Présidentielle 2025 : L’Éducation S’Invite en Force – Le Candidat Tchiroma Bakary Face au Verdict des Enseignants

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Un coup de tonnerre politique. La démission spectaculaire d’Issa Tchiroma Bakary de son poste ministériel, suivie de sa déclaration de candidature à la présidence, a instantanément redéfini le paysage électoral. Mais la riposte, méthodique et percutante, n’est pas venue d’un parti adverse. Elle émane d’une force colossale, un véritable pouvoir intellectuel : le Collectif des Organisations des Enseignants du Cameroun (C.OR.E.C.). Par une lettre ouverte adressée au candidat, le collectif, voix de plus de 300 000 éducateurs qui façonnent l’avenir de près de 12 millions de jeunes, a non seulement disséqué le manifeste « Le Peuple au Pouvoir », mais a surtout imposé l’éducation comme le juge de paix de toute crédibilité politique à venir.

Une Grille d’Évaluation Appliquée à Tous

L’analyse interne du C.OR.E.C. sur le programme du MRC de 2018 révèle la profondeur de sa grille de lecture. Même si le parti « coche beaucoup de cases », le collectif exigeait déjà plus de clarté et un engagement « sur les moindres détails », loin de « toute improvisation ». Cette même intransigeance est aujourd’hui appliquée au candidat Tchiroma. La question fondamentale, posée lors de l’analyse du programme du MRC, résonne avec une force particulière : « Qui portera la dynamique ? Dans l’éducation sans pratiquants ? ».

Pour le C.OR.E.C., le paradoxe est total et expose la faille du manifeste de M. Tchiroma : « C’est le paradoxe d’un projet qui veut libérer le peuple par l’éducation, mais qui ne pose pas comme préalable la restauration de la dignité de l’éducateur ».

Du Manifeste Politique à la Matrice Technique : Les Préalables Non Négociables

Là où le coup de maître syndical prend toute son ampleur, c’est dans la capacité à passer de la critique à la proposition. Le C.OR.E.C. ne se contente pas de pointer les manques ; il se positionne comme l’expert incontournable. Fort de son propre manifeste, « Pour une éducation transformative », et de sa déclaration du 19 mars se désolidarisant des politiques éducatives passées, le collectif oppose la vision générale des politiques à l’expertise technique et chiffrée de ses propres commissions.

Dans un communiqué du 5 avril 2025, le C.OR.E.C. réaffirmait sa volonté de « co-construire » un système éducatif efficace, tout en posant des « préalables non négociables » : la restauration de la dignité enseignante et le renforcement de l’attractivité de la profession. Ces préalables, loin d’être des vœux pieux, sont détaillés dans leurs documents.

Un Avertissement à Tous les Prétendants

En s’adressant directement à Issa Tchiroma Bakary, le C.OR.E.C. envoie un message sans équivoque à l’ensemble de la classe politique. L’époque où l’éducation n’était qu’une ligne dans un programme est révolue. Le collectif se tient désormais à la disposition de toutes les forces vives qui « adopteraient nos contributions pour la formulation de politiques publiques ambitieuses et novatrices ». L’invitation est une main tendue, mais elle a le poids d’un gant jeté à terre. Tout projet qui ignorera cette expertise technique sera jugé, au mieux, incomplet ; au pire, insincère.

Issa Tchiroma Bakary, par l’audace de sa candidature, a ouvert le débat présidentiel. Le C.OR.E.C., par la force de sa réponse, en a défini le terrain le plus exigeant. La question n’est plus seulement de promettre un avenir meilleur, mais de prouver, plan technique à l’appui, qu’on sait comment le bâtir et, surtout, avec qui. La route vers la présidence de 2025 passe désormais, inévitablement, par une salle de classe où les enseignants détiennent la grille d’évaluation du destin national.

ASSOAH ETOGA Roland / Secrétaire Général Exécutif du SNAES.

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