Le 02 Décembre 2016, répondant à la pression socioprofessionnelle exercée par les syndicats de l’éducation qui demandaient entre autres revendications d’honorer au cahier de charges du comité Ad hoc de 2012, le gouvernement de la république du Cameroun représenté par le Ministre des Enseignements Secondaires, le Ministre de l’Education de Base, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et le Secrétaire Général des Services du Premier Ministère, avait convenu que : « Le Forum National de l’Education se tiendra en 2017 ». Aujourd’hui encore, 6 ans après cette promesse, 4 ans après que les syndicats aient bouclé les travaux préparatoires et malgré la crise majeure que connait le secteur éducatif actuellement, le Gouvernement s’obstine à garder le silence sur cette principale réclamation du SNAES et des autres syndicats de l’éducation.
Nous sommes rendus à une décennie depuis la confection du cahier de charge du comité ad hoc et à une demie décennie depuis 2017. Ce qu’on peut désormais appeler « LE GROS MENSONGE » du gouvernement au sujet de la réforme de l’éducation reste nauséeux au sein de la communauté éducative tant on sait le volume d’encre, de salive et de sang qui a coulé pendant plus de 24 ans, pour voir seulement appliquer par défaut aujourd’hui, le statut particulier de l’enseignant signé depuis 2000.
Le 09 Mars 2022 encore, le PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE instruisait le gouvernement de « poursuivre le dialogue social engagé avec les syndicats des enseignants, à l’effet de rechercher de manière concrète, des solutions appropriées aux préoccupations visant à améliorer la situation des enseignants ». Il est un secret de polichinelle de dire que pour améliorer cette situation il faut impérativement redonner à l’école toute sa pertinence et tout son prestige. Pour y arriver, Il s’agit bien évidement de régler les questions soulevées par les travaux préliminaires des syndicats en 2019 à savoir :
- Les Questions de portée générale telles que la vision/politique générale, la pertinence et l’efficacité du système éducatif, l’accès et l’équité, la gouvernance et pilotage du système et la place des parents et celle de la communauté éducative.
- Les questions de Financement de l’éducation telles que le niveau d’infrastructure et d’équipement souhaité, la gratuité de l’éducation dans les cycles primaire et fondamental, le manuel scolaire, les nouveaux mécanismes ainsi que le niveau de financement public de l’éducation.
- Les questions sur les Conditions de vie et de travail des enseignants telles que le recrutement et la formation initiale et continue des enseignants, la rémunération et les compléments de rémunération, les conditions ordinaires et exceptionnelles de travail (en Zone d’Education Prioritaire), la gestion des carrières (insertion professionnelle, profil et conditions de promotion, règles de mutation…), l’ordre social avec incidences financières (risque, accident, maladie, décès etc.…)
- Les Questions spécifiques aux sous-systèmes anglophone et francophone telles que les programmes de formation ( la politique d’orientation, les filières, le niveaux de spécialisation et matières, la place de l’éducation sociale et financière et des life skills, la place et le type de bilinguisme…), les filières innovantes, les approches pédagogiques, le système d’évaluation certificative, le temps scolaire et activités d’épanouissement, l’orientation scolaire et la Formation professionnelle/apprentissage…
- Les Questions liées aux textes de lois en matière d’éducation telles que les Vides juridiques, l’obsolescence de certains textes et la non application de textes existants.
A ces questions d’ordre structurel viennent se greffer l’urgence de régler le problème de la violence scolaire qui ne fait que prendre des proportions de plus en plus inquiétantes dans un contexte conjoncturel déjà très tendu. Faudrait-il fermer l’école publique avec des grèves successives et interminables d’années en années jusqu’à ce que le gouvernement réagisse de manière globale ? Cela serait faire le jeu de la marchandisation de l’éducation ! A coup sûr, ce serait une bien grande erreur. Alors, après avoir mené des grèves pendant une bonne partie de l’année 2022, les syndicats des enseignants pourraient bien mener une ultime bataille en jetant leur dévolu sur les examens officiels de la session 2022, ce cache misère derrière lequel le pays dissimule tous les malaises profonds de son système éducatif.
Visiblement le gouvernement aime à se faire peur, que couterait-il de respecter ses engagements pour le bien de sa propre stratégie de développement ?
Roland ASSOAH
Rédacteur SNAES