34.3 C
Yaounde
jeudi, décembre 26, 2024
Home Blog Page 12

Quand l’école devient dangereuse !

0

L’école est par essence un lieu sacré où élèves et enseignants se sentent ou devraient se sentir accueillis et protégés ; où les valeurs morales sociétales devraient frapper à l’œil au premier abord car c’est le moule de la société. C’est là que naissent et que sont façonnés les grands esprits qui bâtissent ou qui sont susceptibles de bâtir la société selon qu’ils y ont été bien encadrés ou pas. Il y a donc un lien intime entre l’école et la société. Lien dont le politique à la responsabilité mais aussi le droit d’entretenir dans le bon sens car l’inverse produirait à coup sûr le chaos.

Or l’école camerounaise depuis près d’une décennie s’enlise dans une vague  d’indiscipline, de désordre et de violence caractérisée par des élèves chaque jour un peu plus audacieux ; des enseignants qui cèdent à la frustration et à la peur ; une administration qui hésite et qui tâtonne et un Etat en manque de vrai repère. Mais ça, ce n’est peut-être pas le plus effrayant. Ce qui blesse, c’est l’avenir de l’école qui découle de toutes ces dérives. Un regard dans un avenir proche et surtout lointain de notre école donne froid dans le dos.

Quand on regarde nos jeunes apprenants se transformer en flâneurs, toxicomanes, agresseurs, pornographes, assassins par la magie d’un effet d’entrainement particulièrement nocif et d’une forme d’héroïsme foncièrement malsain ;

Quand on pense à la conséquence de la désinvolture totale d’une minorité d’élèves qui sape de manière profonde et définitive la qualité de l’éducation d’une majorité écrasante de notre jeunesse qui n’aspire qu’à passer par le moule de l’école pour devenir de véritables acteurs de production et de promotion  du développement ;

Quand on jette un coup d’œil dans le rétroviseur pour se rendre compte du degré effrayant de la détérioration de la qualité des enseignements en dix ans seulement ;

Quand on se projette sur ce que cette jeunesse produira comme type de société dans quinze à vingt ans, ça fait frémir, ça fait gémir, ça donne envie de crier mais surtout d’agir.

Le danger est tellement réel et imminent qu’il est presque impossible de faire autrement que d’agir pour stopper le saignement. Oui, notre école saigne et se meurt. Et nous avons le devoir, la responsabilité – en tant que personne, enseignant et syndicaliste – de penser notre stratégie et d’agir pour arrêter ou tout au moins freiner l’élan de la détérioration exponentielle que connait notre société.

Agir ! Oui ! Mais comment ?

Parmi les conventions fondamentales de l’OIT figure une qui traite expressément de violence et de harcèlement : c’est la convention N°190 adoptée en juin 2019. Commencez donc par vous imprégner objectivement de cet outil juridique. Sondez tous les angles de cette convention pour voir ce qu’elle a de bénéfique pour la société en général, le travailleur et l’enseignant en particulier. Puis, rejoignez-moi sur le site www.snaes.org pour un débat sérieux et une réflexion profonde sur les implications de cette convention. Je vous y attends !!!

 

NGAOUNDERE: la tournée de développement des capacités du leadership intermédiaire du SNAES dans le grand nord boucle sa première étape

1

Du 14 au 16 mai 2021, à l’hôtel Transcam de Ngaoundéré, s’est déroulé l’atelier de développement des capacités du leadership du SNAES dans la région de l’Adamaoua. Ont pris part à cet atelier une trentaine de camarades responsables des sections d’arrondissements (SA) et des sections départementales (SD) du SNAES dans la région. L’atelier s’est organisé avec l’appui de notre partenaire, la Fondation Friedrich Ebert et Stiftung du Cameroun et d’Afrique Centrale.

Au cours des trois journées qui ont été consacrées à cet atelier, les participants ont été familiarisés avec les outils idéologiques (1ère journée), les outils juridiques (2e journée) et les outils techniques (3e journée) de l’action syndicale.

Au rang des outils idéologiques, l’atelier a passé en revue l’histoire et l’évolution du mouvement syndical global depuis les hanses du XIe siècle en passant par les corporations et compagnonnages jusqu’à la naissance de l’internationale ouvrière au XIXe siècle. Il s’est aussi penché sur le concept de syndicalisme de développement pour examiner les meilleurs moyens de le mettre en œuvre sur le terrain, afin de toujours allier réclamations et revendications de meilleures conditions de vie et de travail à la promotion des obligations professionnelles orientée vers la production d’un citoyen de demain outillé pour être un véritable agent de développement.

Dans le processus d’examen des outils juridiques, l’atelier a passé en revue les conventions fondamentales et les conventions de gouvernance de l’OIT, ratifiées ou non, notamment les conventions 87 et 98, mais également les plus récentes comme la convention 190 sur la violence et le harcèlement au travail et sa recommandation 206.

Autour de la problématique de la ratification de la C190 par le Cameroun, un vif débat a surgi sur certaines dispositions de celle-ci, notamment celles concernant la distinction entre les notions de sexe (femme/homme) et de genre (féminin/masculin) qui constitue une nette évolution au regard de la déclaration de Philadelphie qui, elle, se limite au sexe, et de l’exigence de la prise en compte, de la protection et d’une certaine manière de la promotion du genre. La question du genre avec ses déclinaisons actuelles – celle-ci déborde le féminin et le masculin (conception de l’OMS) pour ouvrir sur les bisexuels, les transgenres, etc., même si la C190 n’est pas explicite sur ce point – a cristallisé les débats et suscité une courte présentation sollicitée et obtenue par M. Norman Taku, Responsable de programmes à la Fondation Friedrich Ebert de Yaoundé, sur la perception que les Africains ont du concept de genre et de la liaison de celui-ci à l’homosexualité et à la sodomie, perception qu’il estime dans sa présentation  fondée non sur la science mais sur les préjugés. Ce point de vue n’a pas convaincu grand monde parmi les participants et, s’il a ouvert un débat, il s’est surtout agi d’un débat tendu. Et les participants ont exigé que le SNAES se prononce officiellement sur la ratification de la C190 et sur la question de l’homosexualité.

Au chapitre des outils techniques, l’atelier a permis d’examiner les modes et processus d’organisation d’un syndicat, de son financement, de son fonctionnement optimal. L’atelier s’est achevé le dimanche 16 mai 2021 à 17h30 par la remise des certificats de participation et la prise des photos de famille.

La Rédaction

Au Sénégal, un traitement avec de l’hydroxychloroquine : “On ne suit pas aveuglément l’OMS”

0

Covid

Alors que l’OMS a déconseillé l’hydroxychloroquine comme traitement préventif de la maladie liée au Covid-19, le chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital de Fann à Dakar n’a jamais cessé de l’utiliser, en association avec une autre molécule : l’azithromycine. Pour “Marianne”, le chercheur dévoile les premiers résultats de son étude rétrospective.

En France, l’hydroxychloroquine (*) a été comme éclipsée depuis l’avis défavorable de l’OMS en octobre dernier pour son utilisation comme traitement pour les malades atteints du Covid-19. Malgré la mauvaise presse internationale, le Sénégal poursuit son traitement à base d’hydroxychloroquine, associé à une autre molécule : l’azithromycine. Une utilisation sans discontinuer depuis le 19 mars 2020 qui a permis au docteur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann à Dakar et professeur titulaire de la chaire d’infectiologie de l’université Cheikh Anta Diop, d’établir plusieurs analyses sur son efficacité au fil des mois.

Tout comme la dernière étude de l’OMS parue en octobre dernier, Moussa Seydi est arrivé à la conclusion que l’utilisation de l’hydroxychloroquine seule ne permettait pas d’avoir des effets sur l’état des malades. Au terme d’une étude menée sur près de 1 000 patients, l’infectiologue sénégalais assure néanmoins que l’association des deux molécules, azithromycine et hydroxychloroquine, est bénéfique pour soigner les malades dans un état peu sévère. Son étude, menée en étroite collaboration avec l’Institut Pasteur de Dakar et son directeur, le Dr Amadou Alpha Sall, vient d’être soumise pour une publication dans une revue scientifique.

Jusqu’ici, le Sénégal enregistre officiellement 39 664 contaminations et 1 087 décès depuis le début de la pandémie. Inspiré par les travaux de l’infectiologue marseillais, Didier Raoult, le docteur Moussa Seydi est devenu une référence en matière de lutte contre le coronavirus dans son pays. Entretien.

Marianne : Quelle est la situation épidémique au Sénégal ? L’état des hôpitaux ?

Moussa Seydi : On observe une baisse constante du nombre de nouveaux cas, du nombre cas graves ainsi que des décès. À l’hôpital Fann, où nous recevons le plus grand nombre de cas sévères, seule la moitié des lits réservés au Covid sont occupés.

Comment l’expliquer ?

C’est multifactoriel. D’après moi il y a des facteurs que l’on peut qualifier de certains, d’autres de probables et d’autres encore qui restent inconnus. D’abord, il est certain que le confinement, même s’il n’est pas très strict au Sénégal, ainsi que le début de la vaccination ont contribué à cette baisse. Nous avons vacciné en priorité les sujets les plus à risque, les personnes âgées et les personnes avec des comorbidités. Plus de 60 % des cas sont recensés à Dakar et à Thiès et c’est là où l’on vaccine. Aussi, probablement, que le facteur climatique joue dans cette baisse. Avec le froid qui s’en va et on constate que le nombre de cas diminue. Mais rien n’est sûr quant à cette théorie. C’est simplement une possibilité, peut-être conjuguée à autre chose. Pour les facteurs inconnus, on sait que toutes les épidémies suivent une évolution, que l’on fasse quelque chose ou pas.

Il y a un an, vous disiez auprès de Marianne observer de bons résultats avec la mise en place d’un traitement à l’hydroxychloroquine associé à l’azithromycine, inspiré de celui du Pr Raoult. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous continuons de l’utiliser. Depuis, et nous avons fait plusieurs analyses intermédiaires qui nous permettent de dire que ce traitement est bénéfique. La dernière que nous avons faite a porté sur pratiquement 1 000 patients. 926 pour être exacte. Dans ce contexte international où les avis et les résultats sur cette association divergent, il est très important pour nous de réaliser ces analyses intermédiaires par rapport à nos méthodes.

Je précise que nous avons choisi d’évaluer le statut clinique des patients au 15e jour, c’est-à-dire après deux semaines d’hospitalisation. Nous avons ensuite comparé le statut clinique des patients qui ont pris l’association hydroxychloroquine/azithromycine et les patients qui n’ont pas pris ce traitement. Nous avons constaté une proportion plus importante de patients qui sont sortis, soit guéris, parmi les patients qui ont pris le traitement.

“C’était une urgence, une question de santé publique. On ne pouvait pas rester sans rien faire.”

Nous avons fait ce que l’on appelle une analyse multivariée. Elle est préférable à l’analyse univariée. Je m’explique : si vous faites une analyse univariée en comparant des patients qui ont pris et d’autres qui n’ont pas pris le traitement, il se peut que les patients qui ont pris soient les moins sévèrement touchés. Or, on sait que le traitement fonctionne moins bien, voire pas, chez les patients gravement atteints. Selon comment vous tournez votre étude, vous pouvez dire que le traitement fonctionne très bien (si vous donnez l’association des deux molécules à des patients peu touchés). Ou bien, vous pouvez dire que ça ne marche pas du tout (si vous le donnez à des patients trop sévèrement atteints).

C’est pourquoi, pour éviter ce biais, nous avons choisi l’analyse multivariée qui fait que nous avons dans notre cohorte autant de malades sévères et moins sévères mais aussi des personnes non malades. À travers cette analyse multivariée, le résultat reste constant : l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour soigner est bénéfique.

Pouvez-vous rappeler ce qu’est le traitement à l’hydroxychloroquine ? Et pourquoi l’avez-vous choisi au départ ?

C’est un traitement utilisé contre le paludisme, mais en réalité c’est aussi une molécule qui a une bonne action dans le cadre d’autres pathologies chroniques comme le lupus. Je tiens par ailleurs à préciser que nous n’avons pas inventé ce traitement. Il est basé sur celui du professeur Didier Raoult. La seule chose que j’ai modifiée dans le traitement est la manière de donner l’azithromycine aux patients.

J’ai choisi au départ, en mars 2020, d’utiliser cette combinaison thérapeutique après lecture d’articles scientifiques sur l’effet de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine ainsi qu’après avoir étudié les analyses préliminaires du Professeur Raoult. Par ailleurs, ces molécules étaient connues en Afrique, pas très coûteuses et accessibles rapidement. C’était une urgence, une question de santé publique. On ne pouvait pas rester sans rien faire. Dès les premières études, nous avons remarqué que l’azithromycine associée à l’hydroxychloroquine faisait mieux que l’absence de traitement ou que l’hydroxychloroquine seule.

Vous savez, certains pays utilisent l’ivermectine (notamment en France, N.D.L.R.). Aux États-Unis, ils utilisent le Remdesivir. Mais aucun de ces traitements n’est actuellement validé par l’OMS. Chaque pays doit prendre ses propres décisions en attendant qu’un processus plus fluide et vérifié soit trouvé de façon plus globale.

En octobre dernier, l’OMS indiquait que le traitement à l’hydroxychloroquine apparaît comme “avoir peu ou pas d’effet sur les patients hospitalisés, que ce soit en termes de mortalité, de mise sous respirateur ou de durée d’hospitalisation”. L’institution va même jusqu’à déconseiller son utilisation. Une conclusion livrée au terme de six essais contrôlés et randomisés réunissant près de 6 000 participants. N’avez-vous pas l’impression d’être à contre-courant ?

L’OMS est une institution prestigieuse et respectable. Je ne fais pas partie de ceux qui lui jettent la pierre. Il se trouve que je suis un scientifique, et le scientifique n’a pas d’états d’âme. Il se base sur des faits et prend ses responsabilités. En faisant mon travail je trouve des résultats éloquents et ils comptent davantage que les recommandations de l’OMS.

“Je ne connais pas personnellement Didier Raoult. Mais je sais que c’est un grand scientifique.”

Par ailleurs, je voudrais préciser que je ne suis pas en contradiction avec l’OMS. Parce que dans son étude, l’OMS n’a étudié que la prise de l’hydroxychloroquine à une posologie inférieure (dosage et fréquence de prise d’un médicament) à celle que j’utilise. De plus, nous parlons de l’efficacité de l’association azithromycine/hydroxychloroquine, ce que l’OMS n’a jamais étudié. Moi-même, dans mes analyses rétrospectives, je dis que l’utilisation de l’hydroxychloroquine seule, je ne l’ai pas trouvé efficace.

Je crois que nous devons appréhender ce que dit l’OMS avec beaucoup de lucidité. Les scientifiques de l’OMS méritent qu’on leur fasse confiance mais on ne doit pas les suivre aveuglément. Il est arrivé qu’elle revienne sur des recommandations.

Observez-vous des effets secondaires cardiaques significativement plus fréquents chez les personnes ayant reçu le traitement ? C’est notamment ce que dit une analyse portant sur plus de 50 ans de données de la base de pharmacovigilance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), menée par des chercheurs français et américains.

On a constaté des effets secondaires, mais bénins, qui ont tous disparu sans qu’il y ait de traitement supplémentaire, notamment des diarrhées.

Je tiens tout de même à préciser que nous avons commencé une étude dans laquelle nous faisons un électrocardiogramme très poussé par rapport à ce que l’on fait actuellement. Cela va nous permettre d’insister sur les effets cardiovasculaires de cette association. On a eu à constater quelques cas de troubles du rythme cardiaque, qui ont cessé sans traitement, ainsi que quelques cas de palpitations cardiaques. Globalement le traitement est bien supporté.

Début avril, Didier Raoult était en visite au Sénégal, où le président Macky Sall lui a remis la haute distinction de “la dignité de commandeur dans l’ordre national du Lion”. Comment avez-vous accueilli cette visite ?

Je ne connais pas personnellement Didier Raoult. Mais je sais que c’est un grand scientifique, un grand infectiologue. Il a énormément apporté à l’infectiologie et au Sénégal. Nous n’avons pas pu nous rencontrer lorsqu’il est venu, par un concours de circonstances. Il mérite absolument la distinction que le chef de l’État lui a accordée. J’en suis très content.

Comment expliquer que l’utilisation de l’hydroxychloroquine soit moins controversée au Sénégal ? Et plus largement en Afrique puisque le Maroc, l’Algérie ou encore la Côte d’Ivoire l’utilisent toujours.

Je n’ai pas d’explications. Seulement au Sénégal, il y a deux choses à dire. La première du côté politique. Nous, scientifiques, ne sommes pas soumis à l’influence du politique. Le président nous donne entière liberté. Il nous écoute respectueusement et prend en considération ce que l’on dit.

“Si le monde entier trouve un résultat et que moi je trouve autre chose et que c’est convaincant, je ne vais pas arrêter pour autant.”

Vous pensez qu’il s’agit de l’inverse en France et plus largement en Occident ?

Je ne sais pas. Je parle de ce que je connais au Sénégal. Je ne peux pas commenter dans les autres pays car je ne connais pas leur réalité. Ce que je peux témoigner ici, c’est qu’au Sénégal, nous n’avons pas d’état d’âme par rapport aux résultats des études. Si le monde entier trouve un résultat et que moi je trouve autre chose et que c’est convaincant, je ne vais pas arrêter pour autant. Si demain, les études que l’on mène disent que cette association n’est pas efficace, alors on arrêtera. Autre fait, cette molécule est largement utilisée au Sénégal, les gens se posent donc moins de questions.

Plus récemment en France, un traitement à base d’Ivermectine (un antiparasitaire) connaît un regain d’intérêt. Qu’en pensez-vous ? L’utilisez-vous ?

Non, parce que malheureusement on n’a pas pu débuter d’étude par rapport à ce traitement. Mais on travaille avec des collègues français pour commencer des travaux justement. La prise de ce traitement est encore plus simple que l’association azithromycine/hydroxychloroquine. Ce serait idéal si cela marche puisque ce serait accessible au plus grand nombre. Mais je ne veux pas trop m’avancer car je ne travaille pas encore sur son efficacité. En outre, il faut souligner que la molécule n’est pas non plus reconnue par l’OMS.

Le Sénégal a débuté sa campagne de vaccination mi-février, principalement avec des doses d’AstraZeneca ainsi que du sérum chinois, Sinopharm. Le pays a-t-il suffisamment accès aux vaccins d’après vous ?

Non. Nous avons un nombre de doses bien faible par rapport à la demande, même s’il est à noter que nous avons eu la chance d’avoir démarré la vaccination tôt. C’est bien sûr une question de moyens. Toutefois, je crois que la solidarité internationale seule ne pourra pas suffire pour garantir le nombre de vaccins dont on a besoin. Il est évident que nous devons mettre des moyens pour acheter des vaccins par nous-mêmes, ce que le Sénégal a commencé à faire.

En juillet 2020, l’OMS a suivi le Comité directeur international de l’essai clinique Solidarity d’interrompre les volets d’un essai destinés à tester l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir. Les résultats provisoires ont montré « que l’hydroxychloroquine et le lopinavir/ritonavir n’entraînent que peu ou pas de réduction de la mortalité des patients atteints de COVID-19 hospitalisés, par comparaison aux soins standard », écrit l’OMS dans son communiqué.

 

VIOLENCE, STUPEFIANTS, PORNOGRAPHIE A L’ECOLE: qu’est-ce qui a manqué et que penser de la gestion actuelle?

0

Depuis quelques années, nous égrenons comme un chapelet maléfique la liste des maux qui accablent chaque jour un peu plus le milieu scolaire. Et cette liste ne cesse de s’allonger en même temps que les incidents qui s’y rapportent se généralisent : un proviseur assassiné à Foumban ; un surveillant général dans le coma à Foumbot, le crâne presque fendu à la machette ; un enseignant poignardé à mort à Yaoundé Nkolbissong ; un élève assassiné à Douala Deido ; un lycée incendié dans l’extrême-nord, etc., et chaque fois par des élèves ! Nos établissements scolaires sont devenus des hauts-lieux du crime ordinaire d’abord, puis progressivement du crime organisé : le trafic et la consommation de stupéfiants s’y installe, et les élèves ont leurs réseaux de dealers qui couvrent des villes entières, supervisés par des caïds aussi durs que ceux des films américains. La pornographie fait les choux gras de la presse ces derniers temps à cause de Kribi, mais elle n’est ni nouvelle, ni localisée, de même que la pédophilie dont on parle moins alors qu’elle est déjà une plaie purulente.

En face, étonnement d’abord, culpabilité à peine avouée ensuite, impuissance plus ou moins déguisée enfin. Ceux qui ont en charge l’éducation de la jeunesse ont du mal à regarder l’opinion et à se regarder. Sous nos yeux, l’espace scolaire est devenu une véritable déchetterie. Et ce n’est qu’à ce moment qu’on s’en émeut. L’étape suivante, qui est déjà là, est celle de la peur, qui peut devenir terreur. Parlant de son fils Néron dans Britannicus de Racine, Agrippine dit cette phrase magnifique : « S’il cesse d’avoir peur de moi, je devrai bientôt avoir peur de lui. » Ces enfants qui commencent à ne plus avoir peur de nous, nous devrions bientôt avoir peur d’eux. Est-ce cela que nous voulons ? Que nous avons voulu ? Sinon, qu’est-ce qui a manqué ? D’autre part, sommes-nous en train de gérer cette situation nouvelle efficacement ?

  1.   Ce qui a manqué ou foiré dans la mise en musique de l’éducation

Pour identifier ce qui a manqué, il faut caractériser pour bien les comprendre l’éducation et l’école. Eduquer, c’est orienter, donner une direction. Autrefois, en tout cas jusqu’au XIXe siècle, c’était élever, c’est-à-dire donner de la hauteur, de la dignité, du raffinement par la culture, de la majesté. « On ne naît pas homme, on le devient. », disait Erasme comme Tertullien avant lui. Eduquer, c’est donc élever un « petit animal » au rang d’humain, c’est humaniser. Comment s’y prendre efficacement ? Donnons la parole à Thycidide dans La Guerre du Péloponèse : « N’imaginez pas qu’un être humain puisse être très différent d’un autre. La vérité, c’est que l’avantage reste à celui qui a été formé à la plus rude école. » Qu’est-ce que c’est qu’une rude école ? On peut se risquer à la définir comme une école de la discipline. Pourquoi ?

Jusqu’au XVIIe siècle, le mot discipline désignait encore un instrument de châtiment : un fouet. On donnait ou se donnait la discipline, en d’autres termes, on donnait le fouet ou se fouettait. Puis discipline a désigné une direction morale, une influence. On pouvait alors être sous la discipline de quelqu’un. Ainsi, les diverses branches de la connaissance sont devenues des disciplines, chacune avec des règles strictes qu’il ne faut pas transgresser. Dans ce cadre disciplinaire-là, l’enseignant est devenu le maître, celui qui, grâce à la maîtrise d’une discipline donnée, peut influencer positivement l’élève, c’est-à-dire le discipliner.

Le problème de notre école, c’est qu’on s’y trompe depuis toujours sur le statut des acteurs. Ainsi, le maître de la discipline, le « discipline master » comme on l’appelle, y est le surveillant général, qui, curieusement, n’a pas de disciple à influencer. La plupart du temps, il n’est que le bourreau, le garde-prisonnier, au sens le moins péjoratif possible. Et l’importance disproportionnée accordé à ce personnage explique pourquoi nos établissements scolaires sont en train de devenir des prisons de haute sécurité : hauts murs d’enceinte hérissés de tessons ou barbelés, caméras de surveillance, pléthore de surveillants généraux et de surveillants de secteurs.

Parallèlement à l’hypertrophie de la fonction de surveillance, une hypotrophie de celle de discipline véritable s’est installée. L’enseignant véritable doit être maître d’une discipline, au point de l’incarner aux yeux de ses disciples. C’est dans ce sens qu’on dit que l’on n’enseigne pas ce qu’on sait, mais ce que l’on est. Depuis des lustres, non seulement on ne s’est plus assuré que seuls les meilleurs d’une discipline deviennent des enseignants, mais en plus on s’est ingénié à faire entrer dans le corps un maximum de gens qui ne maîtrisent rien, par népotisme, corruption, tribalisme, régionalisme mal compris… des candidats aux rabais à qui l’on donne des formations initiales au rabais et presque pas de formations continues. Puis on a fini par franchir le pas : désormais, n’importe qui peut enseigner et ce sont les parents qui recrutent et paient.

Dans cet univers scolaire où les véritables maîtres de la discipline sont devenus rares, les nouveaux maîtres s’en sortent-ils ? Pas du tout, et pour cause. Toute une législation a été mise en place pour leur ligoter les mains : plus de châtiments corporels, humiliants, plus de ci, plus de ça… La judiciarisation de l’espace scolaire suit de près celle de l’espace social. Et là, c’est le parent qui est en cause. Il n’est pas seulement en train de cesser d’être le partenaire/l’adjuvant de l’école, il en devient peu à peu l’hypothèque. Vous n’avez pas le droit de fouiller un enfant sans mandat, de confisquer un outil fût-il dangereux (pour le corps ou la morale), sans vous exposer à un éventuel procès intenté par le parent, un procès que vous avez plus de chance de perdre que de gagner. Et voilà comment, l’impunité s’installant, le disciple d’hier est en train de devenir aujourd’hui le maître, non pas de la discipline, mais de l’indiscipline.

2.   Que penser de la gestion actuelle de l’indiscipline scolaire

Aujourd’hui, face à la recrudescence d’une indiscipline de plus en plus violente et perverse, on sensibilise, on punit les cas les plus graves, c’est-à-dire ceux qui font du bruit, qui font irruption dans l’espace médiatique, et par là, troublent les bonnes consciences. On va peut-être augmenter les effectifs de la surveillance, construire des murs là où il n’y en a pas encore. On va certainement renforcer l’arsenal disciplinaire et le durcir un peu plus.

On continue ainsi à regarder du côté où l’on a chuté, refusant de considérer le lieu de la glissade. C’est une gestion court-termiste dont l’impact sera forcément limité. Ces mesures ne sont pas mauvaises en elles-mêmes : elles sont surtout insuffisantes à produire l’effet souhaité. Il y a des choses fondamentales à remettre en place, même si cela doit prendre du temps : le rétablissement de l’autorité disciplinaire légitime de l’enseignant, et la révision de la législation qui prévaut aujourd’hui en milieu scolaire. Enfin, peut-être faudrait-il commencer à songer à une école des parents, ou à défaut, à une législation de la parentalité responsable.

L’enseignant doit retrouver son autorité auprès de ses disciples. Comme l’écrit Franck Ferrand, « Quelles que soient les références retenues, l’autorité est décrite comme une relation entre des parties d’inégal statut ». L’étymologie latine « auctoritas » renvoie à garantie, exemple, modèle, influence, qui impose la confiance. Elle fonde l’autorité sur l’aptitude à incarner un archétype (exemple) et à inspirer confiance. On est dans le schéma de l’autorité charismatique de Max Weber qui dans le cas de l’enseignant doit être une autorité morale et intellectuelle. Il faut donc revoir tout le processus par lequel l’on devient enseignant, et progressivement mais fermement refaire de ce corps ce qu’il n’aurait jamais cessé d’être : un corps d’élite.

L’autorité rationnelle légitime à l’école doit également être restaurée. L’école n’est pas un camp de vacances et une législation appropriée et non inopportune doit y permettre de discipliner les apprenants sans encourir à chaque action des risques judiciaires. Il ne s’agit pas de retourner aux excès d’une certaine époque, mais de trouver un véritable compromis qui permet d’éviter le laxisme et l’impuissance qui découlent de la législation et des pratiques actuelles.

Enfin, le parent d’enfant doit s’impliquer ou être impliqué dans l’acte d’éducation, et cesser de considérer l’école comme un débarras. S’il n’est pas aisé de mettre en place une école des parents, il peut être plus facile d’établir une législation de la parentalité responsable qui soit suffisamment contraignante pour amener le parent à assumer ses responsabilités d’éducateur pour ses enfants. En cas de défaillance avérée, il y aurait des moyens légaux de le sanctionner.

Conclusion

L’indiscipline à l’école n’est pas un phénomène nouveau ni une fatalité, mais elle s’amplifie et se radicalise. Elle emprunte aussi de nouvelles formes, s’organise de plus en plus, et pourrait échapper à tout contrôle à terme. C’est la conséquence d’une dérive qui a vu le véritable maître de la discipline, l’enseignant, relégué au second plan, et la fonction de répression, la surveillance, propulsée au premier plan. Mais il ne s’est agi que d’une pseudo fonction de surveillance puisque toute une législation, mise en place, garantit la quasi impunité à la plupart des délinquants scolaires. Pour que la terreur qui se profile à l’horizon ne se matérialise pas, et que l’éducation vraie, celle qui discipline, reprenne ses droits, il faut au moins remplir une triple condition : restaurer l’autorité de l’enseignant, revoir la législation applicable à l’école, et établir un code de la parentalité responsable.

 

COURS EN LIGNE : UN COUT QUI PEUT ALLER DE 40 000FCFA A PLUS DE 472000 FCFA PAR FAMILLE…!

0

Les cours en ligne ont un coût qui peut aller à plus de 472000 FCFA par famille…!

En effet, n’oublions pas de dire aux parents d’utiliser des forfaits conséquents pour les études de leurs enfants.

Sur zoom, il faut un débit moyen de 1,5 Mbps ou plus. Pour une Heure de cours prévoir entre 0,5 Go et 1,62 Go. Si vous avez en moyenne 4 enfants (taux de natalité au Cameroun 4,5+) pour deux heures d’étude chacun par jour, il faut prévoir un débit de 6Mbps (3G+) et un volume entre 4Go et 13 Go par jour. Les forfaits internet disponibles qui répondent à cette consommation sont:

MTN : 49 500 FCFA pour 4 Go par jour pendant 30 jours avec le forfait giga data et 207 360 FCFA pour 13Go par jour pendant 30 jours avec le forfait streaming. Orange: 50 400 FCFA pour 4 Go par jour pendant 30 jours avec le forfait giga et 236 000 pour 13 Go par jour pendant 30 jours avec le forfait one shot d’Orange. Camtel : 20 000 FCFA pour 4,5 Go par jour pendant 30 jours et 60 000 FCFA pour 13,5 Go par jour pendant 30 jours avec le forfait Fako XL. Pour ce qui est de YouTube, (ressources en ligne du MINESEC) Prévoir un peu moins.

Les parents doivent donc prévoir une bourse allant de 40 000 FCFA s’ils ont le réseau camtel 3G+ à 472 000 FCFA s’ils choisissent le forfait one shot d’Orange. Il faut dire que même si les parents ont le réseau disponible, l’addition sera salée avec ces cours en ligne. À ceci s’ajoutent les frais des terminaux : tablettes et PC. Sans réseau 3G+ toutes ces dépenses ne serviraient à rien. A bon entendeur salut !

ASSOAH E. Roland

Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN (PASEC): Quel est l’Etat des lieux en 2019?

0

 

La présente évaluation, dénommée « PASEC2019 », correspond au deuxième cycle d’évaluations internationales du PASEC. Cette évaluation s’illustre d’abord par l’évolution du nombre de pays qui est passé de 10 à 14. En effet, outre les 10 pays de 2014, se sont ajoutés quatre autres pays : Gabon, Guinée, Madagascar et République Démocratique du Congo. L’évaluation PASEC2019 est ensuite marquée par une innovation à travers l’intégration d’une enquête sur les connaissances disciplinaires et professionnelles en langue d’enseignement et mathématiques des enseignants* du primaire. Les constations issues de cette enquête sont présentés dans l’optique de contribuer à l’élaboration de programmes ciblés de formations initiale et continue des enseignants du primaire en vue d’améliorer, à terme, la qualité des acquis scolaires. Téléchargez le document intégral de cette évaluation et lisez-le (Cf. pdf)

E-COMMERCE À L’OMC : L’ÉTAU SE RESSERRE SUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

0

Cédric Leterme

Lancées officiellement en janvier 2019, les négociations controversées sur l’e-commerce à l’OMC continuent d’avancer, malgré la pandémie. En décembre 2020, les négociateurs se sont mis d’accord sur un texte consolidé dont le contenu a fuité. Celui-ci confirme les craintes initiales : les pays du Sud ont beaucoup à perdre et pas grand-chose à gagner dans la poursuite de ces négociations.

Alors que l’OMC vient d’élire sa première femme et la première africaine au poste de directeur général [1], beaucoup d’observateurs insistent sur l’ampleur et la diversité des défis qui l’attendent. Parmi ceux-ci, les négociations controversées sur l’e-commerce [2] – lancées officiellement en janvier 2019 en marge du Forum économique mondial de Davos par un groupe de septante-six pays (rejoints depuis lors par une dizaine d’États supplémentaires) – figurent en bonne place.

Ces négociations portent en effet sur la régulation d’une économie et de technologies numériques devenues encore plus centrales dans nos existences à la faveur de la pandémie. Et à mesure que les enjeux croissent, les risques augmentent également, en particulier pour les États et les populations les plus marginalisés.

ABSENCE DE BASE JURIDIQUE

Rappelons d’abord que l’existence même de ces négociations continue de poser problème d’un point de vue juridique, puisque normalement, toute nouvelle négociation à l’OMC doit bénéficier de l’accord de l’ensemble de ses 164 États membres. Or, ce n’est pas le cas de cette « initiative stratégique conjointe » sur l’e-commerce, à laquelle continuent de s’opposer des États comme l’Inde ou l’Afrique du Sud. Au total, ce sont ainsi septante-huit États membres de l’OMC – tous des pays en développement – qui refusent toujours de participer. Outre l’absence de base légale claire, c’est donc aussi, et surtout, la question de la légitimité de ces négociations qui est posée. D’autant plus qu’à l’inverse, c’est l’ensemble des pays développés qui participent et surtout qui tirent les discussions. Comme le rapporte notamment Rashmi Banga, de la CNUCED : « Sur les 43 pays en développement membres de [l’initiative], 30 pays n’ont soumis aucune proposition sur aucun des sujets de négociation » [3]

Cette situation se traduit par un contenu qui se révèle très largement défavorable aux pays du Sud, du moins à en juger par le texte consolidé sur lequel les négociateurs se sont mis d’accord en décembre dernier. Certes, ce texte ne fait pour l’heure que compiler les différentes propositions soumises par les participants, mais il permet de mesurer l’état d’avancement des discussions et surtout de situer le cadre dans lequel celles-ci s’inscrivent. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il pose plusieurs problèmes aux pays du Sud.

UNE PORTÉE CONSIDÉRABLE

Premier élément problématique, la portée même des négociations, dont on voit à nouveau qu’elles dépassent largement la simple régulation du e-commerce, pour englober l’économie numérique dans son ensemble. L’intitulé et le contenu mêmes des six sections qui composent le document permettent déjà de s’en rendre compte : « Favoriser le commerce électronique » (Enabling electronic commerce) ; « Ouverture et commerce électronique » (Openness and electronic commerce) ; « Confiance et commerce électronique » (Trust and electronic commerce) ; « Enjeux transversaux » (Cross-cutting issues) ; « Télécommunications » ; et « Accès aux marchés » (Market access).

Mais il faut également y ajouter le flou qui entoure des notions, pourtant centrales, comme les « produits numériques » ou encore les « transmissions électroniques ». La clause de non-discrimination dans le traitement des « produits numériques » (B.1. (1)), par exemple, n’a pas du tout la même portée selon que ces derniers sont considérés comme des biens ou des services [4]. Et de la même manière, l’enjeu de la suppression des droits de douane sur les « transmissions électroniques » (B.3.) n’est pas le même selon que l’on considère que ces transmissions incluent ou non le contenu qui est transmis. Dans ce second cas de figure (soutenu entre autres par le Japon, les États-Unis et l’Union européenne), les pertes pourraient en effet être colossales pour les pays du Sud à mesure que la numérisation concerne des pans croissants de l’économie.

DES OBLIGATIONS PROBLÉMATIQUES POUR LES PAYS DU SUD

Deuxième problème, l’immense majorité des propositions auraient pour conséquence d’imposer des obligations particulièrement lourdes pour les pays du Sud. D’abord, parce qu’elles les priveraient des marges de manœuvre politiques et réglementaires dont les pays industrialisés ont pourtant largement bénéficié pour développer leurs propres économie et industrie numériques. Comme l’explique à nouveau Banga : « Les pays en développement ont besoin d’au moins le même espace politique et réglementaire pour construire leur infrastructure numérique et leur économie numérique que celui dont disposaient les pays développés au début de leur progression numérique. À l’époque, les pays développés ont bénéficié de la souplesse nécessaire pour développer leur infrastructure de données, offrir des incitations à leurs jeunes entreprises numériques, stocker et traiter localement leurs données et inciter leurs entreprises à construire des centres de données »[5].

Or, toutes ces possibilités disparaîtraient ou se retrouveraient largement contraintes par les différentes propositions présentes dans le texte. Sur la question ultra-sensible de la libre circulation des données à travers les frontières (B.2. (1)), par exemple, une exception pourrait bien être prévue pour des mesures visant à atteindre des « objectifs légitimes de politique publique ». Toutefois, comme toujours à l’OMC, l’interprétation de cette exception risque d’être particulièrement restrictive, notamment parce que ces mesures ne devront pas être appliquées d’une manière « arbitraire ou conduisant à une discrimination injustifiable ou constituant une restriction déguisée au commerce », ou encore parce qu’elles ne pourront pas « imposer des restrictions au transfert d’informations supérieures à ce qui est nécessaire ou requis pour atteindre l’objectif de politique publique ».

DES AVANTAGES DISPROPORTIONNÉS POUR LES PAYS DU NORD

C’est d’autant plus problématique que les avantages liés à ces nouvelles obligations bénéficieraient de manière disproportionnée aux pays et aux entreprises numériques des pays les plus industrialisés. La protection des codes sources (C.3. (1)), par exemple, reviendrait à interdire les transferts de technologie en faveur des pays du Sud, alors même qu’il s’agit d’un outil crucial pour leur développement. De son côté, l’interdiction des mesures de localisation des données (B.2. (2) et (3)) bénéficierait inévitablement aux pays qui concentrent déjà, à l’heure actuelle, l’écrasante majorité des centres de données (data centers) sur leur propre sol [5]. Et la suppression des droits de douane sur les transmissions électroniques (B.3.), de même que les propositions en matière d’accès aux marchés (Section F), profiteront d’abord et avant tout aux pays qui sont des exportateurs nets des biens et services concernés, c’est-à-dire, une fois encore, les pays industrialisés.

Comble du cynisme, les rares dispositions qui pourraient bénéficier davantage aux pays du Sud ne sont même pas formulées en tant qu’engagement contraignant. C’est le cas, par exemple, des dispositions mises en avant par la Chine et l’Indonésie en matière d’assistance technique et de renforcement des capacités (capacity building) (D.3.), un domaine pourtant clé pour les pays dont le développement numérique est encore embryonnaire, ce qui pourrait notamment se traduire par des coûts de mise en conformité élevés. Or, ici, le texte se contente d’établir qu’une aide pourrait leur être accordée, selon le bon vouloir des autres États membres. Et de la même manière, alors qu’en matière d’accès aux marchés (Section F), les trois modes d’importation des services [6] dans lesquels les pays du nord sont des exportateurs nets doivent faire l’objet d’engagements contraignants, ce n’est pas le cas du 4e mode qui est pourtant traditionnellement un « intérêt offensif des pays en développement » [7]…

HYPOCRISIE DES GRANDES PUISSANCES NUMÉRIQUES

L’état actuel du texte en négociation confirme donc largement les craintes et les risques qui pèsent sur les pays du Sud dans ces discussions autour du « e-commerce ». Plus largement, il témoigne également de la schizophrénie (ou peut-être simplement de l’hypocrisie) qui caractérise les positions d’acteurs centraux comme les États-Unis, l’Union européenne, et même la Chine. Chacun d’entre eux s’est en effet illustré, ces derniers mois, par des initiatives visant à mieux encadrer le pouvoir démesuré des géants du numérique [8]. Or, les positions qu’ils défendent en parallèle dans le cadre de l’OMC vont très largement à l’encontre de cet objectif, notamment en ce qui concerne la capacité des pays du Sud à se protéger contre les dérives du secteur.

Le cas de la Chine est un peu particulier, puisqu’en tant que pays en développement au sein de l’OMC, et surtout en tant que promoteur de la « souveraineté numérique » [9], Pékin s’oppose aux propositions occidentales en matière de libre-circulation des données ou de protection des codes sources, par exemple. Les oppositions étaient d’ailleurs particulièrement tranchées avec l’administration Trump [10] et il faudra voir dans quelle mesure la nouvelle administration Biden permettra ou non de rapprocher les points de vue.

Mais en parallèle, la Chine est également devenue une puissance numérique de premier plan [11], qui n’hésite pas à mettre en avant ses propres intérêts dans ces négociations, y compris au détriment des pays du Sud. C’est ainsi, par exemple, que Pékin a soumis une proposition particulièrement inquiétante en matière de services de paiements électroniques (A.1. (5)) – un domaine dans lequel les entreprises numériques chinoises sont à la pointe. Celle-ci imposerait en effet aux États membres de traiter les entreprises de services de paiement électronique comme toute autre entreprise de services similaire, mais aussi de leur donner le droit d’établir ou d’étendre leur présence commerciale, y compris à travers des fusions et acquisitions. Concrètement, pour les nombreux pays du Sud qui ne disposent pas d’entreprises nationales dans ce secteur hautement sensible [12], cela impliquerait de voir leur capacité de régulation et d’encadrement de ces activités singulièrement limitée…

PROCHAINE ÉTAPE : LA MC12

Dans ce contexte, tous les regards se tournent maintenant vers la prochaine conférence ministérielle de l’OMC (MC12), initialement prévue en juin dernier à Astana, mais qui a dû être reportée en raison de la pandémie. Comme l’explique Banga, bien que ces négociations se poursuivent formellement en dehors du cadre de l’OMC, puisqu’elles ne font pas l’objet d’un mandat de négociations en bonne et due forme, « il pourrait y avoir des efforts visant à parachuter le résultat de ces négociations à l’OMC lors des réunions ministérielles ». Mais pour la chercheuse de l’ONU, cette perspective serait catastrophique pour les pays du Sud : « cela serait extrêmement préjudiciable aux intérêts des pays en développement, notamment en ce qui concerne leurs efforts d’industrialisation numérique. Ces règles s’accompagnent de coûts économiques et fiscaux élevés pour les pays en développement. Non seulement les pays en développement perdront des recettes tarifaires substantielles, mais ils devront également supporter des coûts élevés de mise en conformité avec ces règles, tout en faisant face à l’affaiblissement de la compétitivité commerciale dans leurs secteurs d’exportation traditionnels en raison de la numérisation croissante » [13].

VOIR EN LIGNE E-commerce à l’OMC : l’étau se resserre sur les pays en développement

NOTES

[1] À ce propos, lire : Leterme C. (2021), « Une Africaine à la tête de l’OMC : tout changer pour que rien ne change ? », CETRI : https://www.cetri.be/Une-Africaine-a-la-tete-de-l-OMC.

[2] Sur l’origine et les enjeux de ces négociations, lire : Leterme C. (2019), « Bataille autour des données numériques », Le Monde diplomatique, novembre 2019.

[3] Banga R. (2021), « Joint Statement Initiative on E-Commerce (JSI) : Economic and Fiscal Implications for the South », UNCTAD Research Paper, n°58, Février 2021.

[4] Les biens et les services font l’objet de deux accords différents au sein de l’OMC, et les pays en développement disposent notamment de plus de flexibilité dans leurs engagements en matière de libéralisation des services. Or, la numérisation brouille de plus en plus la frontière entre ces deux catégories (une montre connectée, par exemple, est à la fois un bien et un service). Les discussions sur l’e-commerce pourraient donc être une manière détournée de remettre en cause certains des rares acquis des pays en développement au sein de l’OMC.

[5] D’après les calculs de la CNUCED, 80% des centres de données sont aujourd’hui situés dans les pays développés, dont 40% sur le seul territoire des États-Unis… (Cf. CNUCED (2019), Rapport sur l’économie numérique 2019, Genève, CNUCED).

[6] Les engagements de libéralisation des services sont différents selon leur mode d’importation. Le mode 1 désigne les « fournitures transfrontières », le mode 2 la « consommation à l’étranger », le mode 3 la « présence commerciale » et le mode 4 le « mouvement temporaire de personnes physiques ».

[7] Banga (2021), « Joint Statement… », op. cit., p. 19.

[8] Aux États-Unis, on peut citer l’enquête récente du comité anti-trust du Congrès qui a appelé à envisager le démantèlement des monopoles numériques ou encore les procès historiques lancés contre Google et Facebook ; en Europe on peut citer les discussions en cours autour du « Digital Services Act » et du « Digital Markets Act ; et enfin, en Chine, les autorités ont également lancé des enquêtes anti-trust tout en annonçant un durcissement de la réglementation visant notamment des géants comme Alibaba ou Tencent.

[9] À ce propos, lire : Leterme C. (2021), « Vers un internet chinois en Afrique ? Pas si vite… », CETRI : https://www.cetri.be/Vers-un-Internet-chinois-en.

[10] À ce propos, lire : Leterme C. (2020), « Tik Tok ou l’escalade dans la « Guerre froide numérique » », CETRI : https://www.cetri.be/Tik-Tok-ou-l-escalade-dans-la.

[11] Sur l’essor chinois en général et sur ses conséquences pour les pays du Sud, lire : « Chine : l’autre superpuissance », Alternatives Sud, vol. XXVIII, n°1, 2021 (à paraître), Louvain-la-Neuve/Paris, CETRI/Syllepse.

[12] Tellement sensible que la Chine elle-même a décidé d’y mettre de l’ordre, en s’attaquant notamment à l’un des poids lourds du secteur, Ant Financial (une spin-off du groupe Alibaba), qu’elle accusait de mettre en péril la stabilité financière du pays…

[13] Banga (2021), « Joint Statement… », op. cit., p. 24.

Education à la citoyenneté et Education sociale et financière et entrepreneuriale

0

En partenariat, le SNAES et Zenü Network forment une cinquantaine d’enseignants des 10 départements du Centre

Au cours de deux ateliers organisés au Centre Jean XXIII de Yaoundé, le premier les 23, 24 et 25 février 2021, le second les 09, 10 et 11 mars 2021, Zenü Network et le SNAES, agissant en partenariat dans le cadre du programme CitizenSchool, ont formé une cinquantaine de superviseurs pour les clubs d’éducation sociale, financière et à l’entreprenariat et d’éducation citoyenne et à l’intégration nationale (CECIN-Aflateen) pour les collèges et lycées des 10 départements de la région du centre.

Ces formations ont permis de développer les capacités des enseignants d’abord dans la mise en œuvre de l’apprentissage centré sur l’apprenant, l’utilisation des méthodes d’apprentissage dynamique, tout un arsenal destiné à leur permettre de se sentir désormais à l’aise dans les approches par compétences (APC). Dans ce sens, ces formations constituent une contribution majeure de ces deux organisations dans la formation continue des enseignants du secondaire en vue de leur remise à niveau constant, leur arrimage aux nouvelles technologies de l’éducation. Au cours des trois dernières années, cette opération a permis de former près de 800 enseignants du secondaire dans 06 de nos régions sur 10.

En second lieu, ces formations abordent les activités susceptibles de permettre aux apprenants de développer des compétences de citoyenneté active et responsable, d’épargne et de dépense réfléchies, de planification et de budgétisation, d’élaboration et de réalisation de petites entreprises sociales ou financières.

Ce programme s’inscrit dans le cadre du partenariat signé en 2015 entre le MINESEC et Aflatoun international, une ONG basée à Amsterdam aux Pays-Bas, et qui contribue à la mise en œuvre de l’éducation sociale et financière dans plus de 120 pays dans le monde.

La Rédaction

BURKINA FASO : DE L’EDUCATION PRIVEE A LA PRIVATISATION DE L’EDUCATION

0

L’enseignement privé au Burkina est un partenaire incontournable de l’État burkinabé dans ses missions d’éducation et de formation. Depuis trois décennies, tous les niveaux de l’enseignement sont animés par des promoteurs privés : des personnes physiques, des confessions religieuses, des associations, des ONG (Organisations Non Gouvernementales). Tous ont un objectif : « apporter la culture à tous les enfants burkinabé» et tous se disant institutions à but non lucratif.
Mais le développement de l’enseignement privé burkinabé interpelle par son extrême propagation, la diversification de ses offres de formations et par ses pratiques cupides qui mettent à mal le système éducatif. En effet, certains acteurs font fi du cahier des charges et exercent dans une désinvolture totale. Le profit est le mot d’ordre des investisseurs de l’enseignement privé. (lire l’article très édifiant de Théodul Sankara)

Nous suivre

671FansLike
0FollowersFollow
0SubscribersSubscribe