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9e SESSION DU COMITE INTERMINISTERIEL SUR LES PREOCCUPATIONS DES ENSEIGNANTS : les travaux de terrain du forum national de l’éducation confiés aux syndicats

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Les travaux de la 9e session du Comité interministériel chargé d’examiner et de proposer des solutions aux préoccupations soulevées par les syndicats des enseignants se sont tenus ce mercredi 19 décembre 2018 sous la présidence de M. Jacques FAME NDONGO, ministre de l’enseignement supérieur qu’entouraient M. Zacharie PEREVET, ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, M. Boniface BAYAOLA, Secrétaire d’Etat auprès du MINESEC, le Conseiller Technique et un chargé des missions du Premier ministère, des représentants du MINEDUB, du MINFI, du MINFOPRA, du MINSEP, du MINTSS, du MINJEC, ainsi que les responsables des principaux syndicats des enseignants. L’ordre du jour portait essentiellement sur la mise en œuvre du Forum national de l’éducation, notamment la collecte des données y relatives en vue de l’organisation de l’événement au plan national : outils, méthodologie, équipes, chronogramme de collecte et séminaire d’imprégnation à organiser. Les divers documents relatifs à chacun de ces aspects ont été lus, analysés et adoptés.

Contrairement à ce qui avait été proposé antérieurement, la Primature a préféré faire confiance aux syndicats pour ce qui est de cette étape cruciale de collecte des données sur le terrain, un travail qui va conduire les équipes au plus près des parties prenantes toutes sensibilités comprises, dans toutes les régions, tous les départements et arrondissements du pays. Les informations recueillies à tous ces niveaux seront intégralement remontées au niveau national qui seul aura compétence pour discriminer. C’est dire que c’est important pour chaque maillon concerné de donner son avis sur toutes les questions qui concernent l’éducation, puisqu’il s’agit, dans les mois à venir, de dessiner le paysage que l’on souhaite donner à l’éducation dans notre pays pour les 50 prochaines années.

Les cahiers de collecte de données, comme l’on pourra s’en apercevoir sur le terrain, couvrent tous les ordres d’enseignement (public et privé), tous les types (professionnel, technique ou général),  tous les niveaux (préscolaire, primaire, secondaire, supérieur). Toutes les questions concernant l’éducation sont aussi concernées : questions de portée générale (vision, pertinence et efficacité du système, accès et équité, gouvernance et pilotage, place de la communauté éducative), Financement de l’éducation (Niveau d’infrastructure et d’équipement souhaité, gratuité de l’éducation, manuels scolaires, mécanismes et niveau de financement public, nouveaux mécanismes de financement), conditions de vie et de travail des enseignants (recrutement et formation initiale et continue, rémunération et compléments de rémunération, conditions ordinaires et exceptionnelles de travail, gestion des carrières, questions d’ordre social à incidence financière), questions spécifiques aux sous-systèmes anglophone et francophone (approche comparée, programmes de formation, filières classiques et innovantes, approches pédagogiques, système d’évaluation certificative, temps scolaire et activités d’épanouissement, orientation scolaire, formation professionnelle et apprentissage), questions liées aux textes (vides juridiques, obsolescence des textes, non application de textes existants).

A l’issue de la session, il a été adopté que la collecte, confiée aux syndicats d’enseignants, se fera sur une approche inclusive dans les 58 départements et les 336 arrondissements lors de la première moitié de l’année 2019.

La portée de ce travail pourrait toutefois être limitée par au moins deux facteurs : la modicité des moyens alloués aux syndicats pour couvrir chaque mètre carré du territoire national, les difficultés que ne manqueront pas de faire surgir les zones de guerre qui sont pour certaines encore extrêmement chaudes. Si ces deux handicaps sont bien pris en compte, nul doute que le succès qui serait alors attendu de cette étape permette de faire du forum en perspective une véritable plate forme pour penser et construire l’avenir du pays.

La Rédaction

Préscolaire au Cameroun, l’Ecole dite Maternelle en France va-t-elle enfin changer de nom au pays de Voltaire ?

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Article publié le jeudi 22 novembre 2018 sur UNSA Education

 

En fait, il y a belle lurette que le regard porté sur l’enseignement préscolaire a changé un peu partout, même si ici et là le nom a continué à faire de la résistance. Retour sur un événement mené par plusieurs organisations professionnelles, pour analyser, partager et entrer en prospective autour de l’école Maternelle. Le Forum de la Maternelle a tenu ses promesses en faisant échanger les acteurs éducatifs, notamment enseignant∙e∙s , ATSEM, formateurs, et en nourrissant leurs expériences des mots de la recherche. Il s’est achevé sur l’invitation à voter pour changer son nom.

Un samedi où se sont mobilisés ceux qui entendent prendre la parole, partager les réalités de leurs métiers au service de l’apprentissage dès la petite enfance. La journée s’est rythmée de conférences et d’ateliers de retours sur pratiques sur des thématiques de contenus d’apprentissages le matin, et de questions éducatives et transversales l’après-midi (coéducation et place des parents, coéducation et place des animateurs de périscolaires, projets culturels, …).

Chacun∙e a été invitée à inventer un nouveau nom pour cette école « Maternelle ». Au 21ème siècle et suivant l’évolution des rôles des pères et mères autour de l’enfant, pourquoi garder un archaïsme faisant croire que seules les femmes peuvent s’occuper des plus petits futurs citoyens ? Un symbole ? Certes ! Un combat anecdotique ? Pas tant que ça….Une idée de changement à faire infuser pour que ce symbole participe à la reconnaissance des professionnel∙les, femmes et hommes qui prennent très au sérieux cette école première en construisant des compétences professionnelles expertes et exigeantes. Et également pour que les enfants se construisent dès le plus jeune âge dans des groupes mixtes, encadrés par des équipes mixtes. Et enfin, pour que les jeunes enseignants stagiaires ou en début de carrière ne se sentent pas illégitimes, en tant que jeunes hommes,  à investir pleinement une mission d’enseignement dans une école de la petite enfance. Principe que l’on peut appliquer aussi, aux hommes qui choisissent le métier d’ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), qui bat des records de féminisation.

Palmarès de la votation en ligne :
1. Ecole préélémentaire
2. Ecole de la petite enfance
3. Ecole première

 

MINTSS : Les problèmes des enseignants au cœur de la 19e session du CCSDS

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Pour le compte de sa 19e session, le Comité de concertation et de suivi du dialogue social (CCSDS) s’est réuni au ministère du travail et de la sécurité sociale ce mercredi 12 décembre 2019 sous la présidence effective de M. Grégoire OWONA, responsable de ce département. L’ordre du jour a porté sur le suivi des résolutions de la dernière session et la scrutation du climat social.

Au-delà de la contestation du classement syndical sur la base des résultats de la dernière élection sociale qui a surtout préoccupé les syndicats des travailleurs, le SNAES a  rappelé que  la plate forme du CCSDS fait bien de donner un espace d’examen des problèmes des enseignants, mais y apporte peu de solutions au fil du temps. Ainsi le problème du travail non décent qui touche le tiers des personnels en service au MINESEC et au MINEDUB (personnels d’appoint, maîtres des parents, vacataires) est resté jusqu’ici sans suite. Il en est de même de celui du blocage de la signature de la convention collective des personnels de l’enseignement privé par les promoteurs de cet ordre d’enseignement. Représentant pas moins de 33% de l’ensemble de l’éducation, le secteur privé de l’éducation est ainsi devenu au fil des ans une zone de non droit où les promoteurs, en véritables capitalistes, pratique une loi d’airain du  travail, au mépris de toute les règles du travail décent et des conventions internationales ratifiées par le Cameroun.

Cette rentrée académique 2018-2019 est également fortement impactée par la gestion calamiteuse de la digitalisation des recouvrements des frais exigibles des élèves de l’enseignement secondaire public. Les principaux opérateurs partenaires du MINESEC dans le cadre de cette opération, MTN, Express Union, Campost et Orange Cameroun, reversent les ressources collectées dans la caisse unique du ministère des finances, dans des conditions assez floues qui font que depuis septembre, faute d’une clé de répartition desdits fonds, il a été impossible au MINFI de rétrocéder aux établissements l’argent auquel ces derniers ont droit. Il n’est pas impossible que pour la première fois depuis des années, les enseignants échappent au ridicule de la menue monnaie qu’on leur lance chaque fin de trimestre en guise de primes de rendement. Même quand lesdits fonds seront mandatés dans les comptes des établissements, il est à craindre que les décaissements ne soient pas des plus aisés. Déjà sur le terrain nombre de DDES et de chefs d’établissements se plaignent des difficultés auxquelles ils doivent faire face pour toucher les maigres sommes qui figurent aujourd’hui sur les cartés distribués aux établissements comme crédits de fonctionnement.

A côté de cela, il faut ajouter le dossier désormais brûlant de la confiscation des indemnités d’Animateur pédagogique (AP). Il faut se le rappeler, conformément au décret N°2012/267 du 11 juin 2012 portant organisation du Ministère des Enseignements Secondaires, les AP sont chefs de service adjoint de l’administration centrale. A ce titre, ils ont droit à un acte de nomination et à des indemnités correspondantes. Depuis près de 10 ans, ils n’ont reçu ni l’un ni l’autre. Au cours d’une réunion avec l’administration centrale du MINESEC, interpellés sur la question, ces messieurs/dames qui touchent pourtant leurs indemnités à eux ont estimé qu’un problème insoluble de procédure rendait impossible l’application d’un décret pour des collaborateurs qui, eux, se battent depuis des années pour assurer les délicates tâches de pédagogie sans lesquelles la haute administration serait condamnée à la cécité au plan pédagogique. Mais trop tirée, la corde, quelle que soit sa résistance, finit par casser.

Comme l’on peut s’en apercevoir, les germes du conflit s’amoncellent sur le terrain de l’éducation au fil des jours et des saisons.

La Rédaction

AFLATOUN-CAMEROUN : Atelier d’intégration de l’éducation sociale, financière et entrepreneuriale dans les curricula de l’enseignement secondaire général ce 10 et 11 décembre 2018 à Yaoundé

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Les lundi et mardi 10 et 11 décembre 2018 à Meumi Palace Hôtel à Bastos Yaoundé, dans le cadre de la convention de partenariat signée en 2015 entre le MINESEC et Aflatoun International, ONG basée à Amsterdam aux Pays-Bas, s’est tenu un atelier d’approfondissement du processus d’intégration des contenus d’éducation sociale et financière (ESFE) dans les curricula de l’enseignement secondaire général du Cameroun. En sa qualité de partenaire camerounais de mise en œuvre de ladite convention, le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES) a assuré le bon déroulement dudit atelier. Venus exprès d’Amsterdam, M. Hassan Mahtat, Chief of National Policies à Aflatoun International et Mohamadou Badiaga, Francophone Africa programme manager ont assuré la facilitation de l’atelier. Les ICG LALE, Sciences et Sciences Humaines ainsi que leurs chefs de sections y ont participé activement.

La première journée de l’atelier a consisté en une session d’orientation qui a permis de revoir les fondamentaux de l’ESFE tels qu’élaborés et mis en œuvre à travers le monde (plus de 110 pays sur tous les continents) par Aflatoun International : le programme avec ses éléments de base, les outils de la méthodologie centrée sur l’apprenant (APC en d’autres termes) et le réseau. La deuxième journée a permis aux experts de la pédagogie de travailler sur la matrice d’intégration (élaborée au cours d’un précédent atelier en 2016) et ainsi d’esquisser une première répartition des contenus dans les disciplines des trois inspections générales. Sur la base de cette esquisse, ils vont à présent élaborer un guide de l’enseignant sur lequel des équipes s’appuieront pour descendre dans les régions préparer les inspecteurs et les enseignants à introduire les jeunes du secondaire général à l’éducation sociale et financière, laquelle fait désormais partie comme on le sait des compétences dites du XXIe siècle inscrites dans les ODD en vue de l’agenda 2030 adopté à Inchéon.

Dans les mois qui suivent, un intense programme de formation et d’installation des clubs Aflateen à travers le pays va se dérouler. A termes, les jeunes Camerounais se verront dotés de compétences susceptibles de leur faciliter l’insertion dans le monde hyper financiarisé du XXIe.

La Rédaction

ENSEIGNEMENTS SECONDAIRES MENOUA : Le DDES Laurent KENFACK sur le terrain au Lycée bilingue de Dschang

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Deuxième à partir de la gauche, M. Kenfack Laurent, DDES/Menoua

Ce matin 06 décembre 2018, M. Laurent Kenfack, DDES de la Menoua accompagné de son équipe a fait une brève halte au Lycée Bilingue de Dschang. Dans la salle des professeurs de cet établissement devenu depuis quelques années (Depuis en fait le passage de Mme Mezazem Madeleine comme proviseur) un des établissements de référence du secondaire public, le DDES de la Menoua a réuni tous les personnels administratifs. L’atmosphère initialement circonspecte, en raison sans doute des interrogations des uns et des autres, s’est vite éclaircie lorsque M. Kenfack a pris la parole.

Dans le mot de circonstance qu’il a prononcé, le DDES/Menoua n’a eu en effet que du bien à dire de la qualité du travail par laquelle le Lycée bilingue de Dschang s’est fait connaître au cours des dix dernières années, se hissant au panthéon des meilleurs établissements de la région et du pays, en termes aussi bien de travail que de propreté. Félicitant les dites performances, le DDES de la Menoua a tenu à rappeler qu’il est plus facile d’arriver au sommet que de s’y maintenir. Non seulement le Lycée bilingue doit se battre pour se maintenir, a-t-il exhorté, mais il doit si possible améliorer ses marques, et pour cela, il recommande la synergie de tous les personnels, administratifs, techniques, enseignants, pour maintenir un campus discipliné, calme, silencieux. Il s’est surtout félicité d’avoir trouvé à son arrivée une situation exemplaire et a suggéré quelques pistes pour maintenir le cap. Ainsi, en dépit des effectifs difficiles en section anglophone pour les raisons bien connues de tous, de la pénurie des salles de classes pour manager les spécialités anglophones sans faire sortir les élèves des classes, conseille-t-il de tailler avec soin les emplois de temps, d’aménager des couloirs surveillés pour lutter contre le vadrouillage intempestif sur le campus. Concernant la discipline en général, le DDES/Menoua a rappelé que beaucoup de nos élèves sont devenus de grands délinquants et que cela doit être pris en considération dans l’élaboration et la gestion de la discipline. Des élèves de CONODIC (établissement privé catholique de la place), classe de première, sortis en catimini des cours, sont allés révèle-t-il, équipés de pinces-monseigneurs, scies et marteaux, braquer le domicile d’un chef d’établissement public du département et y sont tombés dans les filets des forces de maintien de l’ordre. Face à ce type de délinquance, M. Kenfack  a insisté sur la nécessité d’user de détecteurs de métaux aux entrées du lycée, de faire des descentes inopinées de contrôle systématique dans les salles de classe.

Prenant la parole après lui, M. Kamela le proviseur de céans a révélé que le programme esquissé par le DDES est déjà en application au sein de son lycée et qu’il va s’assurer qu’il soit maintenu et intensifié. La visite s’est achevée par de chaleureuses poignées de mains entre le DDES et ses collaborateurs de l’administration du Lycée bilingue de Dschang.

La Rédaction

INTERVIEW DU CAMARADE KAMDEM KAMDEM MARTIN, A snaes.org

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Entre 2004 et aujourd’hui le SNAES a traversé un très long désert et aurait pu mourir. Mais il y a eu des camarades et leurs équipes qui ont fait des sacrifices énormes pour garder le flambeau. L’un d’eux est le camarade KAMDEM KAMDEM MARTIN, ancien SR du SNAES pour le Nord-Ouest, qui a été une figure du rayonnement du SNAES dans une région où le syndicat avait du mal à se faire entendre. Nous lui avons tendu notre micro

Snaes.org: Bonjour camarade, et merci de te confier à notre site d’information. Pour commencer, peux-tu nous parler de toi ? Qui es-tu, tes parcours, tes préférences littéraires, musicales, politiques, philosophiques, idéologiques ? Comment tu te définis en tant qu’individu, etc.

Kamdem : Merci camarade de me faire cet honneur, être inviter à m’exprimer aux Camerounais en général et aux enseignants en particulier, par le site d’information du Snaes. C’est un exercice très difficile que de parler de soi-même. J’espère que vous ne serez pas déçus. Je suis de parents originaires de Batié, dans le département des Hauts-plateaux, Région de l’Ouest. Je suis né à Great-Soppo à Buea, Région du Sud-Ouest, il y a de cela 61 ans. J’ai fait mes études primaires à l’école francophone, au camp militaire de Buea. En 1971 je suis entré au Lycée Fédéral Bilingue de Molyko, à Buea. Ayant repris la classe de Terminale C, j’en suis reparti en 1979 nanti de ce que nous étions fiers de brandir, le Bacc. de NdamNjoya.J’ai poursuivi mes études à l’Université du Cameroun, c’était l’unique Université à l’époque. Y étant je me suis inscrit en faculté de science, au département de physique/chimie. Après une année dans cette faculté, j’ai réussi le concours d’entrée à l’école normale supérieure de Yaoundé, au département de Physique,chimie et technologie. C’est par un concours de circonstance que je devenu enseignant. En effet j’étais parmi la minorité à qui on avait refusé la bourse, à l’université de Yaoundé. J’ai été acteur  de théâtre du CM2 à l’obtention de mon baccalauréat. Sur le plan sportif, j’ai fait le football, le volleyball, le judo. J’ai été champion du Sud-Ouest dans ma catégorie en judo ; j’ai été le capitaine de l’équipe provinciale de volleyball, de 1976 à 1979. Pour ce qui est de mes préférences littéraires, je lisais tout ce qui me tombait entre les mains, beaucoup plus les œuvres littéraires et philosophiques que scientifiques. J’aimais surtout lire Jean Paul Sartre, Jean Baptiste Poquelin, Voltaire. Je parle pas des œuvres au programme. Mes préférences musicales : J’aime danser le rock and roll, le bikutsi, le makossa (particulièrement Nkotti François), j’aime écouter Eboa Lotin. J’aime danser du benskin, le bottle dance. Bref j’aime la musique camerounaise. Je n’ai jamais adhéré à un parti politique. En fait je suis un penseur libre, j’ai horreur d’être mené par le bout du nez, comme je l’observe souvent dans les partis politiques, les leaders ont tendance à se comporter en gourou.

Snaes.org :Est-ce qu’il y a des choses dans ton enfance, ton éducation, qui expliquent le parcours et les choix que tu as faitpar la suite ? Comment es-tu devenu l’homme que tu as été et que tu es aujourd’hui ?

Kamdem : J’ai perdu mes parents très tôt. En réalité je n’ai connu ni mon père, ni ma mère. J’ai été élevé par un cousin, réparateur de montre. Financièrement nous avions des difficultés énormes. Lorsque j’arrive en faculté en 1979, je savais que ma bourse devrait me permettre d’arrondir les angles. Malheureusement on ne m’en a pas donné. Ne pouvant pas tenir à Yaoundé sans argent, je mangeais grâce à un camarade de classe qui m’achetait chaque mois, un carnet de billets de restaurant, 10 billets à consommer en un mois, à raison d’un repas tous les trois jours. C’est ainsi que j’ai trouvé que faire l’entrée à l’ENS était une opportunité à saisir, parce que la bourse y était automatique. Voilà comment je me suis retrouvé dans l’enseignement.

Snaes.org : Quand et comment découvres-tu le syndicalisme et qu’est-ce qui te décide à t’y jeter ?

Kamdem : A force de lecture, j’ai aimé la lutte pour la justice. C’est ainsi que étant vice-président de la coopérative scolaire au lycée, j’ai organisé ma première grève, pour réclamer que l’administration du lycée remette à la coopérative le million de francs que nous avons gagné, pour l’agriculture, 1er prix Amadou Ahidjo. Comme conséquence ils m’ont refusé le poste de maitre d’internat l’année d’après. Mais j’étais satisfait d’avoir obtenu ce que nous revendiquions. Lorsqu’en 1979 on nous refuse la bourse à l’université sans raison, je prends la tête d’un groupe d’étudiants pour aller rencontrer le vice-ministre de l’éducation nationale, Mme Djema, qui était en charge de la bourse scolaire. A la fin des discussions, tous les étudiants qui étaient avec moi ont reçu chacun une bourse, moi le porte-parole, je n’en ai pas eu. Mais j’étais heureux d’avoir été utile aux autres. A l’ENS j’étais le porte-parole de mon pavillon et de l’équipe de volleyball, quand j’en étais le capitaine .Je peux donc dire que je forgeais ainsi mon chemin vers la lutte, sans le savoir. Lorsqu’en 1990 on lance le SNAES, je trouve là l’occasion de servir mon corps de métier. J’y adhère mais reste assez loin de ceux qui prenaient les décisions. Je n’étais pas souvent d’accord avec leurs méthodes que je trouvais trop radicales.

Snaes.org : Parles-nous de ce moment-là, celui de la découverte du syndicalisme : comment est-il à l’époque ? Qui en sont les acteurs ? Comment est-il perçu par l’opinion ?

Kamdem : Nos dirigeants syndicaux maitrisaient bien le sujet de lutte, ils savaient pourquoi il fallait se battre, ils parlaient avec autorité, ils faisaient peur aux autorités administratifs. Très souvent les collègues qui n’adhéraient pas étaient  traités de tous les noms d’oiseaux. Cette manière de gérer le syndicat amenait les autorités à trouver en ces dirigeants de syndicat, des menaces pour leur pouvoir. D’où leur réaction souvent violentes, démesurées. On assiste à des affectations punitives ou disciplinaires, initiées par les chefs d’établissement ou des délégués. Les enseignants qui avaient adhéré spontanément prennent peur et se retirent progressivement. Les grèves illimitées n’ont pas arrangé les choses, encore moins les suspensions de salaires.

Snaes.org : Qu’est-ce qui à ton avis, caractérise profondément notre société au moment où surgit le syndicalisme dans l’univers de l’éducation ?

Kamdem : Le syndicalisme dans l’univers de l’éducation au début des années 90 est caractérisé par les nouvelles lois sur la liberté d’association et surtout par le mal vivre qui découle des coupes « sauvages » opérées sur le salaire des agents publics. Les enseignants ont là l’occasion de s’exprimer sans risque de se retrouver derrière les barreaux. Mais on se heurte au vieux réflexe des préfets et sous-préfets formés à la vieille école, celle de la répression. Beaucoup de chefs d’établissements scolaires qui n’avaient aucune notion du syndicalisme ont pensé que les syndicalistes étaient des enseignants opposés à leur pouvoir. C’est ainsi que certains se sont constitués en associations, genre « college of principals », pour mieux se défendre contre ces « fauteurs de troubles ». Au moins à 95% les enseignants trouvaient en ces syndicats le seul moyen de pression pour avoir un salaire juste. A chaque réunion syndicale, nous faisions foule.

Snaes.org : Avec le recul, comment évalues-tu le syndicalisme de cette époque-là ? Quels étaient les qualités et les défauts ?

Kamdem : Je pense sincèrement que la formation nous a fait défaut. Nous nous sommes réveillés un matin et on s’est découvert syndicaliste, et même leader. Beaucoup de nos dirigeants ont pensé que dans l’établissement d’attache, ils étaient des super chefs d’établissement. La pensée unique que nous avions tous héritée de la période post indépendance leur faisait croire que tous devraient leur être soumis. Certains pensaient que dans leur établissement d’attache, tous les enseignants leur devaient obéissance. Ils ne comprenaient pas que l’adhésion à une association, fut-elle un syndicat était volontaire. Des enseignants qui observaient un mot d’ordre de grève lancé par un syndicat étaient menacés. Des enseignants ont pris peur. Lorsque le SNAES a mis sur pied la SOCRAIE, beaucoup ont trouvé là un moyen de joindre les deux bouts, financièrement parlant. L’échec de la SOCRAIE, due à la mauvaise gestion, a ruiné les épargnants, et fait pensé que les syndicalistes étaient tout, sauf de bons exemples à suivre.

Snaes.org : Au plan des résultats, quels ont été selon toi les résultats du syndicalisme enseignant à ses débuts, en fait au début des années 1990 ?

Kamdem : Le syndicalisme enseignant a montré aux yeux des Camerounais que des gens d’idéologies différentes, parce que le syndicat puisait dans des partis politiques qui n’avaient pas toujours la même idéologie, pouvaient taire un instant leurs divergences politiques pour un intérêt commun, le bien être de l’enseignement. Les premiers leaders n’étaient pas cupides. On a vu les membres du SNAES se mobiliser pour soutenir leurs dirigeants, après que leur salaire ait été suspendu, pour casser la grève. On a vu les leaders, sans moyen financier faire le tour du pays pour sensibiliser les enseignants sur la chose syndicale. A chaque étape ont voyait les enseignants se mobiliser, afin de leur trouver couchettes ou repas. Contrairement à ce qu’on peut penser, nous avons fait bouger les lignes au ministère de l’éducation nationale. Même si le statut particulier des enseignants n’a pas été ce que nous voulions, il faut féliciter le syndicat d’en être l’initiateur. Les affectations disciplinaires et suspensions de salaires, dont les membres du SNAES ont été victimes, ont poussé le SNAES par la chambre administrative de la cour suprême pour faire annuler ces décisions. La présence de représentants des enseignants dans des commissions, telles que le recrutement, la gestion de l’établissement, est un des fruits de la lutte syndicale des années.

Snaes.org : Le syndicalisme enseignant a ensuite connu bien des déboires. Quels en ont été les principaux d’après toi ? Quelles ont été les responsabilités des uns et des autres dans ces déboires selon toi ?

Kamdem : Je louais plus haut le fait que l’on trouvait à l’intérieur d’un même syndicat des membres venant de partis politiques qui n’avaient pas toujours la même idéologie. C’était du feu qui couvait sous la cendre. Plus tard les partis politiques ont voulu utiliser leurs membres « infiltrés » dans le syndicat pour le contrôler. Ce fut une lutte qui a fortement fragilisé le syndicat. L’Etat en suspendant les salaires des dirigeants, en nommant certains à des postes de responsabilité, savait très bien que devrait affaiblir le syndicat. Un dirigeant sans moyen financier, pour gérer son foyer, incapable de survenir au besoin d’un parent malade, était assez vulnérable, et facilement prenable. Un enseignant leader syndical, chef d’établissement ne pouvait pas fermer les portes de son établissement pour faire suivre un mot d’ordre de grève, quand bien même il serait un des signataires. Quelque dirigeant syndical était un « trop » proche du ministre, pour pouvoir agir librement. En Camerounais, nous avons bien manipulé la corde tribale. Un camarade a-t-il perdu les élections que l’on trouve comme excuse que son adversaire, n’a été élu que par les camarades de la même tribu que lui. Tout ceci et bien d’autres ont fragilisé le syndicalisme enseignant, ont créé des blessures profondes qui persistent. Il s’en est suivi des éclatements dans des syndicats.

Snaes.org : A quel moment précis, selon toi se situe le point de rupture à partir duquel la courbe s’est inversée, le moment de l’entrée dans le désert? Aurait-il pu en être autrement ?

Kamdem : Je crois que la suspension des salaires au moment où tous les Camerounais tirent le diable par la queue, avec la double coupe de salaire, suivie de la dévaluation du franc CFA, a été ce moment fatidique. Si l’Etat avait accepté la retenue à la base pour financer les syndicats, telle que proposée par les syndicats, les effets n’auraient pas été les mêmes. Si le syndicat avait les moyens financiers pour venir en aide à tous ceux qui avaient été victimes de suspension, le combat aurait pris une autre tournure.

Snaes.org : L’opinion n’a pas les mots assez durs pour parler du syndicalisme aujourd’hui. C’était peut-être d’ailleurs aussi le cas hier, même si dans une mesure différente. Qu’en penses-tu personnellement ?

Kamdem : il faut reconnaitre qu’en Afrique en général et au Cameroun particulièrement, nous n’avons pas la culture syndicale. C’est le colon qui est venu en Afrique avec la notion d’entreprise, le berceau du syndicalisme. Mais en même temps ces capitalistes beaucoup plus enclin au gain n’acceptaient pas la contestation, d’où la répression sauvage des années 1950, avec les premières velléités syndicalistes. C’est à nous enseignants d’amener, progressivement et avec du tact, la masse à comprendre le bien fondé du syndicalisme. Ceci nécessite du temps et nous devons être patients. En adhérant au syndicat mon souhait était d’en récolter les fruits. Mais je savais que je pourrais ne jamais récolter les fruits, mais je serais très heureux dans ma tombe en voyant que d’autres après moi en ont bénéficiés. Ne soyons pas de ceux qui ne plantent jamais les fruitiers parce qu’ils n’espèrent pas en consommer avant leur mort. Même si d’autres ne le voient pas, moi je suis très content de voir le vent de liberté qui souffle sur notre pays, le Cameroun. Le syndicalisme camerounais a de beaux jours devant lui, que les camarades ne se découragent pas. C’est encore très tôt de croire que ton voisin qui a son enfant au secondaire va se montrer solidaire d’un enseignant du secondaire qui a séché les cours pour un mieux-être. Un jour il comprendra, comme ce secrétaire général de la province du Nord-Ouest dont je préfère taire le nom, qui me disait un jour, « M. Kamdem, vous ne pouvez pas savoir combien nous sommes contents de vous, dans votre combat. Nous regrettons de ne pouvoir faire comme vous, nous avons les mains liées. Mais nous savons que si vous avez gain de cause, tout le monde va en profiter ». Je me suis senti très heureux de comprendre que parmi ceux qui nous combattent officiellement, il y en a qui nous soutiennent en secret. Une autre anecdote, c’est la rencontre avec un préfet d’alors, de la Mézam. Il me dit « au lieu de perdre ton temps à te battre comme Don Quichotte contre les moulins à vent, pourquoi ne pas rentrer dans une ONG. Ça paie et c’est moins risquant. Je peux toujours t’en trouver si tu n’en connais pas ». Je lui ai dit, merci, mais je me plais dans cette lutte. Croyez-moi, il fut très déçu.

Snaes.org : Aujourd’hui les enseignants préfèrent les associations aux syndicats. Cette attitude s’explique-t-elle et se justifie-t-elle à tes yeux ?

Kamdem : Ceci s’explique par le fait que les enseignants veulent un gain immédiat. Ils courent après les tontines, les repas copieux en fin de réunion. Pour des enseignants c’est inadmissible. Nous devons nous battre pour le long terme. Certes le salaire est très bas, au vu des prix des denrées sur nos marchés. Un enseignant à Yaoundé ou à Douala pour ne prendre que ces cas-là, a de la peine à se loger. Comment peut-il donner une bonne éducation à sa progéniture, comment peut-il bien se nourrir, et bonjour les maladies. A-t-il seulement le moyen de se soigner ? Certes on pense les associations peuvent nous sortir de là, que non. Nous devons nous battre plutôt dans les syndicats. C’est là que nous devons obtenir le relèvement de la valeur indiciaire. On se bat pour que l’enseignant de A2 ne plafonne plus là où il est aujourd’hui.

Snaes.org : Les syndicats d’enseignants se sont jusqu’ici tenus très loin de la politique : est-ce un choix raisonné ou contraint ? Personnellement, que leur conseillerais-tu ?

Kamdem : L’Homme est essentiellement politique. On ne peut pas fuir la politique. Notre instinct de survie nous oblige à faire de la politique. Si vous ne faites pas de la politique, elle vous fait. Le fait de faire des observations sur ce que d’autres font, c’est faire de la politique. Lorsque votre enfant vous dit « papa, l’argent de poche que tu me donnes ne résout plus mes besoins », il est en train de faire de la politique. Lorsque vous dites à votre conjoint, nous devons, compte tenu de la conjoncture revoir ce que nous donnons à nos parents en fin de mois. Vous êtes en train de faire de la politique. On peut la faire sans adhérer à un parti politique. On n’est pas obligé d’être membre d’un parti politique pour exprimer ses convictions. Les syndicats ont des voix à vendre aux politiques. Un parti politique qui croit à ce que nous revendiquons, peut se rapprocher de nous pour dire, vous voter pour nous et en cas de victoire, nous vous donnons ce que vous voulez. C’est un problème d’alliance. En son temps, le SNAES a essayé de noué une alliance avec quelque parti. Il faut continuer. Mais toutes propositions doivent être étudiées pour éviter des dérives.

Snaes.org : Parles-nous de ton action personnelle dans le syndicat : qu’est-ce que tu considères comme tes contributions essentielles, celles que tu regardes avec fierté quand tu scrutes le rétroviseur ? As-tu des regrets et si oui lesquels ?

Kamdem : J’ai toujours considéré le SNAES comme une équipe de football ou de volleyball. On pratique là des sports collectifs. Celui qui marque le but doit savoir que c’est le résultat d’un jeu collectif. Je ne crois pas avoir fait dans le SNAES quelque chose d’exceptionnelle, je suis très fier de tous ceux qui ont travaillé avec moi dans le Nord-Ouest en général, et dans la Mézam en particulier. Ce fut et c’est encore une zone très difficile, mais nous n’avons pas baissé les bras. Je reste à la disposition de ces jeunes qui ont pris la relève. La seule chose que nous pouvons nous vanter d’avoir, n’en déplaise à une minorité, conduit avec succès les élections à la cité verte, qui avaient fait du camarade Kamdem Jean, le secrétaire général du SNAES. Beaucoup venaient ce jour-là assister à l’inhumation du SNAES. Malheureusement pour eux et heureusement pour le SNAES, le Seigneur était avec nous.

Des regrets, oui j’en ai : Tous ces camarades qui nous ont quittés, soit pour l’outre-tombe, soit pour d’autres syndicats. C’était le grand SNAES dans lequel nous formions une véritable famille. Aussi n’avons-nous pas amené les enseignantes à comprendre que le syndicalisme n’est pas une affaire des hommes seuls mais de tous enseignants, hommes et femmes confondus.

Snaes.org : Quel est selon toi l’avenir du syndicalisme dans l’enseignement au Cameroun ? As-tu des conseils pour les générations actuelles et de demain ?

Kamdem : Ensemble nous vaincrons, mais divisés nous partons perdant. Depuis le début de la crise dite anglophone, le syndicat est divisé. Nous ne regardons plus dans la même direction. A qui profite cette division ? Surtout pas aux enseignants. Depuis le début des négociations, on dit qu’on négocie avec les syndicats anglophones, comme si y avait un employeur pour les enseignants Anglophones, différent de celui qui emploie les enseignants Francophones. On nous taxe de syndicats francophone, raison pour laquelle nous ne sommes jamais invités aux négociations. Vivement que les choses reviennent à la normale pour que nous continuons à travailler pour l’ENSEIGNANT CAMEROUNAIS. La lutte du SNAES pour une bonne éducation du sous-système anglophone, ne date pas d’aujourd’hui. Peut-être que si l’on avait accepté et mis en place ce que le SNAES avait proposé lors d’un colloque organisé par le Messager dans un hôtel à Yaoundé, dont je préfère taire le nom, on n’aurait pas ce que nous vivons aujourd’hui, dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Nous avons contribué à notre manière à la nature bilingue de notre pays. Nous avons veillé à ce que tous nos textes soient dans les deux langues officielles. Tout n’a certes pas été parfait, travaillons pour parfaire les choses. Enseignants vous êtes la lumière du pays, si vous vous éclipsez, imaginez la suite. Une victoire appelle à plus d’engagement, sinon on vous arrache même le peu que vous avez reçu.

Et si on vous disait que grâce au combat mené par le SNAES, que votre salaire a connu le peu de relèvement que nous avons aujourd’hui. Le croirez-vous ? Et pourtant c’est vrai. Battez-vous pour maintenir ce que vous avez, à défaut d’avoir mieux.

 

 

FORMATION EN LEADERSHIP : la Fondation Friedrich Ebert au plus près des jeunes Camerounais 

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La troisième vague des bénéficiaires du programme des jeunes leaders de la Fondation Friedrich Ebert et Stiftung du  Cameroun et d’Afrique Centrale a reçu ses certificats au cours d’une cérémonie solennelle organisée ce vendredi 30 novembre 2018 au siège de la fondation à Bastos Yaoundé. Se côtoyaient dans ce groupe, filles comme garçons venant des diverses régions du Cameroun mais non sur la base d’un quelconque équilibre régional, les jeunes des parties politiques, des syndicats et d’autres types d’associations de la société civile camerounaise. Pour leur sélection, a insisté M. Gabriel Ngwe le responsable du programme à la Fondation, seul le mérite a été pris en compte. Le SNAES comptait dans cette promotion trois représentants : les camarades NGO MAM Esther, KABONG NONO Martial et Leonel TAGNE.

Avec la remise des précieux parchemins attestant que les récipiendaires ont effectivement suivi avec assiduité le programme, huit présentations sur divers aspects de la formation dispensée ont permis aux leaders en herbe de rivaliser de savoir-faire devant un public sélectionné de leaders confirmés. A l’ouverture comme à la clôture de l’événement, M. Gabriel Ngwe, responsable de ce programme et représentant circonstanciellement M. Friedrich Stermose, Représentant Résident de la fondation en déplacement, a mis l’accent sur la volonté de la Friedrich Ebert de contribuer ainsi à la construction de la démocratie camerounaise. Il a exhorté les jeunes leaders nouvellement formés à mettre en application ce qu’ils ont appris d’une part pour que cela ne disparaisse pas tout simplement, d’autre part pour transformer positivement la société autour d’eux.

La Rédaction

Battez-vous pour maintenir ce que vous avez, à défaut d’avoir mieux.

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Battez-vous pour maintenir ce que vous avez, à défaut d’avoir mieux.

LES COMPÉTENCES : qu’est-ce que c’est, à quoi ça sert, et peut-on les évaluer ?

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Par Roger Kaffo Fokou

 « Monsieur Einstein, croyez-vous en Dieu ? ». Voilà la question-colle qu’un journaliste un tantinet facétieux aurait posé un jour au célèbre physicien de la relativité. « Dites-moi ce que vous appelez Dieu, et je vous dirai si j’y crois », aurait réagi le génie de la science. S’entendre donc au préalable sur les termes du sujet, avant d’en débattre ; ou encore sur la destination avant de se mettre en route ; tel est en effet le B-A BA de la méthode scientifique que rappelait indirectement Einstein. L’introduction dans l’enseignement secondaire camerounais de l’Approche par compétences (APC) s’est faite presque en violation de celle-ci. Ce n’est qu’a posteriori que la difficulté méthodologique fondamentale est en effet apparue à chacun : comment opérationnaliser une approche quelle qu’elle soit sans au préalable s’être entendus sur la définition du concept qui en est le cœur ? Voici donc une tâche urgente à laquelle il faut s’atteler sans plus tarder pour ce qui est de l’APC, mieux vaut tard que jamais.

Concept sorti tout droit du monde de l’entreprise et du travail, « compétence » est passé au monde scolaire par le biais de la formation initiale et continue. C’est une notion très instable, même si elle n’est pas nouvelle en pédagogie. Pour le système judiciaire, la compétence est la capacité ou l’habilitation légale à juger d’une affaire : celle-ci peut être matérielle ou territoriale, et est une condition d’ordre public de la saisine ou de l’auto saisine ou non d’une juridiction. Dans le monde du travail, la compétence s’oppose souvent à la notion de qualification prise au sens de diplôme : on n’a pas toujours besoin d’être qualifié(e) au sens de diplômé(e) pour être compétent(e), comme l’on n’a pas toujours la compétence que suppose le diplôme que l’on brandit. En linguistique, Chomsky définit la compétence par opposition à la performance :

« Nous établissions une distinction fondamentale entre la compétence (la connaissance que le locuteur-auditeur a de sa langue dans des situations concrètes) et la performance (l’emploi effectif de la langue dans les situations concrètes) ».

En narratologie, ce concept renvoie à la capacité à effectuer une tâche particulière et dans ce sens, se trouve en amont de la performance (le faire) et se décompose en devoir-faire, vouloir-faire, savoir-faire et pouvoir-faire (voir Greimas). En pédagogie, la compétence est censée permettre de mobiliser des connaissances pour agir dans des situations concrètes diverses, complexes et imprévisibles : on parle d’agir compétent.

Afin qu’il n’y ait plus d’ambiguïté sur le sujet, et puisque l’exemple, dit-on, vaut mieux que la leçon, l’Union Européenne a cru bon sortir une liste des compétences clés à acquérir tout au long de la vie, cette expression terminale traduisant à la fois une référence et un alignement sur les objectifs de développement durable, notamment l’ODD4. Il s’agit de :

  • Communication dans la langue maternelle
  • Communication en langues étrangères
  • Compétences mathématiques et compétences de base en sciences et technologies
  • Compétence numérique
  • Apprendre à apprendre
  • Compétences sociales et civiques
  • Esprit d’initiative et d’entreprise
  • Sensibilité et expression culturelles

Cette liste, contestée en Europe-même par de nombreux spécialistes de l’éducation, pose le problème de son appropriation sans bénéfice d’inventaire pour des espaces tiers comme le nôtre. Si nous devons nous prononcer valablement sur la nécessité ou non d’embrasser ce nouvel outil pour le mettre au service de l’éducation de nos enfants de façon responsable, la moindre des choses consiste au moins à nous assurer qu’il ne s’agit pas d’un objet abstrait non identifié, qu’il peut effectivement délivrer, enfin que nous connaissons les problèmes qu’il est susceptible de soulever et avons les moyens de les anticiper.

Nous avons dit qu’en pédagogie, on définit souvent une compétence, entre autres, comme une capacité. Les deux concepts ne se superposent pourtant pas. La notion de capacité est généralement constitutive de compétence, et l’inverse n’est point vrai. Pour Cardinet (1988), « une capacité est une visée de formation générale, commune à plusieurs situations ; une compétence, au contraire, est une visée de formation globale, qui met en jeu plusieurs capacités dans une même situation. » Meirieu (1988) semble du même avis puisque pour lui, une compétence combine plusieurs capacités dans une situation donnée. Le critère le plus net de distinction entre ces deux notions est cependant celui d’activité : contrairement à la capacité qui peut rester abstraite et se résumer à un savoir, un savoir-être, un savoir-faire isolé, la compétence combine savoir, savoir-faire et savoir-être pour permettre à un individu d’exercer, dans une situation de vie donnée, une activité considérée comme étant complexe. Ainsi, prononcer un discours en public (anniversaire, promotion ou autres) nécessite une compétence qui intègre des savoirs précis (grammaire, vocabulaire, rhétorique des genres…) des savoir-faire (mobilisation des savoirs précédents pour produire un texte approprié à une situation précise, diction, gestuelle…), et des savoir-être tout aussi précis (sang-froid, politesse, élégance, sensibilité, attention, écoute…). Certaines compétences sont dites générales, d’autres spécifiques.

Les compétences générales sont aussi appelées transversales. Elles indiqueraient un type d’action mais pas les objets sur lesquels porterait l’opération. Il en est ainsi de la compétence d’émettre une hypothèse : elle s’applique à tous les domaines de la vie et de la science, mais est-ce de manière identique ? C’est à voir. Les compétences spécifiques quant à elles indiqueraient non seulement les objets sur lesquels porte l’opération mais aussi sur quoi porterait l’opération elle-même. Ainsi, mesurer une longueur, connaître les droits de l’enfant, maîtriser le code de la route renvoient-ils à des compétences spécifiques. Les choses ne sont pourtant pas aussi simples qu’elles le paraissent. Selon les spécialistes, il existe 3 types de compétences spécifiques. Le premier type est constitué de celles qui ne sont pas vraiment des compétences mais des connaissances : connaître ses droits et ses devoirs de citoyen, connaître le processus de distillation d’un produit donné… Le second type renvoie aux procédures basiques ou actes intellectuels auxquels l’on peut s’entraîner avec succès : savoir utiliser un dictionnaire, savoir calculer mentalement, diviser ou multiplier des fractions… Le troisième type est constitué des compétences complexes qui exigent la mobilisation des connaissances et des procédures de base (Sandrine Charrier, 2011). Celles-ci nécessitent l’usage d’un discernement particulier, d’où l’utilisation lorsqu’il s’agit d’elles des expressions « à bon escient », « d’une manière pertinente », etc., qui font référence à la mise en œuvre de l’esprit critique en vue de sélectionner parmi les connaissances (type 1) et les procédures (type 2) que l’on maîtrise celles qui conviennent, puis de les combiner intelligemment pour résoudre un problème donné, accomplir une tâche précise.

C’est donc au niveau de ces compétences spécifiques de type 3 que se joue la sélection scolaire. Quand on arrive effectivement à aider l’apprenant à se construire ces compétences de type 3, on obtient quelqu’un qui peut accomplir un ensemble de tâches complexes et diverses, une fois mis en situation professionnelle. Aussi efficace soit-elle, cette pédagogie de la tâche débouche cependant sur un appauvrissement des contenus des programmes scolaires, donc des produits issus de cette école-là.

Faire un procès à l’APC sur la base de sa préférence pour les savoir-faire et les savoir-être sur les savoirs peut sembler relever de la mauvaise foi. C’est pourquoi il est utile d’emblée de lever une telle équivoque. L’APC développe un schéma dans lequel les savoirs occupent une place apparemment confortable. Ce sont en effet des connaissances qui sont mobilisées et associées à des savoir-faire et à des savoir-être pour construire des compétences. En outre, certaines compétences (type 1 évoqué ci-dessus) sont carrément des connaissances.

Ainsi, en raison de ce que, en amont des compétences, il faut toujours acquérir des connaissances qui seront ensuite mobilisées dans la performance, les programmes français insistent avec raison sur l’équilibre savoirs/compétences. Ainsi, le décret français n° 96-465 du 29 mai 1996 dispose précisément en son article 2 que « Le collège dispense à tous les élèves, sans distinction, une formation générale qui doit leur permettre d’acquérir les savoirs et savoir-faire fondamentaux constitutifs d’une culture commune ». Plus proche d’aujourd’hui, le décret dit loi Fillon n° 2005-1013 du 24 août 2005 récidive ainsi qu’il suit, en son article 2 : « Le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui doit lui permettre d’acquérir au moins le socle commun de connaissances et compétences, défini en application de l’article L. 122-1-1 du code de l’éducation et dont l’acquisition a commencé dès le début de l’instruction obligatoire. » De ce côté-là, les choses semblent on ne peut plus claires. Elles sont cependant nuancées et il est bon que nous le fassions observer. Le décret de 1996 intègre les savoirs dans la compétence à construire ; la loi de 2005 les positionne en dehors et en amont de la compétence. L’approche par compétence tend ainsi à intégrer et à rejeter en même temps les savoirs, ou dit autrement, les intègre en les rejetant. Ici chez nous, on ne peut malheureusement pas dire où nous en sommes, puisque rien n’est encore dit justement. Mais être clair ne signifie nullement résoudre le problème qui se pose.

L’APC accorde une certaine place aux savoirs, mais de quels types de savoirs s’agit-il ? Il faut se rendre compte qu’en APC, un savoir n’a pas d’intérêt par lui-même. Il peut même être savant, ce qui lui ôte tout intérêt pédagogique. Un savoir ne peut intéresser que dans la mesure où il peut être mobilisé pour résoudre un problème situé dans la vie, accomplir une tâche concrète. La notion même de tâche mérite ici un petit arrêt. Une tâche est un élément de la décomposition d’un problème, un élément susceptible d’être réalisé dans un temps déterminé et dans des conditions déterminées. Celui à qui l’on confie une ou des tâches à réaliser et qui n’est pas confronté au problème ou au projet entier a peu de chance de prendre conscience de l’existence même dudit problème ou projet. Pour lui, la réalité se réduit à un ensemble de tâches, et son monde à lui est fait des tâches qu’il est appelé à accomplir quotidiennement. Dans cet univers-là, il va développer des automatismes et devenir de plus en plus performant dans l’exécution des tâches à lui confiées, mais si les tâches changent, peut-il transférer les compétences acquises antérieurement à ces nouvelles tâches ? Certainement pas celles qui sont spécifiques : il lui faudra se reprogrammer. Ce développement des automatismes est en même temps, on le voit bien, un appauvrissement du sens critique : plus celles-ci s’installent et moins celui qui les héberge a besoin de penser son action. Comme nous l’avons dit plus haut, il ne sait, n’a besoin de savoir que ce qui est nécessaire à l’accomplissement des tâches qui lui sont confiées.  On voit alors surgir le processus d’élagage systématique, impitoyable, qui n’est autre qu’un processus d’appauvrissement des savoirs mis à la disposition de l’individu. On veut bien que vous appreniez à penser, même de façon critique, mais pas aux étoiles, encore moins au sexe des anges : vous ne devez apprendre à penser qu’à des tâches et aux variantes des tâches. Et pour cela, on ne vous donne que des outils appropriés à ce programme réduit. Pour mettre au point certaines de ces tâches, il a fallu cependant penser au sexe des anges, innover pour faire plus simple, non pas seulement appliquer des processus mais en inventer.

L’école de l’APC apparaît ainsi comme une école de l’imitation, de l’imitation servile même, en tout cas pas de l’innovation. C’est une école qui prépare à la maîtrise d’un ensemble de tâches complexes pour devenir employable sur un marché du travail de plus en plus exigent où erreurs et retards sont de moins en moins tolérés, d’autant qu’une armée de robots est en route pour remplacer les travailleurs défaillants. Comme les compétences, les savoirs en contexte APC sont donc au service du marché, du monde professionnel, de l’employabilité. Rien que cela serait déjà un problème suffisamment grave. Il faut pourtant y ajouter les problèmes soulevés par l’APC au plan pédagogique.

Que ce soit ailleurs ou ici au Cameroun, l’un des plus importants reproches que les pédagogues font à l’APC, c’est la difficulté que cette approche oppose au processus d’évaluation. En France, de l’avis des spécialistes, la mise en œuvre de l’APC a précédé la mise en place de son système d’évaluation. Au Cameroun, c’est le lancement du premier BEPC / APC qui a amené l’Inspection Générale des Enseignements (IGE) du ministère des enseignements secondaires à proposer les premières épreuves-types de l’évaluation selon l’APC. Les enseignants ont ainsi dû mettre en œuvre l’APC quatre années de suite sans avoir la moindre idée de l’approche de l’évaluation selon cette méthode. L’évaluation des apprentissages est pourtant un élément clef de tout programme de formation parce qu’elle rend compte du degré auquel les apprenants répondent aux attentes de la formation. Malgré les incongruités qui ont émaillé nombre de ces épreuves, cela n’a jusqu’ici pas suscité un débat à la hauteur des enjeux, ce qui est malheureusement assez coutumier de la société camerounaise. Il n’était pourtant pas nécessaire d’attendre les premiers faux pas de notre système pour se pencher sur les difficultés pédagogiques   soulevées par l’évaluation selon l’APC, cette approche n’étant nouvelle qu’au Cameroun.

Le cœur du problème de l’évaluation des compétences pourrait être exprimé de la manière suivante : peut-on évaluer des compétences ? Si oui, faut-il évaluer les compétences transversales ou spécifiques, ou les deux ? Comment ? Avec quels critères ? Quels indicateurs ? Nous avons vu qu’une compétence combine des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être en situation pour résoudre des problèmes ou réaliser des projets. Ceci pose d’emblée une série de problèmes.

Premièrement, beaucoup de compétences ne sont pas susceptibles d’évaluation : comment évaluer le degré de raisonnement, le savoir-faire appel à des outils appropriés pour lire ?  D’autre part, évaluer d’autres compétences suppose évaluer la personne même de l’apprenant, et cela est difficile à faire objectivement. Il en est ainsi de certains savoir-être : être sensible aux problèmes des autres, avoir le sens de l’initiative, l’esprit d’entreprise, d’équipe… En outre, le niveau de la maîtrise d’une compétence, quelle qu’elle soit, est difficilement évaluable. En fait, on ne peut réellement évaluer que la performance, c’est-à-dire le résultat de l’action menée, et partir de ce résultat pour inférer la performance. Seulement, le jeu des conditions de l’action, tant les conditions intérieures à celui qui agit (son état de santé, d’esprit…) que celles qui lui sont extérieures (qualité du matériau et du matériel, conditions météorologiques…) influencent sa performance à un degré difficile à établir, et déforment la perception que l’on peut en induire de sa compétence. D’autre part, pour maîtriser une compétence, la réponse est toujours pluridisciplinaire. Pourtant l’enseignement secondaire fonctionne sur une logique disciplinaire d’une part, et pour une même compétence donnée, il n’est pas certain que les mêmes opérations mentales soient requises en fonction des disciplines d’autre part. Ainsi, traiter l’information ne signifie pas la même chose selon que l’information est un texte poétique ou une équation du second degré.

Ce n’est plus une information que de dire que le monde, curieuse façon de parler, s’est mondialisé de plus en plus depuis le XIXe siècle. La mondialisation comme processus ne se contente plus seulement d’interconnecter tous les points de la planète : elle met en place un processus d’uniformisation, entre autres, des manières de consommer mais surtout de produire, et c’est par là qu’elle impacte l’employabilité et en amont de celle-ci, la formation. Dans un tel univers où le marché de l’emploi devient transnational et ultra compétitif, il est difficile d’échapper aux logiques globales de normalisation à l’œuvre dans tous les secteurs y compris évidemment l’éducation. Il faut s’y faire mais sans oublier que cette logique est en même temps une logique d’appauvrissement. Il faut comprendre également les processus globaux avant de se les approprier pour les mettre en œuvre parce que, quel que soit le degré d’uniformisation qu’ils imposent, il laisse toujours une place si petite soit-elle à la contextualisation, et cette contextualisation marginale peut faire toute la différence entre le suicide collectif et la survie de quelques-uns : cette contextualisation marginale peut être notre arche de Noé.

 

Bibliographie :

  1. L’Evaluation des compétences chez l’apprenant : pratiques, méthodes et fondements, Actes du colloque du 22 novembre 2000, Presse universitaire de Louvain, 2002.
  2. L’Approche par compétences et la méthodologie référentielle, guide élaboré dans le cadre du projet de collaboration bilatérale Maroc-Wallonie-Bruxelles « L’ingénierie de formation, levier de l’employabilité », edu.dz/.
  3. Les Compétences, Sandrine Charrier, SNES/FSU, Observatoire national des programmes et des pratiques, 2011.
  4. Scalon, G., L’Evaluation des apprentissages dans une approche par compétences, Saint-Laurent, Edition du renouveau pédagogique, 2004.
  5. Kaffo Fokou, R., Eduquer pour une mondialisation humaniste, L’Harmattan, 2015.

 

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L’école de l’APC apparaît comme une école de l’imitation, de l’imitation servile même, en tout cas pas de l’innovation.

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L’école de l’APC apparaît comme une école de l’imitation, de l’imitation servile même, en tout cas pas de l’innovation.

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