Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Réunis le jeudi 19 septembre 2019, les syndicats d’Enseignants ci-dessous désignés :

  • Le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES) ;
  • Le Syndicat National Entente des Enseignants Publics Contractuels du Cameroun (SYNAEEPCAM) ;
  • Le Teachers’ Association of Cameroon (TAC) ;
  • Organisation Nationale des Enseignants du Cameroun (ONEC) ;
  • Catholic Education Workers Trade Union (CEWOTU) ;
  • Le Syndicat National Autonome de l’Education et de la Formation (SNAEF)
  • Le Syndicat National Unitaire des professeurs de l’Enseignement Normal (SNUIPEN) ;
  • Le Syndicat des Personnels de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (SYPRES) ;
  • Le Syndicat National des Instituteurs Contractuels et des Maîtres des Parents (SNICOMP) ;
  • Le Presbyterian Education Authority Teachers’ Trade Union (PEATTU) ;
  • La Fédération des Syndicats de l’Enseignement et de la Recherche (FESER) ;
  • L’organisation Nationale des Enseignants d’EPS (ONEEPS) ;
  • Le Syndicat National des Enseignants du Cameroun (SYNEC) ;
  • La Fédération Camerounaise des Syndicats de l’Education (FECASE) ;
  • Le Syndicat National des Travailleurs des Etablissements Scolaires Privés du Cameroun (SYNTESPRIC) ;
  • L’Observatoire de Déontologie de l’Education (ODE) ;
  • Le Baptist Teachers Trade Union (BATTUC) ;
  • Le Syndicat des Enseignants Camerounais pour l’Afrique (SECA) ;
  • Le Syndicat National des Enseignants du Primaire et de la Maternelle (SNEPMA)

Ont convenu, dans le cadre de la présente rencontre consultative, de vous présenter, Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, les principaux points ci-après, qui résument leur position commune quant aux principales orientations qu’ils souhaitent voir donner  aux débats et délibérations du Grand Dialogue National convoqué par le Chef de l’Etat.

Préalablement aux points ci-dessus annoncés, et parce qu’à plusieurs reprises ils se sont réunis et ont signé des appels au dialogue dans le cadre de la résolution de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, les syndicats ont tenu à exprimer leur satisfaction quant à la convocation de ce Grand Dialogue National. Ils insistent pour que ces assises, qui représentent une opportunité historique exceptionnelle, soient organisées de manière à apporter une solution durable aux crises qui secouent l’ensemble du pays.

Afin que ce Grand Dialogue National ait toutes ses chances, les syndicats proposent que les points suivants y soient inscrits à l’ordre du jour pour être débattus et donner lieu à des résolutions dont la mise en œuvre serait assortie de garanties suffisantes : la question des rapports entre l’Etat et la nation, la question de la place de l’éducation dans et donc de sa qualité, et enfin celle de la gouvernance globale du pays.

Sur la question des rapports entre l’Etat et la Nation, les syndicats veulent lier celle-ci à la problématique du vivre-ensemble en tant que celui-ci est aujourd’hui menacé par des velléités sécessionnistes d’une part, et par une dangereuse montée des tensions tribalistes d’autre part. Le pays apparaît aujourd’hui extrêmement divisé et fragile. Les solutions que les  dernières 50 années ont apporté aussi bien à la construction  de l’Etat qu’à celle de la Nation semblent n’avoir pas atteint les objectifs fixés. De nouvelles solutions ou approches de solution doivent être imaginées, débattues et arrêtées, et la légitimité qui sera certainement donnée à ce débat permettra à de telles solutions d’être revêtues de la force politique suffisante à leur mise en œuvre efficace. Ce premier problème est d’ailleurs fortement corrélé à celui de la place de l’éducation dans notre pays, qui est au centre de la préoccupation des syndicats d’enseignants.

Sur cette seconde question, les syndicats d’enseignants disent avec force que la crise de l’éducation est à la racine de toutes les crises que traverse le pays aujourd’hui. Pour les eux, la question de l’éducation doit être soigneusement balisée par le grand dialogue national afin que le Forum National de l’Education  dont les préparatifs sont déjà très avancés puisse bénéficier le moment venu d’un cadre d’action clair, précis, et jouissant d’une forte légitimité politique. Les syndicats proposent qu’un tel cadre puisse porter sur les aspects suivants parmi d’autres :

  • La nécessaire préservation des spécificités des 2 sous-systèmes anglophones et francophones, et dans ce cas précis la loi d’orientation de l’éducation de 1998, largement inappliquée à ce jour, pourrait constituer une base de travail solide sur laquelle des réformes d’envergure pourraient être pensées et élaborées ;
  • Le financement public de l’éducation, qu’il s’agisse de l’éducation publique ou privée, étant entendu que de la qualité de son financement dépend la qualité intrinsèque de l’éducation. L’éducation dans notre pays est notoirement sous-financée, et se trouve par conséquent dans une situation de dégradation qualitative avancée que ne traduisent pas toujours les résultats officiellement affichés. Le dialogue national devrait orienter sur le niveau de ce financement ainsi que sur des pistes éventuelles de financement.
  • La périodicité de l’évaluation obligatoire du système éducatif. La dernière évaluation – les états généraux de l’éducation – date de 1995, il y a plus de 20 ans. Ce délai est excessivement long et a contribué à déphaser l’éducation avec la réalité vécue par les produits de celle-ci.

Il y a enfin la question de la gouvernance globale de l’Etat qui implique et impacte celle de l’éducation. Nos institutions, telles qu’elles sont gouvernées, en raison notamment du niveau élevé de la corruption qui y sévit, ne donnent pas un bon exemple à nos enfants et contribuent de ce fait à ruiner l’éducation qu’ils reçoivent. La centralité de cette question par rapport à l’efficacité de l’éducation offerte et reçue amène les syndicats d’enseignants à en faire un élément important de l’agenda qu’ils proposent au grand dialogue national, avec deux pistes de discussion :

  • La première sur la question de l’impunité et ses conséquences néfastes sur la moralité individuelle et collective ;
  • La seconde sur la procédure de saisine des institutions compétentes en matière de prévention et de sanction de ces délits et crimes. Cette procédure doit être rendue accessible au citoyen lambda afin que la lutte contre ces fléaux gagne en efficacité.

Pour finir, les syndicats d’enseignants pensent que le grand dialogue national en préparation ne sera utile que s’il permet :

  • De mettre fin aux hostilités en cours sur le terrain dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ;
  • D’apporter une solution durable aux multiples crises qui minent le vivre-ensemble et hypothèquent la prospérité et le développement du pays.

Ils demandent que tout soit mis en œuvre pour atteindre cet objectif, que toutes les questions qui fâchent soient mises sur la table y compris notamment celle de la forme de l’Etat. Ils sont conscients que la mission à vous confiée par le Chef de l’Etat, Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement, est une mission historique et vous souhaite de la réussir pour que s’ouvre pour notre pays de nouvelles perspectives vers un avenir véritablement paisible et radieux.

Pour les Syndicats, le Porte-parole,

Roger KAFFO FOKOU, SG/SNAES