TRAVAILLEURS DES PARENTS : une exploitation systémique au cœur de l’école camerounaise – Le SNAES exige justice et saisit le MINTSS.

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Le SNAES hausse le ton. Face à l’exploitation persistante des “travailleurs des parents”, le syndicat a déposé ce vendredi 7 février 2025, une lettre de plainte auprès du Ministère du Travail et de la Sécurité Sociale (MINTSS). Ces enseignants et personnels non enseignants, recrutés sans contrat ni protection sociale, sont les victimes d’un système qui bafoue allègrement le droit du travail et les normes internationales. “Cette situation constitue une violation flagrante du Code du travail et de la Loi n° 67-LF du 12 juin 1967.”, dénonce le SNAES.

DES CONDITIONS INDIGNES ET DES VIOLATIONS FLAGRANTES

Le syndicat dénonce des conditions de travail indignes du 21ème siècle : absence de contrat de travail écrit, absence de couverture sociale, salaires non garantis et inférieurs au SMIG, horaires de travail contraignants… “Dans certaines zones rurales, les maîtres de parents des écoles primaires perçoivent moins de 20 000 FCFA par mois”, révèle le syndicat. ” En plein coeur de Yaoundé, ces travailleurs perçoivent au maximum 50 000 FCFA par mois, sans aucune cotisation sociale, au mépris de la réglementation “, ajoute-t-il. “Les surveillants et le personnel d’infirmerie sont astreints à des journées de travail de 10 heures (de 6h30 à 16h30) voire plus, en violation des articles 80 et 81 du Code du Travail”, précise encore le syndicat.

“Ces rémunérations sont bien en deçà du SMIG légal de 60 000 FCFA applicable aux ‘autres secteurs d’activités’, tel que fixé par le décret n°2023/00338 du 21 mars 2023.”, souligne le SNAES. Le non-respect du SMIG constitue une violation grave du droit du travail.

DES INFRACTIONS GRAVES ET DES SANCTIONS ENCOURUES

Le syndicat insiste sur la gravité des infractions commises. “L’existence de ce personnel ‘illégal’ démontre une fraude à la loi et une dissimulation d’emploi salarié, passible de sanctions”, prévient le syndicat. Le Code du travail prévoit en effet des sanctions pénales pour les employeurs qui ne respectent pas les dispositions relatives au contrat de travail, à la rémunération et à la durée du travail. Les chefs d’établissement, les conseils d’école et les APE qui cautionnent ces pratiques s’exposent donc à des poursuites judiciaires.

UN APPEL À LA RESPONSABILITÉ ET À LA MOBILISATION

Le SNAES appelle les différents acteurs de l’éducation à prendre conscience de la gravité de la situation et à agir pour y mettre fin. “Il est temps que les travailleurs des parents sortent de l’ombre et que leurs droits soient enfin reconnus”, martèle le syndicat.Le syndicat entend mener des actions de sensibilisation auprès des parents, des chefs d’établissement et des conseils d’école pour les informer de la situation et de leurs responsabilités. Le SNAES s’engage également à travailler en partenariat avec toutes les forces vives de la nation pour trouver des solutions durables à ce problème. Et si nécessaire, le syndicat usera de tous les moyens légaux que lui confère la loi pour défendre les droits des “travailleurs des parents”.

L’affaire des “travailleurs des parents” est révélatrice des dysfonctionnements du système éducatif camerounais. Elle met en lumière la nécessité d’une réforme profonde et d’un engagement réel en faveur de la justice sociale. Le SNAES, en dénonçant cette situation, appelle à une prise de conscience collective et à une mobilisation générale pour que l’éducation camerounaise soit enfin fondée sur le respect des droits et la dignité de tous les travailleurs.

LA RÉDACTION DU SNAES.