ENSEIGNEMENTS SECONDAIRES : Du cash au digital

0
1341

Dès septembre 2018, élèves et parents passent au paiement digital.

Ce vendredi 01 juin 2018, le Hilton de Yaoundé a été le cadre luxueux de la signature d’une convention de partenariat entre le MINESEC et les opérateurs camerounais de Mobile Money que sont la Campost, Express Union, MTN et Orange Cameroun. L’effet de cette convention sera dès septembre 2018 la digitalisation du paiement donc du recouvrement des frais exigibles et des frais de participation aux examens officiels pour l’ensemble des élèves des enseignements secondaires. Les contributions d’APEE ne sont donc pas concernées par cette opération.

En exigeant des démembrements déconcentrés des Enseignements secondaires de se connecter sur le réseau Internet, Mme Nalova Lyonga dès son arrivée avait déjà annoncé la couleur. Le lancement de la digitalisation des paiements des différents frais exigibles traduit ainsi sa volonté de continuer à tracer en l’élargissant ce sillon.

En première analyse, on peut dire que si parier contre l’innovation est toujours risqué, ce risque serait encore plus grand aujourd’hui alors que la monnaie électronique est en passe de remplacer dans les porte-monnaie les espèces sonnantes et trébuchantes, et l’a déjà fait dans certains pays européens. C’est donc en principe un pari pris sur l’avenir, et une mise forcée des acteurs de la communauté éducative du secondaire à l’école du digital. Cela permettra-t-il accessoirement d’atteindre des objectifs de plus grande transparence dans la gestion des effectifs et du pécule de l’éducation ? Cela ne pourrait qu’impacter positivement le management des structures dont les responsables sont souvent à la fois victimes et bourreaux de l’opacité qui en entoure la gestion quotidienne des ressources. Cela pourrait aussi améliorer la planification centrale et nationale de l’éducation, et donc son développement. Mme Lyonga semble déterminée à imposer plus de transparence aux Enseignements secondaires, et conséquemment plus de propreté, affirme-t-elle. C’est ce qu’elle désigne par le slogan « Clean schools ». Elle veut si l’on peut dire nettoyer la morve des Enseignements secondaires ? Tant mieux ! Il n’y a donc sur le principe aucun obstacle à ce que les syndicats aient un droit de regard sur ce grand ménage qu’elle entend mener dans ce département ministériel généralement assez réticent à impliquer ces électrons libres, trop libres au goût de certains, dans leurs délicates petites opérations. Elle semble pourtant avoir pris du retard sur cet aspect du programme. Mais elle commence à peine et il est possible que des ajustements se fassent.

Orange, MTN, Express Union et Campost seront-ils des partenaires fiables et leurs guichets et autres facilités ne vont-elles pas se transformer en goulots d’étranglements pour élèves et parents ? Il faut l’espérer. Si les recettes collectées par ces mousquetaires de la monnaie digitale sont en même temps d’accès illimité pour les chefs de structures et leurs agents financiers, alors Mme Nalova aura commencé à marquer de son empreinte les enseignements secondaires.

Par Roger KAFFO FOKOU