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La Lettre hebdomadaire du SNAES n°11 sur la Covid-19 DECONFINER L’ECOLE ET EDUQUER EN MEME TEMPS

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Image Fada, Bissoli

Le 1er juin 2020, le gouvernement de la République a effectivement déconfiné l’école au Cameroun, partiellement. Seules les classes d’examens, Terminales et Upper Sixth, Premières, Troisièmes et Form V sont en train de renouer avec les bancs et les tableaux noirs. Il faut espérer que ce noir, de moins en moins commode même aux tableaux, ne devienne pas épidémique et contamine les jours à venir.

Le contexte de cette reprise, éludée par certains pays – le Sénégal par exemple – et au Cameroun par certaines institutions – les Catholiques – n’est en effet guère rassurant : plus de 6585 cas de covid-19 confirmés, autour de 50% de guéris et plus de 200 décès. Depuis le 17 mai 2020, les chiffres de contamination journaliers flirtent avec des pics vertigineux de 400 et plus. C’est dire à quel point les inquiétudes exprimées à l’occasion de cette reprise des cours étaient fondées.  Chez nous souvent, vous le savez, quand l’inquiétude court, les décideurs se mettent à marcher. Généralement, vous avez la montre, eux, ils ont le temps.

Avec la pression syndicale et celle de l’opinion, le gouvernement semble avoir jusqu’ici mis en place les conditions minimales de sécurité sanitaire sur les campus scolaires. Globalement, sur le terrain, les responsables du SNAES constatent que la plupart des établissements scolaires ont été désinfectés, disposent de points d’eau coulante et de savon, de solutions hydro alcooliques ; que les élèves et leurs encadreurs portent tous des masques, généralement acquis par eux-mêmes, quelquefois  fournis par le responsable de structure. Les points faibles pour l’instant concernent les équipements de détection et de dépistage des contaminés : beaucoup d’établissements scolaires ne disposent pas du tout ou pas en nombre suffisant de thermoflashes, et le dépistage n’a pas encore franchi le portail de l’établissement scolaire. Comme pour le grand banditisme, on risque de retrouver pour l’inventaire des dégâts quand la casse aura déjà eu lieu.

Identifier en amont, c’est-à-dire à l’entrée du Campus scolaire, les cas suspects à l’aide du thermoflash et les tester pour au besoin les mettre en quarantaine est pourtant essentiel pour préserver l’espace scolaire déconfiné de la Covid-19. Disposer de thermoflashes pour les établissements scolaires, peu en importe le prix, n’est donc pas un luxe : c’est une nécessité de survie. C’est d’autant nécessaire que sur les campus s’impose un travail d’éducation au respect des mesures barrières qui peut prendre un certain temps avant d’obtenir le résultat escompté. Quand on plante un arbre, on ne récolte pas ses fruits hic et nunc.

On a en effet pu constater que les élèves manifestent une forte résistance, un peu partout, à respecter les mesures barrières : ils enlèvent les masques en classes, se font des câlins à la première occasion, se partagent le casse-croûte, s’agglutinent sur les cours de récréation et sur le chemin de retour à la maison. Les enseignants et les parents sont donc fortement interpellés, les premiers dans les salles de classes et sur les campus, les seconds à domicile. Ce sont nos élèves et nos enfants, et quand ils choppent le covid-19, ils nous le passent forcément. Nous devons donc leur apprendre à porter leurs masques, et à en changer en cours de journée pour maximiser la protection ; nous devons leur enseigner les gestes barrières, et nous assurer, au besoin par la contrainte, qu’ils les respectent. Pour y arriver plus sûrement, nous devons les respecter nous-mêmes strictement, l’exemple vaut mieux que la leçon.

Les ministres de l’éducation nous assurent qu’ils sont en train d’équiper les établissements scolaires pour faire face : masques, gels, seaux, savons… Ce matériel alloué doit effectivement servir à la riposte dans chaque établissement, en toute transparence. Là où il n’est pas mis à disposition, on doit le savoir et savoir pourquoi. La consigne est de désinfecter les établissements deux fois par semaine, deux fois par jour là où l’on fait mi-temps. Il y a des usagers qui se pointent aux portails des établissements sans masques : ils doivent savoir que même masqués, ils ne sont pas les bienvenus. Autant que chacun le sache, avec la covid-19, c’est carnaval tous les jours en milieu scolaire, encore faut-il y être invité pour se pointer.

Terminons cette semaine en évoquant le cas des enseignants atteints de covid-19. Il y en a déjà et il y en aura encore. Ils seront pris en charge par l’unité locale de riposte, nous assure-t-on, mais un sur-risque professionnel se sera ainsi matérialisé. Nous devons savoir quel est le niveau et la qualité de cette prise en charge. Les contaminés doivent bénéficier d’un bon accompagnement psychologique. Il sera nécessaire que leur famille soit rassurée. En France, un traitement particulier a été appliqué aux enfants du personnel de santé tout au long du confinement. Il s’agit ici, non pas d’une mesure générale, mais particulière à ceux qui pourraient se trouver contaminés. Et nous espérons qu’avec une mise en œuvre rigoureuse des mesures prises, ceux-là ne seront pas trop nombreux.

Camarades, collègues,

Vous avez été très nombreux en ce début de semaine à nous aider à faire le point sur la situation réelle sur le terrain. Nous avons pu effectivement couvrir 8 régions sur 10. Notre ambition est de faire mieux au fil des semaines. Votre engagement sur le terrain est en train de soutenir fortement la mise en œuvre des mesures du gouvernement dans l’espace scolaire. Il ne doit y avoir aucun relâchement jusqu’à ce que l’année scolaire soit close. Continuez donc à être extrêmement vigilants. C’est de cette manière-là que vous allez continuer à sauver des vies. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 04 juin 2020

   Le Secrétaire Général
Roger KAFFO FOKOU

La Lettre hebdomadaire du SNAES n°10 sur la Covid-19 REPRISE DES COURS DU 1ER JUIN 2020 : POUR QUI SONNE LE GLAS ?

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Quelques événements importants ont marqué l’actualité au Cameroun ces derniers jours, qui peuvent être reliés, directement ou indirectement, à la gestion de la pandémie du covid-19. Vous comprenez sans doute que, lorsque l’on a affaire à un animal comme le corona virus, la petite bête est déjà là et on n’a plus besoin de la chercher pour la trouver.

Directement, ce sont d’abord les statistiques de la propagation de la maladie qui montrent une modification radicale de la cinétique de celle-ci, sous la forme d’un bond de géant : 5436 cas, 1865 guéris, 165 décès, cette semaine. Souvenez-vous, il y a tout juste dix jours, le Cameroun était à 2800 contaminés. Cela fait une augmentation de 194,14%, en un peu plus d’une semaine ! On comprend que le Ministre de la Santé Publique, M. Manaouda Malachie, n’ait pas hésité à sonner vigoureusement le glas ce 25 mai, dans des termes qui, sans être alarmistes, n’en sont pas moins alarmants : « Il est important, dit le grand serviteur de l’Etat, de noter que nous entrons dans une phase compliquée de la pandémie. Nous devons donc, plus que jamais, nous protéger, protéger nos familles et protéger les autres en observant les gestes barrières. Portez un masque en sortant et lavez-vous régulièrement les mains. » Comme vous pouvez le constater, s’il ne transforme pas l’eau en gels hydro alcooliques et ne multiplie pas les masques CICAM pour les distribuer aux indigents, le MINSANTE, sur sa montagne, prêche au moins convenablement la bonne parole.

Directement aussi, ce sont les communiqués des ministres en charge de l’éducation, sous forme d’appels au secours adressés au Ministre de la décentralisation et du développement local d’une part, aux autorités locales décentralisées d’autre part, qui ont contribué à faire monter l’adrénaline en milieu scolaire. De quoi provoquer une poussée de fièvre dans le landerneau éducatif, et l’on sait qu’en ce moment rien n’est moins rassurant qu’une simple grimpée de température : elle peut vous envoyer directement en quarantaine. Ainsi, l’éducation n’aurait pas les moyens de sa riposte au covid-19 et compterait, pour assurer la sécurité des élèves, enseignants et autres encadreurs, sur une intervention élémosinaire d’autant aléatoire que l’on sait que les sollicités se plaignent régulièrement de manquer de moyens pour leurs activités essentielles. C’est un peu comme si l’on renvoyait l’hôpital à la charité, n’est-ce pas ? Si le Premier Ministre chef du Gouvernement avait instruit le Ministre de la décentralisation d’assurer la désinfection des établissements scolaires, cela aurait encore pu faire illusion. Mais une simple sollicitation émanant d’un collègue ministre ! Passons…

Indirectement, le grand public a eu connaissance cette semaine d’une décision du MINFI, n°20/1470/D/MINFI/SG/DGB/DPB/CSS/ND du 12 Mai 2020, « portant déblocage dune somme de 4197 millions » pour (article 1er) « l’achat de véhicules de fonction et équipements divers » pour les députés nouvellement élus. Chacun se souvient que pour le fonds spécial Covid-19 créé par le Chef de l’Etat, il n’y avait eu qu’un milliard bien isolé de francs au fond de la caisse. Et que sous la pression de l’opinion, les Camerounais n’avaient eu droit en complément qu’à un « don » du Chef de l’Etat…de deux milliards de francs CFA. Les caisses de l’Etat étaient théoriquement à sec et, volant au secours des finances publiques autant que des Camerounais en détresse, le Chef de l’Etat avait dû faire… un geste, au sens étymologique du terme, sous la forme d’un don ! Mais pour les députés nouvellement élus – combien sont-ils encore sur les 25 millions de Camerounais ? 180 ? Soit un député pour 139 000 personnes – les Finances ont vite trouvé et tout aussi vite débloqué 4 milliards 197 millions de francs CFA. Quelle urgence explique-t-elle cette fébrilité dont ne bénéficie nullement la masse ? Les lois à venir le diront sans doute.

Le premier juin 2020, les établissements scolaires seront-ils désinfectés ? Elèves et enseignants disposeront-ils de masques, de gels hydro alcooliques, de points d’eau coulante, de savon ? Les autorités scolaires seront-elles équipées pour prendre la température de tous ceux qui franchiront les seuils des établissements scolaires ? Les dispositions seront-elles prises pour que soient respectés les gestes barrières dans les salles de classes, sur les campus ? Les syndicats ont sur ces questions adressé une correspondance au Premier Ministre Chef du Gouvernement et celle-ci n’a jusqu’ici suscité aucune réaction de la part de l’illustre destinataire.

Le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale est entré en contact avec les syndicats d’enseignants et a obtenu de ces derniers la liste de leurs revendications prioritaires, classées par ordre de priorité. C’est comme si l’on vous demandait de classer par ordre de priorité les mesures édictées par l’Organisation Mondiale de la Santé : par quoi commencer et par quoi terminer ? Lesquelles prendre et lesquelles laisser ? Il serait bon, sans doute, que l’OMS nous aide à y voir clair. Que sera-t-il fait de la liste priorisée des mesures prioritaires adressées au Premier Ministre par les syndicats d’enseignants ? Il faut espérer qu’à l’aune des priorités gouvernementales, elles ne seront pas jugées démesurées.

En attendant que tombe le verdict, il est important que personne ne perde pas de vue que le MINSANTE, le Dr Manaouda Malachie, a eu la sincérité de sonner le glas. Sur la place de grève vide encore, se dresse déjà l’échafaud, et le covid-19, en bourreau consciencieux, en caresse le couperet chaque jour un peu plus aiguisé que la veille. Elèves, Etudiants, enseignants, parents d’élèves, simples usagers de l’espace scolaire et universitaire, ne demandez pas pourquoi sonne le glas : il sonne toujours pour annoncer une mort fraîche ou imminente. Pour qui sonne-t-il ? Je vais vous révéler un secret bien gardé : il sonne pour vous ! A moins que d’ici lundi… Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 27 Mai 2020

Le Secrétaire Général

Roger KAFFO FOKOU

 

 

LA FRANCE, LA FRANCOPHONIE, LES FRANÇAIS ET LES FRANCOPHONES : quelles intersections pour demain ?

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La francophonie soucieuse de son devenir : en tant qu’institution, ou en tant qu’espace francophone ? Difficile à dire. Ce n’est plus vraiment un espace seulement francophone depuis des années. Certains y viennent apprendre le français, ce qui n’est pas du tout un problème. Mais est-ce une solution et pour qui ? Ils n’y prennent la place de personne, personne n’y ayant une place à soi. Pour beaucoup, la francophonie est devenue au fil des années un club de politiciens, souvent clairement ou secrètement, discrètement aussi, au service de la France. La France s’est habituée à y distribuer des strapontins, en fonction de sa vision personnelle de l’organisation, et bien sûr de ses intérêts. Qu’en pense-t-on sur d’autres continents ? Parce que la francophonie est multicontinentale.

En Afrique, le plus grand réservoir francophone d’aujourd’hui et plus encore de demain, les peuples parlent le français d’Afrique – qui n’existe pas parce que chaque pays a le sien mais on s’est habitué à voir l’Afrique comme un pays – et sans doute pour eux la francophonie positive ne va plus loin. Certains, par désespoir, continuent à nourrir le rêve de France, mais beaucoup l’ont perdu ou sont en train de le perdre. La France officielle n’a pas peu contribué à ce résultat, et peut-être n’a-t-elle pas eu le choix, à partir du moment où elle a choisi d’initier ou de poursuivre une certaine politique de la France en Afrique. On ne peut pas toujours avoir le beurre et l’argent du beurre. Beaucoup de francophones d’Afrique, jeunes et moins jeunes, ont aujourd’hui une certaine idée de la France, qui  peut être exécrable, en partie à tort il est vrai. Les mentalités sont à décoloniser des deux côtés de la ligne imaginaire de démarcation. Mais seule la sincérité, je ne dis pas la vérité, pourra y aider.

La francophonie institutionnelle, elle, veut bien s’attaquer au problème. Et elle choisit de s’orienter vers la jeunesse. Choix tactique indéniablement lucide. Faut-il dire qu’elle veut s’en prendre ou s’attaquer aux jeunes francophones d’Afrique ? Ce serait sans doute trop dramatique : l’appel ne cible pas spécialement les Africains. Mais il est connu que parfois la fiction dépasse la réalité, et que d’autres fois c’est l’inverse qui se produit. Voici donc un appel que l’institution francophone officielle lance en direction des jeunes francophones :

« L’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a procédé au lancement  d’une grande consultation des jeunes de l’espace francophone sur plusieurs thématiques, visant à recueillir les points de vue des jeunes, leurs aspirations et leur vision de la Francophonie de demain. L’objectif est de 1) Déterminer et évaluer le sentiment d’appartenance des jeunes à l’espace francophone pour mieux s’adresser à eux ; 2) Placer la jeunesse au cœur de la réflexion et de l’action de la Francophonie en prenant en compte leurs réelles préoccupations ; et 3) Dégager des domaines d’interventions qui devront être prioritaires pour l’OIF en matière de jeunesse.

« Comme vous le constatez, toute préoccupation peut être abordée. Si vous travaillez avec des jeunes, n’hésitez pas à suivre le lien https://consultation-jeunesse-francophonie.org/?fbclid=IwAR2RWHQu0ATqOUften4GWrj-cBIWMpnzlHGakIJH0h6Y-NnCgEAT-K9xWWw

« Vous y trouverez toutes les informations nécessaires pour la participation des jeunes avec lesquels vous travaillez. Ceci peut par ailleurs être une opportunité d’échanger sur l’état des systèmes éducatifs dans les pays francophones avec à la clé des solutions concrètes à proposer. De tels problématiques portés par les jeunes seront sans conteste, placés au centre de l’action de la Francophonie.

Dès aujourd’hui, les jeunes peuvent participer à la consultation en se connectant à la plateforme www.consultation-jeunesse-francophonie.org  jusqau’au 17 juillet 2020.

« La consultation est organisée en 3 grandes phases : (1) jusqu’au 17 juin : Les jeunes seront invités à partager leurs préoccupations et leurs attentes, ainsi qu’à réagir par rapport à celles des autres ; (2) A partir du 17 juin, les jeunes seront incités à proposer des solutions en faveur de la jeunesse francophone et à débattre sur les moyens pour les mettre en œuvre ; (3) À partir du 8 juillet, les jeunes pourront voter pour les projets qui les ont le plus convaincus. »

En bon francophone, nous voulons bien relayer cet appel, mais en exerçant notre droit de réserve. Cette réserve, nous l’avons adressée à l’organisation qui nous a relayé l’appel de la francophonie, mais elle aurait aussi bien pu être adressée à l’OIF même. En voici le texte :

« Expliquez-moi bien cette affaire de jeunes francophones. La politisation de la francophonie au service des intérêts bien compris, peut-être pas exclusifs mais bien compris de la France nous gêne quelque peu. Il suffit de partir de la récente “nomination” de l’ex-ministre des affaires étrangères rwandaise à la tête de la francophonie. Vous savez que le Rwanda n’est vraiment plus un pays francophone, n’est-ce pas? Vous savez que même pour aller en France c’est plus facile pour les francophones d’Afrique de prendre un visa chez les Belges, les Allemands ou les Hollandais? Dans son dernier rapport sur la situation de la France vis-à-vis de l’Afrique, l’AN française a préconisé un certain nombre de mesures de rapprochement. Si ce processus n’est pas conduit de manière transparente, alors il sera difficile de le considérer comme sincère. Or il me semble que le choix actuel, qui cible les jeunes avec l’ambition de les sonder, emprunte aux techniques bien connues de manipulation et privilégie les zones de vulnérabilité. Les Français ne se considèrent pas généralement comme des francophones mais comme des “français” tout court. Les autres dont nous autres, qui sommes des “francophones” à n’en pas douter mais entre autres, ne sommes pas des ennemis de la France. Il ne faut donc pas appliquer à nos relations L’Art de la guerre de Sun Tzu. Nous ne sommes pas des ennemis de la France parce que nous savons que la France ne se réduit pas à ses coloniaux et à ses néocoloniaux. Ces derniers ne doivent pas toujours s’évertuer à pourrir les relations entre le peuple français et les peuples francophones avec leurs petits calculs souvent mesquins. Ils finissent par installer en francophonie une certaine idée de la France qui n’est pas dans l’intérêt de la France. Les francophones ne sont pas, ne veulent pas être des outils pour la France: ils veulent être des partenaires, peut-être pas à égalité – je ne suis pas naïf sur les relations internationales – mais en tout cas, ils méritent qu’on ne les prenne pas pour des imbéciles. C’est ce qu’on fait quand on pense pour eux sans eux, quand on trafique dans leur dos avec cet implicite qu’ils ne vont rien y comprendre, qu’on se sert d’organisations qu’ils créent ou auxquelles ils adhèrent pour faire avancer des agendas non consensuels et j’en passe. Cela ne dérange pas la plupart de ceux qu’une certaine France a cooptés ou soutient pour caporaliser l’espace francophone africain, ces prolongements locaux de la néocolonie, mais cela dérange de plus en plus les peuples francophones au-delà même de leurs intellectuels, que la francophonie officielle se garde bien de promouvoir. Mais là n’est pas le sujet, j’en conviens, parce que la francophonie pour l’instant n’est qu’une idée très française, qui se vend assez mal parce que, entre autres, le contrat de vente y est un contrat d’adhésion et non de négociation.

Roger Kaffo Fokou

REPRISE DES COURS LE 1ER JUIN 2020 : L’ENJEU EN VAUT-IL LE SACRIFICE HUMAIN ?

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Les établissements scolaires rouvrent ce 1er juin. Si nous essayons d’analyser les faits, on se rend vite compte que cette reprise des cours s’apparente fort bien à un jeu de hasard où c’est le syndrome de l’autruche qui dicte ses règles. Les enseignants tels des moutons sont invités à suivre le pas en allant à l’abattoir ? Au fond, qu’est-ce qui a changé depuis le 17 Mars 2020, date à laquelle les écoles ont fermé?

D’après les chiffres de notification se référant à la pandémie à corona virus au Cameroun, la semaine du 25 Mars 2020 qui succède à celle de la fermeture des écoles a enregistré 201 nouvelles contaminations et 11 décès. La semaine où le gouvernement a décidé de la reprise des cours, celle du 22 Avril 2020 (un mois plus tard) a enregistré 728 nouvelles contaminations et 26 décès, contre actuellement plus de 1426 nouvelles contaminations et 30 décès à seulement une semaine de la reprise des cours. Il n’est donc pas nécessaire d’être un spécialiste en épidémiologie pour comprendre que le nombre de contaminations est continuellement en hausse depuis le début de la pandémie et ceci malgré les mesures barrières et les dépistages non systématiques. Les choses se sont donc aggravées. Les raisons qui ont poussé le gouvernement à fermer les écoles pour permettre le ralentissement de la propagation du virus se sont amplifiées, mais paradoxalement, les écoles s’ouvriront !

Pour vraiment appréhender ce paradoxe, il est intéressant de comprendre qu’une épidémie se reproduit en fonction de trois paramètres fondamentaux : (1) la période de contagiosité de la maladie; (2) le nombre de contacts sociaux et (3) la probabilité de transmission. C’est pour cette raison que pour freiner une pandémie, il faut agir sur les paramètres (2) et (3) en limitant les contacts sociaux et en renforçant l’autoprotection efficace à travers les gestes barrières. D’après les experts, c’est seulement lorsque le taux de reproduction Rzéro devient inférieur à 1 que la pandémie peut commencer à régresser. Pour avoir un ordre d’idée, certains pays autorisent le déconfinement à partir d’un Rzéro inférieur à 0,6. Sans aucune mesure barrière efficace, le Rzéro du COVID-19 est estimé entre 2 et 4 (c’est-à-dire qu’une personne peut contaminer entre 2 et 4 autres personnes). Au Cameroun sachant que les nouvelles contaminations ont connu une hausse de 371% cinq semaines après la fermeture des écoles et de 709% cette semaine, il est évident que le taux de reproduction du COVID 19 au Cameroun est dans une phase croissante par rapport au 17 Mars 2020. C’est pourtant dans ce contexte que les écoles s’apprêtent à s’ouvrir avec des contraintes qui ne pourront qu’augmenter les contacts sociaux (transport, pédagogie, évaluation, socioconstructivisme…) et partent la reproduction du virus.

 

Il est indéniable que des effectifs de 50 par classe, scientifiquement, rendent impossible le respect de la distanciation sociale. Il est aussi clair que le port du masque pendant 8 heures d’affilées est tout simplement impossible à tenir ou même à garantir, tout comme la disponibilité continue de tout le matériel sanitaire nécessaire à tous les établissements scolaires, sans parler de la couverture sanitaire médiocre au Cameroun. En d’autres termes, ouvrir les écoles serait faire le jeu du COVID19 en mettant à sa disposition des millions de nouveaux vecteurs potentiels de transmission que sont les apprenants, les enseignants et les parents.

Une fois de plus, les enseignants, encore eux, seront au front et on fera comme s’ils étaient en contexte normal. Après les zones de conflits sans protection ni entrainement, la violence en société et en milieu scolaire sans protection ni assistance adéquate, c’est cette fois contre un ennemi invisible que les enseignants sont appelés à livrer une guerre sanitaire avec pour seul gage, la certitude d’être traités comme à l’accoutumée, sans considération. Il ne faudra donc pas s’attendre à grand-chose comme mesure d’accompagnement. Nous devons simplement comprendre que les enseignants sont appelés à se sacrifier une fois de plus pour le salut de la société, pour une grande cause, espérons-le!

Mais quelle est-elle cette grande cause ? Sauvez le Cameroun d’une année blanche ? Non, les cours ont eu lieu pendant exactement 26 semaines, ce qui est supérieur aux 25 semaines recommandées par l’UNESCO et de plus, cette reprise ne concerne que les classes d’examens. D’habitude au Cameroun, les enseignements durent 33 semaines avant que les examens ne commencent en Mai. Il s’agit donc de risquer la vie de la nation pour 7 semaines de cours inachevées ? Non une fois de plus, car la majorité des apprenants se retrouvent dans les classes intermédiaires. De quoi s’agit-il alors ? La seule réponse logique, c’est « sauver et/ou crédibiliser les examens de fin d’année ». Nous savons qu’une épreuve d’examen doit couvrir au moins 70% du programme et donc les 24 premières semaines de cours seraient suffisantes pour cet exercice, et là nous en avons couvert 26, ce qui est largement suffisant. Durant une guerre, assurer le minimum requis, c’est l’essentiel ; et le reste peut être considéré comme du luxe. C’est d’ailleurs pour cela que pour le passage en classe supérieure, le gouvernement a choisi de ne considérer que les deux premiers trimestres. Le passage en classe supérieure serait-il moins important que l’évaluation certificative ? Finalement, cette grande cause pour laquelle les enseignants doivent se sacrifier n’est donc qu’un luxe ! Je crois que les enseignants ont le droit de refuser de procéder à une telle transaction : leur vie et celle de la nation, contre un luxe, une lubie en somme.

En attendant d’aller au grand sacrifice humain assuré, du fait du renforcement du taux de reproduction par la réouverture des écoles, à une semaine de cet événement fatidique, les enseignants ne savent toujours pas dans quelles classes ils interviendront : ils n’ont pour la plupart aucune information sur l’emploi du temps, même ceux qui durant toute l’année n’ont enseigné que les classes intermédiaires, qui n’ont aucun cours ou ressources disponibles sont encore en attente de savoir quels cours ils doivent préparer ; pire encore, les enseignants ignorent quel sera le protocole sanitaire pendant cette période d’enseignement : désinfection des copies ? coiffure ? désinfection des blouses ? lavage des mains toutes les heures ? médiation pédagogique de distance ? En tout cas, il y a plus d’interrogations que de préparation. Décidément, même ce luxe auquel on tient tant à sacrifier la vie des enseignants et de la nation toute entière risque d’être mal exécuté. Pourquoi donc insister ?

Par Roland ASSOAH

 

La Lettre hebdomadaire du SNAES 9 sur la Covid-19: Attention, zone rouge en vue !

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Camarades, collègues,

A deux semaines de la reprise des classes au Cameroun, les signaux que renvoie la signalétique de la gestion de la Covid-19 ne sont guère rassurants. La communication gouvernementale sur la cartographie et la cinétique de la pandémie reste minimale. « Moins on en dit, et mieux ça va » semble être la politique du jour. Les foyers de contagion ne sont pas précisément indiqués, les statistiques de contamination sont peu conformes à ce que chacun vit au quotidien dans nos grandes métropoles. Une semi-transparence opaque entoure la prise en charge des malades alors même que le système de santé dédié semble complètement débordé déjà. Toute toux, autant que tout décès, sont désormais suspects et si, sur dénonciation de vos voisins, l’une peut vous conduire en quarantaine forcée, l’autre mènera ce qui restera de vous tout droit au bois des singes, au grand dam de vos proches. L’absence de communication autour de la gestion des corps des décédés est ainsi en train de développer psychose et traumatisme. On ne peut pas dire que le gouvernement ait fait preuve dans ce domaine d’une immense expertise pédagogique.

Pour le retour à l’école ce 1er juin, le cafouillage semble le disputer au manque de bon sens. Les chefs d’établissements ont d’abord été instruits d’organiser des classes de 24 élèves. Cela pouvait déjà permettre de ne pas trop violenter une mesure phare comme le respect de la distanciation sociale. Mais comme les grands lycées des grandes métropoles ne peuvent faire des classes de 24 faute de salles – certains auraient besoin d’un supplément de 40 à 50 salles – on a remonté le curseur à 50 élèves par classe. On peut voir par là que le choix de l’indicateur ne répond pas ici à un principe scientifique mais managérial. Comme dit l’adage, à défaut de science, il faut se contenter de management.

Il y a 40 ans, les effectifs canoniques étaient de 45 élèves par classe. Robert Mbella Mbappe les a portés à 60 dans les années 90 ; Louis Bapès Bapès à 80 dans les années 2000. Pour soigner la fièvre, il suffit parfois de modifier le thermomètre. Entre temps, les dimensions des salles n’ont point évolué. Aujourd’hui, dans le cadre de la distanciation sociale pour gérer une crise sanitaire, on ramène les effectifs à 50 par classe, comme si les salles de classes étaient devenues des amphithéâtres ou des espaces ouverts. Comment contenir la propagation du virus dans ces lieux exigus et clos avec de tels effectifs ? Le virus risque d’y circuler comme une trainée de poudre. Le cas échéant, il se retrouvera dans les domiciles et opèrera à grande échelle. Comme en terrain conquis ! Deux à trois semaines après la reprise des classes, on commencera à regretter les mauvaises mesures prises. Comme au début de la pandémie lorsque tout avait été raté. Et ce sera déjà trop tard. Quand le canon des effectifs nous échappe à ce point, il ne nous reste plus qu’à canoniser les décideurs !

En attendant, c’est maintenant qu’il faut agir : 50 élèves par classe, c’est un effectif déjà pléthorique, c’est-à-dire excessif, en temps normal et dans des circonstances ordinaires. En temps de crise sanitaire et quand la distanciation sociale est une condition pour contenir une pandémie, c’est un effectif ingérable, irresponsable. Il faut donc revenir à 24-25 par classe. Et si ce n’est pas possible, on peut toujours échelonner le retour à l’école en fonction de la programmation des examens : les terminales/U6 d’abord, les troisièmes/Form 5/4e année ensuite, les premières enfin. Il ne s’agit pas pour nous uniquement de réussir notre rapport de fin d’année scolaire, il s’agit aussi et avant tout de sauver des vies !

La question des masques et des gels hydro alcooliques mérite également qu’on s’y arrête. Une organisation de parents d’élèves ne peut avoir un objet commercial, de par la loi. Il lui faudrait un registre de commerce, et elle devrait payer des impôts. Nos PME/PMI n’auraient plus qu’à changer de statut, ou à mettre la clef sous le paillasson. Naturellement une APEE peut acquérir et distribuer sans frais des masques et des solutions hydro alcooliques. Il faut le rappeler officiellement à tous ceux qui veulent transformer le temple en halles.

Il est tout aussi important que l’égalité de tous les enfants soit assurée pour ce qui est de la protection face à la maladie. Pour cela et compte tenu des inégalités bien connues de revenus, l’Etat doit s’assurer que, le 1er juin, chaque enfant qui franchit le portail d’une école, d’un collège, d’un lycée, porte un masque et trouve sur place de l’eau et du savon, une solution hydro alcoolique ou tout autre formule désinfectante agréée. Comme aurait dit le Nègre du Surinam de Voltaire, « C’est à ce prix nous bâtirons, ici au Cameroun, le patriotisme de ces générations montantes ».

Camarades, collègues,

Nous disons « l’Etat », mais nous savons que  l’Etat, c’est aussi nous, c’est tout une chaîne. Sur la chaîne, nous n’avons pas tous les mêmes responsabilités. Si les moyens sont gérés à un autre niveau, nous pouvons au moins nous assurer, au stade où nous opérons, que la sécurité de nos élèves est préservée dès le 1er juin. La relation de maître à disciple est avant tout une relation de confiance. Et comment voulez-vous que ces enfants nous fassent confiance si nous ne nous soucions pas de leurs vies ? Si nous acceptons qu’on les expose à une maladie dont personne ne sait encore vraiment comment elle se comporte et quelles peuvent être ses conséquences à terme ? L’incident de la crise du Kawasaki, qui sévit en ce moment en France et aux Etats-Unis et fait des morts, devrait nous interpeller déjà. Voilà ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé le 18 Mai 2020

                                                                            Le Secrétaire Général

La Lettre hebdomadaire du SNAES 8 sur le Covid-19 Expansion du Covid-19 au Cameroun : querelles de chiffres !

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Camarades, collègues,

Officiellement, le Cameroun est à 2800 cas positifs au Covid-19, 1545 guéris, 136 décédés. Sur l’échantillon ci-après de quelques pays du continent, du Maghreb au Cap, le pays ne semble pas, a priori, s’en tirer trop mal. Mais il faut faire très attention aux chiffres : s’ils permettent généralement de « déchiffrer », ils servent souvent aussi à crypter.

Pays Positifs décédés guéris
Cameroun 2800 136 1545
Nigeria 4787 158 959
Sénégal 2105 21 782
Côte-d’Ivoire 1857 21 820
RDC 1102 44 146
Madagascar 186 0 101
Zimbabwe 36 4 9
Afrique du Sud 11350 206 4357

Que nous dit ce tableau sur le continent ? D’abord, que ceux qui ont confiné à temps et strictement ont eu jusqu’ici très peu de cas. L’exemple-type, c’est le Zimbabwe. Ensuite, que ceux qui ont un protocole de soin efficace, ou un système de santé robuste, font moins de morts. Exemples : Madagascar dans un cas, Afrique du Sud dans l’autre. Troisièmement, que ceux qui font un dépistage d’envergure, et donc disposent de tests en quantité, ont le plus de cas confirmés. On a ainsi l’impression que la pandémie est moins contenue chez eux qu’ailleurs où l’on économise sur les tests.  Exemple : l’Afrique du Sud. Enfin, que ceux qui testent approximativement affichent moins de cas confirmés, et souvent se vantent de mieux contenir la pandémie. Mais cela peut être une illusion, et quand celle-ci fonctionne, rassure indûment le citoyen, le déconnecte des mesures barrières, on n’est jamais loin de la désillusion et les lendemains peuvent déchanter à pleine voix.

Le décompte officiel au Cameroun ne concorde pas avec celui des autres acteurs sur le terrain : ce n’est probablement qu’un glissement de nombres mais les écarts donnent parfois des chiffres à plusieurs zéros. Tant que le dépistage sera minimal, les chiffres de contaminés seront bas et sujets à caution. Tant que la prise en charge ne sera pas systématique, les chiffres de décédés et de guéris seront aléatoires, et fantaisistes. Le Covid-19 n’est pas un sujet politique, alors ne votons pas pour lui. Ce n’est pas comme s’il avait obtenu un mandat que nous avons peur d’abréger. Les Camerounais ont le droit de savoir quel est le niveau réel du risque auquel ils sont exposés au quotidien. Ils doivent savoir que leur plus grande chance consiste à ne pas contracter le Covid-19, parce que leur système de santé n’a pas pour le moment les moyens de les prendre en charge en grands nombres. Si des médecins en meurent faute de prise en charge, ils peuvent être sûrs que le système de santé ne se fera pas prier pour se décharger d’eux.

Camarades, collègues, membres de la communauté éducative,

Pour revenir aux examens officiels de la session 2020, ils seront un véritable défi pour les acteurs impliqués. Les centres d’examens devront être extrêmement bien organisés, soigneusement désinfectés. Les acteurs devront également être protégés. La répétition, dit-on, a une valeur pédagogique intrinsèque. Nous avons tous dit la même chose pour les hôpitaux et le personnel de santé il y a deux mois mais nous savons à quel point ceux-ci ont jusqu’ici été négligés dans la gestion de cette crise, et le prix que les blouses blanches sont en train de payer, sans la moindre compensation, ni symbolique, ni matérielle, ni financière. C’est vraiment l’occasion de dire qu’ils sont en train de se faire blouser ! Quand les soldats sont au front, dans toutes les guerres, ils ont toujours droit, en plus de leur traitement normal, à une prime spéciale. Les soldats du Covid-19 au Cameroun sont jusqu’ici laissés pour compte, et généralement on les retrouve sur le carreau.

D’ici peu, les enseignants seront eux aussi au front. On proposera sans doute à chaque chef d’établissement de faire avec les moyens dont il dispose. Ces ressources sont médiocres, inégales, et vont surtout indisposer ces pauvres chefs d’établissements. Déjà une association de parents d’élèves veut en profiter pour installer son comptoir à masques et gels sur le préau. Ce pourrait n’être que le bout visible d’un hideux iceberg tropical !   L’Etat doit trouver et mettre à disposition des moyens pour un retour à l’école et une organisation des examens officiels sans risques inutiles et inconsidérés. Les parents ont l’obligation de s’assurer qu’on ne jette pas leurs rejetons dans la gueule du Covid-19, pour que ces derniers, en retour de bâton, reviennent ensuite les frapper au coronavirus. Les enseignants, cela va sans dire, devront prendre garde  à ce qu’on ne les largue pas sur la ligne de front les mains nues. S’ils baissent la garde, gare à eux !

Camarades, collègues,

Après les peines consenties depuis septembre pour nos élèves, nous avons tous intérêt à ce que l’année scolaire s’achève bien. Cela ne saurait être une raison suffisante pour que nous soyons pénalisés. Chacun de nous doit, veut et peut donner le maximum pour que cet objectif soit atteint. Il est possible de bien organiser les examens et ce n’est qu’une question de ressources humaines, matérielles et financières. L’appui international reçu dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 peut mettre à disposition ces ressources nécessaires. Chaque enseignant doit s’engager pour une fin d’année scolaire et académique réussie, mais chaque enseignant doit également être très regardant sur la qualité des mesures qui seront prises pour garantir sa sécurité et celle de ses élèves. Voici ce que le SNAES avait à vous dire cette semaine.

Un pour tous, tous pour un !

Yaoundé, le 14 mai 2020

Le Secrétaire Général

L’enseignement privé : un secteur fortement marchandisé au Maroc 

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Comme partout dans le monde le Coronavirus a exigé des autorités marocaines l’adoption du confinement, et l’état d’urgence sanitaire.Cette situation exceptionnelle a imposé au ministère de l’éducation l’adoption de l’enseignement à distance.

Dans ce contexte, les représentants du secteur de l’enseignement privé avait adressé une liste de doléances au chef du gouvernement demandant de bénéficier comme secteur sinistré d’une suspension des cotisations dues à la caisse nationale de sécurité sociale et d’une exonération des montants à leur charge pour pénalités de retard et ils ont exigé des compensations en faveur du personnel éducatif en plus de l’ajournement voire de la cessation du versement des impôts et autres taxes.

Suite à cette lettre, le gouvernement a décidé de compenser les acteurs de ce secteur à l’instar des employés des autres secteurs économiques impactés par Coronavirus.

Ceci a poussé les écoles privées à déclarer 48000 salariés en arrêt temporaire de travail et elles ont pu bénéficier de l’indemnité de 1000 dh servie  par la CNSS pour le mois de mars, ce qui représente le montant de 48 millions de dirhams d’aide indirecte pour ces écoles, de la part du fonds spécial covid-19.

Cet acte immoral a suscité de l’indignation de la société civile qui a réagi fortement aussi contre le harcèlement des parents pour encaisser les frais du mois de mars voire du trimestre suivant au moment où elles n’étaient pas en situation de difficulté et que plusieurs familles se trouvent dans l’incapacité de payer les frais de scolarité.

Certaines écoles ont accepté de baisser ces frais ou appliquer une facilité de paiement pour certains parents en fonction de leur situation financière. À présent, les parents demandent que les frais d’inscription soient allégés.

L’enseignement privé pose de grands défis aux familles et surtout dans cette situation difficile du confinement due au Coronavirus.La lutte contre la marchandisation de l’éducation reste toujours à la une.

Par Khadija Yamllahi Moltaka al osra al maghribia, 

Coalition marocaine de l’éducation pour tous

 

Directives de l’IE pour la réouverture des écoles et des établissements scolaires

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• Texte par: Education International
• Publié: 30.04.2020
• Dernière édition: 06.05.2020
Sujets dans ce post:
COVID-19
Alors qu’un nombre croissant de pays envisagent un assouplissement du confinement et la reprise de l’éducation en présentiel, l’Internationale de l’Education met en évidence cinq orientations dont les gouvernements doivent tenir compte lorsqu’ils planifient, en concertation avec les éducateur•rice•s et leurs syndicats, la phase suivante de leur réponse à la crise liée au COVID-19 dans l’éducation.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en avant six conditions devant être remplies avant que les gouvernements puissent envisager une levée des restrictions appliquées actuellement aux déplacements physiques et sociaux en raison de la propagation du COVID-19 :

1. La transmission de la maladie est sous contrôle.
2. Les systèmes de santé ont la capacité de « tester, isoler et traiter chaque cas et retracer chaque contact ».
3. Les risques majeurs de transmission sont réduits au minimum dans les environnements vulnérables comme les maisons de repos.
4. Des mesures préventives ont été mises en place dans les écoles, les lieux de travail et les autres espaces essentiels.
5. Le risque d’importation de nouveaux cas « peut être géré ».
6. Les communautés sont pleinement éduquées, engagées et habilitées à vivre selon une « nouvelle norme ».

Dans la mesure où les écoles et les établissements scolaires sont fermés dans la majorité des pays, plusieurs questions cruciales doivent être prises en considération par les gouvernements, à l’heure où les pays commencent à rouvrir progressivement les établissements d’éducation de la petite enfance, les écoles et les établissements d’enseignement supérieur. Il est impératif que les gouvernements communiquent en permanence et en toute transparence des informations concernant leur plan de réouverture des établissements scolaires et la mesure dans laquelle ils sont conseillés par les expert•e•s de la santé. Un dialogue social et politique continu avec les éducateur•rice•s et leurs syndicats est la pierre angulaire de toute stratégie efficace pour l’éducation.

1. Engager le dialogue social et politique
Les autorités publiques sont engagées dans un dialogue social et politique continu avec les éducateur•rice•s et les syndicats et organisations qui les représentent, en vue d’évaluer les besoins, de définir des mesures en matière de santé et de sécurité pour les étudiant•e•s et les effectifs, et de proposer un cadre et des ressources pour organiser le retour à l’enseignement et l’apprentissage en présentiel. Il est tenu compte de la charge de travail supplémentaire créée par l’exigence parallèle d’enseignement en présentiel et en ligne lors de la réouverture progressive des écoles. Les droits du travail des enseignant•e•s et des personnels de soutien à l’éducation sont respectés et le maintien de conditions de travail décentes est assuré.

2. Garantir la santé et la sécurité des communautés éducatives
Il existe un accord et des instructions claires concernant les mesures d’hygiène à mettre en place pour garantir la sécurité et la santé des enfants, des étudiant•e•s et des effectifs, ainsi que les mesures préventives pour contenir la propagation du virus. Toutes les écoles et tous les établissements scolaires disposent de moyens pour garantir et maintenir des pratiques renforcées en matière d’hygiène et de nettoyage, et l’ensemble du personnel est informé et formé pour pouvoir respecter les nouvelles directives. Les employé•e•s de l’éducation doivent avoir un accès garanti à des équipements de protection individuelle si nécessaire, et les autorités publiques doivent prévoir des fonds et des effectifs supplémentaires pour répondre aux exigences en matière de santé et de sécurité. Par ailleurs, la situation du personnel, des étudiant•e•s et des familles vulnérables ou à risques doit être prise en compte.

3. L’équité doit être une priorité absolue
L’équité doit être au coeur de tous les plans de transition, étant donné que la force de frappe de la pandémie varie d’un contexte à l’autre et que les étudiant•e•s et les employé•e•s de l’éducation se trouvant déjà en situation vulnérable ont été – et sont toujours – les plus touché•e•s. Une structure de soutien est mise en place pour l’ensemble des effectifs et des étudiant•e•s vulnérables, pour ceux et celles qui rencontrent des difficultés accrues et pour les étudiant•e•s qui n’ont pas eu la possibilité de prendre part à un apprentissage en ligne ou à distance. Une stratégie est déployée pour faire face à une éventuelle augmentation des taux d’abandon scolaire, en accordant une attention particulière aux filles, aux femmes et au risque de travail des enfants.

4. Soutenir la reprise et le bien-être physique et émotionnel
Des systèmes sont en place pour soutenir le bien-être et la santé mentale des enfants, des étudiant•e•s et des employé•e•s de l’éducation, notamment au travers d’un encadrement psychosocial spécifique. Outre la situation de stress et d’anxiété permanente que génère la pandémie, nombre d’enfants, d’étudiant•e•s et d’employé•e•s de l’éducation trouveront difficile de retourner à l’école et de s’adapter à un nouveau mode de fonctionnement et aux restrictions appliquées aux interactions sociales. Un encadrement spécifique est prévu pour les personnes endeuillées ou victimes d’agression, de violence ou d’autres traumatismes émotionnels.

5. Faire confiance au professionnalisme des éducateur•rice•s
Les autorités éducatives travaillent avec les éducateur•rice•s et leurs syndicats pour déterminer et évaluer les conséquences de la fermeture des écoles sur l’enseignement, l’apprentissage et le bien-être des étudiant•e•s. Toute stratégie pour un retour à l’enseignement en présentiel repose sur la confiance accordée au professionnalisme et à la pratique pédagogique des employé•e•s de l’éducation. Les conditions concernant les évaluations sont clarifiées dans le cadre d’un dialogue avec les éducateur•rice•s et leurs syndicats, afin de garantir le traitement juste et équitable de tou•te•s les étudiant•e•s, ainsi que l’autonomie professionnelle des éducateur•rice•s.

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