INTERVIEW DU CAMARADE KAMDEM KAMDEM MARTIN, A snaes.org

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Entre 2004 et aujourd’hui le SNAES a traversé un très long désert et aurait pu mourir. Mais il y a eu des camarades et leurs équipes qui ont fait des sacrifices énormes pour garder le flambeau. L’un d’eux est le camarade KAMDEM KAMDEM MARTIN, ancien SR du SNAES pour le Nord-Ouest, qui a été une figure du rayonnement du SNAES dans une région où le syndicat avait du mal à se faire entendre. Nous lui avons tendu notre micro

Snaes.org: Bonjour camarade, et merci de te confier à notre site d’information. Pour commencer, peux-tu nous parler de toi ? Qui es-tu, tes parcours, tes préférences littéraires, musicales, politiques, philosophiques, idéologiques ? Comment tu te définis en tant qu’individu, etc.

Kamdem : Merci camarade de me faire cet honneur, être inviter à m’exprimer aux Camerounais en général et aux enseignants en particulier, par le site d’information du Snaes. C’est un exercice très difficile que de parler de soi-même. J’espère que vous ne serez pas déçus. Je suis de parents originaires de Batié, dans le département des Hauts-plateaux, Région de l’Ouest. Je suis né à Great-Soppo à Buea, Région du Sud-Ouest, il y a de cela 61 ans. J’ai fait mes études primaires à l’école francophone, au camp militaire de Buea. En 1971 je suis entré au Lycée Fédéral Bilingue de Molyko, à Buea. Ayant repris la classe de Terminale C, j’en suis reparti en 1979 nanti de ce que nous étions fiers de brandir, le Bacc. de NdamNjoya.J’ai poursuivi mes études à l’Université du Cameroun, c’était l’unique Université à l’époque. Y étant je me suis inscrit en faculté de science, au département de physique/chimie. Après une année dans cette faculté, j’ai réussi le concours d’entrée à l’école normale supérieure de Yaoundé, au département de Physique,chimie et technologie. C’est par un concours de circonstance que je devenu enseignant. En effet j’étais parmi la minorité à qui on avait refusé la bourse, à l’université de Yaoundé. J’ai été acteur  de théâtre du CM2 à l’obtention de mon baccalauréat. Sur le plan sportif, j’ai fait le football, le volleyball, le judo. J’ai été champion du Sud-Ouest dans ma catégorie en judo ; j’ai été le capitaine de l’équipe provinciale de volleyball, de 1976 à 1979. Pour ce qui est de mes préférences littéraires, je lisais tout ce qui me tombait entre les mains, beaucoup plus les œuvres littéraires et philosophiques que scientifiques. J’aimais surtout lire Jean Paul Sartre, Jean Baptiste Poquelin, Voltaire. Je parle pas des œuvres au programme. Mes préférences musicales : J’aime danser le rock and roll, le bikutsi, le makossa (particulièrement Nkotti François), j’aime écouter Eboa Lotin. J’aime danser du benskin, le bottle dance. Bref j’aime la musique camerounaise. Je n’ai jamais adhéré à un parti politique. En fait je suis un penseur libre, j’ai horreur d’être mené par le bout du nez, comme je l’observe souvent dans les partis politiques, les leaders ont tendance à se comporter en gourou.

Snaes.org :Est-ce qu’il y a des choses dans ton enfance, ton éducation, qui expliquent le parcours et les choix que tu as faitpar la suite ? Comment es-tu devenu l’homme que tu as été et que tu es aujourd’hui ?

Kamdem : J’ai perdu mes parents très tôt. En réalité je n’ai connu ni mon père, ni ma mère. J’ai été élevé par un cousin, réparateur de montre. Financièrement nous avions des difficultés énormes. Lorsque j’arrive en faculté en 1979, je savais que ma bourse devrait me permettre d’arrondir les angles. Malheureusement on ne m’en a pas donné. Ne pouvant pas tenir à Yaoundé sans argent, je mangeais grâce à un camarade de classe qui m’achetait chaque mois, un carnet de billets de restaurant, 10 billets à consommer en un mois, à raison d’un repas tous les trois jours. C’est ainsi que j’ai trouvé que faire l’entrée à l’ENS était une opportunité à saisir, parce que la bourse y était automatique. Voilà comment je me suis retrouvé dans l’enseignement.

Snaes.org : Quand et comment découvres-tu le syndicalisme et qu’est-ce qui te décide à t’y jeter ?

Kamdem : A force de lecture, j’ai aimé la lutte pour la justice. C’est ainsi que étant vice-président de la coopérative scolaire au lycée, j’ai organisé ma première grève, pour réclamer que l’administration du lycée remette à la coopérative le million de francs que nous avons gagné, pour l’agriculture, 1er prix Amadou Ahidjo. Comme conséquence ils m’ont refusé le poste de maitre d’internat l’année d’après. Mais j’étais satisfait d’avoir obtenu ce que nous revendiquions. Lorsqu’en 1979 on nous refuse la bourse à l’université sans raison, je prends la tête d’un groupe d’étudiants pour aller rencontrer le vice-ministre de l’éducation nationale, Mme Djema, qui était en charge de la bourse scolaire. A la fin des discussions, tous les étudiants qui étaient avec moi ont reçu chacun une bourse, moi le porte-parole, je n’en ai pas eu. Mais j’étais heureux d’avoir été utile aux autres. A l’ENS j’étais le porte-parole de mon pavillon et de l’équipe de volleyball, quand j’en étais le capitaine .Je peux donc dire que je forgeais ainsi mon chemin vers la lutte, sans le savoir. Lorsqu’en 1990 on lance le SNAES, je trouve là l’occasion de servir mon corps de métier. J’y adhère mais reste assez loin de ceux qui prenaient les décisions. Je n’étais pas souvent d’accord avec leurs méthodes que je trouvais trop radicales.

Snaes.org : Parles-nous de ce moment-là, celui de la découverte du syndicalisme : comment est-il à l’époque ? Qui en sont les acteurs ? Comment est-il perçu par l’opinion ?

Kamdem : Nos dirigeants syndicaux maitrisaient bien le sujet de lutte, ils savaient pourquoi il fallait se battre, ils parlaient avec autorité, ils faisaient peur aux autorités administratifs. Très souvent les collègues qui n’adhéraient pas étaient  traités de tous les noms d’oiseaux. Cette manière de gérer le syndicat amenait les autorités à trouver en ces dirigeants de syndicat, des menaces pour leur pouvoir. D’où leur réaction souvent violentes, démesurées. On assiste à des affectations punitives ou disciplinaires, initiées par les chefs d’établissement ou des délégués. Les enseignants qui avaient adhéré spontanément prennent peur et se retirent progressivement. Les grèves illimitées n’ont pas arrangé les choses, encore moins les suspensions de salaires.

Snaes.org : Qu’est-ce qui à ton avis, caractérise profondément notre société au moment où surgit le syndicalisme dans l’univers de l’éducation ?

Kamdem : Le syndicalisme dans l’univers de l’éducation au début des années 90 est caractérisé par les nouvelles lois sur la liberté d’association et surtout par le mal vivre qui découle des coupes « sauvages » opérées sur le salaire des agents publics. Les enseignants ont là l’occasion de s’exprimer sans risque de se retrouver derrière les barreaux. Mais on se heurte au vieux réflexe des préfets et sous-préfets formés à la vieille école, celle de la répression. Beaucoup de chefs d’établissements scolaires qui n’avaient aucune notion du syndicalisme ont pensé que les syndicalistes étaient des enseignants opposés à leur pouvoir. C’est ainsi que certains se sont constitués en associations, genre « college of principals », pour mieux se défendre contre ces « fauteurs de troubles ». Au moins à 95% les enseignants trouvaient en ces syndicats le seul moyen de pression pour avoir un salaire juste. A chaque réunion syndicale, nous faisions foule.

Snaes.org : Avec le recul, comment évalues-tu le syndicalisme de cette époque-là ? Quels étaient les qualités et les défauts ?

Kamdem : Je pense sincèrement que la formation nous a fait défaut. Nous nous sommes réveillés un matin et on s’est découvert syndicaliste, et même leader. Beaucoup de nos dirigeants ont pensé que dans l’établissement d’attache, ils étaient des super chefs d’établissement. La pensée unique que nous avions tous héritée de la période post indépendance leur faisait croire que tous devraient leur être soumis. Certains pensaient que dans leur établissement d’attache, tous les enseignants leur devaient obéissance. Ils ne comprenaient pas que l’adhésion à une association, fut-elle un syndicat était volontaire. Des enseignants qui observaient un mot d’ordre de grève lancé par un syndicat étaient menacés. Des enseignants ont pris peur. Lorsque le SNAES a mis sur pied la SOCRAIE, beaucoup ont trouvé là un moyen de joindre les deux bouts, financièrement parlant. L’échec de la SOCRAIE, due à la mauvaise gestion, a ruiné les épargnants, et fait pensé que les syndicalistes étaient tout, sauf de bons exemples à suivre.

Snaes.org : Au plan des résultats, quels ont été selon toi les résultats du syndicalisme enseignant à ses débuts, en fait au début des années 1990 ?

Kamdem : Le syndicalisme enseignant a montré aux yeux des Camerounais que des gens d’idéologies différentes, parce que le syndicat puisait dans des partis politiques qui n’avaient pas toujours la même idéologie, pouvaient taire un instant leurs divergences politiques pour un intérêt commun, le bien être de l’enseignement. Les premiers leaders n’étaient pas cupides. On a vu les membres du SNAES se mobiliser pour soutenir leurs dirigeants, après que leur salaire ait été suspendu, pour casser la grève. On a vu les leaders, sans moyen financier faire le tour du pays pour sensibiliser les enseignants sur la chose syndicale. A chaque étape ont voyait les enseignants se mobiliser, afin de leur trouver couchettes ou repas. Contrairement à ce qu’on peut penser, nous avons fait bouger les lignes au ministère de l’éducation nationale. Même si le statut particulier des enseignants n’a pas été ce que nous voulions, il faut féliciter le syndicat d’en être l’initiateur. Les affectations disciplinaires et suspensions de salaires, dont les membres du SNAES ont été victimes, ont poussé le SNAES par la chambre administrative de la cour suprême pour faire annuler ces décisions. La présence de représentants des enseignants dans des commissions, telles que le recrutement, la gestion de l’établissement, est un des fruits de la lutte syndicale des années.

Snaes.org : Le syndicalisme enseignant a ensuite connu bien des déboires. Quels en ont été les principaux d’après toi ? Quelles ont été les responsabilités des uns et des autres dans ces déboires selon toi ?

Kamdem : Je louais plus haut le fait que l’on trouvait à l’intérieur d’un même syndicat des membres venant de partis politiques qui n’avaient pas toujours la même idéologie. C’était du feu qui couvait sous la cendre. Plus tard les partis politiques ont voulu utiliser leurs membres « infiltrés » dans le syndicat pour le contrôler. Ce fut une lutte qui a fortement fragilisé le syndicat. L’Etat en suspendant les salaires des dirigeants, en nommant certains à des postes de responsabilité, savait très bien que devrait affaiblir le syndicat. Un dirigeant sans moyen financier, pour gérer son foyer, incapable de survenir au besoin d’un parent malade, était assez vulnérable, et facilement prenable. Un enseignant leader syndical, chef d’établissement ne pouvait pas fermer les portes de son établissement pour faire suivre un mot d’ordre de grève, quand bien même il serait un des signataires. Quelque dirigeant syndical était un « trop » proche du ministre, pour pouvoir agir librement. En Camerounais, nous avons bien manipulé la corde tribale. Un camarade a-t-il perdu les élections que l’on trouve comme excuse que son adversaire, n’a été élu que par les camarades de la même tribu que lui. Tout ceci et bien d’autres ont fragilisé le syndicalisme enseignant, ont créé des blessures profondes qui persistent. Il s’en est suivi des éclatements dans des syndicats.

Snaes.org : A quel moment précis, selon toi se situe le point de rupture à partir duquel la courbe s’est inversée, le moment de l’entrée dans le désert? Aurait-il pu en être autrement ?

Kamdem : Je crois que la suspension des salaires au moment où tous les Camerounais tirent le diable par la queue, avec la double coupe de salaire, suivie de la dévaluation du franc CFA, a été ce moment fatidique. Si l’Etat avait accepté la retenue à la base pour financer les syndicats, telle que proposée par les syndicats, les effets n’auraient pas été les mêmes. Si le syndicat avait les moyens financiers pour venir en aide à tous ceux qui avaient été victimes de suspension, le combat aurait pris une autre tournure.

Snaes.org : L’opinion n’a pas les mots assez durs pour parler du syndicalisme aujourd’hui. C’était peut-être d’ailleurs aussi le cas hier, même si dans une mesure différente. Qu’en penses-tu personnellement ?

Kamdem : il faut reconnaitre qu’en Afrique en général et au Cameroun particulièrement, nous n’avons pas la culture syndicale. C’est le colon qui est venu en Afrique avec la notion d’entreprise, le berceau du syndicalisme. Mais en même temps ces capitalistes beaucoup plus enclin au gain n’acceptaient pas la contestation, d’où la répression sauvage des années 1950, avec les premières velléités syndicalistes. C’est à nous enseignants d’amener, progressivement et avec du tact, la masse à comprendre le bien fondé du syndicalisme. Ceci nécessite du temps et nous devons être patients. En adhérant au syndicat mon souhait était d’en récolter les fruits. Mais je savais que je pourrais ne jamais récolter les fruits, mais je serais très heureux dans ma tombe en voyant que d’autres après moi en ont bénéficiés. Ne soyons pas de ceux qui ne plantent jamais les fruitiers parce qu’ils n’espèrent pas en consommer avant leur mort. Même si d’autres ne le voient pas, moi je suis très content de voir le vent de liberté qui souffle sur notre pays, le Cameroun. Le syndicalisme camerounais a de beaux jours devant lui, que les camarades ne se découragent pas. C’est encore très tôt de croire que ton voisin qui a son enfant au secondaire va se montrer solidaire d’un enseignant du secondaire qui a séché les cours pour un mieux-être. Un jour il comprendra, comme ce secrétaire général de la province du Nord-Ouest dont je préfère taire le nom, qui me disait un jour, « M. Kamdem, vous ne pouvez pas savoir combien nous sommes contents de vous, dans votre combat. Nous regrettons de ne pouvoir faire comme vous, nous avons les mains liées. Mais nous savons que si vous avez gain de cause, tout le monde va en profiter ». Je me suis senti très heureux de comprendre que parmi ceux qui nous combattent officiellement, il y en a qui nous soutiennent en secret. Une autre anecdote, c’est la rencontre avec un préfet d’alors, de la Mézam. Il me dit « au lieu de perdre ton temps à te battre comme Don Quichotte contre les moulins à vent, pourquoi ne pas rentrer dans une ONG. Ça paie et c’est moins risquant. Je peux toujours t’en trouver si tu n’en connais pas ». Je lui ai dit, merci, mais je me plais dans cette lutte. Croyez-moi, il fut très déçu.

Snaes.org : Aujourd’hui les enseignants préfèrent les associations aux syndicats. Cette attitude s’explique-t-elle et se justifie-t-elle à tes yeux ?

Kamdem : Ceci s’explique par le fait que les enseignants veulent un gain immédiat. Ils courent après les tontines, les repas copieux en fin de réunion. Pour des enseignants c’est inadmissible. Nous devons nous battre pour le long terme. Certes le salaire est très bas, au vu des prix des denrées sur nos marchés. Un enseignant à Yaoundé ou à Douala pour ne prendre que ces cas-là, a de la peine à se loger. Comment peut-il donner une bonne éducation à sa progéniture, comment peut-il bien se nourrir, et bonjour les maladies. A-t-il seulement le moyen de se soigner ? Certes on pense les associations peuvent nous sortir de là, que non. Nous devons nous battre plutôt dans les syndicats. C’est là que nous devons obtenir le relèvement de la valeur indiciaire. On se bat pour que l’enseignant de A2 ne plafonne plus là où il est aujourd’hui.

Snaes.org : Les syndicats d’enseignants se sont jusqu’ici tenus très loin de la politique : est-ce un choix raisonné ou contraint ? Personnellement, que leur conseillerais-tu ?

Kamdem : L’Homme est essentiellement politique. On ne peut pas fuir la politique. Notre instinct de survie nous oblige à faire de la politique. Si vous ne faites pas de la politique, elle vous fait. Le fait de faire des observations sur ce que d’autres font, c’est faire de la politique. Lorsque votre enfant vous dit « papa, l’argent de poche que tu me donnes ne résout plus mes besoins », il est en train de faire de la politique. Lorsque vous dites à votre conjoint, nous devons, compte tenu de la conjoncture revoir ce que nous donnons à nos parents en fin de mois. Vous êtes en train de faire de la politique. On peut la faire sans adhérer à un parti politique. On n’est pas obligé d’être membre d’un parti politique pour exprimer ses convictions. Les syndicats ont des voix à vendre aux politiques. Un parti politique qui croit à ce que nous revendiquons, peut se rapprocher de nous pour dire, vous voter pour nous et en cas de victoire, nous vous donnons ce que vous voulez. C’est un problème d’alliance. En son temps, le SNAES a essayé de noué une alliance avec quelque parti. Il faut continuer. Mais toutes propositions doivent être étudiées pour éviter des dérives.

Snaes.org : Parles-nous de ton action personnelle dans le syndicat : qu’est-ce que tu considères comme tes contributions essentielles, celles que tu regardes avec fierté quand tu scrutes le rétroviseur ? As-tu des regrets et si oui lesquels ?

Kamdem : J’ai toujours considéré le SNAES comme une équipe de football ou de volleyball. On pratique là des sports collectifs. Celui qui marque le but doit savoir que c’est le résultat d’un jeu collectif. Je ne crois pas avoir fait dans le SNAES quelque chose d’exceptionnelle, je suis très fier de tous ceux qui ont travaillé avec moi dans le Nord-Ouest en général, et dans la Mézam en particulier. Ce fut et c’est encore une zone très difficile, mais nous n’avons pas baissé les bras. Je reste à la disposition de ces jeunes qui ont pris la relève. La seule chose que nous pouvons nous vanter d’avoir, n’en déplaise à une minorité, conduit avec succès les élections à la cité verte, qui avaient fait du camarade Kamdem Jean, le secrétaire général du SNAES. Beaucoup venaient ce jour-là assister à l’inhumation du SNAES. Malheureusement pour eux et heureusement pour le SNAES, le Seigneur était avec nous.

Des regrets, oui j’en ai : Tous ces camarades qui nous ont quittés, soit pour l’outre-tombe, soit pour d’autres syndicats. C’était le grand SNAES dans lequel nous formions une véritable famille. Aussi n’avons-nous pas amené les enseignantes à comprendre que le syndicalisme n’est pas une affaire des hommes seuls mais de tous enseignants, hommes et femmes confondus.

Snaes.org : Quel est selon toi l’avenir du syndicalisme dans l’enseignement au Cameroun ? As-tu des conseils pour les générations actuelles et de demain ?

Kamdem : Ensemble nous vaincrons, mais divisés nous partons perdant. Depuis le début de la crise dite anglophone, le syndicat est divisé. Nous ne regardons plus dans la même direction. A qui profite cette division ? Surtout pas aux enseignants. Depuis le début des négociations, on dit qu’on négocie avec les syndicats anglophones, comme si y avait un employeur pour les enseignants Anglophones, différent de celui qui emploie les enseignants Francophones. On nous taxe de syndicats francophone, raison pour laquelle nous ne sommes jamais invités aux négociations. Vivement que les choses reviennent à la normale pour que nous continuons à travailler pour l’ENSEIGNANT CAMEROUNAIS. La lutte du SNAES pour une bonne éducation du sous-système anglophone, ne date pas d’aujourd’hui. Peut-être que si l’on avait accepté et mis en place ce que le SNAES avait proposé lors d’un colloque organisé par le Messager dans un hôtel à Yaoundé, dont je préfère taire le nom, on n’aurait pas ce que nous vivons aujourd’hui, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous avons contribué à notre manière à la nature bilingue de notre pays. Nous avons veillé à ce que tous nos textes soient dans les deux langues officielles. Tout n’a certes pas été parfait, travaillons pour parfaire les choses. Enseignants vous êtes la lumière du pays, si vous vous éclipsez, imaginez la suite. Une victoire appelle à plus d’engagement, sinon on vous arrache même le peu que vous avez reçu.

Et si on vous disait que grâce au combat mené par le SNAES, que votre salaire a connu le peu de relèvement que nous avons aujourd’hui. Le croirez-vous ? Et pourtant c’est vrai. Battez-vous pour maintenir ce que vous avez, à défaut d’avoir mieux.