Cameroun : Les multiples visages de la violation du droit à l’éducation aujourd’hui

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Pour aborder la question du contenu et de la réalité du droit à l’éducation au Cameroun aujourd’hui, nous avons dans un premier moment questionné la notion même de droit comme faculté instituée par la loi et susceptible d’être réclamée, revendiquée en cas de trouble de jouissance, de violation. Un droit n’est constitué comme tel que lorsqu’il est opposable à un tiers, ce tiers serait-il l’Etat. Au-delà de l’embellie que l’on peut constater dans les statistiques officielles (fort taux de scolarisation au niveau du primaire, amélioration des taux de rétention, etc.), force est alors de constater que le droit à l’éducation, tel qu’il est institué au Cameroun aujourd’hui, n’est pas un droit plein. Il s’apparente plutôt à une liberté et en conséquence, de nombreuses entraves tant culturelles, économiques que politiques empêchent une frange importante de la jeunesse d’en jouir, notamment dans les zones dites d’éducation prioritaire, dans les zones de conflits, dans les banlieues urbaines frappées de pauvreté et de misère. Cette impossibilité de jouir du droit à l’éducation en raison de réticences culturelles, de la situation sociale des parents, d’une politique de l’offre d’éducation qui n’applique pas rigoureusement la gratuité sur laquelle repose l’engagement de l’Etat pour une éducation primaire universelle et même de plus en plus pour un cycle fondamental universel (Déclaration d’Inchéon) touche d’avantage certaines catégories, la petite enfance, la jeune fille, les personnes vivant avec un handicap, les ruraux et les enfants issus des classes défavorisées.
Un second type d’obstacles touche le droit à l’éducation au Cameroun : les obstacles à la qualité. Et à ce sujet, nous avons soutenu qu’il n’y a pas de véritable jouissance du droit à l’éducation tant que l’éducation reçue n’est pas de qualité. Les problèmes des contenus de manuels scolaires, de la qualité des programmes qui n’intègrent pas toujours les compétences susceptibles d’assurer l’efficacité externe du système éducatif, de la qualité des enseignants saisie sous les angles d’une part de la formation (qualité des formations initiales et continues) et des conditions de vie et de l’exercice du métier d’autre part, tout cela ayant une très forte corrélation avec la qualité des enseignements qu’ils sont susceptibles de dispenser, nous permettent de dire que, même là où le droit à l’éducation semble respecté au Cameroun aujourd’hui, il ne l’est que partiellement, superficiellement.
Le chantier du droit à l’éducation est donc largement délaissé au Cameroun aujourd’hui en dépit des efforts que les professionnels font pour l’améliorer, et le progrès dans ce domaine dépend encore très largement d’une forte volonté politique, laquelle se fait encore attendre.

Roger KAFFO FOKOU, SG/SNAES