Dans son journal du 17 septembre 2019, Equinoxe télévision a fait un zoom salutaire sur une école de Douala Bonabéri. Le ministre Etoundi Ngoa y reconnaît, tout à son honneur, l’inadmissible condition dans lesquelles les jeunes Camerounais inscrits dans cette école préparent leur avenir. Il s’agit d’une école créée il y a plus de 5 ans, bâtie en matériau provisoire, dont chaque bâtiment abrite parfois 4 salles de classes séparées par de demi-cloisons. Les élèves de toutes les salles se voient, et on peut imaginer que chacune et chacun d’eux suit simultanément deux, trois à quatre cours. On peut aussi essayer de comprendre comment chaque enseignant s’y prend pour laisser une petite place à la voix du collègue d’à côté ou d’en face. Quelle peut être l’efficacité de telles classes ? Chacun peut se la représenter à loisir.

Dans le budget 2019-2020 du MINEDUB ainsi que l’a promis solennellement le ministre Etoundi Ngoa, une allocation permettra de  remplacer ces espèces de poulaillers par une nouvelle école toute moderne. Il aura pour cela fallu un reportage d’Equinoxe télévision. Il existe comme cela des centaines d’établissements improbables du primaire comme du secondaire, aussi bien dans l’arrière-pays qu’en zones urbaines, y compris au cœur de nos capitales politique et économique. Il est peu probable que des chaînes de télévision descendent les visiter tous. Ils n’auront peut-être pas la chance de recevoir la visite étonnée d’un ministre, et le bonheur de se voir promettre de véritables infrastructures.

En plein cœur de la capitale politique, dans l’arrondissement de Yaoundé 1 Etoudi, l’école maternelle et primaire bilingue de Nkolmbong ne ressemble guère à une école bâtie dans un quartier privilégié. Elle est pourtant bel et bien dans le quartier présidentiel, et en levant le regard, les élèves comme leurs encadreurs peuvent apercevoir flotter sur le toit du palais d’Etoudi les couleurs de la nation. Leur situation fait pourtant irrésistiblement penser à l’adage qui dit « Près de l’église, loin de Dieu. » Salles en « carabottes », planchers de terre, tables-bancs vétustes, absence du plus petit aménagement, aucune trace d’esthétique, cette école, comme beaucoup d’autres ici et ailleurs dans le pays, est une véritable honte pour Etoudi, pour Yaoundé, pour le pays tout entier. Elle traduit l’état même de délabrement qui continue à marquer l’éducation au Cameroun, jusque dans les endroits les plus insoupçonnés.

Roger Kaffo Fokou