Camarades, collègues,
La spirale du Covid-19 s’amplifie dans notre pays: 730 cas testés positifs, 10 morts, 5 régions touchées à savoir le Centre, le Littoral, l’Ouest, le Sud-Ouest et le Sud. La grogne sociale se profile également à l’horizon. L’alerte lancée par les transporteurs a pu être contenue. Gérée comme d’habitude, c’est-à-dire dans l’artifice et la rouerie, cette crise sociale émergente pourrait déboucher sur une crise populaire que personne ne souhaite. Il est préférable, pour le Gouvernement de la République, de résoudre véritablement les problèmes au fur et à mesure qu’ils se posent plutôt que de céder à l’habituelle tentation de la procrastination.
Au chapitre de la réaction, il faut encourager quelques exécutifs municipaux qui ont commencé à mobiliser leurs troupes. Ils doivent aller plus loin dans ce qu’ils ont entamé : organiser les couturiers de leurs communes pour fabriquer des masques, les experts pour produire des solutions et gels hydro alcooliques ; aménager en urgence les points d’eau, des espaces d’hospitalisation sécurisés, veiller à ce que le personnel soignant soit équipé de matériels de protection, mobiliser la police nationale et la police municipale là où il en existe une pour veiller à l’application stricte des mesures édictées. Tout ceci doit prendre la priorité sur la plupart des autres dépenses municipales. Quand un médecin en exercice meurt parce qu’il n’a pu obtenir un lit dans la ville où il exerce, cela montre au commun des Camerounais la tragédie vers laquelle on le dirige.
En ce qui concerne l’école, on peut dire que ça y est ! Des mesures sont prises. Les cours diffusés à la CRTV vont malheureusement renforcer l’inégalité des jeunes devant l’école : les pauvres, ceux qui ne disposent pas de supports de réception, les ruraux des zones non desservies par les réseaux d’énergie et de télécommunication sont d’office laissés-pour-compte. Les classes intermédiaires préparent déjà les échecs de demain. Le format des examens sera-t-il maintenu ? Ailleurs, la fiabilité des évaluations internes permet de contourner les difficultés d’une école confinée en période d’examens officiels. Ici chez nous, une telle option pourrait exiger des arbitrages difficiles à réaliser en toute objectivité. Mais, une fois de plus, tout se pense et se décide à Yaoundé, à la Primature, dans les cabinets ministériels.
Depuis le début de la crise du Covid-19 en effet, les partenaires de l’éducation n’ont pas une seule fois été consultés. Cette gestion verticale à laquelle nos institutions se sont habituées, cet entre-soi administratif si commode en temps normal, cette unilatéralité confortable est-elle ce qu’il y a de plus efficace en période de crise ? Les résultats a posteriori en permettront l’évaluation.
Quant à vous, enseignant-e-s, commencez par prendre soin de vous : restez chez vous, ne sortez qu’en cas de nécessité et en portant un masque, lavez-vous les mains, n’oubliez pas votre solution ou gel hydro alcoolique, respectez la distanciation sociale ; enseignez autour de vous, mobilisez vos élèves par divers moyens, ils vous écouteront mieux que quiconque d’autres. Sachez que vous avez tous vos droits de participation au débat sur l’école confinée pour cause de Covid-19 et à l’élaboration des solutions aux problèmes qui en découlent. Les dégâts éventuels, vous le savez bien, on vous demandera de les réparer le moment venu. Engagez-vous donc pour les minimiser. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.
Image Camer.be
Un pour tous, tous pour un !