Cette phrase qui fait office de devise au lycée bilingue d’application de Yaoundé, un des plus anciens établissements secondaires publics du Cameroun, traduit à suffisance le fondement de toute profession et partant de la profession enseignante. Ce slogan est porteur d’un message à double sens.
Premièrement, apprendre pour servir. Il s’agit ici d’une formation initiale qui prépare l’homme à servir. Cette formation est le plus souvent certificative puisqu’elle qualifie la personne à accomplir une tâche précise. C’est cette formation que l’enseignant est supposé donner aux apprenants qui lui sont confiés. Elle doit prendre en compte toute les compétences dont ils ont besoin de construire pour bien servir la société plus tard. Cette première interprétation interroge non seulement le contenu des programmes scolaires mais aussi la qualité de la formation de l’enseignant et plus encore la qualité des enseignements que ce dernier dispense
Deuxièmement, apprendre à servir, autrement dit, se former dans la pratique régulière d’un service de qualité. C’est une formation quotidienne et permanente qui demande une remise en question constante pour rester dans le bon couloir : celui de ceux qui servent bien. Ceci appelle à une probité morale irréprochable et une conscience professionnelle sans faille. Le superlatif employé ici peut sembler utopique, mais c’est un idéal auquel tout travailleur qui aime son métier devrait aspirer.
Ces deux dimensions invitent à une question fondamentale : apprendre à servir pour servir qui ? En réalité, la réponse à cette question détermine le type de travailleur que l’on est. Si on apprend à servir pour se servir, alors on glisse inéluctablement dans le grand gouffre de toutes sortes de vices et de pratiques peu recommandables : avarice, corruption, mercenariat, flagornerie… Par contre, si on apprend à servir pour servir les autres, on se range du côté de ceux, minoritaire aujourd’hui, qui placent l’Homme au centre de toute action. C’est un couloir plutôt étroit où seuls les individus intrinsèquement doués de cette probité dont je fais mention plus haut peuvent s’aventurer. Je parle ici de ceux-là qui ont choisi de céder une part d’eux, de leur bonheur empirique, de ramer parfois/souvent à contre-courant pour le bien-être de tous. C’est une catégorie de personne pour qui j’ai personnellement beaucoup d’estime, car ils ont pour la plupart renoncé à une carrière fleurissante, à un compte bancaire bien fourni, au luxe insolent qu’exhibent certains de manière ostentatoire, pour se pencher sur le devenir de la société. Or toute cette opulence acquise au détriment du service ne procure qu’un semblant de bonheur car rien ne peut compenser la satisfaction que l’on éprouve après avoir accompli son obligation de bien et de justice. Je salue ainsi tous le VRAIS syndicalistes qui ont mené une lutte acharnée pour que nous, jeunes enseignants, ayons droit à un certain nombre d’avantages dans cette profession que l’on qualifie très souvent d’ingrate. Je pense particulièrement aux aînés que je ne veux pas nommer de peur d’en oublier et pour qui j’ai beaucoup de respect. Le chantier reste vaste et les vrais artisans peu nombreux. Rejoignez-moi dans ce vaste chantier pour qu’ensemble nous bâtissions une société plus juste, plus saine et plus sûre !
Un pour tous ! Tous pour un !
Par Désirée Kaptche Deffo