REGARD SUR LES RESULTATS DES EXAMENS 2021: JEUNES CAMEROUNAIS VICTIMES DE DIPLÔMES

Par Jacques EVOUNA, Ancien Normalien, Enseignant à l’Université de Douala

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La session 2021 vient de rendre son verdict. La tendance des statistiques est de nature à mettre en joie les apprenants et les parents. Mais, et ce n’est pas être rabat-joie que de le dire, les statistiques se limitent à répondre aux questions relatives à la quantité.

S’agissant de la qualité, les statistiques sont plutôt inadaptées pour en rendre compte, menteuses. Alors une hygiène pédagogique consiste à fermer les yeux sur leur mensonge bienfaisant. Et l’on en oublie volontiers et pardonne la mise a disposition, un peu cavalière des sujets, les retards dans le début des épreuves, la non-conformité de leur structure… Cela suscite de brèves réflexions.

En plus d’être ce qu’on en dit – la pédagogie du succès -, l’APC fait une nouvelle démonstration : en tout cas, le taux de réussite au baccalauréat de l’enseignement secondaire général (Bac-ESG) en révèle les vertus miraculeuses. Plus problématiques sont les conditions d’un examen, mieux s’y prennent les petits Camerounais. La session 2021 enregistre probablement l’un des taux de réussite les plus élevés en ce qui concerne le Bac-ESG.

Il flotte par conséquent, entre les vives protestations des apprenants et des enseignants contre la structure non-conforme des sujets, un corpus de dysfonctionnements et les admissions, un parfum de mystère insoluble. Mais respecter les principes de son hygiène pédagogique, c’est surtout éviter de jeter le discrédit sur le diplôme de jeunes Camerounais, dont certains méritent amplement l’obtention.

Que l’on s’accorde, par convenance, de négliger la tâche ingrate de pénétrer au cœur du secret des délibérations n’exempte nullement la réflexion de creuser, ailleurs, les causes d’un succès (presque) inédit, la racine profonde des contractions d’un examen dont le déroulement aura laissé pendantes et irrésolues un corpus d’interrogations lancinantes et dont les résultats déroutants remplissent de perplexité les observateurs attentifs.

Mais, précision déjà faite, la quantité des reçus au Bac-ESG apparaît de loin comme une question secondaire. La société a besoin de savoir de quels contenus (acquis et compétences) le Bac-ESG (version APC) est la codification. Elle a besoin, pour exprimer plus sereinement sa joie, de savoir que ses tout nouveaux titulaires du Bac n’en sont pas d’infortunées et malheureuses victimes.

Être victime d’un diplôme, c’est en être infligé et affligé. Être victime d’un diplôme, c’est l’avoir pour l’avoir, c’est l’avoir reçu, sans valeur comme un ticket vomi d’un distributeur automatique, et d’être incapable de l’assumer, c’est-à-dire ne rien pouvoir/savoir en faire, c’est en disposer, à une époque exigeante, comme d’une attestation d’alphabétisation pour indigène.

La démocratie du diplôme, que l’on serait absurde de confondre avec l’accès démocratique à l’école, est le pire tort que l’on puisse causer à une société à son système éducatif. Mais, encore une fois, il faut tenir à ne pas livrer les impétrants du Bac-ESG, victimes d’une école qui se perd, la vindicte des anachronismes et des passéismes.

La cohérence consiste à former chaque génération de Camerounais avec les logiciels (moyens, actions, acteurs et conditions) qu’impose le contexte/la situation. Que l’on en convienne ou que l’on y résiste, le chantier de la modernisation et de la réforme du système éducatif du Cameroun incombe, aujourd’hui, à des hommes et des femmes capables de se dépouiller de se départir des réflexes inutilement administratifs pour s’approprier et mettre en œuvre des schèmes scientifiques.

 

 

1 COMMENT

  1. Il faut vraiment interroger le type de camerounais de demain que nous souhaitons avoir.
    Tout porte à croire que les enfants sont victimes de la politique que adoptons envers les bailleurs de fonds !
    Le résultat n’est plus influencé par les entrés du système mais peut être récupéré et modifié à la sortie du système !

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