Le climat professionnel à l’Ecole Normale des Instituteurs de l’Enseignement Général (ENIEG) de Kribi s’est brusquement tendu cette semaine, et cette fois-ci ni du fait d’OTS, ni de celui des syndicats d’enseignants, mais curieusement de l’administration de l’établissement. Alors que la difficile sortie des semaines tendues de grève permettait de profiter d’une paix précaire – une paix des braves en somme – entre les enseignants en colère et les pouvoirs publics dans la perspective d’une tenue éventuellement sans anicroche des examens certificatifs de la session 2022, la direction de cet établissement vient de briser le calme par un ultimatum retentissant :
« Bonjour à tous et excellent dimanche.Juste rappeler au personnel enseignant de l’ENIEG de KRIBI que la date butoire du dépôt de vos épreuves au service des études et stages est fixée au mercredi,18 mai 2022 à 12h 00. Passé ce délai, tout enseignant qui ne l’aura pas fait se chargera lui-même de la multiplication, que ce soit pour le capiemp blanc (finissants) ou pour la 6eme séquence (non finissants). Excellente journée. »
A priori, ce texte n’exige pas expréssément que les épreuves soient saisies. Seulement des enseignants consciencieux ont voulu déposer la copie numérique de leurs épreuves et se sont vus opposer une fin de non recevoir. Il faut peut-être rappeler que le corps enseignant est l’un des rares de la fonction publique pour qui il n’est généralement pas prévu une dotation de matériel de travail et à qui les chefs de structures donnent à peine un stylo à bille bleu ou rouge en début d’année scolaire alors même que le travail se fait mieux sur ordinateur aujourd’hui. On s’attendrait à ce que le minimum d’un tel équipement soit disponible sur place dans les établissements, à l’ère du numérique, pour permettre aux enseignants de saisir leurs documents d’enseignement et d’évaluation. A l’ENIEG de Kribi, il n’y a pas de machine même pour la reprographie des épreuves. Le nouveau directeur avait promis à son installation au premier trimestre que dès le 2ème trimestre, toutes les épreuves d’évaluation des élèves devaient être reproduites à l’ENIEG. Hélas ! Rendu en fin d’année, la situation n’a pas évolué et le même calvaire continue. Absence de budget de fonctionnement ? Conséquence d’une mauvaise liste de priorités ? En tous les cas, il est aberrant de croire que ce que l’établissement ne peut acquérir puisse l’être par les enseignants, et exiger de ceux-ci des épreuves saisies et imprimées, c’est, encore une fois, les violenter au risque de d’en faire un personnel qui, à un moment donné, aura trop supporté.
La Rédaction