Réunie le 13 novembre 2018 dernier en assemblée plénière, le Parlement Européen a adopté une résolution importante concernant la nouvelle vision qui doit désormais conduire l’Aide Publique au Développement (APD) de l’UE dans le secteur de l’éducation en Afrique.
Cette résolution peut se résumer en 04 points majeurs notamment :
- La définition des textes et autres faits qui fondent la résolution ;
- Les objectifs de la résolution ;
- Les priorités de la nouvelle politique de l’APD dans le secteur de l’éducation ;
- L’amélioration de la qualité de l’aide.
Rappel des principaux textes protégeant le droit à l’éducation.
La commission a tenu à faire le rappel d’un certain nombre d’engagements internationaux qui fondent le droit à l’éducation. Il s’agit par exemple :
- La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme(DUDH) dont l’article 26 reconnait l’éducation comme un droit fondamental pour tout être humain ;
- Les Objectifs de Développement Durable (ODD) et notamment l’objectif nº 4: «Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie».
- La Recommandation n°36(2017) du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, relative au droit des filles et des femmes à l’éducation ;
- Le document de travail de la Commission de 2010 sur le renforcement et l’amélioration de l’éducation dans les pays en développement ;
La commission,
- Considérant que l’aide à l’éducation représentait 8,3% de l’aide totale au développement en 2009, que cette part est tombée à 6,2 % en 2015 et que la part de l’UE est tombée de 11% à 7,6% sur la même période ;
- Considérant que l’aide à l’éducation de base de l’UE a baissé de 33,9% entre 2009 et 2015 ;
- Qu’en 2015, 264 millions d’enfants et jeunes en âge de fréquenter ne l’étaient pas.
L’’UE a donc décidé de prendre cette résolution présentant quelques objectifs qui doivent désormais accompagner sa nouvelle vision en matière d’aide à l’éducation.
Nouvelle vision en matière d’Aide Publique au Développement dans le secteur de l’éducation de l’UE en direction des pays pauvres.
Pour la commission de l’UE, L’aide en matière d’éducation doit être désormais une priorité parce que l’éducation est un droit fondamental mais également, elle est essentielle dans l’atteinte des autres ODD. L’UE invite les Etats membres à placer désormais l’éducation au centre de leurs politiques de développement en accordant d’ici à 2024, 10% de leur APD à l’éducation et 15% à l’horizon 2030. L’UE reconnait la nécessité d’un investissement massif dans le secteur de l’éducation afin d’atteindre l’ODD4, ce qui passe également par la mise sur pied des moyens innovants au plan international pour le financement de l’éducation. L’UE lance un appel aux Etats pauvres d’investir d’abord eux-mêmes de façon importante dans l’éducation avant l’accompagnement de l’APD. Ces résolutions et bien d’autres visent à atteindre des objectifs en matière d’éducation qui, selon l’UE, peuvent aider à atteindre les ODD dans le monde.
Les priorités visées par la résolution de l’UE
La nouvelle philosophie du financement de l’UE en matière d’éducation doit répondre à deux priorités : Privilégier une éducation de qualité et inclusive, apporter un soutien renforcé aux Pays les Moins Avancés(PMA). C’est une nouvelle vision qui veut aboutir à :
- La maitrise des apprentissages de bases notamment les compétences numériques, prérequis indispensables au développement des compétences et à l’insertion socio-professionnelle ;
- L’éducation de la jeune fille, levier déterminant pour la réalisation des ODD ;
- La mise en œuvre effective de la cible 4.1 des ODD concernant la gratuité de l’enseignement fondamental (gratuité appliquée à la scolarité, au transport, aux fournitures et à la nutrition) ;
Elle rappelle que les enfants réfugiés ou déplacés doivent être considérés dès le départ comme prioritaire pour l’APD au secteur de l’éducation d’où l’impérieuse urgence d’un soutien dans ce sens aux pays en crise. Elle rappelle aussi l’importance de l’enseignement secondaire technique et professionnel pour l’employabilité des jeunes et le développement durable ; dénonce le système d’offres de bourses aux pays pauvres et accorde une préférence aux échanges universitaires et professionnels ; souligne la nécessité d’un système éducatif qui accorde une place de choix à la transmission des connaissances théoriques mais aussi qui permet aux enfants d’acquérir des compétences de réflexion pour poser de bonnes questions, qui permet d’avoir des compétences créatives afin de traduire les idées en acte. Elle accorde enfin une place de choix à l’éducation sexuelle qui aborde des questions de santé telles que le VIH, le planning familial et les grossesses. L’atteinte de ces différentes initiatives passe par l’amélioration d’une politique de l’aide.
L’amélioration de l’APD au secteur de l’éducation
L’amélioration de cette APD au secteur de l’éducation passe par un certain nombre de décisions prises par l’UE. Il s’agit de :
- L’appel au financement de la recherche dans les PVD ;
- l’appel à la nécessité d’une coordination des actions des bailleurs de fonds au sujet de l’APD afin d’éviter le double emploi et autres conflits;
- La définition des critères stricts notamment de bonne gouvernance qui doivent accompagner l’APD de l’UE au secteur de l’éducation afin d’assurer son efficience ;
- L’association des autorités locales et des organisations de la société civile dans la préparation de la mise en œuvre des programmes d’aide à l’éducation.
Cette résolution a été transmise au conseil de l’UE, à la commission de l’Union, au parlement Européen et aux Etats membres.
une synthèse de Patrick Kodjo