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mardi, mars 11, 2025
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INDIGENCE INFRASTRUCTURELLE : une école délabrée au cœur de Yaoundé, quartier Etoudi

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Dans son journal du 17 septembre 2019, Equinoxe télévision a fait un zoom salutaire sur une école de Douala Bonabéri. Le ministre Etoundi Ngoa y reconnaît, tout à son honneur, l’inadmissible condition dans lesquelles les jeunes Camerounais inscrits dans cette école préparent leur avenir. Il s’agit d’une école créée il y a plus de 5 ans, bâtie en matériau provisoire, dont chaque bâtiment abrite parfois 4 salles de classes séparées par de demi-cloisons. Les élèves de toutes les salles se voient, et on peut imaginer que chacune et chacun d’eux suit simultanément deux, trois à quatre cours. On peut aussi essayer de comprendre comment chaque enseignant s’y prend pour laisser une petite place à la voix du collègue d’à côté ou d’en face. Quelle peut être l’efficacité de telles classes ? Chacun peut se la représenter à loisir.

Dans le budget 2019-2020 du MINEDUB ainsi que l’a promis solennellement le ministre Etoundi Ngoa, une allocation permettra de  remplacer ces espèces de poulaillers par une nouvelle école toute moderne. Il aura pour cela fallu un reportage d’Equinoxe télévision. Il existe comme cela des centaines d’établissements improbables du primaire comme du secondaire, aussi bien dans l’arrière-pays qu’en zones urbaines, y compris au cœur de nos capitales politique et économique. Il est peu probable que des chaînes de télévision descendent les visiter tous. Ils n’auront peut-être pas la chance de recevoir la visite étonnée d’un ministre, et le bonheur de se voir promettre de véritables infrastructures.

En plein cœur de la capitale politique, dans l’arrondissement de Yaoundé 1 Etoudi, l’école maternelle et primaire bilingue de Nkolmbong ne ressemble guère à une école bâtie dans un quartier privilégié. Elle est pourtant bel et bien dans le quartier présidentiel, et en levant le regard, les élèves comme leurs encadreurs peuvent apercevoir flotter sur le toit du palais d’Etoudi les couleurs de la nation. Leur situation fait pourtant irrésistiblement penser à l’adage qui dit « Près de l’église, loin de Dieu. » Salles en « carabottes », planchers de terre, tables-bancs vétustes, absence du plus petit aménagement, aucune trace d’esthétique, cette école, comme beaucoup d’autres ici et ailleurs dans le pays, est une véritable honte pour Etoudi, pour Yaoundé, pour le pays tout entier. Elle traduit l’état même de délabrement qui continue à marquer l’éducation au Cameroun, jusque dans les endroits les plus insoupçonnés.

Roger Kaffo Fokou

ECOLE EN ZONE FRANCOPHONE : Cette Victime Oubliée De La Crise Anglophone

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La 2è semaine de l’année scolaire 2019-2020 s’est achevée vendredi sur des fortunes diverses. L’actualité nationale a surtout retenu ces images de parents d’élèves du Lycée de Fombap dans l’arrondissement de Santchou, département Menoua, qui ont bruyamment manifesté dans l’établissement, dénonçant la gestion opaque et maffieuse des fonds d’APE par le proviseur Jules Nouba, et aussi le fait que celui-ci contre toute attente s’est décidé de mettre à la porte ceux des élèves qui ne s’étaient pas encore inscrits et parmi eux, les déplacés de la crise anglophone.
Ce dernier point concernant les déplacés de la crise anglophone nous intéresse particulièrement car, au Lycée de Bachua, arrondissement de Babadjou dans les Bamboutos, le proviseur a créé aussi une grogne dans la mesure où il exigeait, aux mêmes déplacés, la somme de 25000 frs représentant selon lui les frais de fabrication d’un banc. Si cette dernière raison peut sembler logique, le contexte de précarité créé par la crise, les conditions de déplacements de ces populations devrait inciter les chefs d’établissements à plus de compassion vis-à-vis de ces victimes qui subissent malgré elles les effets de turbulences politiques que leur imposent les grands acteurs de l’histoire. Les parents, il faut le dire, ne sont nullement dupes devant ces stratégies, car les 25000frs termineront sans doute tranquillement leur course au fond de la poche de monsieur le Proviseur.
Les victimes de la crise anglophone sur le terrain font donc face à de multiples obstacles, et tous ces obstacles et bien d’autres sont complètement en contradiction avec le discours du Ministre de l’administration Territoriale qui, au cours de sa tournée à l’Ouest une semaine avant la rentrée scolaire, avait clairement indiqué que les élèves déplacés de la crise anglophone devaient constituer une priorité pour les chefs d’établissements scolaires. À ce titre, aucun obstacle ne devrait leur être opposé au cas où ils sollicitaient l’inscription dans un établissement scolaire, même pas celui des frais d’inscription. D’ailleurs Madame le Ministre des Enseignements Secondaires dans un communiqué signé le 10 septembre 2019 réitère la même volonté qu’elle indique clairement émaner du Chef de l’État.
Cette mesure est louable à plus d’un titre car elle facilite dans notre contexte où toutes les nouvelles inscriptions sont systématiquement monnayées l’accès dans nos écoles, lycées et collèges à nos compatriotes en difficultés. Seulement, l’actualité laisse entrevoir que l’Etat, au-delà du discours, ne semble nullement accompagner cette mesure par un soutien matériel, financier et en nouveaux personnels pour les établissements qui accueillent les élèves déplacés. Et pourtant cette situation impose la nécessairement de nouvelles infrastructures (salles de classes, tables-bancs, matériels didactiques…). Ces responsabilités additionnelles, nos écoles dont les budgets se sont sans cesse amenuisés depuis plus d’une décennie, auront bien du mal à les assumer. Il est donc nécessaire et même urgent que l’Etat du Cameroun pense affecter une partie des ressources du Plan d’urgence humanitaire aux établissements scolaires, particulièrement ceux des grandes villes du Cameroun et ceux de la ligne de front.
Il faut également signaler que cette mesure mal encadrée administrativement fait déjà l’objet des premiers abus ou de tricherie. Car il nous est revenu que de nombreux Camerounais s’étant rendu compte de la gratuité déclarée des frais d’inscription pour déplacés anglophones dans les établissements publics, s’autoproclament désormais déplacés anglophones afin de bénéficier de celle-ci. Cette malhonnêteté est un problème de plus pour les ressources déjà très faibles de nos établissements scolaires. Un autre problème à craindre est celui de certains chefs d’établissements qui choisiront d’affecter eux-mêmes dans cette rubrique certains élèves qui n’ont aucun rapport avec cette crise, ce qui leur ouvrira une porte de détournement des frais d’inscription et d’APE.

Par Fokou Kodjo

ECHO DE LA RENTRÉE SCOLAIRE DANS LE SEPTENTRION : une réalité fortement mitigée .

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Pour cette rentrée scolaire, le réseau du SNAES dans le septentrion a pris le pouls dans trois départements : le Faro et Déo, la Vina et la Bénoué.
Les écoles du département du Faro et Déo, comme toutes les autres du pays où les conditions le permettent, ont ouvert leurs portes aux jeunes éducables dès ce lundi 02 Septembre. Ici, les petits plats ont été mis dans les grands pour accueillir toutes la communauté éducative. Seul bémol, l’engouement des élèves pour l’instant reste faible. Dans le Faro et Déo, malgré toutes les dispositions prises par les professionnels de l’éducation, les statistiques du premier jour de la rentrée expriment un taux de présence des élèves de 52% par rapport aux effectifs attendus. Il faut noter que ce début d’année scolaire, comme la précédente, est marquée par des affectations massives des enseignants du département : 36 départs pour 2 arrivées seulement. Cette hémorragie qui a sérieusement bouleversé les emplois de temps augure encore plus d’effort de la part du personnel enseignant déjà saturé, pour arriver à couvrir les curricula.
En plus de ces quelques problèmes il faut ajouter celui des incertitudes relatives à la digitalisation des frais exigibles, au retard dans la mise à disposition des programmes de la classe de première et la mise en œuvre des changements dans les calendriers. Heureusement le moral des enseignants semble ne pas pouvoir tomber plus bas.
Dans la région de l’Adamaoua, notamment dans les départements de la Vina et du Faro et Déo, nous avons interrogé quelques enseignants, il ressort de ces interviews que pour Monsieur Ali, personnel administratif dans un établissement du département de la Vina, les impressions vis-à-vis de ce débutd’année scolaire sont bonnes, car depuis plus d’une semaine, lui et ses collègues mettent un point d’honneur à ce que la rentrée se déroule dans les bonnes conditions. Heureusement pour eux ces efforts n’ont pas été vains. L’efficacité de ces efforts assure-t-il, pourrait être amplifiée si l’établissement pouvait bénéficierd’un environnement plus sécurisé grâce à la construction d’une clôture dont la carence expose l’établissement aux inconvénients liés à la promiscuité avec les domiciles environnants. Quant à ses attentes et ses résolutions, il espère une collaboration plus franche entre ses collègues de champs et l’administration pour susciter un dévouement sans faille et une assiduité plus grande des élèves et améliorer le taux de réussite.
Pour ce qui est des innovations, Monsieur René, enseignant dans un établissement du Faro et Déo pense que le paiement digital comme toutes les innovations présente des difficultés d’amorçage ; il compte sur la hiérarchie pour venir à bout en apportant les réajustements qui s’imposent pour son efficience. Selon lui, le reversement des frais par les recours à la banque plutôt qu’au trésor public devrait juguler les difficultés liées à l’unicité des caisses et permettre aux établissements scolaires d’avoir un accès plus facile aux liquidités. En ce qui concerne le nouveau calendrier, il salue le retour à l’ancienne école par un allègement significatif au niveau du travail administratif et la plus grande marge de manœuvre laissée à la pédagogie, et enfin, pour les difficultés liées aux curricula des classes de premières, il pense que le retard qu’ils ont accusé est inquiétant mais il reste convaincu que la communauté sera bientôt fixée. Comme mesure palliative, les staffs administratifs exhortent les enseignants à s’approprier les curricula mis à disposition par l’IGE et à mettre à profit tout le temps qu’ils peuvent pour les exploiter et finaliser leurs projets pédagogiques et autres documents didactiques.
Dans le nord, c’est auprès des élèves du lycée bilingue de Garoua et du lycée classique et moderne de Garoua que nous avons recueillis les impressions pour la rentrée.
Pour Hakassou, élève en classe de Upper sixth au lycée bilingue et Maimouna, élève en classe de 4ème Espagnol au lycée classique, le démarrage est jugé bon. Ils espèrent avoir plus de bonnes notes cette année. Pour ce qui est de la digitalisation du paiement, ils en sont satisfaits parce que de leur point de vue, elle facilite les choses. Ils sont très enthousiastes de reprendre les cours et espèrent que l’année scolaire se déroulera dans les meilleures conditions possibles.
Les espoirs pour cette année sont entre autres que l’insécurité des enlèvements qui a eu cours l’année scolaire dernière dans l’Adamaoua soit jugulée et que les écoles des régions du nord et sud-ouest s’ouvrent et permettent aux enfants de renouer avec les apprentissages dans la sérénité. Mais au regard du contexte politique, ces espoirs ont-ils quelque chance de ses concrétiser ?
Ainsi va la rentrée scolaire dans quelques établissements du septentrion.

 

 ASSOAH ETOGA Roland

RENTREE SCOLAIRE 2019-2020 : le Lycée bilingue de Dschang bien au rendez-vous

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Ce lundi 02 septembre 2019, le Lycée bilingue de Dschang a retrouvé son ambiance studieuse habituelle presque comme s’il se glissait dans un vêtement de tous les jours. Elèves, enseignants, staff administratif, personnels d’appoint, personne n’a, semble-t-il, manqué à l’appel en ce jour de rentrée scolaire.
Installé de plus en plus confortablement sur le flanc d’une des nombreuses collines qui surplombent la ville de Dschang, face aux installations qui marquent les confins nord-est du domaine de l’Université de céans, l’établissement vit retiré dans cette périphérie judicieusement éloignée du tohu-bohu du centre ville. Là, au-dessus d’un lac dont la surface ressemble chaque jour un peu plus à une peau de chagrin, à l’ombre frémissante et fraîche des pins et des cyprès, il a su trouver les ressources pour s’imposer comme l’un des meilleurs mais aussi des plus beaux lycées de la région.
Pour cette journée de reprise des classes, le Lycée bilingue de Dschang a pris soin de faire sa toilette des grands jours pour accueillir sa couvée 2019-2020 : pelouses tondues de près, massifs floraux soigneusement taillés, allées ratissées, tout semble apprêté pour impressionner favorablement les anciens élèves de retour des grandes vacances aussi bien que les nouveaux découvrant ce cadre agréable dans lequel ils vont affûter leurs armes pour les grandes batailles de la vie.
Derrière ce décor flatteur, les problèmes ne manquent pourtant pas. La situation des caisses, en raison des cafouillages de la digitalisation des paiements lancée une année plus tôt, fait planer incertitude et inquiétude sur ce campus : sera-t-il possible de ne pas recourir aux maigres perfusions de la caisse de l’Association des parents d’élèves cette année ? Nul ne le sait. La proximité de la crise anglophone fait aussi peser sur l’établissement son lot de soucis : les demandes de recrutement de nouveaux élèves continuent d’affluer, les effectifs dans les classes franchissent le point de rupture. De nombreuses salles de classe ressemblent de plus en plus à des amphithéâtres, et il faut pourtant continuer à recruter, à trouver dans ces salles surmenées un petit bout de place pour ces jeunes déplacés que la crise jette par les routes et dans la nature. Ici au moins, ils peuvent avoir un recoin dans une salle de classe, et un enseignant devant eux. Mais ceux qui sont restés là-bas, qui n’ont pu ou voulu échapper à l’enfer : qu’adviendra-t-il d’eux ? S’ils en réchappent et quand la délinquance et le crime les aura recrutés, la république aura-t-elle de la compassion et une solution de récupération pour eux ?

Roger Kaffo Fokou

LES ENSEIGNANTS OSTRACISÉS PAR LEUR PROPRE TUTELLE : Des affectations qui renforcent l’opacité autour de leurs droits.

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Par ASSOAH ETOGA Roland

Le 23 Août dernier, une fois de plus, c’est par une note de service que la Ministre des enseignements secondaires Mme NALOVA LYONGA a décidé de procéder au redéploiement de certains personnels de son département ministériel. Et bien que certaines affectations sur cette note de service exigent des déplacements sur plus de 1200 km, aucune disposition légale n’est convoquée pour les prendre en charge au parfait mépris de la réglementation en la matière. Au contraire, on peut lire au bas de cette note la mention suivante : « les intéressés sont invités à rejoindre leurs nouveaux postes de travail dès publication de la présente Note de service ».

Décidément, les enseignants sont des fonctionnaires non pas à part entière, mais plutôt, entièrement mis à part. Ils n’ont droit qu’à des obligations de service sans jamais bénéficier des dispositions règlementaires qui les accompagnent. Cette manière de procéder au redéploiement des personnels est un héritage du Ministre Ernest Massena Ngallè Bibéhé quand il était au MINESEC, mettant ainsi fin à la légalité des redéploiements des enseignants par voie d’arrêtés ou de décisions ministériels. La tutelle par de tels agissements latents se garde bien de rappeler et d’engager les dispositions prévues par les lois N°2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier et N°2000/693/PM du 13 septembre 2000 fixant le régime des déplacements des agents publics civils ainsi que les modalités de prise en charge sur le budget de l’Etat des frais y afférents.

Il faut bien rappeler que la note de service n’est qu’un acte administratif qui n’a pas de valeur réglementaire particulière ; elle est considérée comme un communiqué diffusé par les autorités administratives pour faire passer une information ou une directive ; au même titre que la circulaire, la note de service est la plus petite hiérarchie dans les textes de loi après les traités internationaux, la constitution, les règlements et directives communautaires, les lois, les décrets et les arrêtés. Pour engager une dépense budgétaire, elle est dépourvue de force obligatoire pour les tiers, notamment l’Etat. Il s’agit donc manifestement d’une disposition prise pour, au mieux, amplifier davantage l’opacité dans les procédures de la prise en charge du déplacement de ces personnels, ou au pire, les suspendre.

Malgré la conjoncture difficile, dura lex, sed lex. La loi N°2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier en son article 12 dispose que les charges budgétaires de l’Etat comprennent entre autres les dépenses des personnels. Ainsi, lorsque l’Etat procède au redéploiement des fonctionnaires, ces derniers engagent des dépenses conséquentes pour se déplacer eux-mêmes, leurs conjoints, leurs enfants et bagages. C’est d’ailleurs pour cela que le décret N°2000/693/PM du 13 septembre 2000 avait été prise pour fixer le régime des déplacements des agents publics civils, ainsi que les modalités de prise en charge sur le budget de l’Etat des frais y afférents.

Dans ce décret, il est clairement mentionné que le déplacement officiel de tout agent public ne peut être effectué qu’en vertu d’une demande ou décision de l’autorité compétente. Il donne lieu à l’établissement d’un acte d’affectation pour les déplacements définitifs. L’administration pourvoit au transport de l’agent public et éventuellement de sa famille et de ses bagages soit par ses propres moyens, soit par voie de réquisition de transport ou de location de véhicule. Les crédits budgétaires alloués au règlement des frais de déplacement temporaire ou définitif sont fixés dans le budget de l’Etat par le département ministériel. Le déplacement est dit définitif lorsqu’il occasionne le changement du lieu de résidence professionnelle de l’agent public et de sa famille à la suite d’une affectation de celui-ci, dans ce cas, l’agent public a droit aux frais de son transport ainsi qu’à ceux de sa famille et des bagages.

Il semble que le sacerdoce et la noblesse consentis par les enseignants dans le cadre de leurs services s’apparentent à de la naïveté ou à la permissivité et sont machiavéliquement exploités à des fins d’asservissement et de clochardisation, à tel point que les enseignants eux-mêmes, las de résister face à l’injustice sociale qui s’acharne inlassablement à s’abattre sur eux et sur leur profession, se sont aliénés à souscrire à une forme d’impuissance acquise sous le joug de leur propre administration qui semble s’en délecter. Les enseignants ne peuvent décidément compter que sur eux-mêmes pour obtenir leurs droits. Ils gagneraient donc à utiliser tous les moyens légaux à leur disposition pour réclamer et obtenir régularisation de cette entorse administrative supplémentaire qui continue à incrémenter la liste des atteintes à leurs conditions de travail.

SNAES : Nouvelles ambitions, nouveau siège désormais ouvert tous les jours ouvrables

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Le SNAES poursuit lentement mais sûrement sa transformation. Au plan idéologique, il est plus que jamais un syndicat de développement. Engagé à apporter une contribution substantielle à la mise en place d’une éducation de qualité mais surtout qui transforme le citoyen en profondeur, il s’est lancé résolument dans la mise en œuvre au bénéfice de la jeunesse camerounaise de l’éducation sociale, financière et entrepreneuriale (ESFE), en partenariat avec Aflatoun International. Le programme, lancé à grande échelle, touche aujourd’hui les régions du Nord, de l’Adamaoua, de l’Ouest, du Centre, du Littoral et fait une petite incursion dans le Sud. Dans les années à venir, il est appelé à s’étendre pour toucher l’ensemble des 10 régions du pays et ambitionne de s’implanter dans tous les établissements du secondaire puis de s’attaquer à l’éducation de base.

Le SNAES est aussi leader aujourd’hui dans la lutte pour la défense et la promotion du travail décent dans le sous-secteur de l’éducation et se bat pour que le personnel d’appoint dudit sous-secteur soit traité décemment. Dans le but de contribuer à la refondation de l’école camerounaise, le SNAES est au front dans le processus de l’organisation du Forum National de l’éducation et pilote l’opération de collecte de données préalable dans la région du Centre.

Pour conduire ces tâches convenablement, le SNAES s’est doté depuis peu d’un siège à la mesure de ses ambitions. Situé à Biyem-Assi au lieu dit « Montée des sœurs », à côté de la radio TBC, ce siège est désormais ouvert tous les jours ouvrables de 8h à 15h.

La Rédaction

OPERATION DIGITALISATION DES FRAIS EXIGIBLES AU MINESEC : un bilan en nuances de gris pour 2019

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Au cours de la récente rencontre des services centraux, déconcentrés et des organes sous-tutelles du MINESEC tenue le mardi 23 avril 2019 à Nkolbisson à Yaoundé, l’un des exposés les plus attendus portait sur le bilan de l’opération digitalisation des paiements au MINESEC, opération conduite cette année à pas forcés et incontestablement sans véritable préparation. Le bilan, donné par M. Djomnang Tchatchouang Léopold, Chef de la division des affaires juridiques au MINSEC, a surpris par la qualité de ses révélations.

En effet, de ce bilan, on retiendra que Express Union, MTN, Orange Cameroun et CAMPOST ont collecté cette année auprès des élèves du secondaire public la rondelette somme de 16 250 145 408FCFA. A la date de compte rendu, il ne restait plus que 1 milliard 362 millions de francs de cette somme à redistribuer aux établissements scolaires. D’où la question : où sont partis tous ces milliards récoltés et supposément redistribués ? Cette question a d’autant pleinement son sens que sur le terrain, les établissements qui en auront le plus reçu n’ont pas dépassé les 50% de leur dû, et nous sommes rendus pratiquement en fin d’année, puisque les examens certificatifs ont commencé. Qu’a-t-on fait ou qu’est-on en train de faire du pactole des établissements scolaires ? Il est impératif qu’une réponse soit donnée à cette question, d’autant que la plupart des établissements sont aujourd’hui surendettés auprès des APEE, des prestataires de service, et que la plupart de ces prestataires ne veulent entendre parler des établissements scolaires tant que ceux-ci ne les auront pas désintéressés.

L’autre grosse nouvelle de ce rapport, c’est l’intervention de la présidence de la république dans ce dossier : le Secrétaire Général de la présidence de la république a en effet, finalement, décidé de prendre ses responsabilités et a instruit le MINESEC et le MINFI d’ouvrir un compte dans une banque commerciale dans lequel les opérateurs de collecte de fonds devront reverser le fruit de ces collectes. Chaque établissement devra ouvrir ou rouvrir à son tour un compte auprès d’une banque commerciale pour participer au partage. Un pas dans la bonne direction, à deux observations près : il s’agit d’un long détour pour revenir au point de départ : cela valait-il réellement la peine ? C’est en même temps une centralisation incompréhensible de ressources à l’ère dite de l’accélération de la décentralisation. Nous ne sommes pas à une contradiction près.

Roger Kaffo Fokou, SG/SNAES

Célébration de la semaine mondiale de la monnaie dans l’Adamaoua et dans le Nord Cameroun, d’un coup d’essai à un coup de maître.

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Cette 8è édition de la Global Money Week s’est célébrée sur le thème « Apprendre, épargner, gagner ».

Il est important de rappeler qu’Aflatoun pose ses valises au Cameroun par le concours d’un partenariat avec le SNAES qui a choisi comme philosophie le syndicalisme de développement et qui trouve en la vision d’Aflatoun un atout pour améliorer la qualité de l’éducation au Cameroun et partant, la pertinence et l’efficacité du système éducatif camerounais.

article Célébration de la semaine mondiale de la monnaie dans le grand Nord

Aflatoun Cameroun pense que les enfants et les jeunes d’aujourd’hui devraient devenir des citoyens économiquement autonomes, capables de comprendre l’importance de l’épargne, dotés des compétences nécessaires pour être employés et créer leurs propres moyens de subsistance.

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Aflatoun Cameroun pense que les enfants et les jeunes d’aujourd’hui devraient devenir des citoyens économiquement autonomes, capables de comprendre l’importance de l’épargne, dotés des compétences nécessaires pour être employés et créer leurs propres moyens de subsistance.

 

Lutter contre la violence en milieu scolaire aujourd’hui : sortir de la dérèglementation et de l’impunité  pour retrouver les fondamentaux

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Par Roger KAFFO FOKOU, AP Français, SG/SNAES,
Membre Cellule anti-corruption MINESEC

Le vendredi 29 mars 2019, un élève du Lycée bilingue de Deido a poignardé à mort un de ses camarades de classe, suscitant une violente émotion au sein de l’opinion nationale. Et du coup, le phénomène de la montée de la violence en milieu scolaire a envahi les écrans et les Unes des journaux. Au cours de la traditionnelle rencontre pour l’évaluation à mi-parcours de l’année scolaire en cours tenue à Nkolbisson en janvier 2019, le Pr Nalova Lyonga, ministre des Enseignements Secondaires, avait déjà fait exposer sur ce thème, pour dire à quel point le sujet est devenu préoccupant. Mais il ne faut pas céder à la tentation d’en donner une vue simplificatrice. Lorsque l’on fait une chute, ce n’est pas l’endroit où l’on a atterri qui importe mais celui où l’on a glissé. Pour bien réussir cette cartographie-là, il faut bien comprendre en quoi consiste la violence d’une part, et quelles sont les spécificités du milieu scolaire idéal d’autre part. On verra alors, et du coup se dessineront les pistes de solution, que la violence en milieu scolaire est le résultat de la violation systématique de ce qui survit à une pratique de déréglementation acharnée qui touche à la fois l’éducation et les autres secteurs de la société.
I. Définition des termes
    A. Du viol à la violence : une relation de cause à effet
Viol :
– fait de transgresser, d’enfreindre, de manquer au respect d’une obligation. Ex : viol du secret professionnel, des feux de circulation, d’une loi, d’un règlement…
– Fait de pénétrer sans permission, sans droit dans un lieu interdit. Ex : violer un temple…
– Fait d’imposer des rapports sexuels à une personne non consentante.
Violenter :
– Obliger en employant la force
– Contraindre/forcer à poser un acte ou à s’abstenir de le faire
Violence :
Procédé matériel, psychique ou moral contraire à la douceur, à la conviction/persuasion, à la modération
Synthèse : la violence peut prendre deux formes principales :
– Sa première forme est violation, c’est-à-dire non-respect/refus de respect des règles, des lois, des us et coutumes, de la morale. On est en situation de transgression, d’effraction, d’infraction… Elle est alors violence contre les institutions, les communautés, les groupes organisés, mais aussi les individus. Ses moyens sont la ruse, la tricherie, la dissimulation, la fraude, les trafics en tous genres, la corruption, les passe-droits, les abus de position dominante ou de fonction, le chantage…
– Sa seconde forme est usage de la force physique pour résoudre un problème ou s’octroyer un avantage dû ou indu : bastonnade, bagarre, agression… Elle est alors essentiellement violence contre les individus, seul ou en bandes organisées.

    B. Le milieu scolaire : un espace en principe clos, fortement règlementé et discipliné par nature
Un milieu est un espace (géographique ou symbolique) doté de spécificités qui le distinguent de ce qui l’entoure. En tant que milieu, l’espace scolaire est en principe clos et ne s’ouvre que sous condition ; il est fortement règlementé, et est discipliné par nature, par la nature-même de ses activités.
       a. Le milieu scolaire, un espace clos :
– IL est inviolable par les forces de l’ordre, sauf cas de réquisition expresse du chef d’établissement, (Cf. La loi d’orientation de 1998, article 27)
– On n’y accède que sur autorisation :
• Les enseignants par décision/note d’affectation
• Les membres de l’administration par actes de nomination
• Les élèves par concours ou recrutement
• Les usagers par autorisation et dans des conditions restrictives : jours, heures, enregistrement, dépôt de pièces d’identification à la guérite…
– On n’en sort qu’en obéissant à certaines règles :
• Les heures de sortie sont connues
• Les sorties en dehors de celles-ci doivent être autorisées : billets de sortie…

       b. Le milieu scolaire, un espace fortement règlementé :
– Le temps et l’espace y sont rigoureusement règlementés : les secteurs, les classes, les heures d’interruption, les sorties momentanées des cours pour se mettre à l’aise, etc. Un individu qui y vadrouille doit en principe être vite repéré et interpellé
– Le travail y est rigoureusement organisé : emplois de temps, fiches de progression, chronogrammes d’activités, circulaires de diverses hiérarchies… Difficile donc d’y faire ce que l’on veut en dehors des règles
– L’évaluation du travail y obéit à une règlementation précise :
• échelle de notation et d’appréciation pour les élèves
• taux de couverture des enseignements et des programmes pour les enseignants
• notation administrative pour tous les personnels
– Les récompenses et les sanctions y obéissent à des textes :
• Règlement intérieur pour les élèves
• Statut de la fonction publique, statut particulier, lois et règlements pour les personnels et les usagers

       c. Le milieu scolaire : un espace discipliné par la nature de ses activités et des acteurs de celles-ci
– Ses activités de base sont des disciplines, c’est-à-dire des règles constantes de pensée et d’agir que l’on assimile pour se développer une rigueur intellectuelle, morale et pratique.
– Ses principaux acteurs sont soit des maîtres, soit des disciples :
• Maîtres, ils sont supposés avoir atteint un degré élevé de maîtrise/domination d’eux-mêmes et de la science pour imposer le respect et l’obéissance absolue aux disciples. Normalement, le maître ne se trompe pas et ses désirs sont des ordres.
• Disciples, ils respectent le maître, lui obéissent et aspirent à devenir comme lui, des maîtres eux-mêmes.

II. Violence en milieu scolaire : déréglementation, violation de la réglementation résiduelle, et montée en puissance de la violence
   1. Le milieu scolaire aujourd’hui : un espace en cours de déréglementation
– La remise en question du statut de l’enseignant : il n’est plus le maître, il doit se contenter d’être un guide, un simple facilitateur : pour cela, l’estrade doit disparaître, il n’est plus devant mais parmi les élèves ; il ne les enseigne plus, il les aide à construire eux-mêmes leurs propres savoirs et compétences
– L’implémentation d’une conception extensive des droits de l’homme à l’école : interdiction des punitions corporelles et progressivement de toutes formes de punition
– Evolution vers l’allègement puis l’interdiction de toutes formes d’évaluation chiffrée considérée comme exercice de violence symbolique ou psychologique
– Liberté de coiffure sous prétexte de particularismes religieux, puis bientôt peut-être de toilette et costume
– Autorisation de contourner les règles d’admission classiques en milieu scolaire : le concours tend à devenir l’exception, la nouvelle règle étant le recrutement sur dossier ou sans dossier
– Les enseignants avec titre (affectés par décision) sont de plus en plus concurrencés par des vacataires sans formation, statut ni salaire

     2. En milieu scolaire aujourd’hui, la violation impunie des règles est devenue un marché qui rapporte gros
         a. En milieu scolaire aujourd’hui, tout le monde est concerné par la violation des règles
– Les élèves par l’indiscipline : retards, absences, insolences, voies de fait sur leurs camarades et sur les personnels divers, corruption, consommation d’alcool et drogues, abus sexuels…
– Les enseignants : notes fantaisistes, punitions sans texte, souvent humiliantes, brutalités verbales et physiques, intimidations, harcèlements sexuels, retards, absences, insolences envers la hiérarchie, corruptions diverses…
– Personnels de surveillance : trafics de billets d’entrée et de sortie, des états de retard et d’absence, brutalités verbales et physiques, harcèlements sexuels, intimidations diverses…
– Les diverses hiérarchiques : trafics de recrutements, d’affectations, de nominations…
         b. En milieu scolaire aujourd’hui, violer les règles entraîne rarement une sanction et rapporte gros
– Aux élèves : ils achètent la liberté d’aller et de venir, de faire entrer ce qu’ils veulent (téléphones portables, alcool, drogues ou armes létales), de s’adonner au sexe, aux jeux de cartes, de faire disparaître le produit d’éventuels vols…
– Aux enseignants : trafics de notes, ventes forcées de polycopiés, sous-traitance de cours pour se livrer à des affaires plus lucratives ailleurs…
– Aux différentes hiérarchies : vente des places, des mutations, des nominations, des faveurs diverses…
          c. Le milieu scolaire : une véritable jungle aujourd’hui
– Il tend à devenir ouvert à tout, à tous et tout le temps :
• Les conditions pour devenir élève ou le rester n’existent plus : on y réussit même sans avoir besoin d’être un bon élève.
• N’importe qui peut y enseigner n’importe quoi : du coup l’enseignant y est rarement maître de quoi que ce soit, ni de qui que ce soit.
• N’importe qui peut y occuper n’importe quelle responsabilité : il suffit pour cela d’avoir le montant requis ou la connexion appropriée.
• Les élèves comme les usagers y vont et viennent à leur guise, à temps et à contretemps, et si un surveillant veut faire du zèle, c’est-à-dire au fond son travail, les textes limitent drastiquement ses moyens et son autorité, ou alors les élèves lui règlent son compte sans conséquence.

Conclusion
La violence en milieu scolaire est devenue un phénomène structurel : on ne l’expulsera donc pas par quelques mesurettes conjoncturelles et quelques sanctions circonstancielles, même si celles-ci font obligatoirement partie de l’arsenal. L’espace scolaire doit se règlementer à nouveau pour retrouver les caractéristique fondamentales d’un milieu scolaire : clôture de principe et ouverture conditionnelle soumise à des règles strictement respectées, espace discipliné où nul(le) n’entre ou ne reste s’il/si elle n’est un maître c’est-à-dire quelqu’un de discipliné qui inspire la discipline, ou un disciple, c’est-à-dire quelqu’un qui aspire, par son comportement et son travail, à devenir à son tour un maître. Quand ces conditions-là seront réunies, il ne sera plus nécessaire d’expulser la violence : elle s’en sera allée d’elle-même.

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