Manifestations des élèves du Lycée de Mbouda Rurale

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Quand l’élève enseigne son professeur !!!

Par Fokou Kodjo/SNAES/NOUN

 
Que d’admiration et de frissons quand je regarde les images de ces élèves du Lycée de Mbouda Rurale, (ancien CES de Mbouda que j’ai quitté il y a exactement 17ans) battant le pavé en cette matinée du 24 avril 2018 pour dénoncer ce qui semble aujourd’hui être le sport favori des chefs d’établissement c’est-à-dire dire le racket des élèves et des parents.
Malgré la frilosité des sécurocrates et fossoyeurs de la République qui crient à la manipulation des enfants, cette action courageuse des enfants nous permet de tirer plusieurs leçons:

Premièrement, il y a lieu d’avoir espoir car à un certain moment, devant le fatalisme des camerounais complices actifs où passifs des injustices, habitués de la fameuse périphrase « on va faire comment? » qui ne traduit en réalité que la lâcheté, l’irresponsabilité, la démission… Bref on avait cru qu’on était mal parti aux dires de René Dumont sur l’Afrique au début des années 60 mais ce coup d’éclat des jeunes lycéens nous montre qu’il y a lieu de croire à un Cameroun plus juste. Sinon comment aurait pu penser à autre chose que cette réaction de la part des personnes normales à qui on extorquent 3000frs pour des cours de remise à niveau qui n’ont jamais eu lieu. grève mboudaL’objectif avoué du proviseur étant sans aucun doute de faire insidieusement main basse sur le fruit du crime. Heureusement monsieur le proviseur a rencontré sur son chemin une jeunesse normale, celle-là qui est responsable, celle-là qui s’indigne. Sinon comment faisons nous pour supporter toutes ces grossières fourberies dans nos lycées et collèges où chaque année chaque enfant doit payer 1000frs pour un carnet médical qui ne lui ait jamais servi, où des millions de FCFA collectés au prétexte des APEE et dont la gestion et le contrôle échappe a toute rationalité.
Deuxièmement, ces élèves servent aux enseignants la réalité d’une leçon de responsabilité et de courage. Eux qui en longueur de jour sont des complices silencieux de leurs bourreaux.grève mbouda 1
En qualité de responsable syndical dans le Noun, j’ai une fois été approché par des enseignants vacataires d’un lycée bien connu du département qui cumulait pas moins de trois mois d’arriérés de salaire(30-40 milles/mois pour chacun). C’est alors qu’on a convenu de se retrouver un jour afin de discuter des actions à mener contre les personnes incriminées, les principaux concernés vont s’absenter et envoyer leur porte parole annoncer au membres du syndicat qu’ils renoncent à intenter toute actions contre leurs « frères » qui sont des responsables et chefs de famille. On multiplierait comme cela des exemples avec certains des enseignants qui dans d’autres renoncent ourbi et orbi à leurs salaires mensuels au nom de l’amour supposé où réel qu’ils ont envers leurs chefs d’établissement.
Sinon finissons en méditant sur cette reflexion de Martin Luther King Jr

Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons.