La santé publique n’a pas de prix : elle coûte des millions de fois plus chère que le prix de n’importe quel médicament gratuit, subventionné par l’Etat ou les organisations internationales. Construire la santé publique dans un Etat est très difficile ; on peut cependant la détruire en un clic, avec une simple signature, qui autorise un médicament insuffisamment testé, potentiellement dangereux et donc la dangerosité dans un tel cas est de surcroît inconnue. Deux médicaments – Gardasil de SANOFI en France ou Cervarix de GSK au Royaume-Uni – supposés prévenir efficacement le cancer du col de l’utérus, sont en cours d’expérimentation à travers le monde depuis 2006, et rencontrent de très grandes résistances dont les plus importantes, significativement, émanent du corps des spécialistes les plus reconnus de la santé.
Ainsi, le Pr Henri Joyeux, médecin, écrivain et conférencier français, ancien professeur des universités – praticien hospitalier de cancérologie et de chirurgie digestive à l’université Montpellier 1, n’a pas hésité à lancer une pétition contre le Gardasil, pétition déjà signée par plus de 700 médecins en 2014 en France. Il faut rappeler que dès 2013, ce médicament était déjà interdit au Japon, mis à l’indexe aux Etats-Unis. Le Pr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France accentue sur le fait que l’efficacité aussi bien que la dangerosité du Gardasil restent inconnues. Nous insistons sur le Gardasil parce que c’est celui des deux médicaments qui est disponible au Cameroun, mais ce que nous en disons est mutatis mutandis transférable au Cervarix. Selon le journal français Le Point du 24 novembre 2013, plus de 136 millions de doses de ces vaccins étaient déjà distribuées dans le monde à cette époque-là.
Dans un article publié par Cameroon tribune du jeudi 25 mars 2010 sur les effets de ces médicaments, pas un mot ne mentionne la violente polémique qui oppose déjà à cette époque les experts de la santé et les laboratoires sur le Gardasil et le Cervarix. Au contraire, on peut y lire ceci : « Ce n’est qu’au bout de trois doses prises dans des intervalles de deux à six mois, que le sujet est complètement immunisé contre le cancer du col utérin ». Une évaluation donc infiniment plus affirmative et positive que celle des fabricants eux-mêmes, et qui ressemble fort à un slogan publicitaire. Préparation lointaine ? Toujours est-il que l’Etat du Cameroun vient, semble-t-il, de franchir le pas.
Un communiqué de presse du Dr Manaouda Malachie, Ministre de la Santé publique, vient de lancer une campagne de vaccination de masse au Gardasil du 27 novembre au 1er décembre 2019, destinée aux jeunes filles âgées de 9 ans. Cette campagne cible entre autres lieux les écoles, et compte s’y appuyer sur les enseignants. Elle ambitionne donc des résultats à grande échelle. « La vaccination est en effet le moyen essentiel de prévention », comme dit le communiqué de presse du Minsanté, de prévention de nombre de maladies épidémiques comme endémiques. Encore faut-il que le vaccin choisi remplisse des préalables qui pour l’instant font donc défaut au Gardasil ou au Cervarix. Alors que dans les pays d’implantation des géants pharmaceutiques qui usinent ces produits la bataille a mis le frein sur toute ambition de vaccination de masse, le risque demeure grand que par notre apathie nos enfants se voient transformés en cobayes, pour l’enrichissement d’actionnaires qui ne sont même pas, circonstances aggravantes, de l’hémisphère de nos sociétés.
Roger Kaffo Fokou
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