Décidément cette année scolaire 2018-2019  nous offre une crise de valeur aux confins de l’inimaginable. Nous sommes à la fin du premier trimestre, du moins à la fin de la deuxième séquence, et dans les lycées et collèges d’enseignements techniques du Cameroun nous assistons à une véritable démonstration de cynisme mercantile. Les établissements techniques avaient jusqu’au 15 novembre 2018, d’après les instructions sur les CD du logiciel LESAGE,  pour s’acquitter des frais requis et entrer en possession des codes qui leurs permettraient d’activer les CD et d’en faire usage dans l’enseignement.

Le logiciel LESAGE est un logiciel incontournable dans les programmes d’enseignement des Sciences et Technologie du Tertiaire, il est distribué chaque année (avec une date de péremption annuelle) aux collèges et lycées du Cameroun contre une rétribution de 75000 FCFA pour les lycées techniques et 50 000 FCFA pour les CETIC. Dès que l’argent est déposé dans le compte de la société Le sage Cameroun via Express Union Etoudi JA, Mobile Money ou Orange Money, l’établissement envoie ses coordonnées et les références de paiement par sms puis au moment opportun, reçoit le code qui permet l’utilisation effective des données ainsi débloquées pour implémenter les enseignements.

Le problème est que, sachant les contraintes liées à la digitalisation des inscriptions, la lenteur des recouvrements et du reversement dans les comptes-trésors des établissements, on se serait attendu à ce que ces frais pour le logiciel LESAGE soient prélevés à la source ou jouissent de mesures spéciales de différé pour permettre aux établissements de poursuivre avec les curricula qui dépendent de ce logiciel. Au contraire, tout est bloqué, LE SAGE CAMEROUN est dans l’attente de l’argent et les logiciels sont inutilisables par les établissements scolaires qui ne savent pas comment ils vont faire pour boucler les programmes à temps. C’est chacun qui y va de son inventivité pour essayer de meubler les enseignements en portant une entorse aux projets pédagogiques et progressions initiaux. Comment en sommes-nous arrivés à de telles extrémités ? Quels seront les résultats à terme pour cette année scolaire ? Pour une somme de 50 à 75 milles francs CFA bloquée dans ces mêmes comptes des partenaires du MINESEC, des programmes d’enseignement de la 3ème Année jusqu’en première dans les filières STT sont en stand by et rien ne semble se dessiner à l’horizon pour décanter la situation. Même ces parents qui s’étaient fait entendre pour le livre controversé de 5ème sont muets face à cette gravissime situation qui empire de jour en jour.

Nous souhaitons avec insistance que le MINESEC joigne d’urgence son partenaire LE SAGE CAMEROUN pour qu’il délivre ces codes d’activation aux établissements cibles dans les meilleurs délais, pour ne pas complètement perdre cette année scolaire en cours et sauver ce qui peut encore l’être. Cette société peut attendre la régularisation des opérations liées à la digitalisation des inscriptions, certains APEE étant à bout de souffle, mais pour les programmes d’enseignement, bientôt il sera trop tard et le retard accusé sera irrémédiable. Sauvons d’urgence ce qui peut l’être, l’éducation devrait primer sur l’appât du gain. C’est le socle de notre avenir à tous.

Par ASSOAH ETOGA Roland, rédacteur, snaes.org,