Négociations dans le secteur de l’éducation : la longue attente du concret qui remet le feu aux poudres.

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Négociations dans le secteur de l’éducation : la longue attente du concret qui remet le feu aux poudres.

Pour combien de temps encore ! Depuis le début de l’année scolaire 2023-2024, l’école est sous les feux des projecteurs. Les enseignants du primaire et du secondaire crient leur ras-le-bol. Ils réclament le paiement de la dette qui s’est accumulée au fil des ans en raison de l’incurie et même du cynisme du gouvernement. Ils réclament l’automatisation des actes des carrières sans laquelle le cercle vicieux de la dette se reconstituera inexorablement. Ils revendiquent  la revalorisation radicale du statut particulier aujourd’hui dépassé pour que l’enseignant retrouve le feu sacré et se positionne véritablement comme garant de la qualité de l’éducation tel que prescrit par la loi N° 98/004 du 14 avril 1998 portant orientation de l’éducation au Cameroun. Ils revendiquent le Forum National de l’Éducation (FNE) pour faire de l’école le véritable levier du développement de notre pays et ainsi barrer la route à l’analphabétisme dont les tentacules s’allongent dans l’indifférence totale.

Les multiples rencontres multipartites gouvernement-syndicats organisées dès le lendemain du préavis  de grève de l’Intersyndicale le 18 septembre 2023, n’ont abouti qu’à des ententes dont la matérialisation concrète traine à dévoiler ses couleurs. Le gouvernement s’est d’ailleurs lavé les mains, s’en remettant aux actions de la présidence de la République pour l’implémentation des points sur lesquels il a donné son accord de principe. Un accord qui ne vaut donc pas grand-chose en l’absence de l’aval écrit du Président de la République. Nous en sommes donc là. L’attente s’allonge et crispe l’atmosphère avec en toile de fond, le spectre des engagements passés pris et jamais tenus par le gouvernement.

 Les enseignants ne lâcheront rien. Si par le passé ils ont fait sans contrepartie confiance au gouvernement, ce dernier doit désormais le mériter. Une lecture du rapport général des États Généraux de l’Éducation tenus en 1995 laisse songeur sur la réelle volonté du gouvernement à s’engager véritablement sur les voies de la réhabilitation de l’école sans qu’une pression ne l’y amène. Pour preuve : des travaux d’une hauteur himalayenne et d’une profondeur abyssale, effectués pendant 6 jours à Yaoundé et ayant mobilisés les finances publiques, ont été condamnés à la moisissure dans les tiroirs pendant 28 ans. C’est un scandale. C’est révoltant.

C’est dans cette ambiance hautement volatile, où la jeunesse souffre énormément de l’absence d’encadrement des enseignants obligés de réclamer leurs dus longtemps gelés et de revendiquer de meilleures conditions pour l’épanouissement de l’école, que la communauté éducative attend le message du président de la République. Et ce lundi 13 novembre 2023, cela fera un mois jour pour jour que le Gouvernement et les syndicats se seront entendus sur les solutions acceptables des parties. Un mois pour examiner des documents déjà apprêtés par l’une des plus hautes administrations du pays, les services du Premier Ministre ! Si la poudre s’enflamme à nouveau, ce ne sera sûrement plus la faute aux syndicats.

Monsieur le président de la République, vous avez la parole.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES