“Il a travaillé pour ça” : Qui est Louis Boyard, l’étudiant devenu député à 22 ans ?

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Né en 2000, Louis Boyard fera sa rentrée au Palais Bourbon. Ce jeune militant et syndicaliste s’est fait remarquer en luttant contre l’amiante de son lycée. Il entend aujourd’hui « porter des questions d’éducation, de jeunesse et d’écologie » dans l’hémicycle.

Parmi les nouvelles têtes de l’Assemblée nationale, il n’est pas le plus jeune mais il manque le record de justesse. Louis Boyard, né le 26 août 2000 (22 ans), a été élu député face au LREM Laurent Saint-Martin. Une belle victoire pour la Nupes, arrachée à 51,98 % des voix, et pour le jeune homme engagé dans la lutte pour les conditions de vie et d’éducation des jeunes. Malgré son jeune âge, Louis Boyard n’est pas un néophyte : ancien président de l’Union nationale lycéenne (UNL), il a appris à négocier avec le pouvoir.

Étudiant en deuxième année de droit à Paris Panthéon-Assas, il s’est fait connaître en dénonçant la présence d’amiante dans son lycée à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Encore lycéen, le jeune homme insiste pour que les élèves ne regagnent pas leurs salles de classe, tant que les experts n’ont pas confirmé qu’il n’y avait aucun risque. Finalement et à force de mobilisation, des préfabriqués ont été installés et les élèves ont obtenu la reconstruction des bâtiments. « Le député actuel Laurent Saint-Martin [aujourd’hui sans mandat N.D.L.R.] n’est apparu qu’une seule fois après deux mois de lutte des lycéens et on ne l’a plus jamais revu », témoignait Louis Boyard alors en campagne dans les colonnes de Libération. Il s’engage également contre « Parcoursup », jugé inefficace, trop lent, hasardeux et stressant pour les candidats.

« DÉPUTÉ À 22 ANS, ÇA N’ARRIVE PAS COMME ÇA »

Ironie du scrutin : c’est face à ce même Laurent Saint-Martin qu’il a remporté, dimanche soir, la députation. « Louis est un garçon réfléchi, il a toujours su défendre la ligne de notre syndicat sans jamais tomber dans l’invective. Il a su tenir tête à Jean-Michel Blanquer dans son bureau, quand il fallait négocier », raconte à Marianne, Angel Béthermin, secrétaire général de l’Union nationale lycéenne (UNL) lorsque Louis Boyard en était le président. Dans sa voix, difficile de ne pas percevoir l’admiration qu’il voue à son camarade de lutte, « excellent sur les prises de parole publique. Il a de vraies compétences : devenir député à 22 ans, ça n’arrive pas en claquant des doigts. C’est parce qu’il a travaillé pour ça. »

Son engagement lycéen, notamment pendant la crise de la Covid-19, lui a aussi valu d’être repéré par les médias : il a été chroniqueur pendant plusieurs mois dans des émissions grand public telles que Touche pas à mon poste ! (C8) ou encore Les Grandes Gueules (RMC). « Il a réussi à mettre le syndicat en valeur par ses passages dans les médias. Il sait de quoi il parle et il sait faire passer des messages », confie à Marianne Angel Béthermin. Malgré des retours parfois violents des téléspectateurs : « La première fois qu’il est passé dans TPMP, on ne l’a pas laissé parler. La ligne de l’émission ne lui plaisait pas du tout. Il a pris le micro de force, il a fait son intervention et puis il est parti. Après ça, il s’est pris un torrent d’insultes de menaces », se souvient son ancien secrétaire général.

Des invectives, Louis Boyard en reçoit, parfois gratuites comme lorsque ses détracteurs lui reprochent son « parisianisme ». Le militant, qui est passé par les jeunes communistes, est bien aise de le rappeler : il n’est pas parisien et ne vient pas d’un milieu aisé. « Je suis étudiant, j’ai vécu la crise du Covid, je suis allé à l’aide alimentaire. Je vis toujours trois fois sous le seuil de pauvreté. Pendant la campagne présidentielle, beaucoup de politiques insoumis ont relayé les combats des jeunes mais ça nous ferait du bien d’avoir une personne qui vit ces combats et les relaie », explique-t-il à Libération. Né en Vendée à Fontenay-le-Comte, ce fils de cheminot a aussi vécu aux Mureaux (Yvelines), à Amiens (Somme), à Bruxelles en Belgique, et à Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne).

À l’Assemblée, Louis Boyard a annoncé vouloir « porter des questions d’éducation, de jeunesse et d’écologie ». Dans sa circonscription, il prévoit même « des réunions tous les quatre mois avec les habitants de chaque ville ». Un vœu pieux dont il est difficile de savoir s’il résistera à la charge de travail qui pèsera sur le néodéputé d’ici quelques semaines. « Louis a tenu à faire savoir, dans son discours de victoire, qu’il serait le député de toutes les personnes et organisations qui ont permis cette union de la gauche », nous confie Angel Béthermin, qui ajoute : « Il sait à la fois parler aux gens, leur expliquer pourquoi il faut se mobiliser, et tenir tête à ceux d’en haut. Je pense que ce sont deux qualités nécessaires pour faire un bon député. »

Par Jean-Loup Adenor, Publié le 22/06/2022 à 16:30 (Mariane)