Le département du Noun coutumier des faits divers des plus rocambolesques aux plus sordides en passant par les plus tragiques dans le secteur de l’éducation, n’a pas dérogé à l’histoire en cette année scolaire. L’histoire qui tient en haleine les enseignements secondaires dans ce département cette fin d’année a comme acteur principal le directeur du tout nouveau CETIC de Kouoptamo, un des 9 arrondissements du département du Noun. On a dû sortir ce dernier de façon expresse des cellules du Commissariat de Sécurité publique de la ville de Foumbot pour aller organiser dans son établissement une cérémonie de remise des carnets de notes aux élèves ce vendredi 8 Juin 2018.
Ce long métrage commence à s’écrire en début d’année scolaire 2017-2018 lorsque le tout premier directeur nommé de ce CETIC créé par le feu ministre Bapès Bapès en 2014 prend effectivement service dans cet établissement dont il doit poser les jalons. C’est ainsi qu’il va prendre effectivement les choses en main et lors de la première assemblée générale, il va rassurer son personnel exclusivement vacataire dans un angélisme qui caractérise pratiquement tous les nouveaux chefs d’établissements en ces occasions, certifiant que ce dernier serait satisfait jusqu’au dernier centime convenu et ceci pendant dix mois. Il faut noter que cette ambition, loin d’être démagogique, était réalisable au regard de l’effectif de 211 élèves X 30 000 frs de frais d’APEE correspondant à une cagnotte totale de 6.330.000 frs (Six millions trois cents trente milles), pour une masse salariale mensuelle de 4.510.000Frs (quatre millions cents cinq dix milles francs) soit 451.000 frs X 10 mois (quatre cent cinquante et un mille X dix mois). Il serait même resté un reliquat de 1.820.000 frs (Un million huit cent vingt milles).
C’est dans ce contexte que les troupes, dopées de motivation, vont se mettre en rangs serrés derrière leur chef, question de relever le défi qui est celui de faire décoller cet établissement. Seulement, la désillusion sera très précoce lorsque à la fin du mois de décembre et sans explications aucunes, les salaires ne sont pas versés aux enseignants. Ceux-ci, qui ont continué de faire leur boulot tout en réclamant à qui de droit leur pécule, recevront l’équivalent d’un salaire à la fin du mois de janvier. C’est désormais dans un contexte de suspicions, de débrayages ponctuels, de promesses fallacieuses et de démotivation que les enseignants vont dans le désarroi total conduire le deuxième trimestre jusqu’à son terme.
CETIC3 2018-06-11 at 08.34.14A la rentrée du troisième trimestre, les enseignants qui ne reçoivent de la part du directeur qu’arrogance et mépris décident unanimement d’arrêter le travail. Cette situation attire l’attention des parents et surtout de l’autorité administrative qui décide de sauver l’année scolaire des enfants. C’est ainsi que de rencontre en rencontre et dans le but est de faire entendre raison au directeur à qui le Sous-Préfet demande de trouver de l’argent pour éponger les arriérés de salaire, celui-ci va trouver le moyen à chaque fois de se dérober en usant de nombreux rendez-vous manqués. Bien plus, le directeur va se permettre le luxe de disparaitre de la circulation pendant de nombreux jours tout en se rendant injoignable, confortant ainsi la thèse de la filouterie et de sa mauvaise foi.
C’est cette situation qui irrite l’autorité administrative et décide celle-ci de confier le dossier au procureur de la République auprès des tribunaux de Foumbot. La Magistrat aussitôt va lancer un mandat d’arrêt contre le fugitif. Au bout de quelques jours de recherches, le mis en cause est appréhendé et conduit dans les cellules du commissariat de sécurité publique de Foumbot. Après quelques jours de garde à vue, sa famille aurait réuni l’argent nécessaire pour satisfaire tous les arriérés de salaire chez tous les enseignants.
C’est ainsi qu’au cours de cette matinée du 8 juin 2018 à l’occasion de la remise des bulletins, le Sous-préfet en compagnie du directeur fraîchement sorti des cellules, va inviter tous les enseignants à se rendre auprès du procureur afin de recouvrer la totalité de leurs dus. Seulement une fois sur place, chacun en l’absence du procureur ne va recevoir du cabinet de l’héliaste que l’équivalant d’un seul salaire mensuel sans autres explications.
Signalons pour terminer que les enseignants-vacataires du Noun sont pratiquement tous habitués à ce genre de brigandage de la part des chefs d’établissement. Nombre de ces « chefs » poussent quelquefois le ridicule un peu plus loin en faisant main basse non seulement sur les salaires, mais aussi sur les fonds de secours, les tontines et les épargnes des amicales.
Par Fokou Kodjo/SNAES/NOUN