Le Lycée de Bametim est l’un des 16 établissements d’enseignement secondaire de l’arrondissement de Batcham dans le département des Bamboutos à l’Ouest du pays. Batcham est située à 8 Km de Mbouda sur la régionale Mbouda-Dschang par Bangang. Comme la plupart des localités des hautes terres de l’Ouest, c’est une cité rurale belle et poussiéreuse, nichée sur l’une des pentes des monts Bamboutos. Cette situation lui a façonné un paysage tourmenté et viril mais pittoresque. Le secteur de l’éducation n’y est pas le plus gâté, notamment en termes d’infrastructures. Bametin, un de ses regroupements, fait partie du Village Bangang. On y trouve un lycée d’enseignement général à cycle complet qui pourrait, si l’on prête attention, devenir tristement célèbre un de ces jours.
Bametin est cependant un village calme, sans histoires s’il en existe, à l’écart de toutes les agitations urbaines. Son lycée peut se prévaloir d’infrastructures minimales, d’un campus plutôt verdoyant, qui ferait bien d’envieux dans le contexte d’indigence infrastructurelle aiguë que connait l’éducation dans notre pays. Il s’y pose visiblement un problème de maintenance, de réhabilitation de ce qui est déjà là. Dans ces collines venteuses, les ouvertures béantes de ses bâtiments ne doivent pas rendre les salles de classe particulièrement confortables les grands matins de saison sèche ou aux heures pluvieuses des saisons d’hivernage. Les équipements sanitaires n’y sont pas toujours à la hauteur de la population scolaire sur place. Pourtant ce cadre, globalement, pourrait et devrait être propice aux études. Le Lycée de Bametim ne semble cependant pas briller dans les classements des examens officiels. Pour la session 2017 des examens OBC par exemple, il faut aller dans les profondeurs du classement (949e avec un taux de réussite d’à peine 25%) pour retrouver le lycée de Bametim. En 2018, il amorce une remontée relativement significative même si le résultat est loin du compte, se plaçant désormais 806e avec 41,48% de taux de réussite. En attendant le palmarès de la session 2019, on peut déjà s’interroger sur les attentes du Lycée de Bametim, même pour la session qui se profile à l’horizon.
En effet, en dépit de l’énorme défi de l’amélioration des résultats que ce lycée doit relever, un certain nombre d’indicateurs montre que le climat de travail et d’étude serait en cours de détérioration au Lycée de Bametim. Les investissements ne semblent pas y privilégier l’amélioration de la pédagogie mais des infrastructures dont la pertinence en zone rurale peut paraître questionnable. La situation matérielle des enseignants vacataires n’y serait pas des plus stables. Certaines disciplines n’y seraient pas dispensées, certains travaux pratiques pourtant nécessaires y seraient ignorés purement et simplement. Des problèmes d’orthodoxie de gestion y seraient aussi à l’ordre du jour. Ceci fait une liste déjà bien longue pour un modeste lycée rural, mais ce ne serait pas tout. Pour finir, l’insécurité y pesant sur certains enseignants du fait des menaces provenant des élèves laisserait indifférente l’administration. Il y a là, si tout ceci était avéré, des ingrédients pour un cocktail explosif. Le lycée de Bametim entend-il vraiment s’inscrire sur la liste noire des établissements qui se sont distingués ces dernières années comme des foyers de délinquance, de violence et potentiellement de tragédie ?
La Rédaction