DISCIPLINE : RENFORCER L’ARSENAL.

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A l’heure triomphante des libertés et au royaume victorieux des droits de l’enfant, le « tout permis » semble s’ériger en règle de comportement dans nos lycées et collèges, publics notamment. Un véritable drame !

 

 

AUTRE TEMPS AUTRES MŒURS.

« Autant de fautes, autant de coups de bâton ». C’est à cette dure école que Mamadou et sa sœur Bineta ont été formés, dressés et finalement sont « devenus grands ». (C.M.I & II) pour avoir appris « à lire et à écrire couramment »(C.E.I & II) sous la férule de Maître DIALLO. Ne dit-on de la crainte de Dieu, aussi bien que celle du fouet, qu’elle est «  le commencement de la sagesse ? »

En effet, la justice sans la force est faible. Peut-on rendre justice, faire prévaloir le droit au pays de l’impunité ? Equité et fermeté doivent se fondre en un projet unique : l’éducation.

Mais de quelle fermeté s’agit-il de nos jours ?  L’époque coloniale du règne qui a ses « oreilles aux fesses » est bel et bien révolue. Trêve de nostalgie.

LES FAILLES DU SYSTEME

En milieu scolaire, la « table des lois » a un nom : Règlement Intérieur. C’est ce document officiel qui codifie les droits et devoirs de l’élève et précise l’échelle des sanctions subséquentes aux diverses infractions, ce conformément aux instructions ministérielles en la matière. C’est un pacte, un contrat.

Mais à l’analyse, à la pratique et surtout au regard de la déliquescence actuelle des valeurs morales, nos Règlements Intérieurs souffrent de nombres d’insuffisances. Ils sont devenus obsolètes.

A titre d’illustration : le pouvoir de sanction. Celui-ci relève :

  • Des responsables administratifs : Surveillant Général ; Censeur ; proviseur ;
  • Du conseil de discipline ;
  • Du conseil de classe.

Ainsi l’enseignant, premier éducateur dans sa classe, se retrouve sans autorité aucune sur ses élèves. Il ne peut ni les mettre à genoux, ni les expulser de la  classe, encore moins leur « frotter le nez ». Et s’il ose, bonjour la prison ! A la limite, il peut les traduire au conseil de discipline ou attendre patiemment le conseil de classe de fin d’année qui fait aussi office de conseil de discipline et qui peut ainsi se prononcer sur une décision d’exclusion. Entre temps, l’élève s’installe dans l’impunité avec tous les avatars subséquents : insolence ; insubordination ; violence verbale voire physique.

De même, si les infractions mineures peuvent faire l’objet d’une sanction immédiate n’excédant pas trois jours d’exclusion temporaire avec corvée, il n’est pas de même des infractions majeures. Ex : coups et blessures ; vol ; viol ; agression sur encadreur ; consommation de stupéfiants. Celles-ci relèvent du conseil de discipline dont les décisions doivent au préalable être validées par la hiérarchie.

Par ailleurs, les sanctions d’exclusion temporaire avec corvée, disciplinaire par essence ont malheureusement des incidences pédagogiques : cours et évaluations perdus ; note zéro à la clé avec au bout du rouleau l’échec et l’exclusion définitive. Dans un tel contexte, comment garantir la qualité de la pédagogie et relever le taux de réussite ?

Enfin, la transhumance scolaire vide de toute substance la sanction d’exclusion définitive ou de redoublement. Avec la complicité active des parents et à la faveur de faux bulletins, l’élève exclu ou admis à redoubler au lycée X se retrouve inscrit et admis en classe supérieure au lycée voisin Y, narguant allègrement ses maîtres d’hier.

LA FORCE DU DROIT.

Dès lors, comment restaurer ordre et discipline dans nos établissements scolaires ? Que faire pour recoudre le tissu moral qui s’effrite et s’en va en lambeaux ? Quel avenir pour notre jeunesse au royaume du libertinage et de l’impunité ?

Vivement, que force demeure à la loi ! Au droit de la force que nous opposent les élèves délinquants doit se substituer la force du droit. D’où qu’elle vienne, la brutalité doit succomber devant la légalité qui, elle, exige deux piliers : équité et fermeté.

Aussi, s’impose-t-il de nos jours l’urgente exigence d’une relecture de nos Règlements Intérieurs, un renforcement du pouvoir disciplinaire au sein de nos établissements scolaires. Restaurer la souveraineté et l’autorité du Maître- « Magister dixit ! » : voilà l’impératif catégorique. Notre quête de l’excellence est à ce prix.

 

Jean Calvin NKENFON

CPJA

IPR/vie scolaire-AD