Image Fada, Bissoli
Le 1er juin 2020, le gouvernement de la République a effectivement déconfiné l’école au Cameroun, partiellement. Seules les classes d’examens, Terminales et Upper Sixth, Premières, Troisièmes et Form V sont en train de renouer avec les bancs et les tableaux noirs. Il faut espérer que ce noir, de moins en moins commode même aux tableaux, ne devienne pas épidémique et contamine les jours à venir.
Le contexte de cette reprise, éludée par certains pays – le Sénégal par exemple – et au Cameroun par certaines institutions – les Catholiques – n’est en effet guère rassurant : plus de 6585 cas de covid-19 confirmés, autour de 50% de guéris et plus de 200 décès. Depuis le 17 mai 2020, les chiffres de contamination journaliers flirtent avec des pics vertigineux de 400 et plus. C’est dire à quel point les inquiétudes exprimées à l’occasion de cette reprise des cours étaient fondées. Chez nous souvent, vous le savez, quand l’inquiétude court, les décideurs se mettent à marcher. Généralement, vous avez la montre, eux, ils ont le temps.
Avec la pression syndicale et celle de l’opinion, le gouvernement semble avoir jusqu’ici mis en place les conditions minimales de sécurité sanitaire sur les campus scolaires. Globalement, sur le terrain, les responsables du SNAES constatent que la plupart des établissements scolaires ont été désinfectés, disposent de points d’eau coulante et de savon, de solutions hydro alcooliques ; que les élèves et leurs encadreurs portent tous des masques, généralement acquis par eux-mêmes, quelquefois fournis par le responsable de structure. Les points faibles pour l’instant concernent les équipements de détection et de dépistage des contaminés : beaucoup d’établissements scolaires ne disposent pas du tout ou pas en nombre suffisant de thermoflashes, et le dépistage n’a pas encore franchi le portail de l’établissement scolaire. Comme pour le grand banditisme, on risque de retrouver pour l’inventaire des dégâts quand la casse aura déjà eu lieu.
Identifier en amont, c’est-à-dire à l’entrée du Campus scolaire, les cas suspects à l’aide du thermoflash et les tester pour au besoin les mettre en quarantaine est pourtant essentiel pour préserver l’espace scolaire déconfiné de la Covid-19. Disposer de thermoflashes pour les établissements scolaires, peu en importe le prix, n’est donc pas un luxe : c’est une nécessité de survie. C’est d’autant nécessaire que sur les campus s’impose un travail d’éducation au respect des mesures barrières qui peut prendre un certain temps avant d’obtenir le résultat escompté. Quand on plante un arbre, on ne récolte pas ses fruits hic et nunc.
On a en effet pu constater que les élèves manifestent une forte résistance, un peu partout, à respecter les mesures barrières : ils enlèvent les masques en classes, se font des câlins à la première occasion, se partagent le casse-croûte, s’agglutinent sur les cours de récréation et sur le chemin de retour à la maison. Les enseignants et les parents sont donc fortement interpellés, les premiers dans les salles de classes et sur les campus, les seconds à domicile. Ce sont nos élèves et nos enfants, et quand ils choppent le covid-19, ils nous le passent forcément. Nous devons donc leur apprendre à porter leurs masques, et à en changer en cours de journée pour maximiser la protection ; nous devons leur enseigner les gestes barrières, et nous assurer, au besoin par la contrainte, qu’ils les respectent. Pour y arriver plus sûrement, nous devons les respecter nous-mêmes strictement, l’exemple vaut mieux que la leçon.
Les ministres de l’éducation nous assurent qu’ils sont en train d’équiper les établissements scolaires pour faire face : masques, gels, seaux, savons… Ce matériel alloué doit effectivement servir à la riposte dans chaque établissement, en toute transparence. Là où il n’est pas mis à disposition, on doit le savoir et savoir pourquoi. La consigne est de désinfecter les établissements deux fois par semaine, deux fois par jour là où l’on fait mi-temps. Il y a des usagers qui se pointent aux portails des établissements sans masques : ils doivent savoir que même masqués, ils ne sont pas les bienvenus. Autant que chacun le sache, avec la covid-19, c’est carnaval tous les jours en milieu scolaire, encore faut-il y être invité pour se pointer.
Terminons cette semaine en évoquant le cas des enseignants atteints de covid-19. Il y en a déjà et il y en aura encore. Ils seront pris en charge par l’unité locale de riposte, nous assure-t-on, mais un sur-risque professionnel se sera ainsi matérialisé. Nous devons savoir quel est le niveau et la qualité de cette prise en charge. Les contaminés doivent bénéficier d’un bon accompagnement psychologique. Il sera nécessaire que leur famille soit rassurée. En France, un traitement particulier a été appliqué aux enfants du personnel de santé tout au long du confinement. Il s’agit ici, non pas d’une mesure générale, mais particulière à ceux qui pourraient se trouver contaminés. Et nous espérons qu’avec une mise en œuvre rigoureuse des mesures prises, ceux-là ne seront pas trop nombreux.
Camarades, collègues,
Vous avez été très nombreux en ce début de semaine à nous aider à faire le point sur la situation réelle sur le terrain. Nous avons pu effectivement couvrir 8 régions sur 10. Notre ambition est de faire mieux au fil des semaines. Votre engagement sur le terrain est en train de soutenir fortement la mise en œuvre des mesures du gouvernement dans l’espace scolaire. Il ne doit y avoir aucun relâchement jusqu’à ce que l’année scolaire soit close. Continuez donc à être extrêmement vigilants. C’est de cette manière-là que vous allez continuer à sauver des vies. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.
Un pour tous, tous pour un !
Yaoundé le 04 juin 2020
Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU