23.9 C
Yaounde
mercredi, mars 12, 2025
Home Blog Page 16

DISCIPLINE : RENFORCER L’ARSENAL.

0

A l’heure triomphante des libertés et au royaume victorieux des droits de l’enfant, le « tout permis » semble s’ériger en règle de comportement dans nos lycées et collèges, publics notamment. Un véritable drame !

 

 

AUTRE TEMPS AUTRES MŒURS.

« Autant de fautes, autant de coups de bâton ». C’est à cette dure école que Mamadou et sa sœur Bineta ont été formés, dressés et finalement sont « devenus grands ». (C.M.I & II) pour avoir appris « à lire et à écrire couramment »(C.E.I & II) sous la férule de Maître DIALLO. Ne dit-on de la crainte de Dieu, aussi bien que celle du fouet, qu’elle est «  le commencement de la sagesse ? »

En effet, la justice sans la force est faible. Peut-on rendre justice, faire prévaloir le droit au pays de l’impunité ? Equité et fermeté doivent se fondre en un projet unique : l’éducation.

Mais de quelle fermeté s’agit-il de nos jours ?  L’époque coloniale du règne qui a ses « oreilles aux fesses » est bel et bien révolue. Trêve de nostalgie.

LES FAILLES DU SYSTEME

En milieu scolaire, la « table des lois » a un nom : Règlement Intérieur. C’est ce document officiel qui codifie les droits et devoirs de l’élève et précise l’échelle des sanctions subséquentes aux diverses infractions, ce conformément aux instructions ministérielles en la matière. C’est un pacte, un contrat.

Mais à l’analyse, à la pratique et surtout au regard de la déliquescence actuelle des valeurs morales, nos Règlements Intérieurs souffrent de nombres d’insuffisances. Ils sont devenus obsolètes.

A titre d’illustration : le pouvoir de sanction. Celui-ci relève :

  • Des responsables administratifs : Surveillant Général ; Censeur ; proviseur ;
  • Du conseil de discipline ;
  • Du conseil de classe.

Ainsi l’enseignant, premier éducateur dans sa classe, se retrouve sans autorité aucune sur ses élèves. Il ne peut ni les mettre à genoux, ni les expulser de la  classe, encore moins leur « frotter le nez ». Et s’il ose, bonjour la prison ! A la limite, il peut les traduire au conseil de discipline ou attendre patiemment le conseil de classe de fin d’année qui fait aussi office de conseil de discipline et qui peut ainsi se prononcer sur une décision d’exclusion. Entre temps, l’élève s’installe dans l’impunité avec tous les avatars subséquents : insolence ; insubordination ; violence verbale voire physique.

De même, si les infractions mineures peuvent faire l’objet d’une sanction immédiate n’excédant pas trois jours d’exclusion temporaire avec corvée, il n’est pas de même des infractions majeures. Ex : coups et blessures ; vol ; viol ; agression sur encadreur ; consommation de stupéfiants. Celles-ci relèvent du conseil de discipline dont les décisions doivent au préalable être validées par la hiérarchie.

Par ailleurs, les sanctions d’exclusion temporaire avec corvée, disciplinaire par essence ont malheureusement des incidences pédagogiques : cours et évaluations perdus ; note zéro à la clé avec au bout du rouleau l’échec et l’exclusion définitive. Dans un tel contexte, comment garantir la qualité de la pédagogie et relever le taux de réussite ?

Enfin, la transhumance scolaire vide de toute substance la sanction d’exclusion définitive ou de redoublement. Avec la complicité active des parents et à la faveur de faux bulletins, l’élève exclu ou admis à redoubler au lycée X se retrouve inscrit et admis en classe supérieure au lycée voisin Y, narguant allègrement ses maîtres d’hier.

LA FORCE DU DROIT.

Dès lors, comment restaurer ordre et discipline dans nos établissements scolaires ? Que faire pour recoudre le tissu moral qui s’effrite et s’en va en lambeaux ? Quel avenir pour notre jeunesse au royaume du libertinage et de l’impunité ?

Vivement, que force demeure à la loi ! Au droit de la force que nous opposent les élèves délinquants doit se substituer la force du droit. D’où qu’elle vienne, la brutalité doit succomber devant la légalité qui, elle, exige deux piliers : équité et fermeté.

Aussi, s’impose-t-il de nos jours l’urgente exigence d’une relecture de nos Règlements Intérieurs, un renforcement du pouvoir disciplinaire au sein de nos établissements scolaires. Restaurer la souveraineté et l’autorité du Maître- « Magister dixit ! » : voilà l’impératif catégorique. Notre quête de l’excellence est à ce prix.

 

Jean Calvin NKENFON

CPJA

IPR/vie scolaire-AD

 

 

Privatisation de l’éducation au Maroc, bras de fer entre écoles privées et parents d’élèves : Saaïd Amzazi, ministre de l’éducation, s’exprime sans langue de bois…

0

Rien ne va plus entre les parents d’élèves et les écoles privées. Supportant des coûts supplémentaires (ordinateurs, tablettes, internet…) et obligés, pour la plupart, de jouer aux professeurs, les parents d’élèves des écoles privées ne veulent pas s’acquitter de la totalité des frais de scolarité du troisième trimestre, sur lequel s’étale la durée du confinement. Alors que la tension continue de monter entre les deux parties, le ministère de tutelle tente d’éteindre le feu. Quelle marge de manœuvre pour le département de l’Education nationale ? Où en est le dossier ? Déjà, beaucoup de parents d’élèves menacent de migrer massivement vers l’enseignement public. L’école publique a-t-elle les capacités? Les éclairages de Saaïd Amzazi. 

Challenge : Quelle place le système éducatif national accorde-t-il à l’enseignement privé ? 

Saaïd Amzazi  : L’enseignement privé est une composante à part entière de notre système éducatif, tel que le stipulent la Charte Nationale de l’Education et de la Formation ainsi que la Vision Stratégique, deux textes fondateurs de ce système qui voient en lui un partenaire stratégique de l’enseignement public dans sa mission de service public, incarnée par une offre éducative équitable, diversifiée, de qualité, et qui préserve l’égalité des chances pour tous les marocains.

La loi cadre 51-17 de l’éducation n’a pas non plus manqué de reconnaître cette place de partenaire stratégique à l’enseignement privé, et précise en outre que ce secteur est lui aussi appelé à s’impliquer dans la lutte contre les disparités en matière d’éducation, notamment les disparités territoriales et sociales concernant les enfants des familles en situation d’indigence, mais aussi celles qui concernent les enfants en situation d’handicap ou à besoins spécifiques. Un autre apport important de cette loi cadre est qu’elle prévoit, dans son article 14, une refonte et une actualisation de la loi 06.00 qui régit l’enseignement privé en vue de pallier les dysfonctionnements constatés depuis des années.

Le Ministère s’est d’ailleurs déjà attelé à cette tâche, en coordination avec les représentants du secteur privé et ceux des fédérations de parents d’élèves, et travaille sur un projet de décret en ce sens permettant de mieux redéfinir les modalités de fixation des frais d’inscription, d’actualiser les frais d’assurance et mieux préciser les coûts des différentes prestations fournies par les établissements de l’enseignement privé.

Challenge : Que représente en chiffres le secteur de l’enseignement privé sur le terrain ?

L’enseignement privé primaire et secondaire abrite environ 14%, soit un peu plus de 1 million de nos effectifs d’élèves. Toutefois, la répartition des effectifs d’élèves inscrits dans des établissements privés montre une grande hétérogénéité, avec une concentration marquée dans 5 régions sur 12, lesquelles abritent plus de 78% de ces effectifs : Casablanca-Settat, Rabat- Salé-Kénitra, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan. Cette forte disparité territoriale s’exprime non seulement entre régions, mais également au sein d’une même région. J’en veux pour exemple, le cas de Rabat qui abrite près de 45% des élèves du privé de sa région alors que Sidi Slimane n’en accueille que 8%.

En outre, l’enseignement privé au Maroc ne se résume pas simplement au nombre d’élèves qui y sont inscrits : c’est un secteur qui génère beaucoup d’emplois : 71.194 enseignants, 22.261 personnels administratifs et 42.467 emplois dans les services, ce qui représente tout de même environ 135.922 salariés qui travaillent dans ce secteur, et qui sont soumis au code du travail marocain.

Challenge : Comment expliquez-vous l’engouement des marocains pour les écoles privées ?

Je ne parlerais pas vraiment d’engouement…Rappelez-vous : en 2010, 12 % des élèves marocains étaient inscrits dans le secteur privé. Dix ans plus tard, le fait que ce taux atteigne 14% ne démontre pas forcément un engouement, mais plutôt ce que je qualifierais de simple préférence de certains marocains pour ce secteur.

Bon nombre de parents n’inscrivent pas leurs enfants dans le privé uniquement pour qu’ils aient un meilleur niveau scolaire, mais aussi, et surtout, pour l’environnement qu’ils y trouveront. Les établissements du secteur privé sont généralement sécurisés, offrent un encadrement important et des opportunités en matière de transport et de cantines et d’épanouissement à travers les activités périscolaires qu’ils proposent. Ils dispensent également plus d’enseignements en langues étrangères et proposent plus de flexibilité dans leurs horaires pour s’adapter à ceux des parents. Ces familles ont donc opté pour ce système et préfèrent voir leurs enfants évoluer dans un tel contexte. Ce qui a abouti d’ailleurs au triste phénomène de fermeture de nombreux établissements publics dans des quartiers favorisés des grandes villes où l’école publique ne parvenait plus à «trouver preneur»…

Challenge : Comment les écoles privées marocaines ont-elles assuré l’enseignement à distance au cours du confinement ?

Suite à la décision du ministère de suspendre les enseignements en présentiel le vendredi 13 Mars, il va de soi que le défi de l’enseignement à distance, unique moyen d’assurer une continuité pédagogique pour nos élèves, s’est très vite posé pour tous les établissements scolaires, publics ou privés. Grâce à sa plateforme « Telmidtice » et la création de  classes virtuelles ainsi que la contribution des chaînes de télévision nationales, cette continuité pédagogique a pu être assurée aussi bien au profit des élèves du public que du privé. En ce qui concerne les établissements privés, les données émanant des directions régionales nous permettent d’estimer à environ 96% le taux d’écoles privées qui se sont engagées et impliquées afin de garantir cette continuité pédagogique à travers ces différents moyens cités ci-haut, ou d’autres mis en place par les établissements ou les enseignants.

Challenge : Quid du conflit qui oppose actuellement les parents d’élèves à ces écoles ?

En fait, tout ce conflit repose sur le paiement des frais de scolarités correspondant au trimestre qui a suivi la suspension des cours en présentiel. D’un côté, une très grande majorité de parents d’élèves ont refusé de s’acquitter de leur facture ou ont été dans l’incapacité de la régler et réclament une réduction sur ces frais, voire même, une exonération totale, notamment pour les parents d’élèves en arrêt de travail pour cause de crise sanitaire, ou ceux dont le salaire a été impacté dans ce contexte. D’autres parents estiment que les cours à distance dispensés ne justifient pas le paiement des frais de scolarité dans leur intégralité, puisque ceux-ci correspondent à un enseignement en présentiel. Sans compter que la nécessité pour leurs enfants de suivre les cours à distance leur a imposé des frais supplémentaires d’acquisition de matériel informatique et de connexion internet.

De l’autre côté, les établissements privés qui estiment avoir rempli leur part du contrat en assurant la continuité pédagogique et qui se déclarent également pénalisés par la crise du Covid-19, ce qui a d’ailleurs incité la ligue de l’enseignement privé à demander le soutien du Fonds spécial de gestion de la pandémie du coronavirus. Sans compter que, malgré les dispositions de la circulaire du ministère de l’Education nationale n° 80 du 24 juin 2003 qui invitent à renforcer la création des associations des parents d’élèves, 80 % de ces établissements ne disposent même pas d’association de parents d’élèves, qui constitue normalement leur véritable interlocuteur, ce qui a compliqué la gestion de ce conflit à l’échelle nationale.

Challenge : Comment le ministère peut-il intercéder au sein de ce conflit ?

La vraie question est plutôt de savoir quelle marge de manœuvre la loi marocaine accorde au ministère pour intercéder au sein de ce conflit… Dans son article 22, la loi 06.00 stipule que le ministère, à travers ses académies régionales de l’éducation, n’a d’autorité que sur l’autorisation de création des établissements privés ainsi que leur suivi et leur contrôle pédagogiques. Les rapports entre les familles et ces établissements, notamment en matière de frais de scolarité, ne sont pas de son ressort et sont régis par un contrat de droit commun. Il en va de même pour les employés de ces établissements qui sont soumis au code du travail national et ne peuvent donc être contrôlés que par les inspecteurs du travail.Sans cette assise légale et réglementaire qui lui permettrait de trancher dans ce débat interminable, le ministère ne peut donc que se contenter d’une médiation entre les deux parties dans un objectif de conciliation, ce qu’il a fait en menant des négociations à l’échelle centrale mais aussi au niveau des AREF ( Académie régionale de l’éducation et de la formation , NDLR) et des directions provinciales.

De nombreux établissements, qui sont à saluer, ont fait l’effort de réduire ou de reporter les échéances de paiement des frais de scolarités, voire même de les annuler, au regard du contexte difficile lié à la pandémie de Coronavirus. Mais pour une minorité d’entre eux, le blocage perdure, et je profite de cette interview pour, une fois de plus, faire appel à leur sens du patriotisme et de la solidarité humaine pour faire en sorte que cette situation conflictuelle, qui n’a que trop duré et qui nuit à l’image de l’enseignement privé aux yeux des marocains, se débloque et s’assainisse. En fait, la vraie marge de manœuvre qui revient au ministère aujourd’hui, qu’il compte exploiter au plus vite, lui est donnée, comme je le disais précédemment, par la loi cadre qui a permis de réellement baliser le terrain et nous donne autorité pour réviser la loi 06.00 de façon à ce qu’elle se conforme aux dispositions juridiques de la loi-cadre, qui stipulent que les frais d’inscription, des études, des services et d’assurance sont fixés par décret.

Nous avons donc entamé ce chantier de révision. Une proposition en ce sens sera prochainement soumise au parlement, ce qui constituera, vous en conviendrez, un acquis immense pour notre système d’éducation national, comme ce fut le cas d’ailleurs avec la loi-cadre adoptée l’été dernier. Compte tenu du fait que sur le terrain, l’offre du secteur de l’enseignement privé est très hétéroclite, aussi bien sur le plan des capacités d’accueil que sur le plan pédagogique ou sur celui des infrastructures et bien sûr des tarifs pratiqués, il nous faut, en premier lieu, élaborer un modèle de catégorisation des établissements privés sur la base de véritables indicateurs permettant une  fixation objective des frais de scolarité, en fonction de la catégorie et des prestations réellement fournies par chaque établissement.

Par ailleurs, en vertu des articles 13 et 14 de la loi cadre 51-17, le nouveau texte réglementaire devra également se pencher sur la contribution du secteur privé de l’éducation au service public, et fixer un taux de participation des établissements privés en matière d’offre pédagogique gratuite au profit des enfants issus de familles défavorisées, ou en situation de handicap ou à besoins spécifiques. Des mesures incitatives diverses pourront être mises en place au profit des établissements privés pour leur permettre également de contribuer à l’effort de réalisation des objectifs de lutte contre l’analphabétisme et de l’éducation informelle.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue que les établissements privés sont tenus, dans un délai de quatre ans, d’assurer leurs besoins permanents en cadres pédagogiques et administratifs, afin de se conformer à la loi cadre 51-17.

Challenge : Suite à ce bras de fer opposant les établissements privés aux familles, nombre de parents d’élèves menacent de migrer massivement vers l’enseignement public. Doit-on s’attendre à la rentrée prochaine à ce qu’un tel scénario puisse se réaliser ?

Déjà à la rentrée 2019-2020, donc bien avant cette crise, 52.000 élèves ont quitté les établissements privés pour s’inscrire dans le système public. Il faut toutefois mesurer les conséquences de ce transfert massif d’effectifs vers le système public à la lumière de la réalité du terrain. Tout d’abord, il est absolument incontestable que l’éducation est un droit consacré par notre Constitution, et que l’Etat marocain est tenu d’assurer à chaque enfant sa place dans un établissement scolaire public. Donc, tout enfant quittant le système privé pour le système public lors de la prochaine rentrée devra trouver sa place dans un de nos établissements publics.

Toutefois, les réformes récentes entreprises par le ministère pour améliorer le système scolaire public, commencent à porter leurs fruits, tel que le démontre la réduction de la massification au sein des classes, qui a nécessité des années d’efforts en matière de réhabilitation et de construction de nombreuses écoles, collèges et lycées, ainsi que de recrutement d’enseignants. Notre objectif était de limiter l’effectif des classes à 30 élèves pour la première et deuxième année du primaire et 36 pour les autres années. Grâce à ces efforts, le nombre de classes du primaire qui dépassent un effectif de 45 élèves ne va pas au-delà de 5% actuellement. C’est une avancée majeure. Mais aujourd’hui, ce risque d’exode massif de nos élèves vers le système public, qui est un droit acquis, je tiens à le préciser, risque de compromettre tous les efforts accomplis : nombre de nos établissements scolaires publics verront leurs capacités d’accueil dépassées et renoueront avec le phénomène de massification au sein des classes, ce qui affectera considérablement la qualité des apprentissages scolaires. Et vous en conviendrez, ce n’est pas du tout dans l’intérêt des élèves…

Sans compter que même si nous envisageons le scénario le moins lourd, à savoir la migration de 20% seulement des effectifs du privé, cela représente tout de même plus de 200.000 élèves à accueillir, ce qui nécessiterait l’ouverture d’ici deux mois pour la rentrée scolaire, de plus de 400 établissements, sur la base de 500 élèves par établissement. Autant dire que nous parlons d’une mission impossible.

Challenge : Votre dernier mot ?

Il va de soi que la crise du Coronavirus a eu le mérite de révéler au grand jour les limites de l’organisation et de fragilité de la gouvernance de nos établissements privés et constitue l’élément déclencheur de profonds changements au cœur de notre système éducatif. La révision très prochaine de la loi qui régit ce secteur, apportera des améliorations notables, c’est incontestable, notamment pour recadrer les rapports établissements – familles. Le secteur de l’enseignement privé est érigé par la loi en tant que véritable partenaire du secteur public, et accueille plus d’un million de nos élèves. Il mérite à ce titre toute notre attention, nos efforts et notre soutien. Il est donc de notre devoir de l’accompagner dans sa restructuration et de le sauvegarder.

 

 

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°14 sur la Covid-19 : EXAMENS 2020 SANS COVID-19 : À quelles conditions ?

0

 Camarades, collègues,

Avant toute chose, permettez que je vous présente la situation actualisée de la covid-19 au Cameroun et dans le monde. Au Cameroun, nous en sommes pour l’instant à 12 592 cas testés positifs, 10 100 guéris et 313 décès. Dans le monde, une explosion de contaminés aux Etats-Unis, en Amérique Latine, et en Russie. Au total, la planète compte à ce jour 10 653 987 cas positifs, 5 442 749 guéris, 514 697 décès. Même en Chine où l’on croyait la pandémie contrôlée, l’on est aujourd’hui à 85 227 cas testés positifs. Des reconfinements partiels ou totaux se dessinent ici et là. Pourquoi vous rabâcher ces données que vous avez sans doute déjà ou que vous pouvez trouver vous-mêmes avec un minimum d’effort ? Par catastrophisme ? Certainement pas. Mais nous devons arrêter de penser et de croire que nous, en Afrique, au Cameroun, pour une raison inconnue ou vaguement connue, sommes dans l’œil du cyclone.

Depuis la reprise des classes, très peu de cas de contaminations – une douzaine – ont été constatés sur l’ensemble du territoire aussi bien chez les élèves que chez leurs enseignants. Voilà une vraie bonne nouvelle, indiscutablement. Si l’on pouvait ainsi figer le temps, ce serait très bien : ni enfer, ni paradis. Juste une sorte de nulle part qui peut inspirer tous les sentiments. Qu’en est-il jusqu’ici résulté ? Un retour de confiance salutaire pour l’école chez les élèves, leurs parents et les enseignants. Mais nous avons aussi constaté des signes évidents de relâchement un peu partout. Et là, c’est beaucoup moins positif, croyez-moi.

La plupart des élèves ont tenu jusqu’ici, bravo ! Mais ils sont en train de se relâcher. La grande majorité des enseignants a fait un travail remarquable jusqu’ici, mais certains commencent à croire qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Comme autour d’eux personne n’est tombé officiellement malade de la covid-19, ou n’en est mort, beaucoup finissent par se convaincre qu’il y avait plus de peur que de mal. Et la tentation de se laisser aller, de temps en temps d’abord, puis complètement, commence insidieusement à prendre le dessus. Si les enseignants cèdent, comme des digues épuisées, la marée de leurs élèves va dévaler, et tout balayer sans doute sur son passage. Il faut donc continuer à veiller, sans la moindre relâche, pour continuer à sauver des vies. Nous l’oublions pas, en nous souciant de sauver la vie de l’autre, nous sauverons plus sûrement la nôtre.

Au cours du concours d’entrée en sixième qui vient de s’achever, l’immense majorité des acteurs ont été impeccables. Il faut les féliciter. L’on a pu tout de même constater un certain nombre de dysfonctionnements dangereux pour la santé individuelle et collective. Certains enseignants n’ont pas voulu enfiler les gants distribués pour les protéger d’éventuelles contaminations émanant des copies, ou protéger les copies d’éventuelles contaminations provenant d’eux, tous les cas de figure étant possibles. D’autres encore n’ont pas hésité à emprunter ou prêter stylos et autres accessoires de correction. La correction comme phase d’examen est un travail à la chaîne et ce faisant, ces enseignants-là se sont exposés et ont exposé les autres maillons de la chaîne. Pour les examens à venir, il serait souhaitable qu’ils reviennent à l’orthodoxie des mesures de lutte contre la covid-19. Comment convaincre le gouvernement d’assurer la disponibilité de ces outils de lutte si le rapport qu’il reçoit dit que les enseignants ne semblent pas en avoir besoin ?

Au-delà des examens, il y aura l’année scolaire 2020-2021. Son train entrera en gare en octobre 2020, avec dans ses bagages des défis énormes. Des classes à 25 élèves, des établissements à double mi-temps, des stratégies en présentiels combinées aux non-présentielles, des besoins en forte hausse d’enseignants dans une éducation publique traditionnellement en pénurie mais également dans un secteur privé éducatif habituellement emprunteuse d’enseignants du public… Ces problèmes n’ont leurs solutions ni au MINESEC, ni au MINEDUB, au MINESUP, ni au MINEFOP. Ces solutions se trouvent au Premier Ministère parce que conditionnées par un (re)déploiement budgétaire. Faudra-t-il des salles de classes de « campagne » comme cela a été le cas pour les hôpitaux ? Cela nécessitera de dégager un budget. Faudra-t-il des enseignants supplémentaires ? Combien ? Seront-ils recrutés ou faudra-t-il négocier avec les enseignants en place des solutions à court terme ? Il faudra dégager un budget pour cela. Et ainsi de suite. Le Chef du Gouvernement doit d’ores et déjà se pencher sur ces questions, pour bénéficier pleinement du trimestre de répit qu’il a devant lui.

Une dernière chose : en pensant aux solutions pour la rentrée scolaire 2020-2021, nous ne devons pas oublier qu’une nouvelle ère vient de s’ouvrir pour la planète : l’époque des pandémies. Celle de la covid-19 sévit encore que l’on en annonce déjà une possible autre. Les choses ne seront peut-être plus jamais comme avant. Alors, notre école ne doit plus jamais redevenir comme avant. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 02 Juillet 2020

 

                                                                                                                                         Le Secrétaire Général

                                                                                                                                        Roger KAFFO FOKOU

 

 

 

PERTES D’APPRENTISSAGE COVID-19 : un problème latent et lourd de conséquences auquel notre école devra faire face.

0

Il faut le savoir, nos élèves après 7 mois d’interruption de cours due au COVID-19 auront besoin de 3 à 9 mois de remise à niveau dans des conditions normales de cours, afin de retrouver leur niveau du 17 Mars 2020, niveau faut-il le rappeler, déjà incomplet. Trouverons-nous le temps et les moyens pour y parvenir ?

En effet, si on se réfère aux recherches en la matière, notamment celles menées par Cooper et al.(1996) sur la perte d’apprentissage estivale et celles de la prestigieuse organisation NWEA (étude 2015 MAP Growth standard), les faits sont sans appel : privés d’école, les apprenants accuseront des pertes prononcées d’acquis en connaissances factuelles et procédurales construits lors de l’année scolaire 2019/2020.

Ce problème qui se pose donc avec acuité requiert une réponse proportionnelle. Les élèves des classes intermédiaires qui traversent actuellement 7 mois d’interruption de cours perdront selon les estimations en cohérence avec ces recherches et le contexte scolaire actuel, de 58 à 109% des apprentissages linguistiques et de 85,7 à 141,21% des apprentissages mathématiques. Ceci correspond à des périodes estimées entre 3 à 7 mois de cours en ce qui concerne les apprentissages du premier type et de 7 à 9 mois de cours en ce qui concerne le second type. Finalement, il semble que de la moitié à plus de la totalité des enseignements effectués cette année risquent d’être annihilés du background des élèves, d’autant plus que nous savons que dans la pratique, les enseignements au Cameroun sont encore plus orientés vers les savoirs factuels et procéduraux que vers les compétences.

Pour le dire plus simplement par extrapolation et en minorant les pertes d’apprentissage, les enseignants qui vont tenir par exemple les classes de 3ème auront face à eux des élèves avec en moyenne des acquis scolaires équivalents à ceux des élèves du niveau de classe de 5ème + la première séquence de 4ème(en situation normale). Le gap est donc sérieux du fait de cette perte d’apprentissage.

Il serait important de savoir pourquoi la qualité et l’interruption des cours sont susceptibles de provoquer l’extinction des connaissances en jeu.

D’abord Parlons de la qualité des cours. D’après la structure de la mémoire révélée par Robert Gagné, seuls les savoirs qui atteignent la mémoire à long terme sont susceptibles d’y rester définitivement. Mais encore, ces savoirs pour être utiles et utilisables par l’élève doivent être organisés en réseaux cohérents, personnalisés, codifiés, décodables et compréhensibles pour être sollicités et mis en œuvre face à un problème donné. Les savoirs pour être structurés comme tels doivent, selon Gerard Vergnaux, quitter du stade des savoirs sous leurs formes explicites pour atteindre le stade d’invariants opératoires puis de schèmes, pour constituer un élément de compétence ou une compétence. Les cours, pour permettre aux élèves de réaliser des apprentissages qui s’inscrivent dans ce processus et qui atteignent un niveau solide d’ancrage dans le registre des aptitudes, doivent impérativement poursuivre pour but la construction de compétences définies comme étant un ensemble stabilisé de savoirs et de savoir-faire, de conduites-types, de procédures standards, de types de raisonnement que l’on peut mettre en œuvre avec succès pour résoudre un problème donné, sans apprentissage nouveau. Plus un cours a pour cible d’induire chez les apprenants des connaissances opératoires (conditionnelles), en plus de celles procédurales et déclaratives (factuelles et conceptuelles), plus il a de la chance d’asseoir des acquis inaltérables dans le temps, dans les registres de la mémoire.

D’ailleurs, un apprentissage qui se perd en était-il vraiment un ? Etait-il au point ? Ou plutôt ne s’agissait-il pas que d’un processus inachevé ? Car, un savoir ou un savoir-faire qui ne s’est pas fixé en mémoire à long terme ou qui n’a pas franchi le cap de la secondarisation, qui n’a pas été correctement encodé, compris, personnalisé et constitué en ressources dans le répertoire cognitif de l’apprenant, ne constitue pas un apprentissage.

Qu’en est-il de l’interruption des cours ? Nous le savons, il existe des compétences à développer à l’école qui requièrent plusieurs étapes et plusieurs années pour être au point, c’est d’ailleurs pour cela que le processus d’apprentissage dispose d’un temps d’assimilation ou d’accommodation à la nouveauté, un moment d’entrainement, d’autorégulations des savoirs qui alternent essais/erreurs de transfert et transfert effectif des acquis. Ce processus qui est une condition nécessaire à l’apprentissage, doit absolument être maintenu dans une temporalité relativement continue et progressive, pour ne souffrir d’aucune rupture importante susceptible de l’annuler complètement. C’est dans ce cadre que l’extinction des acquis préalable à l’apprentissage peut survenir.

Pour remédier à l’interruption de cours due au COVID-19, plusieurs tentatives ont été mises en œuvre soit par les responsables en charge de l’éducation au Cameroun, soit par les parents via des activités de soutien scolaire avec pour but de maintenir la continuité dans les enseignements. Cependant, ces tentatives n’ont visiblement pas réussi à combler le vide des pratiques pédagogiques à l’école, puisque pour aborder les examens de fin d’année, le gouvernement a décidé de la reprise des cours malgré le risque sanitaire évident, pour préparer les élèves. Preuve s’il en fallait encore, que les moyens alternatifs ont été jugés inefficaces. Tous ces moyens alternatifs présentaient des limites notoires, bien au-delà de leurs caractères exclusifs, ils étaient marqués par un accent excessif sur l’enseignement au détriment de l’apprentissage, caractérisé par l’absence ou une insuffisance de feedback, de contrat didactique et pédagogique, de socio-construction, d’itération dans l’apprentissage, de transfert et surtout d’expérience régulée d’essai-erreur pour apprendre.

Le vin est tiré et servi paraît-il, mais faut-il boire le calice jusqu’à la lie ?

 Il ne nous reste que trois mois avant la date fatidique de la rentrée scolaire prévue en Octobre. Bien que les programmes d’étude soient conçus de manière à permettre à la fois : une excursion dans les pré-acquis avec la possibilité d’y remédier en cas de défaillance et, une continuité dans les leçons permettant d’échelonner les difficultés de façon à asseoir plus solidement certains acquis d’une classe à une autre, ces programmes, sans aménagements sérieux, ne pourront pas compenser les affres de ces pertes de 3 à 9 mois d’apprentissage COVID-19 accumulées.

Cet aspect psychopédagogique de la crise COVID qui s’ajoute aux défis sanitaires n’est pas des moindres et devrait par conséquent mériter un traitement particulier des ministères en charge de l’éducation. Des mesures conséquentes sont donc attendues pour continuer malgré tout à assurer une éducation de qualité et ceci passerait nécessairement par une amélioration des pratiques pédagogiques, un réaménagement du calendrier scolaire et des horaires de cours pour laisser plus de place à la régulation rétroactive. L’éducation est le levier sur lequel une nation compte pour se développer, même face au COVID-19, nous nous devons de tenir bon.

Roland ASSOAH,Conseiller Pédagogique.

Priscille BABIKOUSSANA, Psychologue de l’éducation.

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°13 sur la Covid-19 LES CONTRAINTES D’AUJOURD’HUI ET LES DEFIS DE DEMAIN : Quelle rentrée 2020-2021 en perspective ?

0

Camarades, collègues,

Envisageant la reprise de l’école le 1er juin 2020 dans le contexte d’une pandémie à la Covid-19 en pleine phase d’expansion, – 10638 testés positifs, 7548 guéris, 282 décédés à ce jour –  nous avions essayé d’anticiper les défis à relever pour guider les décideurs. Et comme souvent, ce sont les défis matériels qui avaient le plus retenu l’attention de tous, masquant ceux, beaucoup moins aisés à relever, qui sont immatériels et que constitue le facteur humain.

Matériellement, il était obligatoire de désinfecter les campus scolaires, de pourvoir les acteurs de l’école en masques et outils non souillés, en solutions et gels hydro alcooliques. Matériellement aussi, il fallait équiper les campus en points d’eau coulante et en savon, en toutes sortes de détergents ; il fallait y réorganiser l’espace pédagogique et ludique sur des normes de distanciation sociale établies et validées au départ, prévoir des thermos-flashes pour la riposte préventive au seuil des campus. En clair, une simple combinaison de l’arithmétique et de la géométrie.

Ce volet est en train de se mettre en place, progressivement, surmontant comme il peut les difficultés de la centralisation, d’une centralisation parfois excessive, mais c’est dans l’ADN de la République. La solidarité nationale et internationale est aussi en train d’aider à surmonter ce défi matériel : l’UNICEF, l’OMS, les pays « amis », les grandes entreprises nationales, les collectivités décentralisées, les élites locales, la diaspora, toute une chaîne est en train de se mobiliser et son action produit déjà des résultats. Il ne faut donc pas faire la fine bouche. Il reste à veiller à ce que les moyens ainsi déployés soient effectivement mis au service de la cause, chaque jour et sur la durée. Les campus scolaires, en majorité, ne sont désinfectés qu’une fois par semaine jusqu’ici : c’est trop peu ; les masques reçus ne sont pas toujours mais à la disposition des enseignants et certains chefs d’établissements les réservent à leur personnel administratif : c’est égoïste et irresponsable. Certains seaux et fûts à robinets manquent régulièrement d’eau et servent davantage de décor : c’est comique, ridicule et finalement tragique.

Sur le terrain de lutte, une fois franchi le cap du matériel, des défis immatériels ont surgi, et on les découvre cyclopéens. Le facteur humain, comme on le sait depuis Thilbault le Texier, renvoie au taylorisme et donc en partie aux théories du comportement dont fait partie le behaviorisme. Formatés pour un système libéral et même ultralibéral dans lequel le laisser-faire a ouvert les portes à la permissivité c’est-à-dire au « laisser-tout-faire », notre école aura bien du mal à reformater ses acteurs au respect des mesures anti-coronavirus. Mais il faut le souligner, le « laisser-tout-faire », malgré les apparences, n’est pas une philosophie de la liberté, mais plus exactement de l’anarchie organisée, donc de la destruction de masse. Et celle-ci fonctionne plutôt bien en milieu scolaire aujourd’hui.

La plupart des élèves portent mal les masques, les enlèvent à la moindre occasion, se rient de la distanciation sociale. Mais c’est souvent par défi à la règle. Quelques enseignants, ici et là, leur donnent raison et vont parfois jusqu’à les y encourager. Ils pensent défendre la liberté contre les attaques de l’ordre établi, mais au fond, ils se font auxiliaires d’un ordre profond pour lequel la seule règle valable, c’est l’absence de règles. On n’a eu de cesse de dire à cette jeunesse qu’elle n’est pas une population à risque. Et comme l’on a tué en lui l’esprit de sacrifice en amont, pourquoi se contraindrait-elle pour protéger une société de vieux qui pense d’ordinaire si peu à la jeunesse ? Pendant que des agents habillés comme des cosmonautes désinfectent les espaces publics, nous demandons aux jeunes de balayer et laver des salles de classes sans gants ! Une société de vieux où d’ordinaire chacun pense si peu à son prochain ! Les cantines fermées sur les campus scolaires ont vite été remplacées par des tournedos autour desdits campus. Que de turpitudes !

Et justement, nos turpitudes séniles risquent fort de nous rattraper d’ici le mois d’octobre… Les pénuries d’enseignants, les pénuries permanentes et récurrentes d’infrastructures et d’équipement, la mode si bien installée des effectifs invariablement pléthoriques d’année en année… voilà les places fortes à prendre pour assurer la prochaine rentrée scolaire. Qui n’a expérimenté ces derniers temps la beauté et, j’en suis sûr, l’efficacité des classes à 24 élèves, ne sait pas ce qu’il a perdu. Croyez-moi, après cet intermède enchanteur, irréel, le retour à la réalité pourrait se révéler bouleversant, brutal, violent, frustrant, stressant…dans des classes à 80, 100, 120 élèves. L’après-covid-19 ne pourrait pas ressembler à l’avant sans être proprement insupportable. Il est temps d’y penser maintenant.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 19 Juin 2020

                                                                                                Le Secrétaire Général

  Roger KAFFO FOKOU

Extrême-Nord: sinistre au Lycée de Makabaye

0

Le Lycée de Makabaye se trouve dans l’arrondissement de Méri, département du Diamaré. Comme l’ensemble de la région de l’Extrême-Nord frappée par le terrorisme islamiste incarné férocement par la secte Boko Haram, Méri n’est pas gâté en infrastructures scolaires viables. L’irruption de l’obscurantisme dans cette zone particulièrement pauvre et difficile à scolariser – c’est une ZEP – n’a pas épargné le peu d’infrastructures mises en place. Voici que la nature, elle aussi se met de la partie.

A la suite d’une violente pluie, un bâtiment du lycée de Makabaye a ainsi été démoli, réduit à un amas de piquets et de tôles froissées, si l’on en croit les images que nous a envoyées notre correspondant local. Sur celles-ci, on peut contempler le spectacle triste et désolant de tables-bancs désormais installées sur le préau, sous le regard impavide du soleil et des étoiles. Mais s’agissait-il véritablement d’un bâtiment ? Il est loisible de se constater, sur cette photo, qu’il s’agissait d’avantage d’un hangar, d’une sorte d’abri précaire, et l’on peut se féliciter de ce que le sinistre, survenu à un bon moment si l’on peut ainsi dire les choses, n’ait pas trouvé les élèves et leurs enseignants en salles de classes. Il reste que l’urgence est dès lors établie, si l’on veut loger dès la rentrée prochaine les élèves du lycée de Makabaye dans des salles de classes sûres, dans un contexte où, en raison de la pandémie du coronavirus, il faudra partout beaucoup plus de salles de classes dans chaque établissement de la république.

La Rédaction

Lutte anti-coronavirus: le Lycée bilingue de Dschang a tenu sa réunion de veille sanitaire

0

Lundi 15 juin 2020 à 14h30, le Lycée bilingue de Dschang a tenu sa réunion hebdomadaire de veille sanitaire pour discuter des mesures afin de mieux encadrer la riposte au covid-19 localement. En plus du Proviseur de céans M. Kamela présidant la séance, y ont pris part un échantillon de tous les acteurs présent dans l’établissement : censeurs, conseillers d’orientation, surveillants généraux et de secteurs, responsables d’EPS ou du service médico-scolaire, animateurs pédagogiques, enseignants…

L’ordre du jour portait sur :

  • la lecture des différents textes hiérarchiques organisant la gestion de la riposte,
  • la désignation d’un point focal Covid-19,
  • la mise en place du radio campus de sensibilisation
  • la désignation et la formation des pairs éducateurs parmi les élèves et par classes.

Cette réunion a surtout permis de réviser et affiner les stratégies utilisées jusque-là, identifier les défis (ceux du travail manuel et du nettoyage des salles de classes sont ressortis) et y apporter des solutions. Pour la radio campus, un message de sensibilisation a été rédigé, adopté et traduit en Anglais. La séance de formation des pairs éducateurs a été programmée pour le mercredi 17 juin 2020 dès la sortie des cours.

La Rédaction

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°12 sur la Covid-19 LE DEFI DES CANDIDATS AUX EXAMENS OFFICIELS SESSION 2020 : SE GARDER EN SANTE POUR NE PAS EN ETRE PRIVES

0

unicef.fr

Camarades, collègues, élèves, étudiants,

Nous avons largement écorné la deuxième semaine de classe depuis la reprise du 1er juin 2020.Un premier bilan commence à être possible. Très contrasté, il suscite déjà de nombreuses interrogations. Et même si celles-ci ne sont pour l’instant que diagnostiques, il n’empêche qu’elles peuvent à tout moment déboucher sur des chiffres, et que pour cette raison, il convient d’ores et déjà de faire très attention. Ce bilan fait basculer, de plus en plus, la responsabilité de la clôture de l’année scolaire et académique en cours, du moins de façon substantielle, des épaules du Gouvernement vers celles des élèves et étudiants et de leurs parents. Il s’agit ici, croyez-moi, d’un glissement important, qui peut se terminer par une chute. Pour bien comprendre ce nouvel enjeu de la riposte au Covid-19 au Cameroun, il ne faut pas perdre de vue les chiffres qui peignent l’évolution de la pandémie dans notre pays.

A l’instant où j’écris ces mots, le pays enregistre plus de 8312 cas de contaminés, plus de 208 décès, 4794 guéris. Mais il ne s’agit ici que des chiffres officiels. Nous ne devons jamais oublier que le pays teste à une très petite échelle. Des clusters non identifiés pourraient se nicher à peu près partout, des malades dissimulés guérissent sans avoir rien pris ou meurent dans le plus grand secret et sont discrètement inhumés, non sans avoir étendu autour d’eux le cercle dangereux de la maladie. Au Nigeria où l’on se vantait il y a peu, sur la base des chiffres officiels flatteurs, de contrôler la pandémie, l’on s’est réveillé avec une épidémie de décès inexpliqués par milliers et par Etats. Nos turpitudes nous rattrapent toujours. Elles peuvent cependant servir de leçon à nos voisins, s’ils se départissent à temps de la politique de l’autruche. Mais revenons au bilan de cette importante semaine écoulée sur le front scolaire et universitaire.

Ce bilan est, comme nous l’avons dit plus haut, mi-figue mi-raisin. Mais ne vous fiez pas à cette image gastronomique bénigne qui ne parle que de goût alors que le vrai référent est un virus, et certains parlent de plus en plus aussi de bactérie. D’où la pertinence de l’association hydroxychloroquine (antiviral) et azithromycine (antibactérien).

Les ministères de l’éducation, jusqu’ici, ont mobilisé avec des résultats acceptables les chefs de structures pour désinfecter et équiper les établissements en masques, points d’eau coulante avec savon, gels hydro alcooliques ; pour faire ramener les effectifs à 24 par salles au primaire et au secondaire, sensibiliser sur le respect de la distanciation sociale. Ce filet de protection, bien en place déjà, comporte cependant bien des trous.

Les thermoflashes sont rares dans les établissements scolaires et les tests de dépistage ne font pas encore partie de l’arsenal exigé : tout cela hypothèque donc la riposte préventive et peut, à terme, développer à l’insu de tous des foyers de contamination de masses. Il faut donc réajuster au plus vite et imposer les thermoflashes ainsi qu’un certain degré de testing de dépistage. Cela aura un prix, mais qui veut la fin veut les moyens. Les auxiliaires pédagogiques (équerres, compas, cartes…) sont encore partagés et peuvent être sources de contamination. Cela ne coûte que quelques bricoles et on ne peut justifier a posteriori une quelconque négligence sur un tel sujet. Les masques ne sont pas aussi souvent changés qu’ils le devraient, parce qu’ils ne sont pas systématiquement distribués alors même que des stocks sont confiés aux établissements scolaires. Il en est de même de la gestion des gels. Certains responsables d’établissements ne comprennent pas que la mise à l’écart commence avec la suspicion sur la base des premiers indices – la température par exemple – et non avec le résultat du test, qui peut prendre des jours.

Il reste les élèves et étudiants, tous futurs candidats aux examens officiels. Scientifiquement, ils font partie de la population la moins vulnérable. Cet avantage, ils peuvent être tentés d’en abuser. Mais s’ils peuvent survivre en majorité à la maladie, il suffit qu’ils en présentent les signes au mauvais moment, à l’entrée d’une salle d’examen, pour voir leur année scolaire ou académique leur filer entre les doigts. Ils doivent savoir que leur température sera prise à l’entrée des centres d’examens. Or qu’a-t-on eu l’occasion de vivre cette semaine écoulée ? Des élèves réticents à porter le masque en dehors de la présence des enseignants et quelquefois en présence de ces derniers ; des élèves défiant le respect des gestes barrières et se frottant les uns aux autres sans prudence aucune, se partageant casse-croûtes et outils de classe ; des élèves se tenant par les mains une fois hors de l’enceinte scolaire et rigolant des peurs « ridicules » de ces vieux qui les « embêtent » pour rien.

Chers élèves et étudiants,

Vous ne faites pas partie de la population vulnérable, cela est vrai, mais vos parents en font partie. Vous pouvez attraper la maladie au coronavirus sans en mourir, mais si vous l’attrapez la veille ou le matin de vos examens, vous ne serez pas admis à composer. Alors, si vous ne vous souciez pas assez de la santé et de la vie de vos parents, peut-être vous souciez-vous un peu de votre avenir. Et celui-ci peut être suspendu à l’examen pour lequel vous allez bientôt composer. Essayez donc d’être prêts d’ici là, intellectuellement mais aussi physiquement : respectez scrupuleusement les gestes barrières, dans et en dehors de vos établissments scolaires et universitaires. Sauvez des vies, et par la même occasion, votre avenir. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 10 Juin 2020

                                                                                                   Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU

 

Nous suivre

671FansLike
0FollowersFollow
0SubscribersSubscribe