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La Lettre hebdomadaire du SNAES n°14 sur la Covid-19 : EXAMENS 2020 SANS COVID-19 : À quelles conditions ?

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 Camarades, collègues,

Avant toute chose, permettez que je vous présente la situation actualisée de la covid-19 au Cameroun et dans le monde. Au Cameroun, nous en sommes pour l’instant à 12 592 cas testés positifs, 10 100 guéris et 313 décès. Dans le monde, une explosion de contaminés aux Etats-Unis, en Amérique Latine, et en Russie. Au total, la planète compte à ce jour 10 653 987 cas positifs, 5 442 749 guéris, 514 697 décès. Même en Chine où l’on croyait la pandémie contrôlée, l’on est aujourd’hui à 85 227 cas testés positifs. Des reconfinements partiels ou totaux se dessinent ici et là. Pourquoi vous rabâcher ces données que vous avez sans doute déjà ou que vous pouvez trouver vous-mêmes avec un minimum d’effort ? Par catastrophisme ? Certainement pas. Mais nous devons arrêter de penser et de croire que nous, en Afrique, au Cameroun, pour une raison inconnue ou vaguement connue, sommes dans l’œil du cyclone.

Depuis la reprise des classes, très peu de cas de contaminations – une douzaine – ont été constatés sur l’ensemble du territoire aussi bien chez les élèves que chez leurs enseignants. Voilà une vraie bonne nouvelle, indiscutablement. Si l’on pouvait ainsi figer le temps, ce serait très bien : ni enfer, ni paradis. Juste une sorte de nulle part qui peut inspirer tous les sentiments. Qu’en est-il jusqu’ici résulté ? Un retour de confiance salutaire pour l’école chez les élèves, leurs parents et les enseignants. Mais nous avons aussi constaté des signes évidents de relâchement un peu partout. Et là, c’est beaucoup moins positif, croyez-moi.

La plupart des élèves ont tenu jusqu’ici, bravo ! Mais ils sont en train de se relâcher. La grande majorité des enseignants a fait un travail remarquable jusqu’ici, mais certains commencent à croire qu’il s’agissait d’une fausse alerte. Comme autour d’eux personne n’est tombé officiellement malade de la covid-19, ou n’en est mort, beaucoup finissent par se convaincre qu’il y avait plus de peur que de mal. Et la tentation de se laisser aller, de temps en temps d’abord, puis complètement, commence insidieusement à prendre le dessus. Si les enseignants cèdent, comme des digues épuisées, la marée de leurs élèves va dévaler, et tout balayer sans doute sur son passage. Il faut donc continuer à veiller, sans la moindre relâche, pour continuer à sauver des vies. Nous l’oublions pas, en nous souciant de sauver la vie de l’autre, nous sauverons plus sûrement la nôtre.

Au cours du concours d’entrée en sixième qui vient de s’achever, l’immense majorité des acteurs ont été impeccables. Il faut les féliciter. L’on a pu tout de même constater un certain nombre de dysfonctionnements dangereux pour la santé individuelle et collective. Certains enseignants n’ont pas voulu enfiler les gants distribués pour les protéger d’éventuelles contaminations émanant des copies, ou protéger les copies d’éventuelles contaminations provenant d’eux, tous les cas de figure étant possibles. D’autres encore n’ont pas hésité à emprunter ou prêter stylos et autres accessoires de correction. La correction comme phase d’examen est un travail à la chaîne et ce faisant, ces enseignants-là se sont exposés et ont exposé les autres maillons de la chaîne. Pour les examens à venir, il serait souhaitable qu’ils reviennent à l’orthodoxie des mesures de lutte contre la covid-19. Comment convaincre le gouvernement d’assurer la disponibilité de ces outils de lutte si le rapport qu’il reçoit dit que les enseignants ne semblent pas en avoir besoin ?

Au-delà des examens, il y aura l’année scolaire 2020-2021. Son train entrera en gare en octobre 2020, avec dans ses bagages des défis énormes. Des classes à 25 élèves, des établissements à double mi-temps, des stratégies en présentiels combinées aux non-présentielles, des besoins en forte hausse d’enseignants dans une éducation publique traditionnellement en pénurie mais également dans un secteur privé éducatif habituellement emprunteuse d’enseignants du public… Ces problèmes n’ont leurs solutions ni au MINESEC, ni au MINEDUB, au MINESUP, ni au MINEFOP. Ces solutions se trouvent au Premier Ministère parce que conditionnées par un (re)déploiement budgétaire. Faudra-t-il des salles de classes de « campagne » comme cela a été le cas pour les hôpitaux ? Cela nécessitera de dégager un budget. Faudra-t-il des enseignants supplémentaires ? Combien ? Seront-ils recrutés ou faudra-t-il négocier avec les enseignants en place des solutions à court terme ? Il faudra dégager un budget pour cela. Et ainsi de suite. Le Chef du Gouvernement doit d’ores et déjà se pencher sur ces questions, pour bénéficier pleinement du trimestre de répit qu’il a devant lui.

Une dernière chose : en pensant aux solutions pour la rentrée scolaire 2020-2021, nous ne devons pas oublier qu’une nouvelle ère vient de s’ouvrir pour la planète : l’époque des pandémies. Celle de la covid-19 sévit encore que l’on en annonce déjà une possible autre. Les choses ne seront peut-être plus jamais comme avant. Alors, notre école ne doit plus jamais redevenir comme avant. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 02 Juillet 2020

 

                                                                                                                                         Le Secrétaire Général

                                                                                                                                        Roger KAFFO FOKOU

 

 

 

PERTES D’APPRENTISSAGE COVID-19 : un problème latent et lourd de conséquences auquel notre école devra faire face.

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Il faut le savoir, nos élèves après 7 mois d’interruption de cours due au COVID-19 auront besoin de 3 à 9 mois de remise à niveau dans des conditions normales de cours, afin de retrouver leur niveau du 17 Mars 2020, niveau faut-il le rappeler, déjà incomplet. Trouverons-nous le temps et les moyens pour y parvenir ?

En effet, si on se réfère aux recherches en la matière, notamment celles menées par Cooper et al.(1996) sur la perte d’apprentissage estivale et celles de la prestigieuse organisation NWEA (étude 2015 MAP Growth standard), les faits sont sans appel : privés d’école, les apprenants accuseront des pertes prononcées d’acquis en connaissances factuelles et procédurales construits lors de l’année scolaire 2019/2020.

Ce problème qui se pose donc avec acuité requiert une réponse proportionnelle. Les élèves des classes intermédiaires qui traversent actuellement 7 mois d’interruption de cours perdront selon les estimations en cohérence avec ces recherches et le contexte scolaire actuel, de 58 à 109% des apprentissages linguistiques et de 85,7 à 141,21% des apprentissages mathématiques. Ceci correspond à des périodes estimées entre 3 à 7 mois de cours en ce qui concerne les apprentissages du premier type et de 7 à 9 mois de cours en ce qui concerne le second type. Finalement, il semble que de la moitié à plus de la totalité des enseignements effectués cette année risquent d’être annihilés du background des élèves, d’autant plus que nous savons que dans la pratique, les enseignements au Cameroun sont encore plus orientés vers les savoirs factuels et procéduraux que vers les compétences.

Pour le dire plus simplement par extrapolation et en minorant les pertes d’apprentissage, les enseignants qui vont tenir par exemple les classes de 3ème auront face à eux des élèves avec en moyenne des acquis scolaires équivalents à ceux des élèves du niveau de classe de 5ème + la première séquence de 4ème(en situation normale). Le gap est donc sérieux du fait de cette perte d’apprentissage.

Il serait important de savoir pourquoi la qualité et l’interruption des cours sont susceptibles de provoquer l’extinction des connaissances en jeu.

D’abord Parlons de la qualité des cours. D’après la structure de la mémoire révélée par Robert Gagné, seuls les savoirs qui atteignent la mémoire à long terme sont susceptibles d’y rester définitivement. Mais encore, ces savoirs pour être utiles et utilisables par l’élève doivent être organisés en réseaux cohérents, personnalisés, codifiés, décodables et compréhensibles pour être sollicités et mis en œuvre face à un problème donné. Les savoirs pour être structurés comme tels doivent, selon Gerard Vergnaux, quitter du stade des savoirs sous leurs formes explicites pour atteindre le stade d’invariants opératoires puis de schèmes, pour constituer un élément de compétence ou une compétence. Les cours, pour permettre aux élèves de réaliser des apprentissages qui s’inscrivent dans ce processus et qui atteignent un niveau solide d’ancrage dans le registre des aptitudes, doivent impérativement poursuivre pour but la construction de compétences définies comme étant un ensemble stabilisé de savoirs et de savoir-faire, de conduites-types, de procédures standards, de types de raisonnement que l’on peut mettre en œuvre avec succès pour résoudre un problème donné, sans apprentissage nouveau. Plus un cours a pour cible d’induire chez les apprenants des connaissances opératoires (conditionnelles), en plus de celles procédurales et déclaratives (factuelles et conceptuelles), plus il a de la chance d’asseoir des acquis inaltérables dans le temps, dans les registres de la mémoire.

D’ailleurs, un apprentissage qui se perd en était-il vraiment un ? Etait-il au point ? Ou plutôt ne s’agissait-il pas que d’un processus inachevé ? Car, un savoir ou un savoir-faire qui ne s’est pas fixé en mémoire à long terme ou qui n’a pas franchi le cap de la secondarisation, qui n’a pas été correctement encodé, compris, personnalisé et constitué en ressources dans le répertoire cognitif de l’apprenant, ne constitue pas un apprentissage.

Qu’en est-il de l’interruption des cours ? Nous le savons, il existe des compétences à développer à l’école qui requièrent plusieurs étapes et plusieurs années pour être au point, c’est d’ailleurs pour cela que le processus d’apprentissage dispose d’un temps d’assimilation ou d’accommodation à la nouveauté, un moment d’entrainement, d’autorégulations des savoirs qui alternent essais/erreurs de transfert et transfert effectif des acquis. Ce processus qui est une condition nécessaire à l’apprentissage, doit absolument être maintenu dans une temporalité relativement continue et progressive, pour ne souffrir d’aucune rupture importante susceptible de l’annuler complètement. C’est dans ce cadre que l’extinction des acquis préalable à l’apprentissage peut survenir.

Pour remédier à l’interruption de cours due au COVID-19, plusieurs tentatives ont été mises en œuvre soit par les responsables en charge de l’éducation au Cameroun, soit par les parents via des activités de soutien scolaire avec pour but de maintenir la continuité dans les enseignements. Cependant, ces tentatives n’ont visiblement pas réussi à combler le vide des pratiques pédagogiques à l’école, puisque pour aborder les examens de fin d’année, le gouvernement a décidé de la reprise des cours malgré le risque sanitaire évident, pour préparer les élèves. Preuve s’il en fallait encore, que les moyens alternatifs ont été jugés inefficaces. Tous ces moyens alternatifs présentaient des limites notoires, bien au-delà de leurs caractères exclusifs, ils étaient marqués par un accent excessif sur l’enseignement au détriment de l’apprentissage, caractérisé par l’absence ou une insuffisance de feedback, de contrat didactique et pédagogique, de socio-construction, d’itération dans l’apprentissage, de transfert et surtout d’expérience régulée d’essai-erreur pour apprendre.

Le vin est tiré et servi paraît-il, mais faut-il boire le calice jusqu’à la lie ?

 Il ne nous reste que trois mois avant la date fatidique de la rentrée scolaire prévue en Octobre. Bien que les programmes d’étude soient conçus de manière à permettre à la fois : une excursion dans les pré-acquis avec la possibilité d’y remédier en cas de défaillance et, une continuité dans les leçons permettant d’échelonner les difficultés de façon à asseoir plus solidement certains acquis d’une classe à une autre, ces programmes, sans aménagements sérieux, ne pourront pas compenser les affres de ces pertes de 3 à 9 mois d’apprentissage COVID-19 accumulées.

Cet aspect psychopédagogique de la crise COVID qui s’ajoute aux défis sanitaires n’est pas des moindres et devrait par conséquent mériter un traitement particulier des ministères en charge de l’éducation. Des mesures conséquentes sont donc attendues pour continuer malgré tout à assurer une éducation de qualité et ceci passerait nécessairement par une amélioration des pratiques pédagogiques, un réaménagement du calendrier scolaire et des horaires de cours pour laisser plus de place à la régulation rétroactive. L’éducation est le levier sur lequel une nation compte pour se développer, même face au COVID-19, nous nous devons de tenir bon.

Roland ASSOAH,Conseiller Pédagogique.

Priscille BABIKOUSSANA, Psychologue de l’éducation.

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°13 sur la Covid-19 LES CONTRAINTES D’AUJOURD’HUI ET LES DEFIS DE DEMAIN : Quelle rentrée 2020-2021 en perspective ?

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Camarades, collègues,

Envisageant la reprise de l’école le 1er juin 2020 dans le contexte d’une pandémie à la Covid-19 en pleine phase d’expansion, – 10638 testés positifs, 7548 guéris, 282 décédés à ce jour –  nous avions essayé d’anticiper les défis à relever pour guider les décideurs. Et comme souvent, ce sont les défis matériels qui avaient le plus retenu l’attention de tous, masquant ceux, beaucoup moins aisés à relever, qui sont immatériels et que constitue le facteur humain.

Matériellement, il était obligatoire de désinfecter les campus scolaires, de pourvoir les acteurs de l’école en masques et outils non souillés, en solutions et gels hydro alcooliques. Matériellement aussi, il fallait équiper les campus en points d’eau coulante et en savon, en toutes sortes de détergents ; il fallait y réorganiser l’espace pédagogique et ludique sur des normes de distanciation sociale établies et validées au départ, prévoir des thermos-flashes pour la riposte préventive au seuil des campus. En clair, une simple combinaison de l’arithmétique et de la géométrie.

Ce volet est en train de se mettre en place, progressivement, surmontant comme il peut les difficultés de la centralisation, d’une centralisation parfois excessive, mais c’est dans l’ADN de la République. La solidarité nationale et internationale est aussi en train d’aider à surmonter ce défi matériel : l’UNICEF, l’OMS, les pays « amis », les grandes entreprises nationales, les collectivités décentralisées, les élites locales, la diaspora, toute une chaîne est en train de se mobiliser et son action produit déjà des résultats. Il ne faut donc pas faire la fine bouche. Il reste à veiller à ce que les moyens ainsi déployés soient effectivement mis au service de la cause, chaque jour et sur la durée. Les campus scolaires, en majorité, ne sont désinfectés qu’une fois par semaine jusqu’ici : c’est trop peu ; les masques reçus ne sont pas toujours mais à la disposition des enseignants et certains chefs d’établissements les réservent à leur personnel administratif : c’est égoïste et irresponsable. Certains seaux et fûts à robinets manquent régulièrement d’eau et servent davantage de décor : c’est comique, ridicule et finalement tragique.

Sur le terrain de lutte, une fois franchi le cap du matériel, des défis immatériels ont surgi, et on les découvre cyclopéens. Le facteur humain, comme on le sait depuis Thilbault le Texier, renvoie au taylorisme et donc en partie aux théories du comportement dont fait partie le behaviorisme. Formatés pour un système libéral et même ultralibéral dans lequel le laisser-faire a ouvert les portes à la permissivité c’est-à-dire au « laisser-tout-faire », notre école aura bien du mal à reformater ses acteurs au respect des mesures anti-coronavirus. Mais il faut le souligner, le « laisser-tout-faire », malgré les apparences, n’est pas une philosophie de la liberté, mais plus exactement de l’anarchie organisée, donc de la destruction de masse. Et celle-ci fonctionne plutôt bien en milieu scolaire aujourd’hui.

La plupart des élèves portent mal les masques, les enlèvent à la moindre occasion, se rient de la distanciation sociale. Mais c’est souvent par défi à la règle. Quelques enseignants, ici et là, leur donnent raison et vont parfois jusqu’à les y encourager. Ils pensent défendre la liberté contre les attaques de l’ordre établi, mais au fond, ils se font auxiliaires d’un ordre profond pour lequel la seule règle valable, c’est l’absence de règles. On n’a eu de cesse de dire à cette jeunesse qu’elle n’est pas une population à risque. Et comme l’on a tué en lui l’esprit de sacrifice en amont, pourquoi se contraindrait-elle pour protéger une société de vieux qui pense d’ordinaire si peu à la jeunesse ? Pendant que des agents habillés comme des cosmonautes désinfectent les espaces publics, nous demandons aux jeunes de balayer et laver des salles de classes sans gants ! Une société de vieux où d’ordinaire chacun pense si peu à son prochain ! Les cantines fermées sur les campus scolaires ont vite été remplacées par des tournedos autour desdits campus. Que de turpitudes !

Et justement, nos turpitudes séniles risquent fort de nous rattraper d’ici le mois d’octobre… Les pénuries d’enseignants, les pénuries permanentes et récurrentes d’infrastructures et d’équipement, la mode si bien installée des effectifs invariablement pléthoriques d’année en année… voilà les places fortes à prendre pour assurer la prochaine rentrée scolaire. Qui n’a expérimenté ces derniers temps la beauté et, j’en suis sûr, l’efficacité des classes à 24 élèves, ne sait pas ce qu’il a perdu. Croyez-moi, après cet intermède enchanteur, irréel, le retour à la réalité pourrait se révéler bouleversant, brutal, violent, frustrant, stressant…dans des classes à 80, 100, 120 élèves. L’après-covid-19 ne pourrait pas ressembler à l’avant sans être proprement insupportable. Il est temps d’y penser maintenant.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 19 Juin 2020

                                                                                                Le Secrétaire Général

  Roger KAFFO FOKOU

Extrême-Nord: sinistre au Lycée de Makabaye

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Le Lycée de Makabaye se trouve dans l’arrondissement de Méri, département du Diamaré. Comme l’ensemble de la région de l’Extrême-Nord frappée par le terrorisme islamiste incarné férocement par la secte Boko Haram, Méri n’est pas gâté en infrastructures scolaires viables. L’irruption de l’obscurantisme dans cette zone particulièrement pauvre et difficile à scolariser – c’est une ZEP – n’a pas épargné le peu d’infrastructures mises en place. Voici que la nature, elle aussi se met de la partie.

A la suite d’une violente pluie, un bâtiment du lycée de Makabaye a ainsi été démoli, réduit à un amas de piquets et de tôles froissées, si l’on en croit les images que nous a envoyées notre correspondant local. Sur celles-ci, on peut contempler le spectacle triste et désolant de tables-bancs désormais installées sur le préau, sous le regard impavide du soleil et des étoiles. Mais s’agissait-il véritablement d’un bâtiment ? Il est loisible de se constater, sur cette photo, qu’il s’agissait d’avantage d’un hangar, d’une sorte d’abri précaire, et l’on peut se féliciter de ce que le sinistre, survenu à un bon moment si l’on peut ainsi dire les choses, n’ait pas trouvé les élèves et leurs enseignants en salles de classes. Il reste que l’urgence est dès lors établie, si l’on veut loger dès la rentrée prochaine les élèves du lycée de Makabaye dans des salles de classes sûres, dans un contexte où, en raison de la pandémie du coronavirus, il faudra partout beaucoup plus de salles de classes dans chaque établissement de la république.

La Rédaction

Lutte anti-coronavirus: le Lycée bilingue de Dschang a tenu sa réunion de veille sanitaire

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Lundi 15 juin 2020 à 14h30, le Lycée bilingue de Dschang a tenu sa réunion hebdomadaire de veille sanitaire pour discuter des mesures afin de mieux encadrer la riposte au covid-19 localement. En plus du Proviseur de céans M. Kamela présidant la séance, y ont pris part un échantillon de tous les acteurs présent dans l’établissement : censeurs, conseillers d’orientation, surveillants généraux et de secteurs, responsables d’EPS ou du service médico-scolaire, animateurs pédagogiques, enseignants…

L’ordre du jour portait sur :

  • la lecture des différents textes hiérarchiques organisant la gestion de la riposte,
  • la désignation d’un point focal Covid-19,
  • la mise en place du radio campus de sensibilisation
  • la désignation et la formation des pairs éducateurs parmi les élèves et par classes.

Cette réunion a surtout permis de réviser et affiner les stratégies utilisées jusque-là, identifier les défis (ceux du travail manuel et du nettoyage des salles de classes sont ressortis) et y apporter des solutions. Pour la radio campus, un message de sensibilisation a été rédigé, adopté et traduit en Anglais. La séance de formation des pairs éducateurs a été programmée pour le mercredi 17 juin 2020 dès la sortie des cours.

La Rédaction

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°12 sur la Covid-19 LE DEFI DES CANDIDATS AUX EXAMENS OFFICIELS SESSION 2020 : SE GARDER EN SANTE POUR NE PAS EN ETRE PRIVES

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unicef.fr

Camarades, collègues, élèves, étudiants,

Nous avons largement écorné la deuxième semaine de classe depuis la reprise du 1er juin 2020.Un premier bilan commence à être possible. Très contrasté, il suscite déjà de nombreuses interrogations. Et même si celles-ci ne sont pour l’instant que diagnostiques, il n’empêche qu’elles peuvent à tout moment déboucher sur des chiffres, et que pour cette raison, il convient d’ores et déjà de faire très attention. Ce bilan fait basculer, de plus en plus, la responsabilité de la clôture de l’année scolaire et académique en cours, du moins de façon substantielle, des épaules du Gouvernement vers celles des élèves et étudiants et de leurs parents. Il s’agit ici, croyez-moi, d’un glissement important, qui peut se terminer par une chute. Pour bien comprendre ce nouvel enjeu de la riposte au Covid-19 au Cameroun, il ne faut pas perdre de vue les chiffres qui peignent l’évolution de la pandémie dans notre pays.

A l’instant où j’écris ces mots, le pays enregistre plus de 8312 cas de contaminés, plus de 208 décès, 4794 guéris. Mais il ne s’agit ici que des chiffres officiels. Nous ne devons jamais oublier que le pays teste à une très petite échelle. Des clusters non identifiés pourraient se nicher à peu près partout, des malades dissimulés guérissent sans avoir rien pris ou meurent dans le plus grand secret et sont discrètement inhumés, non sans avoir étendu autour d’eux le cercle dangereux de la maladie. Au Nigeria où l’on se vantait il y a peu, sur la base des chiffres officiels flatteurs, de contrôler la pandémie, l’on s’est réveillé avec une épidémie de décès inexpliqués par milliers et par Etats. Nos turpitudes nous rattrapent toujours. Elles peuvent cependant servir de leçon à nos voisins, s’ils se départissent à temps de la politique de l’autruche. Mais revenons au bilan de cette importante semaine écoulée sur le front scolaire et universitaire.

Ce bilan est, comme nous l’avons dit plus haut, mi-figue mi-raisin. Mais ne vous fiez pas à cette image gastronomique bénigne qui ne parle que de goût alors que le vrai référent est un virus, et certains parlent de plus en plus aussi de bactérie. D’où la pertinence de l’association hydroxychloroquine (antiviral) et azithromycine (antibactérien).

Les ministères de l’éducation, jusqu’ici, ont mobilisé avec des résultats acceptables les chefs de structures pour désinfecter et équiper les établissements en masques, points d’eau coulante avec savon, gels hydro alcooliques ; pour faire ramener les effectifs à 24 par salles au primaire et au secondaire, sensibiliser sur le respect de la distanciation sociale. Ce filet de protection, bien en place déjà, comporte cependant bien des trous.

Les thermoflashes sont rares dans les établissements scolaires et les tests de dépistage ne font pas encore partie de l’arsenal exigé : tout cela hypothèque donc la riposte préventive et peut, à terme, développer à l’insu de tous des foyers de contamination de masses. Il faut donc réajuster au plus vite et imposer les thermoflashes ainsi qu’un certain degré de testing de dépistage. Cela aura un prix, mais qui veut la fin veut les moyens. Les auxiliaires pédagogiques (équerres, compas, cartes…) sont encore partagés et peuvent être sources de contamination. Cela ne coûte que quelques bricoles et on ne peut justifier a posteriori une quelconque négligence sur un tel sujet. Les masques ne sont pas aussi souvent changés qu’ils le devraient, parce qu’ils ne sont pas systématiquement distribués alors même que des stocks sont confiés aux établissements scolaires. Il en est de même de la gestion des gels. Certains responsables d’établissements ne comprennent pas que la mise à l’écart commence avec la suspicion sur la base des premiers indices – la température par exemple – et non avec le résultat du test, qui peut prendre des jours.

Il reste les élèves et étudiants, tous futurs candidats aux examens officiels. Scientifiquement, ils font partie de la population la moins vulnérable. Cet avantage, ils peuvent être tentés d’en abuser. Mais s’ils peuvent survivre en majorité à la maladie, il suffit qu’ils en présentent les signes au mauvais moment, à l’entrée d’une salle d’examen, pour voir leur année scolaire ou académique leur filer entre les doigts. Ils doivent savoir que leur température sera prise à l’entrée des centres d’examens. Or qu’a-t-on eu l’occasion de vivre cette semaine écoulée ? Des élèves réticents à porter le masque en dehors de la présence des enseignants et quelquefois en présence de ces derniers ; des élèves défiant le respect des gestes barrières et se frottant les uns aux autres sans prudence aucune, se partageant casse-croûtes et outils de classe ; des élèves se tenant par les mains une fois hors de l’enceinte scolaire et rigolant des peurs « ridicules » de ces vieux qui les « embêtent » pour rien.

Chers élèves et étudiants,

Vous ne faites pas partie de la population vulnérable, cela est vrai, mais vos parents en font partie. Vous pouvez attraper la maladie au coronavirus sans en mourir, mais si vous l’attrapez la veille ou le matin de vos examens, vous ne serez pas admis à composer. Alors, si vous ne vous souciez pas assez de la santé et de la vie de vos parents, peut-être vous souciez-vous un peu de votre avenir. Et celui-ci peut être suspendu à l’examen pour lequel vous allez bientôt composer. Essayez donc d’être prêts d’ici là, intellectuellement mais aussi physiquement : respectez scrupuleusement les gestes barrières, dans et en dehors de vos établissments scolaires et universitaires. Sauvez des vies, et par la même occasion, votre avenir. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 10 Juin 2020

                                                                                                   Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU

 

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°11 sur la Covid-19 DECONFINER L’ECOLE ET EDUQUER EN MEME TEMPS

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Image Fada, Bissoli

Le 1er juin 2020, le gouvernement de la République a effectivement déconfiné l’école au Cameroun, partiellement. Seules les classes d’examens, Terminales et Upper Sixth, Premières, Troisièmes et Form V sont en train de renouer avec les bancs et les tableaux noirs. Il faut espérer que ce noir, de moins en moins commode même aux tableaux, ne devienne pas épidémique et contamine les jours à venir.

Le contexte de cette reprise, éludée par certains pays – le Sénégal par exemple – et au Cameroun par certaines institutions – les Catholiques – n’est en effet guère rassurant : plus de 6585 cas de covid-19 confirmés, autour de 50% de guéris et plus de 200 décès. Depuis le 17 mai 2020, les chiffres de contamination journaliers flirtent avec des pics vertigineux de 400 et plus. C’est dire à quel point les inquiétudes exprimées à l’occasion de cette reprise des cours étaient fondées.  Chez nous souvent, vous le savez, quand l’inquiétude court, les décideurs se mettent à marcher. Généralement, vous avez la montre, eux, ils ont le temps.

Avec la pression syndicale et celle de l’opinion, le gouvernement semble avoir jusqu’ici mis en place les conditions minimales de sécurité sanitaire sur les campus scolaires. Globalement, sur le terrain, les responsables du SNAES constatent que la plupart des établissements scolaires ont été désinfectés, disposent de points d’eau coulante et de savon, de solutions hydro alcooliques ; que les élèves et leurs encadreurs portent tous des masques, généralement acquis par eux-mêmes, quelquefois  fournis par le responsable de structure. Les points faibles pour l’instant concernent les équipements de détection et de dépistage des contaminés : beaucoup d’établissements scolaires ne disposent pas du tout ou pas en nombre suffisant de thermoflashes, et le dépistage n’a pas encore franchi le portail de l’établissement scolaire. Comme pour le grand banditisme, on risque de retrouver pour l’inventaire des dégâts quand la casse aura déjà eu lieu.

Identifier en amont, c’est-à-dire à l’entrée du Campus scolaire, les cas suspects à l’aide du thermoflash et les tester pour au besoin les mettre en quarantaine est pourtant essentiel pour préserver l’espace scolaire déconfiné de la Covid-19. Disposer de thermoflashes pour les établissements scolaires, peu en importe le prix, n’est donc pas un luxe : c’est une nécessité de survie. C’est d’autant nécessaire que sur les campus s’impose un travail d’éducation au respect des mesures barrières qui peut prendre un certain temps avant d’obtenir le résultat escompté. Quand on plante un arbre, on ne récolte pas ses fruits hic et nunc.

On a en effet pu constater que les élèves manifestent une forte résistance, un peu partout, à respecter les mesures barrières : ils enlèvent les masques en classes, se font des câlins à la première occasion, se partagent le casse-croûte, s’agglutinent sur les cours de récréation et sur le chemin de retour à la maison. Les enseignants et les parents sont donc fortement interpellés, les premiers dans les salles de classes et sur les campus, les seconds à domicile. Ce sont nos élèves et nos enfants, et quand ils choppent le covid-19, ils nous le passent forcément. Nous devons donc leur apprendre à porter leurs masques, et à en changer en cours de journée pour maximiser la protection ; nous devons leur enseigner les gestes barrières, et nous assurer, au besoin par la contrainte, qu’ils les respectent. Pour y arriver plus sûrement, nous devons les respecter nous-mêmes strictement, l’exemple vaut mieux que la leçon.

Les ministres de l’éducation nous assurent qu’ils sont en train d’équiper les établissements scolaires pour faire face : masques, gels, seaux, savons… Ce matériel alloué doit effectivement servir à la riposte dans chaque établissement, en toute transparence. Là où il n’est pas mis à disposition, on doit le savoir et savoir pourquoi. La consigne est de désinfecter les établissements deux fois par semaine, deux fois par jour là où l’on fait mi-temps. Il y a des usagers qui se pointent aux portails des établissements sans masques : ils doivent savoir que même masqués, ils ne sont pas les bienvenus. Autant que chacun le sache, avec la covid-19, c’est carnaval tous les jours en milieu scolaire, encore faut-il y être invité pour se pointer.

Terminons cette semaine en évoquant le cas des enseignants atteints de covid-19. Il y en a déjà et il y en aura encore. Ils seront pris en charge par l’unité locale de riposte, nous assure-t-on, mais un sur-risque professionnel se sera ainsi matérialisé. Nous devons savoir quel est le niveau et la qualité de cette prise en charge. Les contaminés doivent bénéficier d’un bon accompagnement psychologique. Il sera nécessaire que leur famille soit rassurée. En France, un traitement particulier a été appliqué aux enfants du personnel de santé tout au long du confinement. Il s’agit ici, non pas d’une mesure générale, mais particulière à ceux qui pourraient se trouver contaminés. Et nous espérons qu’avec une mise en œuvre rigoureuse des mesures prises, ceux-là ne seront pas trop nombreux.

Camarades, collègues,

Vous avez été très nombreux en ce début de semaine à nous aider à faire le point sur la situation réelle sur le terrain. Nous avons pu effectivement couvrir 8 régions sur 10. Notre ambition est de faire mieux au fil des semaines. Votre engagement sur le terrain est en train de soutenir fortement la mise en œuvre des mesures du gouvernement dans l’espace scolaire. Il ne doit y avoir aucun relâchement jusqu’à ce que l’année scolaire soit close. Continuez donc à être extrêmement vigilants. C’est de cette manière-là que vous allez continuer à sauver des vies. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 04 juin 2020

   Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU

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