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jeudi, janvier 23, 2025
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FRANCE : Une rentrée scolaire sur fond de démantèlement de l’Éducation nationale

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Par Evelyne Salamero

La FNEC-FP FO dénonce une marche à la privatisation de l’école, et prépare la mobilisation interprofessionnelle.

Réforme du bac, réforme des conditions d’entrée à l’université, réforme de l’enseignement professionnel, avec pour cette dernière des premières mesures contenues dans la loi Avenir professionnel votée cet été.

La rentrée s’inscrit dans un contexte de démantèlement de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur et de la recherche, résume la Fédération FO de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation professionnelle (Fnec-FP FO). Un démantèlement qui s’inscrit dans celui, plus général, de la fonction publique et du statut de fonctionnaire d’État, souligne-t-elle.

Le Nouveau contrat social avec les agents publics va se traduire notamment par l’évaluation des établissements et des personnels selon les résultats et le mérite. Les programmes passent ainsi au second plan.

Disparition de la moitié des académies

Cette évaluation devant se faire en fonction des besoins territoriaux, précise le gouvernement, ce chantier est imbriqué dans celui de la réforme territoriale, à laquelle l’Éducation nationale avait pour l’instant échappé en gardant ses vingt-six académies.

Le gouvernement a programmé la disparition de la moitié d’entre elles d’ici à 2021 et le renforcement des compétences des recteurs de région en matière de gestion des personnels. Développement des postes à profil, mise en place de RH de proximité, professionnalisation de la formation initiale avec le recrutement d’assistants d’éducation-enseignants (AED) non titulaires, c’est-à-dire corvéables et jetables à merci… La Fnec-FP FO voit dans toutes ces mesures la marche à la privatisation de l’école.

De plus, alors que le nombre d’élèves et d’étudiants ne cesse d’augmenter du fait du boom démographique des années 2000, les budgets se resserrent encore.

1 800 suppressions de postes dès 2019

La hausse de 1% pour le primaire et le secondaire en 2019 (de 51,5 à 52,1 milliards) est ainsi inférieure à l’inflation prévue. Le ministre de l’éducation a d’ailleurs confirmé 1 800 suppressions de postes dès 2019 dans les collèges, lycées et services administratifs.

Alors que 350 000 étudiants de plus sont attendus d’ici à 2025, créer un nombre de places suffisant dans les universités exigerait un budget en croissance de 2 milliards d’euros par an, soit dix fois plus que celle annoncée (1 milliard sur le quinquennat).

Parcoursup introduit donc des critères de sélection propres à chaque université, d’autant plus élitistes que leurs budgets sont serrés et leurs places disponibles par conséquent limitées.

En complément, le bac, par sa réforme, est remis en cause en tant que diplôme national et premier grade universitaire.

Face à cette opération de démantèlement général, qui passe aussi par la remise en cause du code des pensions civiles et militaires dans le cadre de la retraite par points, la Fnec-FP FO revendique l’abandon de ces contre-réformes, et entend préparer la mobilisation des personnels dans un cadre interprofessionnel. Première étape le 9 octobre.

 

Filières STT  dans le secondaire : le blocage du logiciel Lesage plombe l’année scolaire 2018-2019

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Décidément cette année scolaire 2018-2019  nous offre une crise de valeur aux confins de l’inimaginable. Nous sommes à la fin du premier trimestre, du moins à la fin de la deuxième séquence, et dans les lycées et collèges d’enseignements techniques du Cameroun nous assistons à une véritable démonstration de cynisme mercantile. Les établissements techniques avaient jusqu’au 15 novembre 2018, d’après les instructions sur les CD du logiciel LESAGE,  pour s’acquitter des frais requis et entrer en possession des codes qui leurs permettraient d’activer les CD et d’en faire usage dans l’enseignement.

Le logiciel LESAGE est un logiciel incontournable dans les programmes d’enseignement des Sciences et Technologie du Tertiaire, il est distribué chaque année (avec une date de péremption annuelle) aux collèges et lycées du Cameroun contre une rétribution de 75000 FCFA pour les lycées techniques et 50 000 FCFA pour les CETIC. Dès que l’argent est déposé dans le compte de la société Le sage Cameroun via Express Union Etoudi JA, Mobile Money ou Orange Money, l’établissement envoie ses coordonnées et les références de paiement par sms puis au moment opportun, reçoit le code qui permet l’utilisation effective des données ainsi débloquées pour implémenter les enseignements.

Le problème est que, sachant les contraintes liées à la digitalisation des inscriptions, la lenteur des recouvrements et du reversement dans les comptes-trésors des établissements, on se serait attendu à ce que ces frais pour le logiciel LESAGE soient prélevés à la source ou jouissent de mesures spéciales de différé pour permettre aux établissements de poursuivre avec les curricula qui dépendent de ce logiciel. Au contraire, tout est bloqué, LE SAGE CAMEROUN est dans l’attente de l’argent et les logiciels sont inutilisables par les établissements scolaires qui ne savent pas comment ils vont faire pour boucler les programmes à temps. C’est chacun qui y va de son inventivité pour essayer de meubler les enseignements en portant une entorse aux projets pédagogiques et progressions initiaux. Comment en sommes-nous arrivés à de telles extrémités ? Quels seront les résultats à terme pour cette année scolaire ? Pour une somme de 50 à 75 milles francs CFA bloquée dans ces mêmes comptes des partenaires du MINESEC, des programmes d’enseignement de la 3ème Année jusqu’en première dans les filières STT sont en stand by et rien ne semble se dessiner à l’horizon pour décanter la situation. Même ces parents qui s’étaient fait entendre pour le livre controversé de 5ème sont muets face à cette gravissime situation qui empire de jour en jour.

Nous souhaitons avec insistance que le MINESEC joigne d’urgence son partenaire LE SAGE CAMEROUN pour qu’il délivre ces codes d’activation aux établissements cibles dans les meilleurs délais, pour ne pas complètement perdre cette année scolaire en cours et sauver ce qui peut encore l’être. Cette société peut attendre la régularisation des opérations liées à la digitalisation des inscriptions, certains APEE étant à bout de souffle, mais pour les programmes d’enseignement, bientôt il sera trop tard et le retard accusé sera irrémédiable. Sauvons d’urgence ce qui peut l’être, l’éducation devrait primer sur l’appât du gain. C’est le socle de notre avenir à tous.

Par ASSOAH ETOGA Roland, rédacteur, snaes.org,

AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT (APD) : l’Union Européenne(UE) décide de prioriser le secteur de l’éducation dans les pays pauvres.

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Réunie le 13 novembre 2018 dernier en assemblée plénière, le Parlement Européen a adopté une résolution importante concernant la nouvelle vision qui doit désormais conduire l’Aide Publique au Développement (APD) de l’UE dans le secteur de l’éducation en Afrique.

Cette résolution peut se résumer en 04 points majeurs notamment :

  • La définition des textes et autres faits qui fondent la résolution ;
  • Les objectifs de la résolution ;
  • Les priorités de la nouvelle politique de l’APD dans le secteur de l’éducation ;
  • L’amélioration de la qualité de l’aide.

Rappel des principaux textes protégeant le droit à l’éducation.

La commission a tenu à faire le rappel d’un certain nombre d’engagements internationaux qui fondent le droit à l’éducation. Il s’agit par exemple :

  • La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme(DUDH) dont l’article 26 reconnait l’éducation comme un droit fondamental pour tout être humain ;
  • Les Objectifs de Développement Durable (ODD) et notamment l’objectif nº 4: «Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie».
  • La Recommandation n°36(2017) du Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, relative au droit des filles et des femmes à l’éducation ;
  • Le document de travail de la Commission de 2010 sur le renforcement et l’amélioration de l’éducation dans les pays en développement ;

La commission,

  • Considérant que l’aide à l’éducation représentait 8,3% de l’aide totale au développement en 2009, que cette part est tombée à 6,2 % en 2015 et que la part de l’UE est tombée de 11% à 7,6% sur la même période ;
  • Considérant que l’aide à l’éducation de base de l’UE a baissé de 33,9% entre 2009 et 2015 ;
  • Qu’en 2015, 264 millions d’enfants et jeunes en âge de fréquenter ne l’étaient pas.

L’’UE a donc décidé de prendre cette résolution présentant quelques objectifs qui doivent désormais accompagner sa nouvelle vision en matière d’aide à l’éducation.

Nouvelle vision en matière d’Aide Publique au Développement dans le secteur de l’éducation de l’UE en direction des pays pauvres.

Pour la commission de l’UE, L’aide en matière d’éducation doit être désormais une priorité parce que l’éducation est un droit fondamental mais également, elle est essentielle dans l’atteinte des autres ODD. L’UE invite les Etats membres à placer désormais l’éducation au centre de leurs politiques de développement en accordant d’ici à 2024, 10% de leur APD à l’éducation et 15% à l’horizon 2030. L’UE reconnait la nécessité d’un investissement massif dans le secteur de l’éducation afin d’atteindre l’ODD4, ce qui passe également par la mise sur pied des moyens innovants au plan international pour le financement de l’éducation. L’UE lance un appel aux Etats pauvres d’investir d’abord eux-mêmes de façon importante dans l’éducation avant l’accompagnement de l’APD. Ces résolutions et bien d’autres visent à atteindre des objectifs en matière d’éducation qui, selon l’UE, peuvent aider à atteindre les ODD dans le monde.

Les priorités visées par la résolution de l’UE

La nouvelle philosophie du financement de l’UE en matière d’éducation doit répondre à deux priorités : Privilégier une éducation de qualité et inclusive, apporter un soutien renforcé aux Pays les Moins Avancés(PMA). C’est une nouvelle vision qui veut aboutir à :

  • La maitrise des apprentissages de bases notamment les compétences numériques, prérequis indispensables au développement des compétences et à l’insertion socio-professionnelle ;
  • L’éducation de la jeune fille, levier déterminant pour la réalisation des ODD ;
  • La mise en œuvre effective de la cible 4.1 des ODD concernant la gratuité de l’enseignement fondamental (gratuité appliquée à la scolarité, au transport, aux fournitures et à la nutrition) ;

Elle rappelle que les enfants réfugiés ou déplacés doivent être considérés  dès le départ comme prioritaire pour l’APD au secteur de l’éducation d’où l’impérieuse urgence d’un soutien dans ce sens aux pays en crise. Elle rappelle aussi l’importance de l’enseignement secondaire technique et professionnel pour l’employabilité des jeunes et le développement durable ; dénonce le système d’offres de bourses aux pays pauvres et accorde une préférence aux échanges universitaires et professionnels ; souligne la nécessité d’un système éducatif qui accorde une place de choix à la transmission des connaissances théoriques mais aussi qui permet aux enfants d’acquérir des compétences de réflexion pour poser de bonnes questions, qui permet d’avoir des compétences créatives afin de traduire les idées en acte. Elle accorde enfin une place de choix à l’éducation sexuelle qui aborde des questions de santé telles que le VIH, le planning familial et les grossesses. L’atteinte de ces différentes initiatives passe par l’amélioration d’une politique de l’aide.

L’amélioration de l’APD au secteur de l’éducation

L’amélioration de cette APD au secteur de l’éducation passe par un certain nombre de décisions prises par l’UE. Il s’agit de :

  • L’appel au financement de la recherche dans les PVD ;
  • l’appel à la nécessité d’une coordination des actions des bailleurs de fonds au sujet de l’APD afin d’éviter le double emploi et autres conflits;
  • La définition des critères stricts notamment de bonne gouvernance qui doivent accompagner l’APD de l’UE au secteur de l’éducation afin d’assurer son efficience ;
  • L’association des autorités locales et des organisations de la société civile dans la préparation de la mise en œuvre des programmes d’aide à l’éducation.

Cette résolution a été transmise au conseil de l’UE, à la commission de l’Union, au parlement Européen et aux Etats membres.

une synthèse de Patrick Kodjo

Télécharger Résolution-du-Parlement-européen-interdisant-le-financement-des-écoles-commerciales-privées-à-travers-laide-au-développement-de-lUE-Copy.pdf

 

Production écrite au BEPC 2018 : ces faiblesses qui interpellent

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L’Approche par compétence avec entrée par les situations de vie a engagé sa phase d’évaluation certificative. Les examens officiels de la session 2018 ont permis de certifier la première cuvée du BEPC APC. Les résultats de cet essai ont été quasi mirobolants. De quoi se féliciter. Pourtant, les principaux acteurs pédagogiques partagent un consensus dérangeant : tout le monde continue à tâtonner dans l’univers camerounais de l’APC, enseignants de classe, animateurs, conseillers comme inspecteurs pédagogiques. Est-ce parce que nous avons des difficultés à nous accorder sur l’APC, présupposés, contenus, techniques et enjeux, que nos apprenants, évalués à l’aune de cette approche, sont si bons ? Il faudra creuser cette question. En attendant et en manière de préparation à un éventuel travail d’évaluation, nous nous sommes intéressé à une des épreuves du BEPC session 2018 : l’expression écrite. Elle propose un nouveau modèle d’évaluation de la production écrite des apprenants, et de ce fait impose un nouveau paradigme d’enseignement/apprentissage de cette activité de la classe de français du premier cycle du secondaire. En partant des caractéristiques de cette épreuve, nous allons nous appuyer sur les plus récents consensus et résultats des recherches en pédagogie pour essayer de déterminer si ce nouveau paradigme d’enseignement/apprentissage de la production écrite peut permettre aux apprenants d’acquérir ce qu’il est désormais convenu d’appeler les compétences du XXIe siècle.

I. Des caractéristiques de l’épreuve d’expression écrite au BEPC 2018

Examinons le sujet 1 suivant d’expression écrite au BEPC session 2018 :

Sujet : L’insalubrité gagne nos villes. Le constat est alarmant. En tant que membre du Club « environnement », tu rédiges pour les jeunes de ton quartier, un texte de sensibilisation pour leur faire prendre conscience de la gravité du phénomène des déchets en tous genres jonchant les rues. En prélude à cette publication, tu partages avec eux ce texte :

A la maison, dans les hôpitaux, dans l’industrie, on rejette dans la nature de « l’eau sale » qui contient des déchets.

L’eau qui ruisselle entraîne ces déchets. Elle ramasse aussi les produits polluants utilisés dans les champs. Elle les emporte dans les rivières, les mers et les nappes souterraines. Ils rendent l’eau inutilisable.

Quand les saletés sont biodégradables, la nature arrive à « laver » l’eau, à « digérer » et à éliminer les détritus.

En ville, la population est nombreuse et rejette beaucoup de déchets (plastique, métaux, verre…) et de produits dangereux pour l’homme.

Préservons notre planète, Belin International, 2008, p.15.

Consigne : Produis un texte à dominante argumentative et explicative dans lequel :

  1. Tu présentes, en une dizaine de phrases complètes et bien construites, les dangers des déchets et des eaux sales.
  2. Tu proposes, dans un paragraphe bien élaboré, deux ou trois mesures à prendre pour lutter contre la pollution dans les quartiers.
  3. Tu expliques, en une dizaine de phrases cohérentes, comment traiter les déchets et les eaux sales pour éviter les maladies.

Ce sujet a une indéniable qualité : il est, malgré quelques maladresses de forme, d’une indéniable clarté, et dit avec une remarquable précision ce que l’évaluateur attend de l’apprenant-candidat. Sur le fond cependant, il présente de nombreuses curiosités.

Premièrement, il propose en ouverture un sujet classique complet de production écrite tel qu’on l’entendait avant l’APC :

Sujet : L’insalubrité gagne nos villes. Le constat est alarmant. En tant que membre du Club « environnement », tu rédiges pour les jeunes de ton quartier, un texte de sensibilisation pour leur faire prendre conscience de la gravité du phénomène des déchets en tous genres jonchant les rues.

Comme il est aisé de le constater, l’extrait ci-dessus comporte déjà bel et bien un constat/appréciation et un libellé. On aurait pu s’en tenir à cela, et le candidat aurait toujours fait son travail. Il est apparu nécessaire, au nom de l’APC sans doute, d’aller plus loin.

Deuxièmement donc, le sujet propose un texte/corpus, qui est en réalité un second constat sur le même thème, plus détaillé que le premier. Ce second constat est suivi d’un second libellé, lui aussi plus détaillé que le premier. Pourquoi ?

A l’examen, il apparaît que le second constat propose des réponses, à des questions qui seront posées explicitement par le second libellé. Le candidat se voit donc dispensé en tout ou en partie d’au moins deux types d’effort : l’effort d’élaborer un plan de sa production, celui de  meubler de contenus ce plan offert gracieusement. A dire vrai, on pourrait y ajouter une troisième dispense : celle d’introduire et de conclure sa production.

En lisant le sujet, on se dit de prime abord qu’il y a juste ambiguïté sur la question de l’introduction et de la conclusion, ou implicite : on y parle en effet de produire un texte, et l’on peut raisonnablement penser qu’un texte est un tout, introduit, développé et conclu. Le corrigé proposé nous ôte indiscutablement cette conjecture. Le travail attendu est-il même finalement un texte ou ne s’agit-il que de paragraphes autonomes ? Cette question a son importance. D’une instruction à l’autre, on passe de la notion de paragraphe à celle de phrases, puis plus simplement de lignes. On sait que chacune de ces notions résulte d’un présupposé différent. Rien n’indique au candidat sur l’épreuve, et au correcteur dans le corrigé, qu’il est besoin ici, entre deux paragraphes, ou groupe de phrases, ensemble de lignes, de penser aux transitions.

A l’orée du XXIe siècle, et au regard du contexte radicalement nouveau que propose une mondialisation accélérée, comment peut-on évaluer le modèle d’apprentissage qu’implique une telle évaluation ? Pour esquisser quelques éléments de réponse, nous aurons besoin préalablement de rappeler un consensus globalement adopté et d’examiner quelques apports théoriques.

II. Du consensus actuel sur l’éducation et de quelques apports théoriques

Avant d’aborder la question du consensus global actuel sur l’éducation et de quelques apports théoriques sélectionnés, nous voulons partir du fait que le BEPC est l’examen certificatif qui sanctionne la fin du premier cycle de l’enseignement secondaire. Ce cycle clos désormais ce qui est considéré dans la déclaration d’Inchéon « Education 2030 » comme l’éducation de base aujourd’hui : pré-primaire, primaire et premier cycle du secondaire (Cf. cadre d’action, vision, logique et principes, point N°6) Il est ainsi aujourd’hui largement admis que l’acquisition des compétences dites transférables (capacité à communiquer dans une langue étrangère, capacité d’analyse et de synthèse, organisation, structuration et planification, autonomie et initiative, etc.) dépend du bon achèvement du premier cycle du secondaire. D’une part, des recherches montrent que ces compétences tendent à concourir comme critères de recrutement en entreprise aux côtés des diplômes requis, d’autre part, le pourcentage de jeunes de chaque génération qui sortent de l’éducation à la fin du premier cycle du secondaire au Cameroun reste dramatiquement élevé. Il est ainsi très important que les enseignements dispensés dans ce cycle mettent un accent particulier sur la qualité, puisqu’à la fin du premier cycle du secondaire près de 70% d’une génération de jeunes a déjà quitté l’école. C’est dans ce sens que la vision « Education 2030 » d’Inchéon affirme qu’ « il est dangereux de se concentrer sur l’accès à l’éducation sans prêter suffisamment attention à la question de savoir si les élèves apprennent et acquièrent vraiment les compétences pertinentes lorsqu’ils sont à l’école. »

Ces compétences, les éducateurs, les ministères de l’éducation, les gouvernements, les fondations, les employeurs et les chercheurs en parlent en termes de compétences du XXIe siècle et évoquent des capacités de réflexion supérieures, d’apprentissage approfondi, ainsi que d’aptitudes à la pensée complexe et à la communication.

Lorsque l’on parle d’acquisition de compétences, on ne peut ne pas faire la liaison avec ce que la psychologie d’apprentissage appelle niveaux d’apprentissage. Il existe de nombreuses taxonomies des niveaux d’apprentissage : Bruner, Bloom, Gagne, Krathwohl… Celle de Bloom est sans doute la plus citée. Elle propose six niveaux d’acquisition ordinairement restructurés en 4 paliers selon le schéma ci-après :

Comme on peut le noter, une bonne partie des compétences transférables (cf. énumération en supra) fait partie de l’étage supérieur de la taxonomie de Bloom. Un apprenant ne devrait donc pas achever son premier cycle du secondaire sans avoir acquis, entre autres, tous les niveaux de compétences déployés par ladite taxonomie.

III. Le niveau des compétences attendues de la production écrite au BEPC aujourd’hui : esquisse d’analyse

L’épreuve d’expression écrite au BEPC 2018 permet de se faire une idée de la qualité et du niveau des compétences que l’institution attend d’un apprenant en fin de premier cycle du secondaire au Cameroun aujourd’hui. Sur la base des caractéristiques du sujet que nous avons relevées plus haut il est possible de faire un certain nombre de constats.

Premièrement, la reprise expliquée du sujet accompagnée d’exemples d’illustration dispense l’apprenant du processus de construction de ses compétences de connaissance et de compréhension. Désormais, il n’a plus besoin de fournir l’effort de compréhension du sujet : ce travail est accompli par l’évaluateur dans la conception et la mise en forme du sujet. En d’autres termes, ne vous donnez plus la peine de réfléchir, lui dit-on, il y a des gens chargés de le faire pour vous.

Deuxièmement, il est aussi dispensé de la tâche d’organisation de ses idées : sous prétexte de lui assigner des tâches précises, on lui donne le plan de la production attendue de lui. Ce plan est-il dialectique ? analytique ? autre ?  Il n’a même plus besoin de savoir ce que ces mots veulent dire, puisque ces problématiques sortent du champ de son attention. Selon Stanislas Dehaene (2018), « En sciences cognitives, on appelle “attention” l’ensemble des mécanismes par lesquels notre cerveau sélectionne une information, l’amplifie, la canalise et l’approfondit. » En enlevant à l’apprenant le souci de la planification de ses idées, on soustrait de son attention certaines préoccupations et du coup il devient aveugle à celles-ci, sans doute pour la vie.

Troisièmement, le besoin de cohérence est occulté par le morcellement de la production imposé par la consigne. Celle-ci se transforme en pièces détachées, faisant disparaître la vue d’ensemble. Puisque la nécessité d’introduire ou de conclure disparaît elle aussi, que nulle part il n’apparaît qu’il faille relier les paragraphes par des transitions, l’expression écrite comme texte disparaît et devient un ensemble de morceaux écrits. Et ces morceaux ne sont plus que des pièces d’une machine que l’apprenant ne voit plus dans son ensemble. On lui commande des pièces pour construire un objet mais la tâche d’assemblage ne relève plus de ses compétences. C’est une forme de taylorisation.

Comment pourrait-il évaluer son travail puisque ce processus ne peut se faire efficacement que dans l’assemblage réussi des pièces ? L’apprenant est ainsi réduit à la compétence d’application : il n’est plus qu’un autonome.

 

Les enjeux du siècle que nous vivons sont désormais connus de tous et ils sont néo-darwiniens. Entre les nations, la compétition est impitoyable et l’arme la plus efficace pour s’y positionner avec un minimum de confort est l’éducation de qualité. De Dakar à Inchéon, le concept de qualité de l’éducation n’a cessé d’être affiné : on parle aujourd’hui de compétences du XXIe siècle. Nos contenus et méthodes d’enseignement/apprentissage doivent être orientés pour permettre l’acquisition desdites compétences, entre autres. Il nous semble, au regard de l’épreuve de production écrite au BEPC 2018, que la classe de français au premier cycle, cycle considéré désormais comme étape terminale de l’éducation fondamentale, ne prépare pas vraiment à l’acquisition de ces compétences du XXIe siècle. Mais il peut ne s’agir que d’un déplacement raté que traduit la qualité de l’évaluation, mais l’on sait qu’à terme celle-ci imposera un modèle d’enseignement/apprentissage. Aussi nous a-t-il paru urgent de réagir pour pousser à agir.

Roger KAFFO FOKOU, Enseignant.

 

 

 

 

 

COOPÉRATION MINESEC- ADEFPA : Du matériel du LT de Tignère abandonné à la rouille depuis bientôt cinq ans Au CETIC de Ngoa-Ekelle.

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 Par ASSOAH ETOGA Roland, Enseignant, SR SNAES Adamaoua

Dans le souci d’accroitre la qualité et l’offre tout en assurant une meilleure professionnalisation des enseignements, le Ministère des Enseignements Secondaires en raison de la modicité des moyens mis à sa disposition s’appuie sur des partenaires avec lesquels il entretient des coopérations. Dans la liste de ces partenariats figure la convention de partenariat avec ASDESS, l’accord avec la république de Côte d’Ivoire dans les domaines de l’enseignement technique et professionnel, les conventions avec des partenaires nationaux (Brasseries du Cameroun et Express Union pour les bourses, SHUMAS pour la construction d’infrastructures scolaires…) et Français (AFLI  et ADEFPA pour le renforcement des capacités des formateurs et l’équipement des lycées techniques entre autres).

Dans la mise en application et le suivi de la politique de coopération en matière d’Enseignement  Technique et Professionnel et des projets y afférents en liaison avec le Ministère chargé de la coopération,  l’Association pour le Développement de l’Éducation et la Formation Professionnelle en Afrique (ADEFPA) a fait don d’une importante quantité de matériels aux établissements techniques et professionnels du Cameroun en 2014. Le projet de répartition fait par la cellule de coopération du MINESEC a vu quelques établissements sélectionnés parmi lesquels le LTIC de Yaoundé, le LT de Bafoussam, le CETIC de Ngoa Ekelle, le CETIF de Ngoa Ekelle, le LTIC de Madagascar, les services centraux (CELCOOP) et le LT de Tignère. De ces dons, seul le Lycée technique de Tignère à ce jour, et nous sommes en fin d’année 2018, n’est pas encore entré en possession du sien.

Il s’agit entre autres d’une machine à coudre Industrielle Luki, d’une machine à coudre surfileuse, d’une scie radiale à bois Lyonflex, d’un rhéostat triphasé, de deux bancs d’essai machine à courant continu diverses, d’une surfileuse, d’une piqueuse et d’une boutonnière, soit neuf unités. Ce matériel en souffrance au CETIC de Ngoa Ekelle depuis bientôt cinq ans est en train de se rouiller. Les responsables du CETIC de Ngoa Ekéllé ne savent plus quoi en faire, d’autant plus que leur responsabilité y est engagée. À Tignère, le proviseur du lycée technique  devenu un fâcheux au gré de ses plaidoyers insistants auprès des élites locales, assiste impuissant, du fait de la faiblesse de l’effectif de son établissement, à une danse folklorique de discours, de promesses et d’assises infructueuses et inopérantes. Ce matériel constitue pourtant une aubaine pour cet établissement qui se trouve dans une zone prioritaire d’éducation où le comportement social réactionnaire à la scolarisation s’adoucit progressivement au fil des efforts de sensibilisation menée autour de l’utilité de l’enseignement technique et professionnel. Ce matériel pourrait accompagner cette dynamique et même la booster. Hélas ! rien n’y est fait, c’est plutôt le contraire.

En attendant que les élites et la communauté éducative achèvent de nous endormir d’une tenace langue de bois, les ateliers et les élèves du lycée technique de Tignère attendent de tous leurs vœux ce matériel providentiel qui se rouille et se détériore sous l’effet des intempéries, dans le mutisme total des toutes les parties devant intervenir dans le transport de ces quelques neuf unités. Ceci est une très mauvaise image que nous exposons à ces partenaires, sur la gestion et l’usage que nous faisons des fruits de notre partenariat, pour un problème de coordination, de solidarité et de responsabilité sociale.

INCONGRUITÉS DU SYSTÈME EDUCATIF CAMEROUNAIS: Désorientation des citoyens camerounais dans une spécialisation précoce.

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Par ASSOAH ETOGA Roland, Enseignant, Syndicaliste

BABIKOUSSANA OKI Priscille, Master en Science de L’éducation, Université de Yaoundé I

 

Le système éducatif camerounais, tel qu’il fonctionne actuellement, présente trois formes d’orientation en ce qui concerne l’enseignement secondaire. Il s’agit de l’enseignement général, normal, puis technique et professionnel. Chacune de ces orientations couvre des objectifs terminaux spécifiques. L’enseignement général  amène les élèves vers des études supérieures selon une visée académique et théorique ; l’enseignement normal s’occupe de la formation des instituteurs de la maternelle, du primaire et de l’enseignement technique ; l’enseignement technique et professionnel quant à lui forme aux premiers niveaux de qualifications nécessaires à l’exercice d’un métier ou d’un groupe de métiers (DSSEF, 2013)

Incongruités du système éducatif camerounais-désorientation des citoyens dans une spécialisation précoce

Hommage : Fabien Eboussi Boulaga s’en va, en toute discrétion comme il a vécu, mais une étoile restera au firmament

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Né le 17 janvier 1934, Fabien Eboussi Boulaga nous a tiré sa révérence ce 13 octobre 2018, avec cette même discrétion qui fut la marque de sa vie, en tout cas sûrement des dernières décennies de celle-ci au cours desquelles j’ai eu la chance de le rencontrer, de l’approcher quelquefois, de le connaître un tout petit peu. En fait, pour être tout à fait franc, je dois dire que je n’ai jamais eu l’occasion d’un véritable  tête-à-tête isolé avec lui : j’ai complété une fois, autour d’une table ronde sur l’intellectuel, un panel dont le duo majeur était formé du Professeur Eboussi et de Séverin Cécile Abéga, cet autre géant, écrivain camerounais dont la plume restera longtemps inimitable.  Je me souviens aussi de cette autre occasion où le professeur Eboussi devait donner la leçon inaugurale du congrès du Syndicat National des Enseignants du Supérieur (SYNES) qui se tenait à l’Université de Buea. Ce jour-là, avant de monter en chaire, il me confia négligemment ses lunettes et, une fraction de seconde, je me demandai s’il ne s’était pas trompé sur l’objet. Mais non, pour l’exercice, il n’en avait pas besoin et le montra, comme d’habitude, avec magistralité.

Je n’ai pas eu la chance d’être l’étudiant du Pr Eboussi, au sens institutionnel du terme. J’ai étudié la littérature à une époque où notre université n’avait toujours pas compris l’aberration qu’il y a à élaborer un cursus de littérature sans une unité de valeur de philosophie. Car comme le dit Albert Camus, « Un roman n’est jamais qu’une philosophie mise en images. », parce que, ajoute-t-il, « une œuvre durable ne peut se passer de pensée profonde. » Aussi, le peu de philosophie que je crois savoir, je l’ai surtout braconnée ici et là, sur le terrain de mes passions juvéniles. Cela me qualifie donc très peu pour donner une opinion sur le philosophe qu’a été le Pr Eboussi. Il me suffit de penser que la philosophie ne vaut que ce que vaut l’homme. En cela, il était difficile d’approcher le professeur Eboussi, de l’écouter un tant soit peu, sans se sentir d’une façon ou d’une autre son étudiant. L’incroyable hauteur ou profondeur de sa pensée en imposait, même dans ces aspects sur lesquels l’on n’était pas forcément d’accord avec lui, même à ceux qui ne comprenaient pas forcément tout ce qu’il disait. C’est que, semblait-il, il coulait sa pensée dans un verbe étincelant, comme de pierre précieuse. Le littéraire que j’essaie d’être autant que possible n’a jamais pu s’empêcher d’être émerveillé devant la précision radicale du choix des mots du Pr Eboussi : toujours le mot juste, inséré comme serti dans une phrase on dirait constamment sculptée. C’est sans doute par là que le littéraire entrait chez lui en osmose avec le philosophe. Son cerveau, comme celui d’Einstein décrypté par Roland Barthe, « produisait de la pensée, continûment ». Mais est-ce bien le penseur qui m’a le plus marqué chez lui ? Je n’en suis pas tout à fait certain. Peut-être bien que c’est l’empreinte de l’homme qui m’a le plus touché à son contact.

Chaque fois que je pensais à lui, il se superposait à son image, dans mon esprit, l’image de Maître Thierno, le célèbre personnage de Cheikh Hamidou Kane dans L’Aventure ambiguë. Il est vrai que le Pr Eboussi a lui aussi été homme de religion, mais je ne l’ai su que beaucoup plus tard. Pour moi, il avait du personnage de Thierno la même rigueur, l’égale frugalité, l’inimitable humilité, et le même refus de la compromission. Les pouvoirs établis ne l’ont pas célébré de son vivant : c’est qu’il n’a jamais eu pour ces derniers les yeux de Chimène. Ils ne pouvaient que redouter son regard acéré et vigilant, son verbe intransigeant mais dénué de passion. Peut-être viendront-ils sur sa tombe, avec une breloque républicaine ou une couronne de fleurs artificielles, le tout accompagné de ces mots qu’ils affectionnent préalablement vidés, nettoyés, soigneusement récurés de tout contenu, et qui sonnent d’autant plus forts qu’ils sont creux. « Ci-gît Eboussi Boulaga, qui ne fut rien, même pas ministrillon », se diront certains. Tout ce qui est or ne brille pas forcément.

Ces restes auxquels les uns et les autres rendront ce qu’il est convenu d’appeler un dernier hommage,  ce temple déserté et glacé, sera-ce encore vraiment lui ? Nous essaierons de nous en convaincre. Mais le Pr Eboussi, le vrai et non sa coquille visible, ne reposera jamais sous la terre, fût-elle celle de nos ancêtres. Maintenant qu’il s’est débarrassé de la vile poussière, la seule chose qu’il laisse à la poussière, il va pouvoir prendre son envol pour sa place dans le panthéon de tous ceux qui révèrent la pensée véritable, la pensée pure et plus brûlante que de l’éther, celle qui brille et dure comme du diamant ouvragé ; il va pouvoir se réchauffer dans le cœur de tous ceux qu’il a su toucher par ses immenses qualités humaines. Pour les générations montantes, il aura au firmament sa place je l’espère, comme l’étoile du berger, même si en cette heure sombre, où il nous quitte de chair et d’os, je ne puis m’empêcher c’est humain, empruntant les vers de Musset, d’interroger :

« Etoile, où t’en vas-tu dans cette nuit immense ?

Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

Où t’en vas-tu, si belle, à l’heure du silence,

Tomber comme une perle au sein profond des eaux ? »

 

Roger KAFFO FOKOU, Enseignant – Ecrivain.

 

JME 2018: DISCOURS DES SYNDICATS:Menoua

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MESSAGE DES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS

 

Mmes et Mrs les autorités administratives ;

Mmes et Mrs les autorités politiques, traditionnelles et religieuses ;

Mmes  et Mrs les autorités scolaires ;

Chers membres de la communauté éducative (Enseignants, Parents, Opérateurs économiques, Elèves, etc) ;

Mmes et Mrs.

Ce jour, le monde célèbre la 25eédition de la Journée Mondiale des Enseignants sous le thème : « Le droit à l’Education, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié ». Permettez-nous tout d’abord d’aller aux origines de cette Journée pour comprendre de quoi il est question.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) a inauguré la Journée Mondiale des Enseignants en 1994 pour attirer l’attention de la communauté éducative sur les contributions et les réalisations des enseignants et pour mettre en lumière les préoccupations et les priorités des enseignants en matière d’éducation. Le jour choisi pour cette inauguration n’a pas été  un hasard de calendrier. En effet,  le 5 octobre 1966, une conférence intergouvernementale spéciale tenue à Paris,en France, a adopté la recommandation de l’UNESCO-OIT concernant le personnel enseignant. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une recommandation d’une organisation internationale spécialisée de l’Organisation des Nations Unies (ONU) donnait  aux enseignants du monde entier un instrument qui définit leurs responsabilités et affirme leurs droits professionnels. Par cet acte, les gouvernements du monde dont celui du Cameroun ont unanimement reconnu l’importance pour une société d’avoir des enseignants compétents, qualifiés et motivés.  En 1997, ce document fondamental fut d’ailleurs complété par la recommandation concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur.

Le 05 octobre est donc essentiellement une journée d’évaluation de la mise en œuvre de cette recommandation, ainsi que de l’évaluation des progrès accomplis dans l’application des avancées obtenues par les revendications professionnelles des enseignants. Evaluer dans le but d’apprécier le chemin parcouru et le chemin à parcourir afin que les enseignants soient véritablement compétents, qualifiés et motivés.Que demande concrètement cette recommandation en faveur des enseignants ?

            La recommandation de l’UNESCO-OIT du 05 octobre 1966 ainsi que celle de 1997 demandent que l’enseignant bénéficie d’une juste condition, à la mesure des besoins en matière d’éducation et que la profession enseignante soit entourée de la considération publique qu’elle mérite afin que l’enseignant se consacre pleinement à ses tâches professionnelles ;qu’on assure à l’enseignant et sa famille, un niveau de vie décent ; que la formation et l’emploi des enseignants soient clairement définis, ne donnent lieu à aucune forme de discrimination et aucune pénurie d’enseignants qualifiés ; que les organisations d’enseignants soient associées à l’élaboration de la politique scolaire ; que les établissements de formation des futurs enseignants, associés aux institutions scientifiques et culturelles, soient dotés des infrastructures de qualité pour la recherche et la formation pointues ; que les enseignants soient dotées des connaissances approfondies et des compétences particulières, acquises et entretenues au prix d’études rigoureuses et continues ; que les futurs enseignants bénéficient des bourses ou d’une aide financière leur permettant de suivre les cours de formation et de vivre décemment ; que dans la mesure du possible, les autorités compétentes s’efforcent à établir un système de formation gratuite ;  que les enseignants soient encouragés et soutenus à faire des voyages collectifs ou individuels dans leurs pays ou à l’étranger, en vue de leur propre perfectionnement ; que les enseignants soient régulièrement soumis à des examens médicaux périodiques et gratuits ; qu’étant particulièrement qualifiés pour juger des auxiliaires et des méthodes les mieux adaptés à leurs élèves, que ce soient eux qui jouent le rôle essentiel dans le choix et la mise au point du matériel d’enseignement, le choix des manuels et l’application des méthodes pédagogiques ; que les effectifs des classes permettent à l’enseignant de donner à chaque élève une attention particulière ; que les congés des enseignants soient payés.

En plus de ces recommandations, l’UNESCO demande que les enseignants des régions éloignées des centres urbains bénéficient des logements décents pour eux et leur famille, des indemnités spéciales et des facilités de voyages particulières afin de leur permettre de maintenir le niveau de leur compétence professionnelle ; que la structure des traitements des enseignants, fondée sur des critères objectifs, soit établie de manière à éviter toute injustice et toute anomalie risquant des frictions entre les différents groupes d’enseignants.

Mmes et Mrs

Il ressort à l’analyse que, mettre en œuvre toutes ces recommandations, c’est s’assurer que le personnel enseignant est qualifié pour donner une éducation de qualité.

A la lumière de ce qui précède et au regard de la réalité dans notre pays, force est de constater que le chemin qui reste à parcourir au Cameroun est encore très long. En d’autres termes, les enseignants au Cameroun ne bénéficient pas encore d’une juste condition de vie et de travail, ce qui a des conséquences néfastes sur leur niveau de motivation et la qualité de l’éducation. Le Chef de l’Etat lui-même, lors de son adresse à la Jeunesse  le 10 février 2013,  l’a reconnu en ces termes :

« Aux enseignants, je veux dire à nouveau mon estime et ma compréhension. Ils occupent une place centrale dans la formation de notre jeunesse. C’est pourquoi il est important qu’ils retrouvent le ‘‘feu sacré’’. Ceci pourrait être obtenu de deux façons : d’abord, ainsi que je l’avais dit l’an dernier à la même occasion, en engageant une réflexion d’ensemble sur l’avenir de notre système éducatif dont l’un des objectifs devrait être de réhabiliter la fonction enseignante ; ensuite en poursuivant le dialogue sur leurs conditions, y compris salariales. » Ces propos sont restés sans suites concrètes. En effet, Les négociations engagées depuis des années les cadres inter-ministériels (Commission Ad hoc et Comité interministériel) ne donnent pas des solutions satisfaisantes aux préoccupations fondamentales des enseignants. Les enseignants vacataires, les personnels d’Appui et les Maîtres des parents au MINEDUB, MINEFOP et MINESEC ne retrouvent  pas le « feu sacré » : sans statut, sans contrat, sans immatriculation à la sécurité sociale et avec une rémunération souvent inférieure au SMIG, qui ne couvre pas les douze mois de l’année. Les textes issus du dialogue entre les syndicats d’enseignants (rééchelonnement indiciaire, intégration des enseignants d’EPS dans le statut particulier des enseignants, revalorisation de la prime de documentation et de recherche), croupissent dans les tiroirs à la Présidence de la République.Le dossier « Forum national de l’Education », adopté depuis des années, qui devrait permettre une réflexion d’ensemble sur notre système éducatif et dont les travaux préparatoires sont achevés, dort dans un bureau à la primature faute d’un financement qui ne demande que quelques « maigres millions » de F CFA.

Pendant ce temps, la  liste des revendications des enseignants s’allonge de jour en jour. Les enseignants exigent :

  • L’application intégrale du Décret Présidentiel n°2000/359 du 05 décembre 2000 portant statut particulier des corps des fonctionnaires de l’Education Nationale ;
  • La signature des textes achevés et transmis au Président de la République ;
  • Le paiement de la bourse indiciaire aux étudiants des Ecoles Normales conformément au Décret présidentiel n°88 du 28 septembre 1988 portant organisation, régimes des études et statut de l’Ecole Normale Supérieure.
  • La prise en charge directe de tous les nouveaux lauréats des Ecoles Normales dès leur sortie des écoles ;
  • Le paiement total de tous les arriérés et éléments de salaire en instance à savoir :
    • Les rappels des 2/3 par ordre de promotions ;
    • Les rappels du 1/3 par ordre de promotions ;
    • Les rappels des indemnités de non logement par ordre de promotion;
    • Les rappels des primes d’évaluation et d’enseignements ;
    • L’automatisation des primes de sujétion des responsables nommés;
    • Le paiement de la prime relative à l’encadrement psychopédagogique et d’évaluation des Conseillers d’Orientation prévue par l’article 61 du statut des enseignants et par l’art n°07 du Décret présidentiel n°2002/40 du 04 février 2002 fixant les montants et les modalités de paiement des primes allouées aux personnels des corps de l’Education Nationale ;
    • Le paiement de la prime des Animateurs Pédagogiques (Bloquée depuis plus de 8 ans);
  • Le déblocage de tous les dossiers et actes d’intégration en souffrance dans les bureaux ;
  • Les effets financiers et rappels des avancements, véritable serpent de mer ;
  • La fin de l’accumulation des arrêtés d’avancement qui pour certains enseignants durent 8 ans et plus sans effet financier ;
  • L’automatisation des effets financiers des avancements après la signature des arrêtés y relatifs ;
  • La poursuite de l’intégration inconditionnelle dans la fonction publique de tous les enseignants (professeurs et instituteurs) contractuels ou contractualisés, ainsi que le recrutement de ceux encore en chômage.

Les enseignants sont contre le concours de recrutement de 1000 instituteurs en cours, lancé récemment par le Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. Il n’est pas juste de soumettre à un concours pour la troisième fois, des enseignants qui ont réussi au concours d’entrée à l’Ecole Normale, ainsi qu’à  leur examen de fin de formation. Doute-t-on de la qualité de leur formation ? Ils doivent simplement et purement être intégrés dans la fonction publique, par ordre de promotions et par ordre de mérite pour éviter la corruption.    

  • Des indemnités spéciales pour les enseignants éloignées des centres urbains et d’accès difficiles ;
  • La mise sur pied d’une procédure viable et transparente de traitement des dossiers d’intégration ;
  • Le paiement des frais de transport pour les congés annuels (bloqués depuis des décennies) ;
  • La conduite jusqu’à son terme du processus de mise en œuvre de la convention collective de l’enseignement privé ;
  • L’organisation du Forum National de l’Education dont l’urgence se fait de plus en sentir.

Mmes et Mrs

Le thème de cette année interpelle la communauté éducative internationale et nationale sur le droit à l’éducation de qualité. En effet, dans toutes les régions du Cameroun en général et dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en particulier, ce droit à l’éducation de qualité est problématique. De nombreux jeunes sont empêchés de bénéficier de ce droit fondamental, compromettant de ce fait leur avenir et celle d’une nation en quête de développement. Plongés dans l’angoisse du futur, l’insécurité sous plusieurs formes, les conditions de vie et de travail injustes, les enseignants doivent braver des obstacles multiples pour éduquer autant qu’ils peuvent les jeunes enfants. C’est le lieu ici de rendre un vibrant hommage aux enseignants qui ont perdu la vie ou qui ont été victimes de violence à des degrés divers dans les zones d’insécurité. A ces valeureux chevaliers de la craie, la patrie devra être reconnaissante. Et que dire du scandale du scandale du manuel scolaire cette année ? De son indisponibilité en passant par la dangerosité du contenu de certains d’entre eux, il y a péril sur le droit de l’éducation. Ce sont des situations inconfortables où la démotivation effrite inéluctablement la qualité de l’éducation.

Dans une telle situation, les syndicats d’enseignants du Cameroun demandent à tous les acteurs de la vie nationale de dépasser leurs intérêts particuliers et partisans, d’agir afin de sauver l’éducation et offrir, grâce des enseignants qualifiés,compétents et motivés une éducation de qualitéà la jeunesse camerounaise. Aux enseignants de tous les ordres et de tous les rangs, nous disons qu’un enseignant qualifié est aussi un enseignant qui prend en main son destin ! Engageons-nous maintenant à défendre notre profession ! Engageons-nous à défendre l’éducation de qualité ! Syndiquons-nous !

Vive la liberté syndicale

Vive le dialogue social

Vive l’éducation de qualité

Vive le Cameroun


le Syndicat des Enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA)

le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES).   

 le Syndicat National des Instituteur de la Base (SNIEB)

le Syndicat National des Travailleurs de l’Enseignement Privé du Cameroun (SYNTESPRIC)

DIGITALISATION DES PAIEMENTS AU MINESEC : Ces premiers Couacs qui font scandale

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Par ASSOAH ETOGA Roland, Rédacteur

 

En cette année scolaire 2018-2019 le Ministère des Enseignements Secondaires par le communiqué N° 71/18/MINESEC/CAB du 28 août 2018 informait la communauté éducative et le grand public en général que le paiement des frais exigibles et d’examen serait uniquement fait par l’intermédiaire de l’un de ses partenaires : CAMPOST, Orange Money, MTN Mobile Money et Express Union. Le but de cette manœuvre était, disait-on, de contrôler les effectifs, de mettre de l’ordre dans la gestion financière chaotique qui avait cours jusqu’ici dans les établissements scolaires. La pédagogie qui prévalait auprès des chefs d’établissements était de faire ouvrir le cas échéant, des comptes trésors dans lequel seraient virés les frais d’inscription des élèves, déduites des différentes quotes-parts régulièrement reversées au ministère pour des usages divers. L’opération malgré les critiques, s’est déroulée tant bien que mal, avec au passage une commission pour ces partenaires chiffrée à plusieurs centaines de millions. Les chefs d’établissements se sont conformés à la décision de la hiérarchie même si celle-ci viole le décret N°2001/041 sur les attributions des agents financiers, et se sont mis dans l’attende du reversement desdits frais dans leurs comptes trésors pour assurer le fonctionnement de leurs établissements. Aujourd’hui encore, ils sont dans l’attente de ce reversement qui tarde toujours à s’opérer, et qui paralyse les établissements et dans la volée, le volet pédagogique.

Nous sommes au terme de la première séquence, et dans certains établissements l’heure est à l’improvisation et à la précarité, à un retour à l’âge de pierre. Les enseignants, les élèves et les parents ne savent pas vraiment comment faire pour s’en sortir et mener à bien les évaluations. Certains chefs d’établissements nous rapportent qu’il y a une incompréhension généralisée autour du reversement des frais dans leurs comptes. Les fonctionnaires des finances disent ne pas avoir reçus des instructions relatives à ces comptes. Ils n’ont pas d’informations à propos. C’est ainsi que des informations recueillies sur le terrain, on assiste à des pratiques d’un autre siècle : les chefs d’établissements faisant recours aux APEE pour avoir de la craie et du petit matériel, modifiant par là même leurs projets et leurs programmations budgétaires ; des enseignants qui demandent aux élèves de cotiser pour multiplier les épreuves, en parfaite violation des instructions contenus dans la circulaire N°21/11/C/MINESEC/CAB du 27 Juin 2011 ; les enseignants qui recopient les longs devoirs remplis de schémas complexes au tableau ; les censeurs qui impriment les devoirs sur des papiers brouillons, et la liste est loin d’être exhaustive. Comment, dans ces conditions, les travaux pratiques vont-ils se dérouler dans l’enseignement technique et professionnel ? Les TP dans les disciplines scientifiques ? Quelles acquisitions pour les bibliothèques, pour les pharmacies et autres besoins ? Quelle place pour le matériel didactique ? En attendant c’est l’école qui en prend un coup, les évaluations ne sont plus objectives, les cours selon le modèle de l’APC ne sont plus dispensés faute de matériel didactique.

Si la situation perdure, le pire est à venir, les projets d’APEE de certains établissements seront profondément modifiés, les vacataires risquent par conséquent de cesser le travail par défaut de salaire, les travaux pratiques ne se feront pas régulièrement et la professionnalisation des enseignements est entrain de prendre un coup dans les lycées techniques.

Nous souhaitons vivement que les ministères responsables de ce désordre, le MINESEC et le MINFI, se concertent pour lever cet imbroglio qui est de nature à réduire la portée des efforts consentis par les enseignants. Ce désordre n’est pas en faveur de conditions idéales pour une école de qualité. Nous invitons le gouvernement à traiter ce problème avec diligence et sérieux. Ce n’est pas avec l’éducation qu’il faut s’amuser, il y va de l’avenir de notre nation.

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