La Lettre hebdomadaire du SNAES n°12 sur la Covid-19 LE DEFI DES CANDIDATS AUX EXAMENS OFFICIELS SESSION 2020 : SE GARDER EN SANTE POUR NE PAS EN ETRE PRIVES

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unicef.fr

Camarades, collègues, élèves, étudiants,

Nous avons largement écorné la deuxième semaine de classe depuis la reprise du 1er juin 2020.Un premier bilan commence à être possible. Très contrasté, il suscite déjà de nombreuses interrogations. Et même si celles-ci ne sont pour l’instant que diagnostiques, il n’empêche qu’elles peuvent à tout moment déboucher sur des chiffres, et que pour cette raison, il convient d’ores et déjà de faire très attention. Ce bilan fait basculer, de plus en plus, la responsabilité de la clôture de l’année scolaire et académique en cours, du moins de façon substantielle, des épaules du Gouvernement vers celles des élèves et étudiants et de leurs parents. Il s’agit ici, croyez-moi, d’un glissement important, qui peut se terminer par une chute. Pour bien comprendre ce nouvel enjeu de la riposte au Covid-19 au Cameroun, il ne faut pas perdre de vue les chiffres qui peignent l’évolution de la pandémie dans notre pays.

A l’instant où j’écris ces mots, le pays enregistre plus de 8312 cas de contaminés, plus de 208 décès, 4794 guéris. Mais il ne s’agit ici que des chiffres officiels. Nous ne devons jamais oublier que le pays teste à une très petite échelle. Des clusters non identifiés pourraient se nicher à peu près partout, des malades dissimulés guérissent sans avoir rien pris ou meurent dans le plus grand secret et sont discrètement inhumés, non sans avoir étendu autour d’eux le cercle dangereux de la maladie. Au Nigeria où l’on se vantait il y a peu, sur la base des chiffres officiels flatteurs, de contrôler la pandémie, l’on s’est réveillé avec une épidémie de décès inexpliqués par milliers et par Etats. Nos turpitudes nous rattrapent toujours. Elles peuvent cependant servir de leçon à nos voisins, s’ils se départissent à temps de la politique de l’autruche. Mais revenons au bilan de cette importante semaine écoulée sur le front scolaire et universitaire.

Ce bilan est, comme nous l’avons dit plus haut, mi-figue mi-raisin. Mais ne vous fiez pas à cette image gastronomique bénigne qui ne parle que de goût alors que le vrai référent est un virus, et certains parlent de plus en plus aussi de bactérie. D’où la pertinence de l’association hydroxychloroquine (antiviral) et azithromycine (antibactérien).

Les ministères de l’éducation, jusqu’ici, ont mobilisé avec des résultats acceptables les chefs de structures pour désinfecter et équiper les établissements en masques, points d’eau coulante avec savon, gels hydro alcooliques ; pour faire ramener les effectifs à 24 par salles au primaire et au secondaire, sensibiliser sur le respect de la distanciation sociale. Ce filet de protection, bien en place déjà, comporte cependant bien des trous.

Les thermoflashes sont rares dans les établissements scolaires et les tests de dépistage ne font pas encore partie de l’arsenal exigé : tout cela hypothèque donc la riposte préventive et peut, à terme, développer à l’insu de tous des foyers de contamination de masses. Il faut donc réajuster au plus vite et imposer les thermoflashes ainsi qu’un certain degré de testing de dépistage. Cela aura un prix, mais qui veut la fin veut les moyens. Les auxiliaires pédagogiques (équerres, compas, cartes…) sont encore partagés et peuvent être sources de contamination. Cela ne coûte que quelques bricoles et on ne peut justifier a posteriori une quelconque négligence sur un tel sujet. Les masques ne sont pas aussi souvent changés qu’ils le devraient, parce qu’ils ne sont pas systématiquement distribués alors même que des stocks sont confiés aux établissements scolaires. Il en est de même de la gestion des gels. Certains responsables d’établissements ne comprennent pas que la mise à l’écart commence avec la suspicion sur la base des premiers indices – la température par exemple – et non avec le résultat du test, qui peut prendre des jours.

Il reste les élèves et étudiants, tous futurs candidats aux examens officiels. Scientifiquement, ils font partie de la population la moins vulnérable. Cet avantage, ils peuvent être tentés d’en abuser. Mais s’ils peuvent survivre en majorité à la maladie, il suffit qu’ils en présentent les signes au mauvais moment, à l’entrée d’une salle d’examen, pour voir leur année scolaire ou académique leur filer entre les doigts. Ils doivent savoir que leur température sera prise à l’entrée des centres d’examens. Or qu’a-t-on eu l’occasion de vivre cette semaine écoulée ? Des élèves réticents à porter le masque en dehors de la présence des enseignants et quelquefois en présence de ces derniers ; des élèves défiant le respect des gestes barrières et se frottant les uns aux autres sans prudence aucune, se partageant casse-croûtes et outils de classe ; des élèves se tenant par les mains une fois hors de l’enceinte scolaire et rigolant des peurs « ridicules » de ces vieux qui les « embêtent » pour rien.

Chers élèves et étudiants,

Vous ne faites pas partie de la population vulnérable, cela est vrai, mais vos parents en font partie. Vous pouvez attraper la maladie au coronavirus sans en mourir, mais si vous l’attrapez la veille ou le matin de vos examens, vous ne serez pas admis à composer. Alors, si vous ne vous souciez pas assez de la santé et de la vie de vos parents, peut-être vous souciez-vous un peu de votre avenir. Et celui-ci peut être suspendu à l’examen pour lequel vous allez bientôt composer. Essayez donc d’être prêts d’ici là, intellectuellement mais aussi physiquement : respectez scrupuleusement les gestes barrières, dans et en dehors de vos établissments scolaires et universitaires. Sauvez des vies, et par la même occasion, votre avenir. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 10 Juin 2020

                                                                                                   Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU