Les premières évaluations sommatives pour la compte de l’année 2022/2023, se sont déroulées dans une ambiance électrique au lycée bilingue de Ngomedzap dans le département du Nyong-et-So’o.
Dans une adresse aux enseignants via le forum whatsapp de l’établissement, le proviseur, monsieur Ngueli Eyambè Jean Marie, a convoqué ces évaluations pour la période allant du lundi 10 octobre au vendredi 14 octobre, délais de rigueur. Chaque enseignant était ainsi invité à évaluer à ses heures de cours, sous le contrôle de l’administration chargée de l’implémentation de cette mesure.
La pomme de discorde intervient lorsque le chef de l’établissement évoque la question de la reprographie des sujets: « Notre photocopieur est victime d’une panne grave et ne peut fonctionner pour la multiplication des épreuves », dit-il dans son communiqué. Le décor ainsi planté, il peut alors délivrer sa pilule dont l’amertume provoquera le courroux des enseignants : « par conséquent, chaque enseignant apportera pour chacune de ses classes les épreuves déjà multipliées en fonction des effectifs de chaque classe à obtenir auprès des censeurs », peut-on également lire dans ce même communiqué. En d’autres termes, les enseignants ont été invités à multiplier à leurs frais, les différents sujets d’évaluation. Une rupture totale avec la tradition encrée dans les établissements d’enseignement secondaire et selon laquelle la reprographie est à la charge de l’institution scolaire, les enseignants ayant pour unique tâche, le dépôt d’un exemplaire de leurs sujets.
Une seconde option est toutefois offerte aux enseignants, comme si le proviseur avait senti que la mesure préconisée pour la reprographie allait essuyer quelques élans hostiles. La brèche ouverte ne manque cependant pas de cynisme. Dans un Nota Bene qui sonne comme un retour à une époque révolue, le proviseur annonce : « chaque enseignant est appelé à évaluer pendant la période indiquée, même s’il faut écrire au tableau. » La messe est dite.
Comment peut-on au 21è siècle écrire des sujets d’évaluations au tableau alors que des moyens peuvent être dégagés pour la reprographie ? La visibilité sera-t-elle bonne pour les élèves ? Un enseignant de mathématique par exemple peut-il copier un sujet type au tableau pour une classe comme la terminale D ? Autant de questions sans réponses que suscite l’attitude du proviseur du lycée bilingue de Ngomedzap.
Les remous observés cà et là n’ont pas été à la hauteur du diktat de monsieur Ngueli Eyambè qui est resté de marbre. Sur le terrain, les évaluations ont effectivement eu lieu. Certains enseignants ont opté, l’âme en peine, pour la multiplication des sujets à leurs frais. D’autres ont choisi l’option la moins coûteuse et la plus désinvolte : l’écriture des exercices au tableau. Il va sans dire que les partisans de cette seconde option ont choisi de préserver leurs bourses déjà maigres du fait de la conjoncture actuelle, mais aussi ont réduit le dosage des épreuves, l’écriture au tableau étant un exercice assez difficile. Le corolaire de cette constatation est que certains élèves ont été sous évalués.
A la question de savoir quelles motivations peuvent permettre de comprendre la décision controversée du proviseur du lycée bilingue de Ngomedzap, une piste non négligeable a été évoquée par plusieurs enseignants: le parfum des mutations et nominations qui embaume l’air depuis quelques temps, plombe le fonctionnement de certains établissements. Ainsi, d’après cette analyse, ceux des proviseurs qui se sentiraient sur le départ évitent d’engager des dépenses pourtant impératives pour le fonctionnement des lycées et collèges. Le lycée bilingue de Ngomedzap ne serait donc pas un cas isolé ! Bien malin celui qui expliquera cette thésaurisation inopportune des deniers publics.
YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES.