Au cours de la récente rencontre des services centraux, déconcentrés et des organes sous-tutelles du MINESEC tenue le mardi 23 avril 2019 à Nkolbisson à Yaoundé, l’un des exposés les plus attendus portait sur le bilan de l’opération digitalisation des paiements au MINESEC, opération conduite cette année à pas forcés et incontestablement sans véritable préparation. Le bilan, donné par M. Djomnang Tchatchouang Léopold, Chef de la division des affaires juridiques au MINSEC, a surpris par la qualité de ses révélations.
En effet, de ce bilan, on retiendra que Express Union, MTN, Orange Cameroun et CAMPOST ont collecté cette année auprès des élèves du secondaire public la rondelette somme de 16 250 145 408FCFA. A la date de compte rendu, il ne restait plus que 1 milliard 362 millions de francs de cette somme à redistribuer aux établissements scolaires. D’où la question : où sont partis tous ces milliards récoltés et supposément redistribués ? Cette question a d’autant pleinement son sens que sur le terrain, les établissements qui en auront le plus reçu n’ont pas dépassé les 50% de leur dû, et nous sommes rendus pratiquement en fin d’année, puisque les examens certificatifs ont commencé. Qu’a-t-on fait ou qu’est-on en train de faire du pactole des établissements scolaires ? Il est impératif qu’une réponse soit donnée à cette question, d’autant que la plupart des établissements sont aujourd’hui surendettés auprès des APEE, des prestataires de service, et que la plupart de ces prestataires ne veulent entendre parler des établissements scolaires tant que ceux-ci ne les auront pas désintéressés.
L’autre grosse nouvelle de ce rapport, c’est l’intervention de la présidence de la république dans ce dossier : le Secrétaire Général de la présidence de la république a en effet, finalement, décidé de prendre ses responsabilités et a instruit le MINESEC et le MINFI d’ouvrir un compte dans une banque commerciale dans lequel les opérateurs de collecte de fonds devront reverser le fruit de ces collectes. Chaque établissement devra ouvrir ou rouvrir à son tour un compte auprès d’une banque commerciale pour participer au partage. Un pas dans la bonne direction, à deux observations près : il s’agit d’un long détour pour revenir au point de départ : cela valait-il réellement la peine ? C’est en même temps une centralisation incompréhensible de ressources à l’ère dite de l’accélération de la décentralisation. Nous ne sommes pas à une contradiction près.
Roger Kaffo Fokou, SG/SNAES