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Le Cameroun est sur le point de franchir la barre des 1000 cas positifs au Covid-19. Et le dépistage n’est pourtant jusqu’ici fait que marginalement. Mathématiquement, il pourrait donc y avoir cinq à dix fois plus de cas positifs, un grand nombre étant asymptomatiques. La vigilance doit être d’autant accrue. Le dépistage aussi.
Le dernier train de mesures gouvernementales va un peu plus dans le bon sens. Il faut pour cela encourager le Chef du Gouvernement. Il peut et doit cependant mieux faire. Ces mesures d’accompagnement dont il remet l’annonce à plus tard constituent pourtant le moyen le plus efficace de s’assurer le respect des autres mesures édictées.
Le port du masque commence à se généraliser mais le masque ne doit pas devenir un simple laissez-passer pour se débarrasser du gendarme ou du policier. Il doit pouvoir être changé, jeté à la poubelle ou reconditionné pour une nouvelle utilisation sans risque s’il y a lieu. Il faudra donc à chaque Camerounais plusieurs masques, autant dire un budget masques. Beaucoup n’auront pas ce budget, nous le savons tous.
La distanciation sociale va aussi demander un minimum d’organisation et de contraintes, notamment sur les marchés ouverts : écart entre les étaux et les comptoirs, écart entre les acheteurs. Les exécutifs municipaux doivent se pencher sur l’organisation de nos marchés et ne pas penser que c’est impossible d’y obtenir l’application de la distanciation sociale. Dans les espaces marchands fermés, le respect de cette distanciation sociale et du lavage des mains doit être fermement confié aux gérants.
Notre économie pourrait sortir de cette crise en lambeaux. Cela aura pour conséquence une explosion du chômage. Un chômage plus important que celui qui prévaut déjà actuellement ne maquerait pas de déliter la société. Les mesures du gouvernement dans ce domaine ne sont toujours connues. Cela ne rassure personne, surtout pas les investisseurs, qui pourraient commencer à lorgner du côté des marchés mieux protégés ou mieux pourvus d’opportunités, où les gouvernements ont apprêté des ressources de relance conséquentes.
Dans le secteur de l’éducation, les promoteurs de l’enseignement privé n’ont pas obéi massivement aux injonctions sur le paiement des salaires de Mars. Qu’en sera-t-il en Avril ? Une crise sociale s’installe donc déjà dans ce sous-secteur. Il est encore temps de la circonscrire en prenant des mesures fermes et bien accompagnées, au besoin discutées avec les représentants de ces promoteurs.
Les cours télévisés sont bel et bien en place à la CRTV. Pendant qu’ils se dispensent, les enfants sont qui au marché du coin, qui à la plantation, qui sur le terrain de jeux du voisinage. Les uns parce que personne n’est à la maison pour les contraindre à les suivre, d’autres parce que la vie est plus dure en temps de confinement et qu’il faut des bras supplémentaires pour la gagner, d’autres enfin parce qu’il n’y a pas d’écran de télévision à la maison, ou pas d’électricité dans le secteur. Ces questions doivent être adressées au plus vite, pour éviter que s’élargisse le fossé de l’inégalité face à l’éducation entre les jeunes. Des propositions existent : il faut les examiner et mettre en œuvre celles qui présentent les meilleures chances de combler le gap.
Les enseignants, quant à eux, ne doivent pas simplement se sentir en congé. Ils n’ont pas besoin d’un texte officiel du ministre ou du Premier Ministre pour mettre leurs cours dûment préparés à la disposition de leurs élèves. Naturellement les chefs d’établissements doivent rendre matériellement et techniquement possible cette mise à disposition. Cela fait partie de l’effort individuel que chaque enseignant doit consentir comme citoyen pour contribuer à la victoire sur le Covid-19 dans notre pays.
Après le scandale du faux calendrier de fin d’année scolaire récent, il est temps d’envisager les perspectives d’une véritable fin d’année scolaire au Cameroun, surtout dans le primaire et le secondaire où les cours en ligne ne peuvent pas fonctionner de manière viable, et où les cours télévisés n’impactent qu’une proportion relative de la cible scolaire escomptée. Nous sommes dans la mondialisation et notre jeunesse doit, elle aussi, pouvoir accéder, aussi également que possible, aux circuits internationaux de formation.
Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.
Un pour tous, tous pour un !
Roger KAFFO FOKOU, SG du SNAES