allocutions.

Le mot de bienvenue du Proviseur, monsieur Noah François Xavier, a puisé dans le répertoire des paroles aimables pour souhaiter un agréable séjour à son hôte de marque dont la dernière visite remontait à 2020. Le maître de céans a brièvement présenté l’établissement dont il préside aux destinées non sans soulever quelques difficultés rencontrées au quotidien à l’instar du manque d’enseignants.

A la suite du Proviseur, la Déléguée départementale a pris la parole pour dire son discours. Elle a dans un premier temps, invité les élèves qui ployaient sous un soleil aux incidences caniculaires, à se réfugier sous les ombres des arbres pour un meilleur confort d’écoute. La suite de son message était un savant dosage d’exhortations, de motivation et d’appel à quitter les sentiers battus de la médiocrité pour tutoyer les cimes de l’excellence, en ce 21è dont l’allure vertigineuse laissera sur le carreau tous ceux qui se mettent en marge des apprentissages. Au terme des différentes allocutions, les élèves ont été invités à rejoindre leurs salles de classes respectives, l’heure étant à la séance de travail entre la délégation départementale et les personnels du lycée bilingue de Kobdombo.

Cette séance de travail d’une dizaine de minutes, s’est déroulée dans la bibliothèque de l’établissement. La délégation départementale,  par l’entremise du conseiller pédagogique, a insisté sur le remplissage des cahiers de textes dont la tenue est questionnable à plus d’un titre. Les enseignants syndicalistes militants du SNAES présents ont tenue à prendre la parole pour emboiter le pas à la Déléguée départementale qui, plus tôt dans la journée, avait convoqué le 21è siècle. Ces derniers ont rappelé les compétences de ce siècle de la vitesse que sont la coopération, la communication, la créativité et l’esprit critique, et leur difficile implémentation dans un environnement où les équipements ne s’y prêtent pas. Ils ont insisté sur l’équipement des salles informatiques, des laboratoires et des bibliothèques qui sont quasi inexistantes dans les établissements d’enseignements secondaires du Nyong-et-Mfoumou. Les syndicalistes ont invité la Déléguée départementale, madame Ngoh Ngoh, à mettre un point d’honneur sur le contrôle des sommes collectées à cet effet, le visage lugubre des salles informatiques, laboratoires et bibliothèques laissant prospérer la thèse des détournements massifs depuis de nombreuses années.

Au demeurant, le SNAES dénonce l’atmosphère hostile dans laquelle il se déploie au quotidien et les tentatives de musellement qui jonchent son parcours. Il rappelle que les différents thèmes de la Journée Mondiale des Enseignants (JME) au fil des ans font de l’enseignant le moteur de la transformation de la société : « les enseignants au cœur de la relance de l’éducation » en 2021 et « la transformation de la société commence avec les enseignants » en 2022 pour ne citer que ceux-là. De plus, la loi N°98/004 du 4 avril 1998 portant orientation de l’éducation au Cameroun, en son article 2 alinéa 1 annonce que l’éducation est une grande priorité nationale. L’article 37 alinéa 1 de la même loi souligne que l’enseignant est le principal garant de la qualité de l’éducation. On ne devrait dont pas être surpris que les enseignants par le truchement de leurs organisations prennent de plus en plus la parole pour rappeler ce qui doit être fait pour que leurs actions dans les écoles pollinisent les fleurs de la jeunesse afin que les fruits de demain soient un concentré de valeurs nécessaires pour le développement de la société.

Les syndicats ne sont pas des adversaires, mais plutôt des partenaires pour la restauration de l’école.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES.

Jeunes leaders Friedrich Ebert et Stiftüng cameroun: la cuvée 2022 diplômée.

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Jeunes leaders Friedrich Ebert et Stiftüng cameroun: la cuvée 2022 diplômée.

Ce 30 novembre 2022, la fondation Friedrich Ebert et Sfiftüng cameroun a organisé la cérémonie de diplomation des lauréats de sa formation des jeunes leaders pour l’année qui s’achève. Pas moins de 40 jeunes des partis politiques, des OSC et des syndicats, triés sur concours, ont pu participer à cette désormais prestigieuse formation. Comme l’a rappelé Mme Nina Netzer, Représentante Résidente de la FES à Yaoundé au cours de la cérémonie, des hommes politiques prestigieux comme Lula Da Silva du Brésil ont été de jeunes leaders de la FES en leur temps dans leurs pays.

La cérémonie s’est ouverte par un rappel historique du programme « jeunes leaders » au Cameroun, présenté par M. Ngwe Gabriel, responsable de ce programme à la FES. On y apprend que le point de départ se situe en 2012, et l’élément déclencheur était le constat de l’absence de jeunes dans l’activité et les débats politiques au Cameroun. Il n’y a toujours pas de jeunes leaders FES parlementaires, mais ils investissent de plus en plus l’espace politique et certains y sont déjà leaders à l’image de Denis Emilien Atangana, Président du Front des Démocrates Camerounais (FDC). Le meilleur est certainement à venir et les prochaines législatives pourraient voir entrer au Parlement national de jeunes leaders FES.

Côté syndicats, la FES laisse un certain nombre de places aux jeunes syndicalistes. Les syndicats, comme l’a affirmé Mme Netzer, constituent le troisième pilier de la stratégie de la FES pour la promotion de la social-démocratie. Le SNAES était représenté dans cette cuvée 2022 par trois de ses membres, soit deux femmes et un homme. Ces derniers, comme les autres membres de leur promotion, ont pu, au long du parcours formatif, s’outiller dans des domaines divers : la notion de leadership, les théories politiques et institutionnelles, les droits humains, l’art oratoire, la communication politique, le montage des projets et l’entreprenariat, la prévention et la résolution des conflits, la gestion axée sur les résultats… Un programme vraiment alléchant. Les candidats 2023 devraient déjà se préparer à la compétition.

Roger Kaffo Fokou

Plaidoyer pour la liberté d’expression au Cameroun.

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Plaidoyer pour la liberté d’expression au Cameroun.

Je peux me tromper mais jusqu’à ce que cela soit établi, j’affirme qu’aujourd’hui plus qu’hier, la liberté d’expression est en danger de mort au Cameroun. La récente lettre d’instruction du MINAT au Gouverneur du Littoral concernant Equinoxe TV, M. Serge Alain Otou et M. Le Bon Datchoua est un signal d’un virage inquiétant vers une forme de répression véritablement inquisitionnelle. Un signal annonciateur du pire, d’un véritable bond vers le passé.

J’ai eu le privilège douloureux de connaître l’époque du défunt Président Ahmadou Ahidjo. Jusques au dernier jour de son long règne, il a maintenu les Camerounais, en matière d’expression, dans un carcan non pas de fer mais d’acier. La presse de lors avait la liberté étriquée de parler de faits divers et de sport, sous condition de savoir dissocier ces banalités de la politique. Un écart, même infinitésimal, et le couperet s’abattait, inflexible, inexorable. Au début des années 1980, j’étais alors étudiant à l’université de Yaoundé, il ne faisait pas bon relâcher sa langue ni dans le bar du coin, ni dans le taxi de hasard. Une parole mal calibrée, mal placée, un simple égarement d’un instant et le pire pouvait vous tomber dessus, sous la forme alors habituelle d’une disparition et d’un internement dans quelque camp de « redressement » : Tcholliré, Yoko, Mantum… On avait alors appris chacun à résister à toute forme de tentation discursive. Dans leurs salles de classe, les enseignants devaient alors se faire experts en contorsions dans l’enseignement de l’histoire ou des œuvres littéraires engagées. On était constamment à la merci de la moindre délation et nombreux sont nos enseignants de l’époque à avoir payé leurs écarts d’un séjour prolongé au milieu de nulle part. Et puis M. Biya est arrivé en 1982…

Avec lui, la parole s’est libérée, véritablement. Comme il l’avait alors affirmé lui-même et il faut témoigner que sur ce plan-là il a longtemps tenu parole, il n’était plus nécessaire de prendre le maquis pour exprimer ses idées. Avec lui, les Camerounais ont pu manquer de pain, de bonnes routes, de bonnes écoles, de bons hôpitaux… mais ils n’ont jamais été empêchés de le dire. Avec lui, chacun a toujours pu dire ce qu’il avait sur le cœur même si M. Biya s’est arrangé pour qu’il soit impossible à qui que ce soit de le manifester. Cette page-là est donc en train de se tourner véritablement, non pas semble-t-il en vue d’une nouvelle avancée, mais tout bêtement d’un retour vers le passé.

Au fait, que reproche le MINAD à Equinoxe TV, M. Serge Alain Otou et M. Le Bon Datchoua ? Simple : que sur les antennes du premier, dans le cadre d’une émission animée par le second, le dernier a affirmé que « M. Biya est l’une des malchances que le Cameroun ait connues ». Le MINAD trouve alors les faits d’une « gravité avérée ». Mais de quels faits s’agit-il exactement ?

La question a l’air toute banale mais il faut bien se la poser, puisqu’il n’y a pas véritablement « fait » mais « opinion ». Le Bon Datchoua, n’a pas « fait quelque chose », il a « dit quelque chose ».  Quoi exactement ? Que « M. Biya est l’une des malchances que le Cameroun ait connues ». Dans cet énoncé, « Biya » et « Cameroun » sont les seuls éléments objectifs, qui échappent pour leur compréhension à toute espèce d’interprétation. On ne peut pas, concernant ces deux éléments, poser la question « Qu’est-ce que tu as voulu dire ? » parce que M. Biya sera toujours M. Biya et le Cameroun sera toujours le Cameroun. Il reste donc « malchance » : c’est la mauvaise chance. Et c’est quoi la chance ? C’est l’aléa, le sort, le hasard, la fortune, c’est-à-dire quoi ? Nous sommes en présence d’un élément psychologique. Ce qui est une chance pour les uns est simultanément une malchance pour les autres. On ne peut donc pas culpabiliser la malchance sans en faire autant de la chance. Est-ce que si je dis que « M. Biya est l’une des chances que le Cameroun ait connues » ce sera des « faits dont la gravité est avérée » ? Si ce n’est pas le cas, alors il est absurde de tenir pour coupable de fait dont la gravité est avérée celui qui affirme le contraire de ce propos. Celui qui affirme avoir eu de la chance est souvent seul à savoir le contenu qu’il donne à ce vocable, de même en est-il de celui qui affirme être victime de malchance. En l’occurrence, comme il s’agit d’une opinion, d’un énoncé subjectif, son contenu n’est déterminé que subjectivement, un peu comme une auberge espagnole : chacun n’y trouve que ce qu’il y a apporté. Le reste n’est que pure inquisition.

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur », disait si  bien Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro. On peut, même à défaut de mettre un contenu objectif au propos de Le Bon Datchoua, démontrer qu’il a voulu blâmer le Chef de l’Etat. Il sera en effet difficile d’affirmer que « malchance » est un connoté mélioratif. Ce contenu appréciatif négatif qu’il attribue au Chef de l’Etat évalue quoi ? Son physique ? Son intelligence ? Sa sagesse ? Sa vie privée ? Manifestement non : il s’agit sans faute de sa vie publique : il est une des malchances non pas pour lui-même, ni pour sa famille, mais pour le Cameroun. Il l’évalue donc comme Chef de l’Etat camerounais. En tant que membre actif d’un parti d’opposition, y a-t-il une quelconque surprise à ce que M. Datchoua ait et énonce une appréciation radicalement négative de l’action politique de M. Biya ? Il me semble que non. Le contraire eût été plus surprenant. Bénéficie-t-il du droit d’agir ainsi ? Il serait intéressant qu’il soit démontré qu’il n’en a pas le droit.

Au-delà d’Equinoxe TV, de M. Serge Alain Otou et de M. Le Bon Datchoua, c’est l’héritage positif le plus indiscutable de M. Biya qui est en train de s’effondrer. S’il est une chose dont on est sûr que son bilan portera toujours côté crédit, c’est certainement d’avoir donné aux Camerounais la liberté d’expression. Mais ce legs va-t-il résister à la bourrasque de cette fin de règne ? Et si ce mur porteur, si isolé, s’effondre, que va-t-il rester debout d’ici la fin ? Et à quoi les Camerounais, notamment les instruits d’entre eux qui aiment tant à se chamailler sur les plateaux de télévisions, les antennes de radios, dans les journaux et les médias sociaux, eux qui sont si silencieux en cette heure grave où l’on fusille sur la place publique la liberté d’expression, à quoi croient-ils qu’il va leur falloir s’attendre ?

Roger Kaffo Fokou, écrivain.

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