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DIGITALISATION DES PAIEMENTS AU MINESEC : Ces premiers Couacs qui font scandale

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Par ASSOAH ETOGA Roland, Rédacteur

 

En cette année scolaire 2018-2019 le Ministère des Enseignements Secondaires par le communiqué N° 71/18/MINESEC/CAB du 28 août 2018 informait la communauté éducative et le grand public en général que le paiement des frais exigibles et d’examen serait uniquement fait par l’intermédiaire de l’un de ses partenaires : CAMPOST, Orange Money, MTN Mobile Money et Express Union. Le but de cette manœuvre était, disait-on, de contrôler les effectifs, de mettre de l’ordre dans la gestion financière chaotique qui avait cours jusqu’ici dans les établissements scolaires. La pédagogie qui prévalait auprès des chefs d’établissements était de faire ouvrir le cas échéant, des comptes trésors dans lequel seraient virés les frais d’inscription des élèves, déduites des différentes quotes-parts régulièrement reversées au ministère pour des usages divers. L’opération malgré les critiques, s’est déroulée tant bien que mal, avec au passage une commission pour ces partenaires chiffrée à plusieurs centaines de millions. Les chefs d’établissements se sont conformés à la décision de la hiérarchie même si celle-ci viole le décret N°2001/041 sur les attributions des agents financiers, et se sont mis dans l’attende du reversement desdits frais dans leurs comptes trésors pour assurer le fonctionnement de leurs établissements. Aujourd’hui encore, ils sont dans l’attente de ce reversement qui tarde toujours à s’opérer, et qui paralyse les établissements et dans la volée, le volet pédagogique.

Nous sommes au terme de la première séquence, et dans certains établissements l’heure est à l’improvisation et à la précarité, à un retour à l’âge de pierre. Les enseignants, les élèves et les parents ne savent pas vraiment comment faire pour s’en sortir et mener à bien les évaluations. Certains chefs d’établissements nous rapportent qu’il y a une incompréhension généralisée autour du reversement des frais dans leurs comptes. Les fonctionnaires des finances disent ne pas avoir reçus des instructions relatives à ces comptes. Ils n’ont pas d’informations à propos. C’est ainsi que des informations recueillies sur le terrain, on assiste à des pratiques d’un autre siècle : les chefs d’établissements faisant recours aux APEE pour avoir de la craie et du petit matériel, modifiant par là même leurs projets et leurs programmations budgétaires ; des enseignants qui demandent aux élèves de cotiser pour multiplier les épreuves, en parfaite violation des instructions contenus dans la circulaire N°21/11/C/MINESEC/CAB du 27 Juin 2011 ; les enseignants qui recopient les longs devoirs remplis de schémas complexes au tableau ; les censeurs qui impriment les devoirs sur des papiers brouillons, et la liste est loin d’être exhaustive. Comment, dans ces conditions, les travaux pratiques vont-ils se dérouler dans l’enseignement technique et professionnel ? Les TP dans les disciplines scientifiques ? Quelles acquisitions pour les bibliothèques, pour les pharmacies et autres besoins ? Quelle place pour le matériel didactique ? En attendant c’est l’école qui en prend un coup, les évaluations ne sont plus objectives, les cours selon le modèle de l’APC ne sont plus dispensés faute de matériel didactique.

Si la situation perdure, le pire est à venir, les projets d’APEE de certains établissements seront profondément modifiés, les vacataires risquent par conséquent de cesser le travail par défaut de salaire, les travaux pratiques ne se feront pas régulièrement et la professionnalisation des enseignements est entrain de prendre un coup dans les lycées techniques.

Nous souhaitons vivement que les ministères responsables de ce désordre, le MINESEC et le MINFI, se concertent pour lever cet imbroglio qui est de nature à réduire la portée des efforts consentis par les enseignants. Ce désordre n’est pas en faveur de conditions idéales pour une école de qualité. Nous invitons le gouvernement à traiter ce problème avec diligence et sérieux. Ce n’est pas avec l’éducation qu’il faut s’amuser, il y va de l’avenir de notre nation.

ADAMAOUA : LE TRAIN DE L’IMPLANTATION DE L’ÉDUCATION SOCIALE, FINANCIÈRE ET ENTREPRENEURIALE

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Par ASSOAH ETOGA Roland, Secrétaire régional SNAES Adamaoua, Formateur Aflatoun. roland.assoah@gmail.com

 Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention de partenariat signée entre le MINESEC et Aflatoun international, une campagne d’installation de clubs Aflateen pour l’éducation sociale, financière et entrepreneuriale est en cours dans l’ensemble de nos région. Dans l’Adamaoua, en tant que responsable du SNAES, Roland Assoah Etoga est l’œil du partenaire local d’Aflatoun Internal et à ce titre, coordonne avec les responsables administratifs concernés la sensibilisation et la mise en place des clubs.

Il faut rappeler qu’Aflatoun International est un réseau dynamique des partenaires, de corporation d’enseignants, de sympathisants, d’enseignants. Il offre aux enfants et aux jeunes du monde entier une éducation sociale et financière à travers des programmes d’études de haute qualité adaptés à différents groupes d’âge, qui peuvent être adaptés aux besoins locaux ou à des circonstances spécifiques. De plus, les enseignants reçoivent une formation. Il est déjà déployé à travers 109 pays, avec une intensité de 5,4 millions d’enfants par an, 60 183 enseignants formés, 192 organisations partenaires et 36 gouvernements.

Durant ce mois d’octobre, une vaste campagne est programmée pour l’extension du mouvement, et s’étendra durant tout le premier trimestre de l’année scolaire en cours.  Une sensibilisation intensive est prévue ainsi que la formation des encadreurs volontaires qui sont déjà nombreux à faire la demande et continuent encore à le faire. Il faut rappeler que le passage des équipes Aflatoun s’effectuera successivement dans les départements de l’Adamaoua, Faro & Déo, Mbéré, Mayo-Banyo, Djerem et Vina en fonction du programme qui sera établi à la suite des travaux en cours entre les enseignants qui sollicitent faire partie de l’aventure et le responsable régional du SNAES Adamaoua, formateur Aflatoun.

Les premiers à bénéficier de cette dynamique dans l’Adamaoua sont le Lycée Bilingue de Ngaoundéré déjà actif, le Lycée de Ngaoundéré Mardock, le Lycée de Burkina et d’autres établissements de la ville de Ngaoundéré avec des encadreurs formés. Quant à l’implantation qui se poursuit, les établissements de Tignère : le Lycée Bilingue de Tignère et le Lycée Technique ; à Mayo-Baléo : le Lycée de Mayo-Baléo, le CETIC de Mayo-Baléo et le CES de Almé,  sont tous prêts à recevoir la dynamique. L’objectif de cette implantation est de former les encadreurs sur ce type d’éducation pour qu’ils puissent acquérir les habiletés nécessaires pour animer les clubs Aflateen dans leurs établissements.

La liste est encore ouverte en attendant les éventuels volontaires, dans les départements cibles.

JME 2018:A Tignère : Les enseignants toujours relégués au dernier plan

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Par ASSOAH ETOGA Roland, snaes.com

En ce 5 octobre 2018 journée consacrée à l’enseignant, les mots des administrateurs n’ont pas pu faire oublier les faits à Tignère, dans le département du faro et Déo dans l’Adamaoua.

Pendant que le Préfet, à travers son discours, essayait éloquemment de démontrer  l’importance et la valeur de l’enseignant dans la société et la construction d’une nation, la place de fête, elle, relatait d’autres faits. La tribune était vide. L’enseignant n’est une priorité que dans les discours. Le plus important se déroulait ailleurs, et même les forces de l’ordre sensées assurer l’ordre et la sécurité durant la manifestation ne se sont pas mobilisées. C’était au Centre de Promotion de la Femme CPF juste à une centaine de mètres qu’une partie de l’attention était portée : les bureaux de vote.  Et l’autre partie : la campagne électorale.

Si pendant les heures de campagnes électorales tel est le sort réservé aux enseignants, qu’en sera-t-il de leurs conditions de travail et de leur place dans la société en temps post-électoral ? C’est pourtant l’autorité administrative qui coordonne les activités dans les villes ! La mobilisation pour les enseignants n’a ici duré qu’à peine 1h30mn montre en main, y compris dans la foulée, la décoration honorifique des quatre récipiendaires des Palmes Académiques du jour, le tout dans l’indifférence, en silence et sans faste. Les autres activités auraient au moins dû être décalées de 2 heures pour donner de l’éclat à ce seul jour où les enseignants sont “écoutés” ou du moins font le décor. Mais il n’en a rien été.

La veille déjà, le 4 octobre 2018, c’est la table ronde qui avait subi ce même boycott de la part de la communauté éducative, tous les panélistes attendus étant absents, aucune autorité n’ayant été représentée, que ce soit la hiérarchie administrative ou technique. Il fallut que le responsable SNAES de la localité M. ASSOAH ETOGA Roland, prenne les choses en main pour finalement donner vie à une conférence sur le thème de la journée, menée par lui seul.

Le SNAES n’a donc, pour sauver les meubles, ménagé aucun effort pour assurer d’une part le déroulement des activités dues à la réflexion autour de la condition des enseignants, et d’autres part, l’éclat du défilé en exaltant la force et la prestance des enseignants unis, dans une même dynamique.

Ainsi s’est déroulée la journée Mondiale des Enseignants à Tignère chef lieu du département du faro et Déo. D’après l’écho des autres arrondissements, la situation n’y a pas été  plus reluisante. Vivement que les enseignants prennent en main l’organisation de cette journée pour en faire une vraie date sur le calendrier social et républicain.

JME 2018: Voici le Discours des syndicats interdit à Douala

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Allocution des syndicats enseignants du Wouri

(O.N.E.C., SNAES, SYNTESPRIC)

Monsieur le Gouverneur de la Région du Littoral

Monsieur le Préfet du Département du Wouri

Monsieur le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de DOUALA

Madame et Messieurs les Délégués Régionaux des Ministères en charges de l’Education

Mesdames et Messieurs les Fondateurs des Etablissements Scolaires Privés

Mesdames et messieurs les Chefs d’Etablissements

Autres Autorités en vos rangs et titres respectifs

Honorables Invités

Chers Enseignants

Mesdames et Messieurs

C’est pour moi un grand honneur et un agréable devoir de prendre  la parole, ce 5 octobre 2018 à l’occasion de la célébration de la 24ème édition de la Journée Mondiale des Enseignant(e)s. D’emblée, permettez-moi d’exprimer toute ma gratitude à mes paires, leaders Syndicaux du Secteur de l’Education, qui m’ont permis de porter la voix des enseignants au cours de cette cérémonie. En mémoire de tous les enseignants qui nous ont quittés au cours de l’année passée, de ceux emportés  par la violence le 03 septembre 2018, jour de rentrée et de tous ceux que l’intolérance et l’égoïsme de tout origine ont poussé loin des salles de classes dans les régions du Nord-ouest, du Sud-ouest, de l’Adamaoua, de l’Est et de l’Extrême-nord, je nous invite à observer une minute de silence.

Autorités de la région du Littoral, Messieurs les Fondateurs et Autres Chefs d’Etablissements, les Enseignants par ma voix vous disent merci d’être venus constater que leur cœur bat encore ; votre indifférence, doublée de mépris et d’ingratitude n’ont pas été assez  forts pour couper la dernière veine qui les relie à la vie. Mesdames et Messieurs, La communauté internationale, par l’UNESCO, nous invite à avoir à l’esprit que « le droit à l’Education, c’est aussi le droit à un Personnel Enseignant Qualifié ». L’an dernier, notre attention avait été portée sur : « Enseigner en liberté, Autonomiser les enseignants ». En attendant le bilan que nous ne ferons jamais, comme de tradition chez nous, il convient de  rappeler, que ces deux thèmes apparemment distants, ont un socle commun : la promotion d’une éducation de qualité. En effet, après le forum mondial sur l’Education, tenu en 2000 à Dakar  au Sénégal, forum à l’issue duquel le monde, dont le Cameroun, avait pris des engagements fermes en vue de l’école pour tous à l’échéance  2015, à Incheon en Corée, après évaluation le 21 mai 2015  et l’adoption par les Nations Unies de 17 objectifs pour le développement durable dont le 4ème porte sur l’accès à « une Education inclusive et équitable  de qualité, et les possibilités d’apprentissage pour tous, tout au long de la vie » , l’Unesco s’est retrouvé en novembre 2015 à Paris, lors de sa 38ème session de la Conférence Générale, pour adopter un cadre de travail appelé  ‘’Plan d’Action de l’Education 203O’’. Dans les modalités de mise en œuvre des stratégies arrêtées, 4 cibles ont été visées dont l’une est : « accroitre de façon substantielle l’offre d’enseignants qualifiés … ».C’est dans ce contexte qu’il faut situer l’orientation des thèmes successifs soumis à notre attention.

Cela étant, il faut dire que les efforts du gouvernement à travers la création des Ecoles Normales Supérieures pour l’enseignement général et technique, des Ecoles Normales d’Instituteurs et des initiatives privées dans le secteur , à quoi il faut ajouter les séminaires de Recyclage des Enseignants durant l’année scolaire, montrent que le Cameroun n’a pas attendu l’invitation majeure de cette célébration, pour investir dans la formation initiale et continue de ceux qui ont la charge d’éduquer ses enfants. D’ailleurs, comment pouvait-il en être autrement face aux incessantes innovations pédagogiques qui imposent que notre pays, pour ses besoins de développement, soit  connecté à l’évolution du monde ? Seulement, peut-on dire que le Cameroun est complètement au-dessus des besoins en Personnel Enseignant qualifié ?

Les acteurs de notre système éducatif, même les plus chauvins ne peuvent l’affirmer ; la montée incontrôlée de l’offre privée de l’éducation, où l’essentiel du personnel ne jouit que du savoir académique ou universitaire, confondrait toute mauvaise foi. A coté de cette réalité dans l’Enseignement Privé, un autre fait paradoxal côtoie les écoles publiques : l’insuffisance des Enseignants Qualifiés à coté d’un grand vivier du personnel formé. en effet, selon le rapport national  de ‘‘ l’Ecole Pour Tous’’(E.P.T) sorti en 2015 et les donnée de l’UNESCO, Mputu(2018), 42% d’enseignants dans le primaire et 47% dans le secondaire, encadrent nos enfants sans formation initiale. Pourtant, on a encore à l’esprit, la troisième phase  de contractualisation où, au dire de Monsieur le Ministre de la Fonction Publique et de la Reforme Administrative sur les antennes des médias nationaux, sur les 50 000 dossiers reçus, 9000 seulement ont été retenus. Or la Stratégie Sectorielle de l’Education 2006 (P. 98),  prévoyait le recrutement de 8000 Instituteurs Contractuels par an. Mais déjà en 2014, la roue avait cessé de tourner jusqu’en mai 2018, date de la publication des listes de la récente phase. Pour comprendre cette curiosité, il faut chercher dans les moyens financiers que l’Etat consacre pour l’éducation de ses enfants. Cette année (2017/2018) la dépense publique pour l’Education  a été de 14% soit 3% du P.I.B., moins qu’en 2OOO où elles étaient de 14,3%, alors que la moyenne de la sous-région était de I8,3 % (RESEN).En 2013, Le pouvoir s’était engagé à atteindre 22% en 2020. Doit-on espérer que, ce qui n’a pas été fait en 5 ans 8 mois le sera en un an 2 mois ?  Les arbitrages nationaux interministériels font pourtant croire chaque année, que l’Education absorbe le plus gros budget. Malheureusement,  une vérité masque  la réalité du faible financement de l’Education au Cameroun: en 2016, au MINFI on trouvait 143 900 personnes pour le MINEDUB et 104 348 pour le MINESEC. Or ces deux Ministères ne comptaient que 56 000 et 60 119 Enseignants respectivement. Soit une différence totale de 132 129 personnes qui émarge dans ces Ministères sans êtres Enseignants (stat. MINFI, MINEDUB, MINESEC). La non prise en compte de cette réalité, donne une fausse appréciation du budget des deux Ministères.

Il faut reconnaitre en passant, que l’insécurité qui s’est installée au Cameroun depuis l’avènement de Boko Haram et aujourd’hui, les revendications des compatriotes de culture britannique sont venus justifier une volonté politique déjà moindre.

Quoi qu’il en soit, doit-on laisser penser que la garantie d’une formation initiale et continue des formateurs, aujourd’hui  au Cameroun, est une assurance d’une Education de Qualité dans nos lycées et collèges ?

Monsieur le Gouverneur de la Région du Littoral, mesdames et messieurs les Délégués en charge de l’Education, la responsabilité qui est la nôtre, nous invite à vous dire, que la tête des Enseignants en général, n’est pas dans ces formations pédagogiques qui ne s’accompagnent pas des améliorations salariales. Elles tombent sur eux comme des charges supplémentaires sur des crânes en voie d’exploser à force de réfléchir  à comment assurer le minimum vital quotidien. Les enseignants sont plus préoccupés par la recherche des équilibres financiers pour couvrir des  mois  devenus de plus en plus longs  à cause du ‘‘ s.i.d.a.’’ (Salaires insuffisant, difficilement acquis). Monsieur le Gouverneur, en tant que parent, sans porter atteinte à votre conscience, pouvez-vous affirmer que l’éducation est une priorité au Cameroun ? Si oui, comment une priorité n’est -elle pas prioritaire ? L’Etat du Cameroun et ses complices les fondateurs d’Etablissements  vilipendent les enseignants ; ils les payent mal.  Et ce qui est plus sadique encore, c’est que l’Etat  en est conscient ; puisque  dans son ‘‘ Examen national 2015 pour tous : Cameroun’’ il affirme : « …. La rémunération des Enseignants reste en-dessous de la moyenne des pays comparatifs… » (4.4 fois le PIB/h pour le primaire et 6,9 fois le PIB/H pour le secondaire). Et Cà, ce n’est que la réalité de Tanga NORD (l’Enseignement Public). Dans le Tanga sud (Enseignement Privé), c’est l’esclavage nouvelle formule dans la majorité des Etablissements. Monsieur le Gouverneur, êtes-vous au courant qu’ici à Douala, en 2018, des Enseignants gagnent 30 000frs par mois, qu’il y a des salaires de base de 37 000 avec les frais de scolarité de 100 000frs, accompagnées  des rames de papiers, des boites de craies, de l’achat des tenues personnalisées ?  Des calculs simples font savoir  que deux classes de quarante (40) élèves chacune, assurent toutes les charges salariales d’un Etablissement primaire de dix ( 10 ) travailleurs pendant douze ( 12) mois. Où va le reste ? Et quant on sait que l’année dans ces lieux finit parfois en Mai, et généralement, le personnel est permanemment vacataires, on comprend pourquoi les bâtiments  se superposent, les complexes se multiplient. L’Agenda 2030 du développement durable mentionne, comme un des gros défis à relever, la réduction des inégalités.  Chères autorités,  êtes-vous conscients des menaces que vous faites planer sur le Cameroun en entretenant des injustices si criardes ?  Légalement, vous avez vendu le bien public qu’est l’école, en donnant aux promoteurs  d’établissements scolaires privés le droit de fixer les taux de scolarité, sans exigence sur les salaires à payer aux travailleurs. Est-ce cela le vivre ensemble ? La paix n’est  pas le fruit des incantations. A titre d’information, en Côte-d’Ivoire, un Instituteur Adjoint gagne 300 000 frs CFA dans le secteur public. La base dans les privées laïcs, gelée  depuis 11 ans est de 103 000frs ; chez les catholiques elle est de 230 000 frs.  Au Cameroun, dans l’enseignement privé, depuis 1992, il n’y’a plus de base de salaire mais des salaires en baisse ; c’est-à-dire, en fonction du degré de générosité de l’employeur ; les plus humains  utilisent  une grille vieille de  33 ans. On est  alors en face des mystères que seuls les patriotes de discours peuvent nous  expliquer. Par exemple, un camerounais qui a le B.E.P.C, Enseignant  Contractuel de son état, gagne plus qu’un docteur exerçant la même fonction dans un Collège Privé. (Grille 1985 dans le secteur privé et grille 2008 pour Fonctionnaires et Contractuels). Que peut apporter la formation pédagogique dans des esprits si méprisés ? L’Etat du Cameroun reconnait que : « les Enseignants du privé ont une efficacité pédagogique supérieure à celle des Enseignants Fonctionnaires et Contractuels… » (DSSEF. 2013 – 2020). Pourquoi cela n’est-il pas  suffisant pour qu’au moins, LA CONVENTION COLLECTIVE, négociée au rabais pour plaire aux fondateurs, depuis 4 ans, soit signée ?

 Mesdames et Messieurs ici présents, si en tant qu’ autorités, vous vous êtes accoutumés à cette injustice mêlée d’ingratitude vis-à-vis des Enseignants  d’un secteur qui a formé la fine fleur des dirigeants de ce pays, pour ne pas dire certains d’entre vous, il nous parait surréaliste que, malgré les sommes parfois faramineuses que vous déboursez pour la formation de vos rejetons, vous vous enfermiez dans le silence lorsque cet argent, destiné à assurer en partie les salaires de ceux à qui incombent l’éducation de vos enfants, est scandaleusement orienté vers le seul confort matériel et financier des fondateurs.
Comprendrez-vous un jour que les enseignants constituent le maillon essentiel dans l’objectif d’offrir à tous les enfants une éducation de qualité ? Que pour réaliser cet objectif, le Cameroun a besoin d’enseignants plus nombreux, mieux formés et mieux soutenus ? L’amélioration des qualifications devrait conduire à des salaires plus élevés et à de meilleures conditions de travail, ce qui accroitrait l’attractivité de la profession et la fidélisation des enseignants, élément très déterminant pour la qualité l’éducation. Manifestement, la beauté des bâtiments et les résultats parfois menteusement bons vous intéressent  plus que la situation des ‘‘esclaves’’ qui les préparent. Et quand on vous dit qu’après  les 5 premières années du primaire, sur 100 enfants, c’est seulement 37 et 30 qui s’en sortent respectivement en lecture et en mathématique, cela ne peut- il pas susciter en vous une révision d’attitude ?

Mesdames et Messieurs les fondateur, ce n’est point par haine de votre entreprise que nous nous exigeons  défenseurs  de vos employés ; notre combat c’est pour la justice, seule garantie pour la paix. À vrai dire, humainement parlant, vous n’êtes pas le véritable problème ; vous ne profitez que des couloirs à vous tracés par l’organisation ou le dysfonctionnement de notre Etat. Où iraient les centaines de milliers d’enfants qui sont sous votre encadrement si vous n’existiez pas ? Votre apport est donc louable et même incontournable. Mais, faute de lois, est-il exagéré de vous demander un peu de foi, si tant est que même en passant il vous arrive d’évoquer le nom de Dieu ? Il importe de savoir  que Les enseignants qui sont soutenus par leur administration scolaire obtiennent de meilleurs résultats dans leur classe ; que la brimade  ne reporte que vos difficultés, que la pérennité de votre action réside dans la qualité de l’organisation que vous mettez en place. Les congés annuels que vous êtes entrain de faire disparaitre, sont aussi un droit pour vos Enseignants (C. T. art. 92 ; 1, 5) leur performance en dépend. La prospérité que vous voulez pour votre investissement sera toujours menacée, non par les Syndicats ou les Délégués du personnel que vous redoutez, mais par l’encadrement injuste que vous réservez à ceux qui font  votre gloire. L’absence ou l’insuffisance de loi n’autorise pas l’absence d’éthique. Toute augmentation de scolarité doit s’accompagner d’une augmentation de salaire. Comme l’a dit Mr Guy Ryder le Directeur Général du Bureau International du Travail, « … la dignité, l’espoir et le sens de la justice sociale….. Contribuent  à construire et à préserver la paix sociale. » Comment peut-on maudire le feu, tout en entretenant les braises ?

Chers Enseignants du public, déshérités du privé,  que faites-vous pour vous-mêmes pour que la situation change ? Dans le public, c’est la chasse à la nomination et la phobie des affectations loin des répétitions.

Dans le privé, vous êtes environ 100 000 ;  vous avez tout pour vous faire entendre, pour vous faire respecter. Pourquoi avez-vous enterré vos cerveaux dans l’estomac au point de vous faire guider par le moindre bout de pain, la première goutte d’alcool ?

Pourquoi croyez-vous que vos jérémiades suffisent pour ébranler la quiétude de vos patrons ou la complicité tacite du gouvernement ?

Il nous arrive souvent de penser que la poussière de craie qui tombe sur vous contient une substance abrutissante. Sinon comment comprendre votre torpeur, votre attachement à la précarité ? Qui vous donnera encore des répétitions à la retraite ?

Et la délation que certains ont arborée  comme compétence pour gagner les postes, à quoi servira-t-elle encore ?  La propension de la majorité à déserter toute mobilisation pour se réfugier dans la critique ou dans l’église de Bacchus au grand dam de leur dignité et de l’éducation des enfants, nous désole. Votre responsabilité d’Educateurs vous impose de dénoncer tout ce qui empêche le travail de qualité. La formation initiale et continue est un impérieux devoir ; l’habitude de boycotter les séminaires de formation ou de recyclage pour les cours de vacation et autre répétition, est une atteinte grave à la Qualité de l’Education. Ne l’oubliez  pas, « qui cesse d’apprendre doit cesser d’enseigner ». Refuser la formation sous prétexte des mauvais traitements que vous avez peur de dénoncer fortement, est une contribution à la médiocrité, un crime contre des innocents. Dire non à une injustice est un acte de bonne éducation, une option positive pour la construction. L’Education de Qualité demande des Enseignant(e) s de qualité, c’est-à-dire des hommes et des femmes d’honneur. Notre société en a besoin pour un Cameroun viable pour tous.

Vive les Enseignants sérieux et travailleurs,

Vive la mobilisation de tous pour une Education de Qualité,

Vive le Cameroun,

Je vous remercie.

JME 2018: DISCOURS DES SYNDICATS:Noun

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Discours prononcé par FOKOU KODJO/SECRETAIRE DEPARTEMENTAL
DU SNAES-NOUN

Monsieur le Préfet du Département du Noun ;
Monsieur le Sous-Préfet de l’Arrondissement de Foumban ;
Monsieur le Maire de la Commune de Foumban ;
Sa Majesté le Sultan-Sénateur, Roi des Bamoun ;
Mesdames et Messieurs les Autorités Politiques, Judiciaires, Religieuses et
Traditionnelles ;
Messieurs les Délégués Départementaux chargés de l’encadrement des jeunes ;
Camarades Secrétaires Généraux des syndicats ici représentés ;
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etablissements ;
Chers enseignant(e)s ;
Camarades syndicalistes ;
Chers invités ;

Cameroun : Les multiples visages de la violation du droit à l’éducation aujourd’hui

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Pour aborder la question du contenu et de la réalité du droit à l’éducation au Cameroun aujourd’hui, nous avons dans un premier moment questionné la notion même de droit comme faculté instituée par la loi et susceptible d’être réclamée, revendiquée en cas de trouble de jouissance, de violation. Un droit n’est constitué comme tel que lorsqu’il est opposable à un tiers, ce tiers serait-il l’Etat. Au-delà de l’embellie que l’on peut constater dans les statistiques officielles (fort taux de scolarisation au niveau du primaire, amélioration des taux de rétention, etc.), force est alors de constater que le droit à l’éducation, tel qu’il est institué au Cameroun aujourd’hui, n’est pas un droit plein. Il s’apparente plutôt à une liberté et en conséquence, de nombreuses entraves tant culturelles, économiques que politiques empêchent une frange importante de la jeunesse d’en jouir, notamment dans les zones dites d’éducation prioritaire, dans les zones de conflits, dans les banlieues urbaines frappées de pauvreté et de misère. Cette impossibilité de jouir du droit à l’éducation en raison de réticences culturelles, de la situation sociale des parents, d’une politique de l’offre d’éducation qui n’applique pas rigoureusement la gratuité sur laquelle repose l’engagement de l’Etat pour une éducation primaire universelle et même de plus en plus pour un cycle fondamental universel (Déclaration d’Inchéon) touche d’avantage certaines catégories, la petite enfance, la jeune fille, les personnes vivant avec un handicap, les ruraux et les enfants issus des classes défavorisées.
Un second type d’obstacles touche le droit à l’éducation au Cameroun : les obstacles à la qualité. Et à ce sujet, nous avons soutenu qu’il n’y a pas de véritable jouissance du droit à l’éducation tant que l’éducation reçue n’est pas de qualité. Les problèmes des contenus de manuels scolaires, de la qualité des programmes qui n’intègrent pas toujours les compétences susceptibles d’assurer l’efficacité externe du système éducatif, de la qualité des enseignants saisie sous les angles d’une part de la formation (qualité des formations initiales et continues) et des conditions de vie et de l’exercice du métier d’autre part, tout cela ayant une très forte corrélation avec la qualité des enseignements qu’ils sont susceptibles de dispenser, nous permettent de dire que, même là où le droit à l’éducation semble respecté au Cameroun aujourd’hui, il ne l’est que partiellement, superficiellement.
Le chantier du droit à l’éducation est donc largement délaissé au Cameroun aujourd’hui en dépit des efforts que les professionnels font pour l’améliorer, et le progrès dans ce domaine dépend encore très largement d’une forte volonté politique, laquelle se fait encore attendre.

Roger KAFFO FOKOU, SG/SNAES

JOURNEE MONDIALE DES ENSEIGNANT(E)S 2018

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« Le droit à l’éducation de qualité, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié.»

Message du SNAES

En cette année 2018, la Journée Mondiale des Enseignant(e)s nous interpelle tout spécialement sur le droit à une éducation de qualité. Cette interpellation coïncide au Cameroun avec deux faits majeurs.
Dans de nombreuses régions de notre pays, il n’est guère plus possible pour des milliers d’enfants d’exercer leur simple droit à l’éducation. L’incapacité des hommes politiques à répondre par un dialogue véritable et inclusif aux crises de l’évolution de ce pays a transformé nos régions anglophones en déserts éducatifs depuis plus de deux longues années, et progressivement en un inutile et coûteux champ de guerre civile.
Sur un autre plan, nous voici face à une rentrée scolaire au cours de laquelle les contenus des manuels mis à la disposition des plus jeunes, élaborés avec une évidente légèreté qui ne peut être que blâmable, font scandale et suscitent interrogation et désarroi. Depuis des années, la question de la qualité du manuel scolaire se pose au Cameroun sur un mode de plus en plus aigu, sans susciter de réponse adéquate. Le problème de la qualité de l’éducation prend dans le contexte actuel la plénitude de son sens parce que, sans doute pour la première fois depuis longtemps, il implique celui de la qualité de la société dans laquelle nous vivons et allons vivre dans les prochaines années : une société en partie illettrée de rescapés de guerre, en partie déstructurée par toutes sortes de déviances comportementales.
Toutes ces dernières années, nous n’avons cessé de le répéter : « l’éducation, si elle n’est de qualité, peut être plus dangereuse qu’une absence d’éducation ». En ce 05 octobre 2018, nous devons ajouter à cette vérité qu’il n’y a pas d’exercice véritable du droit à l’éducation quand l’éducation n’est pas de qualité et que, lorsque pour une raison ou une autre l’éducation progressivement devient déformation, il y a proportionnellement violation du droit à l’éducation. Lorsqu’un outil incontournable comme le manuel scolaire met à la disposition de millions de jeunes des contenus inadéquats, dangereux pour la sécurité, la santé et finalement la survie morale et physique de la société, il ne peut s’agir que d’un suicide collectif programmé, consenti, mis en place activement ou passivement. Aussi disons-nous clairement que les manuels scolaires doivent être au-dessus de tout soupçon parce que de leur conception à leur consommation en passant par leur production et distribution, ils ne seront passés qu’entre des mains expertes et rigoureusement professionnelles.
Mais le droit à l’éducation de qualité, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié. En cette année électorale et alors que tous nos candidats déclinent leurs propositions, il me semble important de les interroger sur le sort que notre pays fait aux personnels de l’éducation depuis des décennies. Un tiers de ce personnel (37%), la composante dite d’appui, est traité comme des esclaves : sans statut, sans contrat, sans immatriculation à la sécurité sociale, avec une rémunération souvent inférieure au SMIG. Le reste reçoit une formation initiale d’une qualité discutable, et ne bénéficie pas d’un véritable plan de formation continue. L’enseignement est ainsi devenu au fil des ans un vaste lieu de transit vers des secteurs plus sécurisés et épanouissants, ou une zone grise dans laquelle tous les trafics sont non seulement permis mais organisés. Devons-nous continuer à jeter nos enfants dans un tel enfer ?
Vous, messieurs qui aspirez légitimement à diriger ce pays au lendemain du 7 octobre 2018, que peuvent attendre de vous la communauté éducative en général et les enseignants en particulier ? Faut-il préciser que tous les syndicats d’enseignants ont élaboré un document commun de propositions de réforme de l’éducation qui est disponible depuis février 2017 ?

Roger KAFFO FOKOU, Secrétaire Général du SNAES – Cameroun


WORLD TEACHERS’ DAY October 5, 2018
“The Right to Quality Education
is also the Right to Qualified Teaching Personnel”

This year 2018, the World Teachers’ day specially calls for our attention on the Right to Quality Education. In Cameroon, this call coincides with two major issues.
In many regions of our country, it is no more possible for thousands of children to simply enjoy the Right to education. The incapacity of politicians to respond to an evolving crisis with a truly inclusive dialogue has turned our English-Speaking Regions into education deserts for two long years, and progressively into a useless and costly civil war front.
In another frame, here we are in a school resumption in which the contents of the textbooks made available to our children seem to have been elaborated with evident loose attention that invites criticisms, causes scandals and provokes interrogations and disappointment. For years now, the issue of the quality of the school textbooks has been raised in Cameroon in a more and more acute tone, without leading to any adequate answer. The problem of the quality of education in this context takes its full meaning because, undoubtedly for the first time in a long while, it implies the quality of the society in which we are living and shall live in the coming years: a society that is partly illiterate from the war escapees, and partly destroyed by all sorts of deviant behaviors
For all these past years, we have not stopped repeating this:” Education, if not of good quality, can be more dangerous than an absence of education”. On this 05 /10/2018, we should add to this plain truth that there is no true exercise of the right to education when the education itself is not of good quality and when for one reason or the other, education progressively becomes deformation, it is proportionally a violation of the right to education. When such a tool as essential as the school textbook introduces millions of youths to inadequate content which is dangerous for the security, the health and finally the moral and physical survival of the society, it can only be construed as programmed collective suicide, actively or passively put in place. So we clearly state that school textbooks should be above all suspicion because from their design to their consumption through their production and distribution, they should only pass through expert and rigorous professional hands
Yet, the Right to Quality Education is also the Right to a Qualified Teaching Staff. In this electoral year with all our candidates presenting various proposals, it seems important to me to question them on the fate that our country has reserved to education personnel for decades. One third of these personnel (37%), the so called support staff, are treated like slaves: without status, without contracts, without social security coverage, with a salary often below the Lowest Minimum Salary bar. The remaining personnel receive initial training of a questionable quality, and do not benefit from a veritable In-service training plan. The teaching field has become through the years, a vast transit-milieu for more secured and pleasant sectors, or, a grey zone in which all kinds of traffickings are not only authorized but are also well organized. Should we keep on throwing our children into such a hell?
You, Gentlemen, who legitimately aspire to govern this country after October 07th, 2018, what can the education community in general and teachers in particular expect from you? Should we emphasize here that all teachers’ trade unions in Cameroon came together and elaborated a common vision proposing reforms in education and the document is available since February 2017?
Happy Teachers’ Day 2018!

Roger KAFFO FOKOU, Executive Secretary General of SNAES – Cameroon

Renforcement des capacités : Le leadership intermédiaire de la FESER en atelier à Yaoundé le 27 septembre 2018

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Le 27 septembre 2018, 03 syndicats de la Fédération des Syndicats de l’Enseignement et de la Formation (FESER) ont mutualisé leurs ressources pour organiser un atelier de renforcement des capacités de leur leadership intermédiaire : le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES), l’Organisation Nationale des Enseignants d’Education Physique et Sportive (ONEEPS) et le Syndicat National Indépendant des Enseignants de Base (SNIEB). Parti du constat d’un réel déficit de leaders efficaces aux échelons intermédiaires où se font concrètement les activités d’implantation, d’organisation, et de mobilisation vitales pour le développement syndical et la réussite des objectifs organisationnels, la FESER à travers ses syndicats membres a décidé de s’attaquer au chantier de la formation de ses cadres en dépit de la rareté de leurs ressources. Cet atelier, qui a réuni à Yaoundé au Memorial Norbert KENNE Peace Centre une vingtaines de responsables régionaux de ces 03 organisations venus des régions de l’Adamaoua, du Centre, de l’Est, du Littoral, du Nord-ouest, de l’Ouest et du Sud a été animé par des experts triés sur le volet. Le Dr EBELE Richard de l’Université de Yaoundé II SOA a communiqué sur « Les fondements juridiques du syndicalisme dans la fonction publique ». Le Dr MFEUGUE Isabelle de la même université a quant à elle scruté pour les participants « Les atouts et les faiblesses du Code du travail camerounais de 1992 ». Quant à Roger KAFFO FOKOU, écrivain et SG du SNAES, il a remonté la longue histoire des luttes des travailleurs pour montrer les origines lointaines du syndicalisme, son évolution et ses problèmes actuels. Le camarade Michel Tamo, Secrétaire exécutif de l’ONEEPS, a animé les travaux en ateliers centrés autour de 02 problématiques clés : comment recruter et mobiliser des membres, et comment animer efficacement des structures syndicales de base.

Que transmettre aujourd’hui ?

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Propos recueillis par Hugo Albandea et Héloïse Lhérété
Octobre 2018, Sciences Humaines.
Quels sont les grands enjeux de l’éducation d’aujourd’hui ? Nous avons posé la question à quatre penseurs.

Edgar Morin
« Enseigner la lucidité »
« Si l’on prend au sérieux la mission de toute éducation, qui est d’enseigner à vivre, il me semble qu’il existe des carences fondamentales dans les programmes scolaires. En particulier, il manque un enseignement sur ce qu’est la connaissance, ses dispositifs, ses infirmités, ses difficultés. La connaissance, ce n’est pas une photographie objective de la réalité, prête à l’emploi ; c’est un processus de traduction et de reconstruction, où l’on risque toujours de se tromper. Toute communication comporte un risque d’erreur, bien démontré par le mathématicien Claude Shannon. Or justement, l’un des besoins premiers du vivre, à tous les âges de la vie, c’est de connaître les sources possibles de ses erreurs et illusions. La lucidité est un combat pour lequel il faut armer les esprits. Ce n’est pas grave de se tromper à l’école. Mais on peut aussi se tromper, avec des conséquences plus dramatiques, sur le choix de la carrière, sur le choix de l’amitié, sur le choix amoureux, sur le choix politique. Le risque d’erreur et d’illusion est permanent pour l’humanité.

Il existe un autre thème qu’il me paraît indispensable d’introduire : celui de la compréhension d’autrui. Sa portée est planétaire. Nous sommes sans cesse en contact avec des cultures de tous les pays du monde qu’il nous faut comprendre. À l’intérieur de chaque famille, de chaque organisation, les phénomènes d’incompréhension sont multiples.
Voilà donc les deux lacunes actuelles : la connaissance et la compréhension humaine. Éviter au maximum des erreurs, qui peuvent être parfois mortelles, et comprendre autrui sans le mépriser, savoir qu’autrui est à la fois semblable et différent.»

Marcel Gauchet
« Ne pas subir un destin social »
« Sur ce qu’il faudrait transmettre, il y a consensus : tout, et à tous, des fondamentaux (lire, écrire, compter) aux notions élémentaires de la médecine, en passant par les langues, le sport et le codage informatique. C’est un très noble objectif, largement partagé en France depuis longtemps.
Les difficultés commencent lorsqu’on aborde le « comment ». Notre système scolaire sort en effet hagard d’une mutation profonde. Jusqu’à la fin des années 1960, transmission équivalait  à imposition. On se posait peu de questions : la moitié apprenait, l’autre ignorait, sans qu’on s’en émeuve particulièrement. Les années 1970-1980 ont été le théâtre d’un bouleversement considérable. Les élèves étaient incités à construire par eux-mêmes leurs propres savoirs. Ce noble idéal de la liberté personnelle n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés. Bizarrement, les élèves qui s’accommodaient d’un système où le savoir leur était imposé sont les mêmes qui, aujourd’hui, savent construire leurs propres savoirs. Inversement, les réfractaires à l’imposition parviennent mal à échafauder leurs connaissances.

Nous sommes à présent dans un creux historique. Après l’enthousiasme utopique, puis la dépression généralisée, nous entrons dans une phase de bilan et de reconstruction. Nous découvrons que nous ne savons pas faire pour apprendre à tout le monde. Mais nous allons progresser. En ce moment même sont en train de s’inventer, avec les neurosciences, des pédagogies au plus proche des individus.

C’est un immense chantier qui s’ouvre, dont l’enjeu est l’idéal égalitaire : permettre à chacun d’accéder à un niveau de connaissance qui lui permette de bien s’orienter dans son existence, c’est-à-dire ne pas subir un destin social.»

Philippe Meirieu
« Relier les savoirs et les valeurs »

« La question de la transmission renvoie à deux problématiques différentes, celle des contenus culturels et celle des valeurs à transmettre. D’un côté, il y a ceux qui insistent sur l’importance de l’acquisition des langages, la maîtrise des connaissances et la découverte des œuvres. D’un autre côté, il y a ceux qui soulignent que l’essentiel est dans l’appropriation de valeurs et le développement de l’autonomie.Or, ces deux volets sont inséparables. En effet, toute transmission de savoirs véhicule, par les choix qu’elle effectue et par la manière de les transmettre – qui n’est jamais neutre –, des valeurs explicites ou implicites. De même, il n’existe pas de valeurs en apesanteur culturelle, transmissibles sans la médiation de connaissances et sans incarnation dans une histoire.
Ce qui devient alors essentiel en éducation, c’est le lien qui unit les connaissances et les valeurs. Promouvoir la devise de la République – liberté, égalité, fraternité – sans former l’enfant à la liberté d’expression et de pensée, sans lutter contre l’injustice et la compétition acharnée, c’est perdre tout crédit à ses yeux. Enseigner les mathématiques ou la physique, sans favoriser l’exercice de la rigueur par la pratique de la démarche expérimentale et du débat argumenté, c’est vider ces disciplines de leur substance et se résigner à voir nos enfants fascinés par les théories complotistes. Donner à voir des chefs-d’œuvre élaborés par les humains tout au long de leur histoire et pratiquer une évaluation qui se satisfait de la médiocrité dès lors qu’elle est payée d’une mauvaise note, c’est trahir ceux dont nous prétendons nous revendiquer.
Le véritable enjeu de notre éducation – pour les parents, l’école, le tissu associatif ou les médias – est bien la cohérence. Cohérence entre nos principes et nos actes. Cohérence entre les connaissances que nous transmettons et la manière de les transmettre. Cohérence entre ce que nous donnons à admirer à nos enfants et ce que nous faisons avec eux au quotidien.»

Jacques Rancière
« Transmettre ? Une fiction ! »
« Que doit-on transmettre ? Les plus modestes se satisfont de transmettre des savoirs. Les malins se targuent de faire mieux : ils apprennent à apprendre, ils transmettent l’esprit critique et les valeurs de la réflexion. Mais le modèle reste le même : il y a une chose à transmettre, un bien spirituel que l’on fait passer dans un autre cerveau comme un bien matériel passe de main en main. On voit alors volontiers le patrimoine intellectuel et moral d’une communauté transmis à une collectivité d’esprits enfantins en même temps que les règles de la conjugaison. Cette fiction est nécessaire au fonctionnement de l’institution éducative. Et elle est nécessaire au fonctionnement d’un ordre social qui identifie le pouvoir des propriétaires à celui des compétences. Reste que, à la vérité, le mot « transmission » est un leurre. Platon déjà se moquait de cet auditeur qui se collait à Socrate pour ne rien perdre de l’enseignement du maître : rien ne passe d’un cerveau dans un autre. Dans ce qu’on appelle transmission, il y a le rapport entre deux exercices ou, pour reprendre les termes de Joseph Jacotot, entre deux aventures intellectuelles. L’aventure intellectuelle de celui ou celle qui occupe la fonction de maître est de provoquer celles et ceux qui lui font face, à répondre, à engager leur propre chemin pour apprendre. Cet effet est crucial pour les individus : au hasard d’une leçon entendue, d’un exercice proposé, ils peuvent y saisir la chance de départs neufs et de trajets inédits sur le terrain du savoir. Ils peuvent y devenir des individus émancipés qui décident de mettre en œuvre cette capacité qui appartient à tous et qu’ils reconnaissent en tous. »

MANUELS SCOLAIRE : Si l’école normalise les déviations en tous genres, rien ne peut plus sauver la société.

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Le Messager : Qu’est-ce qui aurait amené les responsables du secteur éducatif à mettre ce livre au programme de la classe de 5ème ?
Kaffo : Un fait s’impose de lui-même, il faut un manuel de SVT au programme de 5è. Et c’est la tâche du Conseil national d’agrément du manuel scolaire et du matériel didactique de s’assurer que le dit manuel couvre au moins 75 à 80% du programme officiel, qu’il est d’une indiscutable qualité scientifique et pédagogique, que sa qualité matérielle (lisibilité, attrait, manipulabilité…) lui permet de durer, que son contenu est sociologiquement et éthiquement correct… Quand un manuel inscrit au programme manque à un ou plusieurs de ces critères dont certains sont fondamentaux, le premier fautif est le Conseil d’agrément du manuel scolaire qui a bâclé son travail au moins dans le cas d’espèce ; le second, c’est l’autorité ministérielle qui a fait confiance sans vérification à ce conseil. Il faut donc revoir les procédures et les hommes… Et si ce Conseil ou les auteurs estiment, malgré les faits avérés, avoir eu raison, alors il ne reste plus qu’à s’interroger sur leurs compétences scientifique et pédagogique, et leur positionnement sociologique et éthique.
Le Messager : Quel est votre sentiment par rapport à ce livre querellé ?
Kaffo : Je ne suis pas compétent pour évaluer scientifiquement le livre même, étant enseignant de Français. Mais le module à problème porte sur une question pédagogique et non scientifique : le choix des mots et des images. Cela me rend par contre plutôt très compétent pour apprécier la pomme de discorde : les images utilisées pour passer le message sur les pratiques sexuelles déviantes. L’image est un média incontrôlable parce qu’il s’adresse à l’hémisphère cérébral droit, lequel fonctionne sur un mode analogique, intuitif, empirique, contrairement à l’hémisphère cérébral droit qui est rationnel et logique. Et nous avons affaire en 5è à des enfants très jeunes n’ayant aucune expérience pour amortir la violence de ces images chocs. L’intention pédagogique ne constitue pas ici une circonstance atténuante. Comme on le dit souvent, dessinez le diable sur le mur et il apparaît. Les enfants de la classe de 5è ne me semblent pas encore outillés d’un appareillage critique suffisant pour réceptionner sans dommage les images et les messages dont il est question, surtout lorsqu’on laisse croire que lesdites pratiques sont acceptées comme bonnes dans certaines cultures.
Le Messager : La pudeur qui marque l’univers communicationnel de l’Afrique est-elle contraire à la mondialisation de la connaissance?
Kaffo : Vous voulez sans doute opposer la pudeur, qui est l’attachement à la décence, à une certaine mondialisation permissive et outrancière. La connaissance n’est pas le contraire de la morale et, lorsque papa et maman ferment la porte de leur chambre la nuit, il ne s’agit pas de leur part d’un complot ourdi contre la connaissance. Quand la mondialisation décidera qu’il est bon d’installer les pots de WC sur la place publique pour que chacun puisse faire ses besoins au vu et au su de tous, cela n’ajoutera rien de positif à la connaissance. Au contraire, cela pourrait discréditer la connaissance et donner des arguments à tous les extrémistes qui luttent contre l’acquisition des savoirs. On retrouve sans doute là François Rabelais qui disait que la science (la connaissance, le savoir) sans la conscience (celle-ci est inséparable d’un certain degré de censure morale) n’est que ruine de l’âme.
Le Messager : Au regard des thèmes querellés (homosexualité, pédophile, zoophilie, sodomie) dans ce livre, est-il opportun de l’enlever du programme scolaire quand l’on sait qu’ils comportent des messages subliminaux qui, en filigrane, sont un hymne à la perversion sexuelle ?
Kaffo : Premièrement, il faut mieux sélectionner le niveau d’entrée de ces savoirs en fonction des compétences de réception critique des apprenants. Les programmes gagneraient donc à être plus précis et plus critiques sur ce point, et apparemment ils ne sont pas assez. Secondement, il faut s’entendre sur l’approche pédagogique la plus appropriée. Le manuel scolaire ne saurait devenir une annexe de Facebook ou d’autres plates formes similaires. Il doit discriminer ce qui est fréquentable et non normaliser la fréquentation de tout ce qu’une poubelle mondiale mal gérée déverse sur les boulevards de la communication. Il ne faut pas se leurrer ou se cacher derrière l’APC comme les auteurs du manuel SVT de 5e : on ne peut pas en situation de classe lutter contre la zoophilie, la sodomie… sans l’enseigner au préalable (dire exactement en quoi ces pratiques consistent !). Imaginez l’enseignant de 5e à l’œuvre muni de l’APC… Il me semble que le sens critique dans le cas d’espèce a fait défaut à plus d’un maillon de la chaîne et que la meilleure chose à faire consiste à extraire cet ouvrage des programmes et d’en assumer les conséquences légales et judiciaires.
Le Messager : Quel message à l’intention des hommes liges des réseaux ésotériques occidentaux tapis dans les administrations scolaires qui veulent pervertir la jeunesse par ces thèmes qui sont exécrés en Afrique ?
Kaffo : Vous savez, même en Occident, ils encore très nombreux, ceux qui se battent contre ces pratiques. Je rappelle que la loi contre l’homosexualité dont le verrou vient de sauter en Inde fut établie sous la colonisation britannique. Il y a une élite mondiale qui recrute dans tous les hémisphères pour imposer une contre-culture en rupture avec la morale dans tous les domaines : l’art, les mœurs et j’en passe. La société occidentale a résisté des siècles mais on l’a usée à bout. Si la nôtre cède, il n’y aura plus nulle part de digue sur la planète. Et l’on cède le plus souvent par conformisme, par paresse, par mimétisme, par intérêts mal compris, parce qu’on n’est plus maître de soi… Vous savez, on a beau tout avoir sur les réseaux sociaux, l’école reste le meilleur moyen de toucher 100% de chaque tranche d’âge avec une information contrôlée, normalisée, calibrée. Si l’école cède, rien ne peut plus sauver la société.
Le Messager : Quel est votre appréciation par rapport à la politique du livre unique initiée par le premier ministre et mis en application par les responsables des secteurs éducatifs ?
Kaffo : Je veux distinguer le livre unique du manuel unique. Le livre unique, c’est indiscutablement une bonne chose quand les tests de qualité sont en place et non corrompus. Il allège le cartable de l’élève et ménage le portefeuille du parent. Le manuel unique par contre, c’est une absence de stratégie de rechange, c’est un plan A sans plan B. C’est donc un déficit tactique et même stratégique. Il faut dit-on avoir au moins deux cordes à son arc. Un manuel de 5e nous trahit et tout est dépeuplé, parce qu’il n’a jamais été envisagé qu’un tel incident/accident puisse se produire. C’était bien de quitter l’extrême des 6 à 8 manuels d’hier. Mais entrer le ghetto d’un seul manuel n’est nullement la preuve d’un meilleur bon sens.

Propos recueillis par AZAP Dongo, Le Messager.

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