La crise scolaire est déjà là !

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Camarades, collègues,

Notre pays entre dans la phase 2 de l’épidémie du Covid-19 : 284 cas confirmés positifs et de plus en plus de morts. Le plan national de riposte reste cependant d’une limpidité approximative. Jusqu’ici, au lieu de mesures, on ne nous a proposé que des demi-mesures. Le semi-confinement qui est conseillé, même pas imposé, aux Camerounais peut-il marcher ? L’expérience de pays qui ont précédé le nôtre dans la pandémie nous oblige à répondre par la négative. La crise sociale qui se profile à l’horizon est-elle en train d’être anticipée ? Il est évident, là aussi, que non : les mesures d’accompagnement qui auraient pu être les indicateurs de cette anticipation sont encore attendues. Qui va payer les factures des confinés à domicile, dans les hôtels, quand et comment ? Qui va payer les salaires des confinés, des personnels mis en congés techniques, sur quelle base et sur quels fonds ? Quel est le montant initial du fonds de lutte annoncé et sinon comment estimer l’ambition de ce fonds ? En dehors des dons de tests et matériels reçus d’un bienfaiteur chinois, quelles sont les commandes de l’Etat en prévision d’une montée en puissance de la pandémie ? Les perspectives, comme on peut le voir, ne sont pas à l’optimisme.

A l’heure du bilan de la gestion de cette crise sanitaire qui sera devenue entre temps une crise sociale et économique, la responsabilité principale sera celle de l’Etat, de ceux qui ont en charge la gestion de l’Etat. Cependant, cela ne nous exonèrera pas  de nos responsabilités collectives et individuelles, en tant que citoyens, membres d’une profession, d’une famille. Je voudrais justement ici m’adresser à vous comme enseignant-e-s.

Camarades, collègues,

Au-delà de la crise sanitaire que le Covid-19 installe, des crises sociale et économique qui en découleront, il faut d’ores et déjà affronter une crise scolaire en cours de développement. Comme toujours dans notre pays où l’éducation est au fond de la liste des priorités, peu de personnes s’occupent, et cela se voit dans la plupart des médias, du destin qui est en train d’être celui de l’école camerounaise cette année. Quels sont les taux de couverture des programmes et enseignements à l’heure du confinement de nos élèves et étudiants ? Quand les cours auront-ils quelques chances d’être repris ? Ailleurs, l’infrastructure numérique plus développée permet de limiter les dégâts. Abandonnés à eux-mêmes, nos enfants et notamment les plus jeunes, seront-ils à même de se remettre dans les conditions qu’il faudra, le moment venu, pour relever les durs défis d’une année scolaire perturbée ? Que leur propose-t-on pour se préparer à faire face efficacement à ces épreuves à venir ?

J’invite les enseignants à prendre ce débat en main et à proposer, sur tous les supports à leur portée. Je souhaite aussi que les médias mainstream s’occupent davantage, sur leurs plateaux, de la crise scolaire qui se met en place, et qu’ils stimulent la réflexion de tous ceux qui peuvent contribuer à proposer des voies. Ne l’oublions pas, il y a eu un avant Covid-19, il y aura un après. Et cet après se fera avec notre jeunesse. Ce n’est donc pas elle qui devrait être la plus grande victime camerounaise de la pandémie du Covid-19. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !