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DISCOURS DES SYNDICATS au JME 2017: MENOUA

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DISCOURS DES SYNDICATS A L’OCCASION DE LA 24èmeJOURNEE MONDIALE DES ENSEIGNANT(E)S

Monsieur le Préfet du département de la Menoua,
Monsieur le Sous-préfet de l’arrondissement de Dschang,
Monsieur le Maire de la commune de Dschang,
Mesdames et Messieurs les Autorités politiques, religieuses et traditionnelles,
Messieurs les Délégués Départementaux chargés de l’encadrement des jeunes,
Camarade Secrétaires Généraux des syndicats ici représentés,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etablissements,
Chers enseignant(e)s,
Camarades syndicalistes,
Chers invités,

Le 5 octobre, comme chaque année depuis 1994, la Journée mondiale des enseignants commémore l’anniversaire de la signature de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant (1966) dont le 50ème anniversaire a été célébré l’an dernier, et la Recommandation de l’UNESCO concernant la condition du personnel enseignant de l’enseignement supérieur (1997) dont cette année marque le 20ème anniversaire. Ces deux recommandations définissent des normes internationales applicables à la profession enseignante et la Journée mondiale des enseignants est l’occasion de réfléchir aux moyens de s’attaquer aux défis qui subsistent dans leur mise en œuvre. Les gouvernements sont interpelés sur le respect de leurs engagements et les enseignants appelés à s’engager encore plus pour la promotion de la profession enseignante.

C’est donc pour célébrer l’édition 2017 de cet anniversaire, que j’ai l’honneur de prendre la parole devant vous, au nom de tous les syndicats d’enseignant représentés dans la Menoua, pour prêcher l’évangile de l’enseignant. Je voudrais aussi par la même occasion vous adresser notre salut syndical et vous exprimer notre profonde considération.

Mesdames et messieurs,

l’IE, l’OIT, l’UNESCO, l’UNICEF et le PNUD ont choisi pour thème cette année 2017 : « Enseigner en liberté, autonomiser les enseignants ». En effet, la liberté fait partie de l’essence de la profession enseignante et Vincent Peillon, alors ministre français de l’éducation nationale déclarait :

« Enseigner n’est pas un métier d’exécution. La liberté pédagogique est absolument essentielle pour les enseignants. ».

La recommandation de 1966 précise, dans la section VIII, paragraphe 61 que:

« Dans l’exercice de ses fonctions, le corps enseignant devrait jouir des franchises universitaires. Les enseignants étant particulièrement qualifiés pour juger des auxiliaires et des méthodes d’enseignement les mieux adaptés à leurs élèves, ce sont eux qui devraient jouer le rôle essentiel dans le choix et la mise au point du matériel d’enseignement, le choix des manuels et l’application des méthodes pédagogiques, dans le cadre des programmes approuvés et avec le concours des autorités scolaires. ».

La loi d’orientation de l’éducation au Cameroun enfonce le clou dans son article 38 en disposant que :

« L’enseignant jouit, dans le cadre des franchises académiques et dans l’exercice de ses fonctions, d’une entière liberté de pensée et d’expression, dans le strict respect de la liberté de conscience et d’opinion des élèves. »

Nous pouvons donc dire sans risque de nous tromper que l’enseignant enseigne la liberté. En cela, peut-il enseigner la liberté sans être libre ? Sans être un modèle de liberté ? Assurément non ! Ainsi, l’école, lieu par excellence de l’expression de cette liberté doit être préservée des incursions des forces politiques, religieuses, économiques… , éloignée de quelques formes de pressions que ce soit !

 

But freedom goes hand in hand with responsibility and this responsibility can only be fully assured if teachers are empowered and valued. Jean-Pierre CHEVENEMENT, former French Minister for Education,said:

« It can not be said enough that the future of a country depends on the quality of its teachers … a country that devalues its teachers is committing
suicide. »

Hence, putting teachers out of material constraints through fair remuneration and decent working conditions, raising them above the chains of dogmatism and extremism through quality initial and continuous intellectual, scientific and pedagogic training, appear as a vital necessity for human societies.

Malheureusement, un rapide tour d’horizon nous offre le triste spectacle d’une école camerounaise aux antipodes de la liberté. Nous vivons une époque sombre où notre école est en proie à la violence.

En effet, les enseignants camerounais portent le deuil. Deuil de l’assassinat brutal du Proviseur Charles ETOUNDI du Lycée Bilingue Sultan Ibrahim NJOYA de Foumban, tombé sur le champ de la tribalisation des nominations aux postes de responsabilité dans l’éducation. Nous voudrions ici lui rendre un vibrant hommage et condamner avec la dernière énergie cet acte barbare posé par des individus qui veulent porter atteinte au vivre
ensemble si cher au peuple camerounais. Nous crions aussi avec la même énergie haro sur ses responsables tapis dans les ministères et qui ont fait de l’origine ethnique le seul critère de nomination renvoyant aux calendes grecques la méritocratie et le profil de carrière.

Cette triste actualité n’est cependant que l’arbre qui cache la forêt des entraves de l’éducation au Cameroun. Il n’est pas excessif de le dire mais :

L’école camerounaise est prise en otage ces derniers mois par des politiciens qui l’utilisent comme monnaie d’échange pour assouvir leurs ambitions parfois questionnables ;
L’école camerounaise est prise en otage par l’indigence et la pénurie qui privent nos établissements d’infrastructures dignes de ce nom, qui transforment nos écoles en lieux exsangues où le maximum que l’on peut attendre est le paquet minimum, qui abandonnent nos établissements scolaires aux maîtres des parents et aux vacataires, esclaves des temps modernes ;
L’école camerounaise est prise en otage par une machine administrative et bureaucratique pléthorique et vorace qui pousse les jeunes enseignants à faire des sit-in pour être pris en solde, qui entretient le floue et transforme en comptoirs commercial la gestion des carrières ;
L’école camerounaise est prise en otage par les forces du marché qui ont fait main basse sur l’outil clef de l’éducation qu’est le manuel scolaire en lui assignant désormais comme seul objectif le lucre ;
L’école camerounaise est prise en otage par les fondateurs d’établissements privés laïcs et confessionnel qui freinent des quatre fers la signature de la convention collective de l’enseignement privé, jetant ainsi en pâture les enseignants du secteur privé en raison de contrats précaires, de bas salaires, et de protection sociale inexistante,
L’école camerounaise est prise en otage par la Présidence de la République qui est devenu le cimetière de tous les textes issus des négociations entre les syndicats d’enseignants et le Gouvernement (rééchelonnement indiciaire, intégration des enseignants d’EPS dans le statut particulier des fonctionnaires du corps de l’éducation nationale, revalorisation de la prime de documentation et de recherche)

Ladies and gentlemen,
Our country has the peculiarity to have an educational system which is divided in two subsystems each one having its own specificities. We think that this is a treasure that needs to be well exploited. For this to be profitable to us, these two subsystems need to offer equal chances of success to the cameroonian youth. This is the occasion for us to deplore the absence of a truely anglophone technical education which penalises the products of the anglophone subsystem in the entire country, by submitting them to a low-quality technical education. Added to this, this subsystem has recently faced the degradation of the teaching language quality due to teachers who were posted not because of their mastery of english language but because of other reasons best known to those who are in charge of
postings. How do we then understand that, in violation of article 15(2) of the orientation law of 1998, typically francophone diplomas continue to be awarded to candidates who went through the anglophone subsystem namely technical CAP, Probatoire, baccalaureat ?

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Définitivement, l’éducation au Cameroun est un grand malade sur lequel il faut d’urgence se pencher. La nécessité de la tenue effective du forum national de l’éducation promis depuis bientôt 5 ans se fait de plus en
plus sentir et il est temps de saisir cette opportunité historique qui s’offre à nous en exigeant la tenue de ce forum maintenant.

En attendant, nous profitons de cette occasion pour saluer à juste titre la grande avancée consentie récemment par les pouvoirs publics qui ont engagé le processus de l’intégration des professeurs contractuels de l’enseignement secondaires et de la première vague des IC. C’est une injustice longtemps décriée par les syndicats qui a ainsi commencé à être corrigée et nous souhaitons que ce processus soit rendu automatique pour les autres vagues des IC. Pour le reste, comme l’année dernière, les syndicats d’enseignant continuent d’exiger :

Que les textes achevés et transmis au Président de la République soient signés ;
Que le processus de mise en œuvre de la convention collective de l’enseignement privé soit mené à son terme ;
Que le forum sur l’éducation soit organisé pour remettre de l’ordre dans notre système éducatif.
Quant à nous enseignant, allons-nous continuer à attendre dans l’indolence et la torpeur que tous les obstacles soient levés sur notre chemin ? Allons-nous continué à avoir peur ? Jusqu’à quand allons continuer à faire montre de lâcheté ? Chers collègues, il n’y a aucune fierté dans le défaitisme et l’attentisme. Sachons-nous montrer dignes de mériter le respect et la considération que la société nous doit.

Mobilisons-nous pour défendre notre liberté !

Levons-nous pour défendre notre profession !

Mobilisons-nous pour sauver l’éducation !

Syndiquons-nous massivement !

Vive la Journée Mondiale des enseignants !

Vive le Cameroun !
Je vous remercie de votre aimable attention.

SYNTESPIC SNIEB SECA SNAES

174 organisations de la société civile à travers le monde appellent les investisseurs de la chaine d’école américaine Bridge International Academies à cesser leur soutien

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(Nairobi, Kampala, Monrovia, Johannesburg, 1er Août 2017) 174 organisations de la société civile du monde entier publient aujourd’hui une déclaration appelant les investisseurs de Bridge International Academies à cesser leur soutien à la plus grande entreprise d’écoles privées à dimension commerciale opérant dans les pays en voie de développement et soutenue par des donateurs et investisseurs internationaux.

Cette déclaration, publiée deux ans après un précédent appel similaire, a été signée par une large diversité d’organisations présentes dans 50 pays, incluant des ONG de défense des droits de l’homme, des organisations de développement, des organisations communautaires, des organisations confessionnelles, et des syndicats, démontrant l’échelle des inquiétudes sur Bridge.

La déclaration, qui recense des éléments de preuves variés et des recherches publiées au cours des deux dernières années, soulève de sérieuses préoccupations concernant la transparence de Bridge, ses relations avec les gouvernements, les conditions de travail de son personnel pédagogique et la question de la violation des normes éducatives. Elle met en évidence les cas de l’Ouganda et du Kenya où Bridge a exploité illégalement des écoles et n’a pas respecté les normes nationales d’éducation. Dans les deux pays, les autorités ont ordonné Bridge de fermer leurs écoles.

« La qualité des écoles Bridge n’a jamais été évaluée de manière indépendante. Dans tous les cas, tout gain allégué concernant les résultats d’apprentissage ne pourrait jamais justifier les pratiques choquantes qui sont rapportées dans cette déclaration. Comment justifier, par exemple, l’emploi d’enseignants non diplômés et non enregistrés, sachant qu’ils perçoivent des salaires proches du seuil de pauvreté pour plus de 60 heures de travail par semaine ? » questionne Linda Oduo-Noah du Centre de l’Afrique de l’Est pour les droits de l’homme au Kenya.

La déclaration souligne que Bridge n’est pas parvenu à atteindre les plus défavorisés, qu’ils prétendent pourtant viser, en raison des coûts de scolarité élevés qui impactent négativement les familles qui envoient leurs enfants dans ces écoles. Une étude a révélé que 69 à 83 % des parents avaient du mal à payer le loyer, à se procurer de la nourriture ou à accéder à des soins de santé à cause des frais de scolarité de Bridge.

« Au lieu des 6 US dollars par mois targué par la société, les frais totaux sont plus proches de 20 US dollars par mois. Non seulement ces coûts sont prohibitifs pour une grande partie de la population des pays dans lesquels Bridge opère, mais leurs frais annoncés sont trompeurs », souligne Salima Namusobya de l’Initiative for Social and Economic Right en Ouganda.

Le document souligne également la résistance de Bridge à tout examen public et ses tentatives pour limiter la transparence, s’appuyant sur une lettre récente du Comité du développement international du Parlement britannique au secrétaire d’État qui soulevait aussi cette question.

« Nous avons vu comment, au Liberia, Bridge, qui a un accord de partenariat public-privé avec l’État, a opéré dans le plus grand secret, contestant les règles de passation des marchés publics. Cela confirme la tendance pour d’autres pays, dans lesquels Bridge a été impliqué dans l’arrestation de professeurs indépendants, la réduction au silence des syndicats, la résistance à l’évaluation et plus encore. Il s’agit d’une société d’éducation mondiale enveloppée dans le secret et la dissimulation et c’est extrêmement inquiétant », s’alarme Anderson Miamen de la Coalition du Libéria pour la transparence et la responsabilisation dans l’éducation.

Les organisations signataires de la déclaration appellent donc les investisseurs et les donateurs à s’acquitter pleinement de leurs obligations de diligence et à cesser leur soutien à Bridge. Par ailleurs, les organisations énoncent un certain nombre de recommandations en respect des lois et normes nationales, de la transparence mais aussi de la responsabilisation, du traitement de la société civile et de la redirection des fonds vers des programmes favorisant l’équité dans le domaine de l’éducation.

« Il est important de reconnaître que la plupart des investisseurs cherchent vraiment à faire une différence dans la vie des enfants vivant dans la pauvreté. Nous partageons ces préoccupations et reconnaissons la nécessité d’améliorer considérablement l’éducation. Cependant, il existe maintenant des preuves significatives que l’investissement dans Bridge n’est pas un moyen efficace d’améliorer l’accès, l’équité et la qualité dans le domaine de l’éducation, ce qui devrait être l’objectif d’une initiative éducative visant les plus défavorisés. Nous serions heureux d’avoir l’occasion d’explorer des solutions alternatives avec les donateurs et les investisseurs, afin d’identifier des moyens plus efficaces d’investir durablement dans la mise en œuvre d’une éducation de qualité pour tous les enfants vivant dans la pauvreté », conclut Chikezie Anyanwu, de la Campagne mondiale pour l’éducation.

Cette dernière déclaration fait suite à des préoccupations répétées au sujet de l’expansion rapide et non réglementée de certains prestataires privés dans le domaine de l’éducation, en particulier commerciaux, tels que Bridge. En mai 2015, 116 organisations avaient publié une déclaration soulevant des inquiétudes relatives à des faits trompeurs concernant les coûts et la qualité des écoles Bridge. Dès lors, les éléments de preuve présentés dans la déclaration et résultant de diverses sources – rapport de l’ONU, rapport parlementaire du Royaume-Uni, travaux de recherches indépendants et médias – ont confirmé ces préoccupations et sonné l’alarme en raison de l’écart entre les promesses de Bridge et la réalité de leurs pratiques.

FIN

NOTES

Appel de la société civile aux investisseurs de cesser leur soutien à Bridge International Academies :http://bit.ly/biainvestorsfr
Lettre du parlement britannique: http://bit.ly/2ql2pa6
Plus d’informations sur Bridge International Academies :http://bit.ly/2mAQS46 et http://bit.ly/commerceduc
CONTACTS

Sylvain Aubry (français, anglais), Global Initiative for Economic, Social and Cutural Rights: sylvain@globalinitiative-escr.org / +33 7 81 70 81 96
Delphine Dorsi (français, anglais), Right to Education Initiative : dorsi@right-to-education.org
Salima Namusobya, Executive Director, Initiative for Economic and Social Rights (ISER), Uganda: snamusobya@gmail.com / +256 414581041
Anderson Miamen, National Coordinator, Coalition for Transparency and Accountability in Education (COTAE), Liberia: admiamen2@gmail.com / +231 776 391 481
Linda Oduor-Noah, Project Manager, East African Centre for Human Rights (EACHRights), Kenya: oduornoah@gmail.com / +254701670090
Chikezie Anyanwu, Global Co-ordinator, Global Campaign for Education: chikezie@campaignforeducation.org / +27 11 447 4111

Liste des signataires

Organisation Pays
1. Action Contre la Pauvreté (ACP) Burundi
2. Action Jeunesse et Environnement (AJE) international
3. ActionAid International International
4. ActionAid International South Africa
5. ActionAid Liberia Liberia
6. ActionAid Uganda Uganda
7. Africa Network Campaign on Education For All (ANCEFA) International
8. Aide et Action International
9. AKS Austria
10. Amnesty International International
11. Amnesty International Kenya Kenya
12. Amnesty International Sénégal Senegal
13. Antarctic Democratic Republic of Congo
14. Appel pour une école démocratique (Aped) Belgium
15. Ashroy Foundation Bangladesh
16. ASO EPT Niger Niger
17. Associação Nacional de Pesquisadores em Financiamento da Educação (Fineduca) Brazil
18. Association AMONTANA Madagascar
19. Association Camerounaise Pour la Défense des Droits de l’Homme des Libertés et du bien être (ACADEHLIB) Cameroon
20. Association d’Aide et de Protection des Personnes vulnerables Democratic Republic of Congo
21. Association des Amis du Belvédère Tunisia
22. Association des Personnes Handicapées Motivées de Tône (APHMOTO) Togo
23. Association femmes pour l’ egalité et la démocratie Morocco
24. Association Française Pour un Enseignement Ambitieux et Humaniste (AFPEAH) France
25. Association graine de paix Algeria
26. Association Initiative Urbaine Morocco
27. Association Rechida pour l »environnementet développement Morocco
28. Association Tunisienne des Jeunes et Développement Tunisia
29. Ayuda en Acción International
30. Both ENDS International
31. Brazilian Campaign for the Right to Education Brazil
32. Bretton Woods Project United Kingdom
33. Cameroon Education For All Network Cameroon
34. Campaign for Popular Education (CAMPE) Bangladesh
35. Campaña Argentina por el Derecho a la Educación (CADE) Argentina
36. Campaña Latinoamericana por el Derecho a la Educación (CLADE) International
37. Campaña Peruana por el Derecho a la Educación (CPDE) Peru
38. Campanha Brasileira pelo Direito à Educação Brazil
39. Carrefour de la famille marocaine Morocco
40. CEMEA Sénégal Senegal
41. Centre d’Actions pour la Sécurité Alimentaire et le Développement Durable (CASAD-Bénin) Benin
42. Centre d’Encadrement des personnes opprimées Democratic Republic of Congo
43. Centre for Education Rights and Transformation South Africa
44. Centre for Equity and Quality in Universal Education India
45. Centres d’Entrainement aux Méthodes d’Education Active (CEMEA) France
46. Centro de Defesa da Criança e do Adolescente (CEDECA/Ceará) Brazil
47. Centro de Estudos Educação e Sociedade (CEDES – Unicamp) Brazil
48. Centro de Investigación, Planeación y Evaluación (CIPE Consultores) Honduras
49. Child Rights International Network (CRIN) International
50. Civil Society Action on Education for All (CSACEFA) Nigeria
51. Civil Society and Trade Union Institutions of Liberia (CTIL) Liberia
52. Coalición Española de la Campaña Mundial por la Educación Spain
53. Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) Senegal
54. Coalition des organisations mauritaniennes pour l’éducation (COMEDUC) Mauritania
55. Coalition Education France
56. Coalition Education Pour Tous BAFASHEBIGE Burundi
57. Coalition for Educational Developpment Sri Lanka
58. Coalition for Transparency and Accountability in Education Liberia
59. Coalition Nationale de l’Education Pour Tous en République Démocratique du Congo (CONEPT RDC) Democratic Republic of Congo
60. Coalition nationale de Madagascar pour l’éducation accessible et inclusive (CONAMEPT) Madagascar
61. Coalition Nationale pour l’Education Pour Tous – Burkina Faso (CN-EPT/BURKINA) Burkina Faso
62. Comité National de Développement des Réseaux pour l’Education en Afrique de l’Ouest (CNDREAO) Senegal
63. Comité Syndical Francophone de l’Education et de la Formation (CSFEF) International
64. Construisons Ensemble le Monde Democratic Republic of Congo
65. Corner House United Kingdom
66. Counter Balance Belgium
67. CSC-Enseignement Belgium
68. Défense des enfants International Belgique International
69. DEL PEP 21 France
70. East African Centre for Human Rights (EACHRights) Kenya
71. Economic & Social Rights Centre (Hakijamii) Kenya
72. Edugestion Cameroun Cameroon
73. Environnement et Progrès ASBL Belgium
74. Equal Education Law Centre South Africa
75. Fédération Camerounaise des Syndicats de l’Education (FECASE) Cameroon
76. Femmes unies pour le développement Democratic Republic of Congo
77. Fonds voor OntwikkelingsSamenwerking (FOS) International
78. Foro Dakar Honduras Honduras
79. Foro por el Derecho a la Educación de Chile Chile
80. Foundation For Environmental Rights,Advocacy & Development FENRAD-NIGERIA Nigeria
81. Franciscans International International
82. Fundación Manatí para el Fomento de Ciudadanía A.C. Mexico
83. Ghana National Education Campaign Coalition Ghana
84. Global Campaign for Education International
85. Global Campaign for Education – US United States
86. Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights (GI-ESCR) International
87. Global Justice Now United Kingdom
88. Global Peace and Development Organization Liberia
89. Government Teachers’ Union île Maurice
90. Grupo de Estudio Sobre Educación en Cárceles (GESEC) Argentina
91. Grupo de Estudos e Pesquisas em Política Educacional (GREPPE) Brazil
92. Homabay county education network Kenya
93. Homabay county paralegal Kenya
94. Human Dignity International
95. Idealoga, Intervención Comunitaria S.Coop.Mad Spain
96. Incidencia Civil en Educación (ICE) Mexico
97. Initiative for Social and Economic Rights (ISER) Uganda
98. Initiative For Women Empowerement & Development(IWED) Nigeria
99. International Union of Food, Agricultural, Hotel, Restaurant, Catering, Tobacco and Allied Workers’ Associations (IUF) International
100.Jeunes et Femmes pour les droits de l’homme et la paix (J.F.D.HO.P). Democratic Republic of Congo
101.Jeunesse et Emplois Verts pour une Economie Verte (ONG JEVEV) Bénin
102.Just Fair United Kingdom
103.Kenya Human Rights Commission (KHRC) Kenya
104.Kenya National Union of Teachers (KNUT) Kenya
105.Kisora Kenya
106.Kisumu county education network Kenya
107.Labour,Health and Human Rights Development Centre Nigeria
108.Les Anges Du Ciel Democratic Republic of Congo
109.Ligue des Droits de l’Enfant Belgium
110.Lumiere Synergie pour le Développement Senegal
111.Mathare Association Kenya
112.Migori county education network Kenya
113.Mouvement Anfass Démocratique Morocco
114.Mouvement politique des objecteurs de croissance Belgium
115.Movimento de Educação para Todos (MEPT – Moçambique) Mozambique
116.Nadi Ghati Morcha India
117.Nadi Ghati Morcha India
118.National Campaign for Education Nepal Nepal
119.National Teachers Association of Liberia (NTAL) Liberia
120.Natural Resources Alliance of Kenya Kenya
121.Nepal National Teachers Association Nepal
122.Network for Public Education United States
123.Network for Public Education USA
124.NGO Education Partnership Cambodia
125.Organisation Democratique du Travail Morocco
126.Organising Bureau of European School Student Unions (OBESSU) International
127.Oxford Human Rights Hub United Kingdom
128.Pakistan Coalition for Education Pakistan
129.Planète Urgence International
130.PNG Education Advocacy Network (PEAN) Papua New Guinea
131.Prayatn Sanstha India
132.Program on Human Rights and the Global Economy United States
133.Public Services International International
134.Red de Educación Popular Entre Mujeres de Latinoamérica y el Caribe (REPEM) Latin America and Caribbean
135.Rede Angolana da Sociedade Civil de Educação para Todos (Rede EPT-Angola) Angola
136.Rede da Campanha de Educação para Todos – Guiné-Bissau (RECEPT-GB) Guiné-Bissau
137.Rede Nacional da Campanha de Educação para Todos de São Tomé e Príncipe (RNEPT-STP) São Tomé and Príncipe
138.ReLus – Lusophone Network for the Right to Education International
139.Rencontre pour la Paix et les Droits de l’Homme (RPDH) Republic of Congo
140.Réseau des Acteurs de Développement de l’Education au Bénin (ONG RADEB) Benin
141.Réseau des Organisations pour le Développement de l’Education au Burkina (RODEB) Burkina Faso
142.Réseau Ivoirien Pour la Promotion de l’Education Pour tous Cote d’Ivoire
143.Réseau Marocain pour la Defense du Droit à la Santé – Droit à la vie Morocco
144.Réseau Pour le Développement de l’Education au Niger (RESDEN) Niger
145.Réseau progrès et développement humanitaire du Niger (ONG REPRODEVH NIGER) Niger
146.RESULTS Education Fund International
147.Right to Education Forum (India) India
148.Right to Education Forum Jharkhand India
149.Right to Education Initiative International
150.Shala Mitra sangh India
151.Siaya county education network Kenya
152.Sikshasandhan India
153.Society for International Development (SID) International
154.Society for People’s Awareness (SPAN) India
155.Solidarité Laïque France (international )
156.SOLIDARITE-UNAFETPCI (Union Nationale des Formateurs de l’Enseignement Technique et Professionnel de Côte d’Ivoire) Côte d’Ivoire
157.Star of the lake CBO Kenya
158.StopTFF France
159.Sudanese Coalition for Education for All Sudan
160.Sustaining Continuity in Education Foundation Nigeria
161.Syndicat des Enseignants Romands Switzerland
162.Syndicat des Travailleurs des Etablissements Privés du Cameroun (SYNTESPRIC) Cameroon
163.Syndicat général de l’éducation nationale – Fédération (Sgen-CFDT) France
164.Syndicat général de l’enseignement de base (SGEB) Tunisia
165.Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire Cameroon
166.Syndicat national de l’enseignement supérieur Fédération syndicale unitaire (SNESUP-FSU) France
167.Syndicat National des Agents de la Formation et de l’Education du Niger (SYNAFEN -NIGER) Niger
168.Syndicat National des Formateurs de l’Enseignement Technique et de la Formation Progessionnelle (SYNAFETP-CI) Côte d’Ivoire
169.The Kairos Center for Relgions, Rights and Social Justice United States
170.Union Nationale des Normaliens/Normaliennes et Educateurs/Educatrices d’Haïti (UNNOEH) Haiti
171.UNISON United Kingdom
172.Unnati Institute for Social and Educational Change India
173.Yemeni Coalition for Education for All Yemen
174.Youth Progressive Association in Taraba Nigeria

LES COTISATIONS SYNDICALES : RATIONALITE ET MODE D’EMPLOI

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De quoi vivent les syndicats ? Idéalement des cotisations de leurs membres. Celui qui paie commande. Pour avoir une mainmise sur leurs syndicats, les travailleurs doivent eux-mêmes en assurer le financement. Si le syndicat vit des subventions de l’Etat ou d’une quelconque entité, il dépendra de l’Etat ou de cette entité pour son fonctionnement et ses prises de position seront jusqu’à un certain point influencées par les représentants de l’Etat ou de cette dernière. Et l’Etat s’arrangera pour lui donner des moyens médiocres afin de s’assurer de sa dépendance et le maintenir sous tutelle. S’il vit des poches – peu profondes – de ses dirigeants, il sera libre vis-à-vis de l’Etat, mais aussi de ses membres, tendra à être la propriété de ses dirigeants qui, s’ils sont mal intentionnés, peuvent en faire un fonds de commerce personnel. Dans cette hypothèse, il est aussi clair qu’il ne sera pas non plus puissant et, face à l’Etat, souffrira d’un déficit de respect et d’efficacité.
Pour rendre le syndicat indépendant – des autres mais dépendants d’eux – et puissant à la fois, ses membres doivent contribuer chacun à son financement. Pour cela, ils n’ont pas besoin de cotiser des sommes énormes individuellement. 0,5% du salaire de chaque membre, une fraction qui, ajoutée au ou soustraite du salaire mensuel de celui-ci, est strictement insensible, suffit ainsi à bâtir une puissance étonnante à son syndicat, dans le principe d’une économie d’échelle. Et quand votre syndicat est puissant, vous êtes puissant, mais cela ne vous a pas coûté grand-chose. Imaginez que vous puissiez dire à votre chef qui menace d’écrire contre vous sans raison valable à la hiérarchie : « Essayez, et j’avertis le syndicat ! », et que votre syndicat soit suffisamment puissant pour être craint non seulement de votre chef mais également du chef de votre chef, du ministre et même du chef de l’Etat. Croyez-moi, votre menace suffira à persuader votre chef de vous laisser la paix. Oui, la paix sera avec vous, professionnellement je veux dire. Certains types d’organisations exigent jusqu’à la dîme, vous le savez, pour des résultats plus lointains et plus incertains.
On dit qu’on ne prête qu’aux riches. Le syndicat est la seule vraie voix du travailleur. Et elle ne doit pas être la voix d’un pauvre. Le chef hiérarchique au service est la voix de l’employeur. Il est souvent la voix d’un riche. Quand les deux sont face à face, le représentant de l’employeur n’écoute celui du travailleur que s’il le respecte. Les riches respectent rarement les pauvres, vous le savez autant que moi. Et le chef hiérarchique ne respecte le représentant du travailleur que si celui-ci ne dépend pas de l’employeur c’est-à-dire ultimement de son supérieur direct. Il ne le respecte que s’il dépend uniquement des membres du syndicat qu’il représente. C’est pour cela que le syndicat doit se donner les moyens de détacher ses responsables, de supporter leurs salaires pour qu’ils ne dépendent plus que de lui donc de ses membres. Mais les membres sont-ils prêts à assumer cette responsabilité, ce sacrifice modique ? Très souvent, non. Ce refus dans une proportion respectable justifie même le refus de se syndiquer. D’autres raisons ne se justifieraient pas non plus si le syndicat était puissant. Alors, pourquoi les membres des syndicats ne cotisent-ils pas ou pourquoi peu sont ceux qui cotisent ?
On peut se dire : « pourquoi je donnerai mes 1000 F par mois à un syndicat alors que même sans cela ce qu’il obtient, je l’obtiens aussi ? » Calcul rationnel simple donc. On a quand même fait ses maths, n’est-ce pas ? Et sa logique également.
En fait, sans vos 1000 F, souvent, le syndicat n’obtient rien : et ce qu’il n’obtient pas est perdu pour vous comme pour les autres. Les enseignants d’EPS camerounais ont formé leur syndicat en 1996, avec 5 ans de retard sur les autres enseignants du pays. Conséquence directe et immédiate, ils n’ont eu les primes des autres enseignants – 5000+10000+15000 – que plus de 10 ans plus tard, sans rattrapage : calculez le manque à gagner cumulé ! Ils n’ont toujours pas la retraite à 60 ans, plus de 16 ans plus tard !
Sans vos 1000 F, le syndicat peut arriver à obtenir quelque chose, mais ce sera le minimum : et vous aurez perdu le maximum qui vous tendait les bras. En 2009, les syndicats étaient sur le point d’obtenir jusqu’à 25000 F et 40000 F de primes de documentation et de recherche : il leur a manqué, au moment décisif, la puissance nécessaire : ces 1000-1000 F que les enseignants fuyaient les syndicats pour n’avoir pas à cotiser. Les enseignants n’avaient finalement obtenu que 10000 et 15000 F, soit une perte sèche de 15000 et 25000 F par mois, tout cela pour une histoire de 1000F !
Imaginez un marché où vous avez la possibilité d’acheter par anticipation… 25000 F à 1000 F. On vous dit : « donnez 1000 F aujourd’hui, et vous recevrez 25000 F demain, au plus tard après-demain ». Et vous vous dites : « Il me vend 25000 F à 1000 F mais est-il sûr de les avoir au moment de livrer ? Je n’en suis pas certain ». Au lieu de vous dire : « puisque 1000 F ne représente que 0,5% de mon salaire et qu’en m’en séparant cela ne fera pas au présent une différence sensible, je vais prendre le pari ; si je perds, je ne perds qu’une chose assez insensible ; si je gagne, je gagne gros : d’abord en espèce, 25000 F ; puis en sécurité : mon syndicat sera puissant et mon employeur hésitera à m’attaquer parce que j’aurai un défenseur puissant. » Au lieu de cela, vous vous dites : « si je donne 1000 F, mon responsable syndical aura de l’argent à gérer et pas moi ; pourquoi je lui ferai une telle faveur ? » Et là, il perd, et vous aussi. Mais souvent, vous, vous perdez plus que lui : parce que malgré tout, votre employeur commun le respecte pour son courage et le traite différemment.
Dans un lycée de Yaoundé, un chef d’établissement décide que ses collègues enseignants doivent demander audience à son secrétariat avant qu’il ne les reçoive. Et il les fait attendre souvent des heures, voire des jours avant de les recevoir. Ils s’en plaignent entre eux mais à voix basse. Un syndicaliste du lieu décide d’une action : il rédige une pétition dénonçant le comportement du proviseur : sur 180 enseignants, seuls 02 signent ; les autres se défilent. Le syndicaliste déchire la pétition et rédige une lettre syndicale de dénonciation qu’il signe seul et adresse au DDES. Ce dernier débarque et le proviseur met fin à la brimade. Là où 180 enseignants ont échoué comme individus, le syndicat comme structure a réussi, sans exposer qui que ce soit à part le responsable syndical. Mais ce responsable syndical sera encore plus puissant quand le proviseur saura que son syndicat a les moyens de ses actions y compris des actions judiciaires.
Mais ceci n’est qu’une petite esquisse, quelques idées jetées sur du papier. Nous allons approfondir cette réflexion sur l’impact des contributions syndicales. Grâce aux contributions intellectuelles et aux questions des uns et des autres. Alors, à vos plumes et méninges !

Le Secrétaire Général

REVENDICATIONS DES SYNDICATS ANGLOPHONES : qu’en penser ? Jusqu’où peuvent-ils aller ?

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Cette interview, demandée par un journal de la place le 28 novembre 2016 et finalement non publiée pour des raisons souveraines permettait déjà d’apporter un éclairage sur le problème posé par le mot d’ordre de grève des syndicats dits « anglophones », et sur la manière de les gérer par le Gouvernement, avec les conséquences prévisibles. Elle reste d’actualité. Aussi la proposons-nous à nos lecteurs.

Quelles sont les principales revendications des enseignants anglophones ?

Roger Kaffo Fokou : Naturellement les enseignants anglophones responsables des mots d’ordre seraient les mieux placés pour les formuler de façon précise. Néanmoins, ayant l’obligation pour des raisons évidentes de me tenir au courant, j’en sais évidemment quelque chose. Il est limpide que les enseignants anglophones dans le cadre des actions en cours n’articulent pas du tout les revendications des enseignants, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’y adhèrent pas. Leur priorité est, je l’espère momentanément, accaparée par la défense des intérêts bien compris de la minorité linguistico-ethnique qu’ils représentent. La constitution de 1996 fait, comme chacun le sait ou devrait le savoir, de la protection des minorités un droit fondamental de notre pays. Les revendications des enseignants anglophones sont donc constitutionnelles dans la forme et sont par conséquent recevables pour un examen au fond. Dans ce grand cadre, les enseignants anglophones peuvent ainsi disposer des griefs plus spécifiques concernant d’une part la situation déplorable du sous-système éducatif anglophone, d’autre part de la répartition clientéliste des richesses du pays à travers la politique fortement discriminatoire et opaque de la formation et de l’emploi… A titre d’exemple, le problème du déficit d’enseignants anglophones dans l’enseignement technique anglophone est à la fois réel et tragique : il justifie en bonne partie les accusations de francophonisation de l’éducation anglophone. S’y ajoute l’absence d’imagination et de bonne volonté, qui peut s’apparenter à un véritable sabotage : comme expliquer autrement le fait que des dénominations purement francophones – CAP, probatoire, baccalauréat – soient maintenues, sans tentative de traduction, pour des examens anglophones ? Faire un examen anglophone et recevoir un diplôme francophone ressemble à une opération frauduleuse. C’est comme si l’Etat donnait lui-même la longueur de corde suffisante pour le pendre…

Fallait-il nécessairement aux enseignants anglophones descendre dans la rue pour exprimer leur colère ?
Roger Kaffo Fokou : Ils n’ont probablement pas mesuré le caractère véritablement explosif de la rue camerounaise aujourd’hui, ou alors ils ont compté sur celui-ci. La colère comme l’on sait est mauvaise conseillère, mais l’Etat chez nous ou plus précisément ceux qui l’incarnent ont cultivé au plus haut point l’art de souffler sur les braises de la colère. On parle alors « du temps du président », là où d’ailleurs ce dernier parle plus à propos d’inertie. Le 13 décembre 2014, dans un communiqué conjoint, le CATTU et le TAC avaient déjà menacé de lancer une grève de l’enseignement anglophone dès janvier 2015. Plus intéressant encore, une délégation du CATTU et de 9 parlementaires anglophones avait déjà rencontré M. FAME DONGO en 2009 pour lui poser les problèmes de la formation des enseignants pour le sous-système anglophone. Plusieurs leçons se dégagent ainsi :
1. la patience des enseignants anglophones a été longuement abusée. On peut en dire autant de celle d’autres composantes de notre tissu national ;
2. Un comité inter-ministériel avait alors été promis pour se pencher sur ces questions, il n’a jamais été créé. On voit pourquoi le tissu de la confiance entre les Camerounais et les institutions de leur pays n’a cessé de s’effilocher ;
3. La politisation de la question de l’éducation anglophone était évidente déjà en 2009, et cela n’a ému personne au gouvernement ;
4. Les sorties de M. FAME DONGO, qui ont constamment péché par un manque incroyable de modestie, ont consisté à attiser la colère des Anglophones en répétant à satiété que ces derniers ne comprenaient rien.
On peut ainsi voir que les Anglophones ont été poussés à la faute, ils ne s’en sont pas particulièrement bien défendus mais toute proportion gardée, il me semble qu’il faut éviter sur ce sujet les vues simplificatrices.

Comment justifiez-vous la réaction de l’Etat qui a réprimé dans le sang les manifestations de ces enseignants ?
Roger Kaffo Fokou : Celle-ci ne se justifie pas lorsqu’on prend en compte l’ensemble du panorama. L’Etat a eu largement le temps d’engager le dialogue et d’apporter les premières solutions avant que les revendications ne basculent dans le bruit et la fureur. Ses représentants ont péché comme d’habitude par attentisme et par arrogance. Ils ont fait le pari absurde que le mouvement lancé par les enseignants anglophones ne serait pas suivi, et ils ont perdu ce pari. La suite, on le sait, a coûté [et coûte] cher, mais de leur point de vue, ce n’aura été que des dégâts collatéraux. Il me semble profondément immoral de pousser à chaque coup le peuple à bout parce qu’on a sous la main, prêtes, des troupes entraînées pour le mater. Ces situations-là se retournent un jour ou l’autre parce que ces troupes-là, à plus de 80%, sont issues du peuple et en font encore, pour de nombreuses raisons, partie. Bien sûr les manifestations à Bamenda ont été [sont encore] très violentes et l’Etat ne pouvait les laisser aller sur cette pente-là [mais ne devait pas les aggraver]. Cela pose toutefois un problème fondamental : comment apprendre à manifester conformément à la loi dans un pays où l’administration inféodée au pouvoir interdit toute manifestation qui ne soutient pas le système en place ? Voilà une école dont les Camerounais sont exclus et l’on attend d’eux qu’ils mettent convenablement en œuvre ce qu’on y apprend. Ces dernières années, nous avons vu que chacune des sorties des masses camerounaises s’est opérée sur le même schéma. Il faut s’attendre à ce que cela se poursuive, avec le risque d’escalade.

Quel est l’état de cette grève et comment va-t-elle évoluer ?
Roger Kaffo Fokou : Cette grève est loin d’être finie, il y a encore du chemin. Elle peut évidemment s’éteindre si ceux qui incarnent l’Etat, par miracle, trouvent la voie d’un dialogue sincère suivi d’actions concrètes et efficaces. Mais ce serait sans doute trop attendre d’eux. Je doute, sur la foi des propos ressortis de la conférence de presse ayant sanctionné les premiers tête-à-tête, sur la foi des déclarations tonitruantes relayées par la presse, que le pouvoir ait pris la vraie mesure du risque. Beaucoup de langue de bois, des menaces à peine voilées, une campagne de manipulation. Cette fausse victoire de la puissance publique n’augure pas forcément de bonnes choses [on en a la preuve aujourd’hui]. Il y a cette douce mais dangereuse illusion que la force de l’Etat a prévalu. Celle-ci cache un test réussi pour les Anglophones qui aura d’autres conséquences, quoi qu’on fasse. Et la surenchère devrait, je ne le souhaite pas, bientôt s’étendre à d’autres régions qui ont observé attentivement la gestion des événements de Bamenda. Comment réagira l’Etat le cas échéant ? Il ne me semble pas prudent, de la part de l’Etat, de vouloir tester la colère de la rue aujourd’hui. A Bamenda, celle-ci n’a pas eu besoin de savoir pourquoi les enseignants étaient en colère pour se joindre à eux et finalement prendre la manifestation à leur propre compte. Encore un schéma qu’il faut avoir à l’esprit parce qu’il pourrait se faire récurrent à l’occasion. Les raisins – ou raisons – de la colère produisent généreusement dans notre pays aujourd’hui et des vendangeurs peuvent se recruter pratiquement dans tous les secteurs et toutes les branches de métiers. Le taux de chômage et de sous-emploi pourrait fournir des légions entières. L’Etat ferait donc mieux de résoudre ces problèmes posés pour réduire quelques poches et se donner un peu d’air.

Parallèlement il y a un mot d’ordre des syndicats francophones… Pourquoi et pourquoi cette fragmentation ?
Roger Kaffo Fokou : Disons les choses autrement : il y a un mot d’ordre qui a posé les problèmes d’une minorité et parmi ces problèmes, celui de l’éducation anglophone. Il y a à côté un autre mot d’ordre qui pose, sans aucune distinction, les problèmes des enseignants et de l’école camerounaise dans sa globalité. Les enseignants, anglophones comme francophones, souffrent des mêmes problèmes et sur ce sujet, aucun clivage n’est possible. L’école camerounaise souffre d’une grave crise de vision, d’organisation, de gestion, de financement, et cette crise aiguë se manifeste d’une façon particulière dans chacun des deux sous-systèmes. Que les francophones se taisent devant l’irréparable n’invalide pas la démarche des anglophones qui ont choisi de se montrer plus combattifs. Ils ont l’avantage de ne pas s’émietter en Nord, Sud, Est, Ouest et Littoral : ils ne sont que Nord et Sud-Ouest et cela s’est vu pendant ce mouvement, mais ces clivages n’expliquent pas toutes les différences. Les deux mots d’ordre ne pouvaient donc se mélanger sans faire perdre l’un à l’autre ses assises fondamentales : la réclamation du droit dont ils bénéficient, en tant que minorité ethnico-linguistique et en vertu de la Constitution, à être défendus semblait fondamentale pour les Anglophones ; pour les autres syndicats, articuler l’expression des revendications des enseignants du Cameroun dans la défense des intérêts minoritaires relevait de la quadrature du cercle. La séparation des deux mots d’ordre s’imposait d’elle-même. Le volet éducation aurait pu, s’il avait été traité comme convenu dans le cahier des charges de la négociation de 2012 entre le Gouvernement et les syndicats, priver les revendications minoritaires anglophones du carburant dont elles ont eu besoin. Le ministre FAME DONGO n’a jamais organisé le Forum national de l’éducation dont on l’avait chargé. Il y a là une responsabilité éminemment historique, cela ne saurait s’oublier.

Pensez-vous que le Gouvernement aura le temps de s’occuper de cette seconde revendication maintenant qu’il est accaparé par celles des Anglophones ?
Roger Kaffo Fokou : Il est toujours accaparé par autre chose que les intérêts bien compris du peuple camerounais. Soyons clairs : à mon avis, il devrait trouver le temps de le faire. Pas que le ciel est sur le point de lui tomber sur la tête, mais le sablier se vide, inexorablement, pour le peuple camerounais. L’Etat saura-t-il se départir de ses mauvaises habitudes ? La tentation de la répression est là et nous l’avons vue à l’œuvre dans le cas de la grève des enseignants anglophones. On peut aussi parier sur la passivité des enseignants camerounais, surtout ceux dits francophones. C’est un pari qui peut se perdre. Et le perdre ouvrirait la voie à un risque d’une nature tout aussi dangereuse que ce qu’on a cru voir dans le soulèvement de Bamenda. Nous ne sommes plus en 1994 mais deux décennies sont passées et les jeunes d’aujourd’hui sont une autre génération que nous connaissons à peine. Eux-mêmes ne se connaissent pas bien et pourraient se découvrir face à l’obstacle. Que verront-ils et que feront-ils quand ils auront vu ? Nul ne peut le prédire. Ils observent le monde autour d’eux et apprennent, souvent très vite. Vont-ils accepter de laisser sacrifier leurs carrières comme l’ont fait leurs parents et leurs aînés ? On peut en douter. On ne leur a pas inculqué les valeurs de patriotisme et ils ont grandi et fait leurs armes dans une société dépourvue de tout sens moral. Mais quand on dispose encore du pouvoir d’Etat, on croit qu’on peut tout. L’histoire enseigne pourtant à se méfier de cette illusion-là, encore une autre. J’espère que l’Etat saura se montrer, pour une fois, équitable, et qu’il prendra à sa juste valeur le problème des enseignants que posent depuis une éternité leurs syndicats.

Dans sa livraison du jeudi 24 novembre 2016, Le Messager, dans un article intitulé « Les petites promesses de Philémon YANG », parle des promesses du Premier Ministre. Ce dernier promet en effet aux Camerounais le meilleur en 2017. Entre autres annonces figurent, sur le plan éducatif : construction de 100 nouvelles écoles, 800 salles de classe, 45 blocs latrines, 50 kits scolaires, 5000 kits en micro-sciences, 650000 manuels gratuits de français, d’anglais et de mathématiques… Qu’en pensez-vous ?
Roger Kaffo Fokou : D’emblée, que cette orgie de détails sent fortement le maquignon. Remarquez que ce luxe de détails n’est réservé qu’à l’éducation : pourquoi ? Un cas de conscience ? Tout cet étalage de petits jouets, en quoi cela va-t-il impacter le quotidien de l’enseignant ? 45 blocs latrines, dans un département, je ne dis pas une région, c’est une goutte d’eau dans le désert des infrastructures et équipements actuel. Non, le Premier Ministre devrait laisser ce détail d’épicier aux ministres de l’éducation. Le Cameroun fait partie des pays qui sous-financent notoirement leur système éducatif : les établissements scolaires n’ont plus de budget de fonctionnement à la base : on l’a remplacé par un paquet minimum ridicule, qui est donné sous forme de craies et bics de mauvaises qualités, de fournitures dont la seule utilité est qu’elles débarrassent les magasins de fournisseurs de stocks invendables ; le secondaire en est au même point et certains établissements en zones rurale exigent qu’à 70000 F de contributions aux élèves. Si le Premier Ministre ne perçoit pas de lui-même le ridicule d’une telle énumération de micro-détails, aidons-le à en prendre conscience. Les enseignants ne sont pas les plus faibles en calcul, quoi qu’on en pense. Et notre éducation, celle de notre jeunesse, mérite mieux que quelques bricoles et colifichets. Une éducation de base véritablement gratuite serait une mesure plus salutaire pour l’éducation des jeunes Camerounais que ces petites libéralités qui font penser à une opération de charité destinée à des réfugiés.

LEVEE DU MOT D’ORDRE DE GREVE

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Le mot d’ordre de lundi est levé après discussion positive avec le PM. Merci infiniment pour la mobilisation qui a permis ce résultat rapide et positif. C’est le signe que le désespoir n’est jamais une stratégie. Félicitez toutes et tous les camarades qui se sont mobilisés en cette occasion au nom du SNAES et en mon nom nom personnel. Ils ont contribué à donner un début de dignité aux enseignants. Mais le meilleur est encore à venir, et le combat va continuer.

Un pour tous, tous pour un!
Le SG

Nos campus scolaires aujourd’hui : éducation Violente ou éducation à la violence ?

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La violence semble de plus en plus coller à notre époque. Quand on ne l’exerce pas soi-même, il est rare qu’on ne la subisse pas. Elle n’a pas seulement investi notre quotidien, elle s’est installée dans notre imaginaire et colonise sans état d’âme l’espace médiatique qui façonne jusqu’à nos pensées. Comment non seulement échapper à la violence mais surtout la contrer, lutter contre sa banalisation dès lors qu’elle s’est aussi invitée dans l’espace scolaire et menace d’y devenir incontrôlable ? Comment faire pour que l’éducation des tout-petits ne devienne pas une éducation violente ou à la violence ? Un travail de sensibilisation soigneusement planifié, qui donne au maximum des acteurs de l’espace scolaire la compétence d’identification de ce phénomène y compris dans ses manifestations les plus subtiles, leur permet de mieux en connaitre les conséquences éventuelles, pourrait aider à une meilleure gestion de la violence en milieu scolaire.
Au fait qu’est-ce que c’est que la violence et comment se manifeste-t-elle ? La violence est le résultat d’une action qui « viole », c’est-à-dire agit contre, porte atteinte à, manque de respect à… La violence est donc clairement le résultat d’une infraction ou d’une effraction, d’une transgression ou d’une agression. Dans son sens profond, la violence consiste déjà simplement à fouler aux pieds les lois et règlements, et donc par conséquent les droits reconnus ou naturels. Et lorsque l’exercice de la violence rencontre une volonté opposée (une personne qui connaît ses droits et est préparée à les défendre), un système de défense organisée (une serrure de sûreté à la porte, des forces de maintien de l’ordre veillant au respect de la loi), il n’a plus d’autre choix que de recourir à la force, à la brutalité. Aussi confond-on souvent violence et usage de la force ou de la brutalité physique ou matérielle, et ce faisant, on laisse glisser inaperçues de nombreuses formes de violence plus subtiles qui s’appuient sur d’autres formes de puissance. Ce sont prioritairement celles-là qu’il importe avant tout d’identifier dans l’espace scolaire, parce qu’elles préparent le terrain à des violences de types plus classiques et que l’on voit surgir et faire des ravages mais trop tard, comme si l’on avait affaire à des générations spontanées.
Commençons par le champ très riche des violences verbales dont les enseignants sont fort coutumiers aux dépens de leurs élèves. Naturellement, dans ce détestable exercice, ils bénéficient et abusent du contrat institutionnel qui met la force de leur côté, théoriquement, et la faiblesse en face d’eux. Imaginons toute la gamme des appréciations subjectives dont les enseignants usent au quotidien comme autant de balles réelles : élève nul, qui n’aboutira jamais à rien, espèce d’avorton, moins que rien, microbe… Ce n’est plus le travail de l’élève qui est apprécié mais l’élève lui-même, son physique (regarde-moi sa grosse tête, avec tes yeux de fumeur de chanvre…), ses parents, son ethnie, sa race, rien ne lui est épargné dès lors que l’enseignant se met en colère. N’oublions pas de mentionner dans cette rubrique les notes injustes, non méritées, attribuées intentionnellement, quelquefois pour des faits survenus hors du campus scolaire.
Nous ne disons pas qu’il faut supprimer la punition, cette forme codifiée de violence qu’on peut ranger dans la panoplie de la violence légale ou légalisée. Sans elle, il n’y aurait même plus d’éducation du tout. Mais la sanction ne peut éduquer que dans la mesure où elle est proportionnée ou tout au moins perçue comme telle. Lorsque l’on demande à un élève de recopier tout un livre, il faut un sacré charisme pour l’amener à percevoir une telle sanction comme étant proportionnelle. Ainsi, la bonne punition évite tous les excès et veut que l’on soit sévère avec modération.
La punition la plus proportionnelle ou perçue comme telle peut cependant choquer, violenter, de par sa nature. Elle peut présenter un caractère humiliant, dégradant évident. Demander à un élève de s’asseoir à même la poussière, de se rouler au sol, d’enlever une tenue non conforme et de rentrer torse nu à domicile… c’est pratiquement l’inciter, le pousser à la rébellion, et en porter directement la responsabilité.
Ne parlons même pas de la violence physique : gifles, pincements d’oreilles, coups divers, bastonnades… Celles-là sont expressément interdites par la législation scolaire. Et cette interdiction ne repose pas sur une notion quelconque de seuil de supportabilité ni de degré d’intensité. On ne peut se justifier en arguant qu’il ne s’agissait que de « quelques malheureux petits coups de bâtons », ou d’une « petite gifle de rien du tout ». Cela peut paraître surréaliste et peu susceptible d’efficacité pour des éducateurs à poigne mais c’est la loi, et dura lex, sed lex. Encore que très souvent, sur le terrain des conséquences, c’est l’exercice de ce type de violence qui allume la mèche et fait parler la poudre en milieu scolaire.
Les conséquences de la violence sont de ce fait aussi diverses que les formes de violence mais généralement, la violence appelle la violence, comme le sang appelle le sang. Les effets les moins visibles, spectaculaires de la violence ne sont pas les moins dévastatrices.
Prenons la violence verbale et ses effets psychologiques. Elle génère des frustrations d’une profondeur souvent insoupçonnée. Et la frustration, quand elle ne peut être défoulée en raison du déséquilibre défavorable à la victime du champ de force, développe découragement, apathie, repli sur soi, introversion. Voilà un élève qui voit ses chances de réussite brusquement tomber drastiquement. Et la colère qui bouillonne sourdement au fond de lui comme un mauvais magma débouchera peut-être un jour sur une explosion dévastatrice. Mais si l’élève se sent un peu plus sûr de lui, de sa propre force, il va tout doucement basculer dans la délinquance : refus d’obtempérer, absences aux cours de son bourreau présumé, et puis, un jour, il va basculer en rupture de ban et répliquer à la violence par la violence. Mais la violence peut aussi produire des effets immédiats, hic et nunc.
Un malheureux acte non maîtrisé peut déboucher sur un accident : un enseignant d’EPS qui force un élève à exécuter un exercice physique et ce dernier en meure, un coup de bâton mal placé et l’élève s’effondre… Bien sûr le résultat n’est pas celui que l’on anticipait mais il est déjà là et il est difficile à gérer. De plus en plus aujourd’hui, ce type de situation allume des émeutes et incendie des établissements scolaires. Et ensuite, les dégâts, il faut bien que quelqu’un les paie.
De nombreux enseignants se sont déjà retrouvés face aux conséquences des actes qu’ils n’avaient pas suffisamment maîtrisés et dont ils n’avaient pas anticipé les conséquences. Un surveillant général, dans le département du Noun, a vu son crâne presque fendu en deux, d’un violent coup de machette ; un autre, dans la région du Nord-ouest, s’est vu lardé de coups de couteau et n’y a survécu que par miracle. Parce que la violence appelle la violence. De nombreux enseignants ont eu à s’expliquer devant la barre, et y ont eu le plus grand mal à se faire comprendre. Les montants des dommages auxquels ils sont la plupart du temps condamnés n’ont pas grand-chose à voir avec leur niveau réel de revenus : la loi est dure, mais c’est la loi ! On peut pourtant éviter d’en arriver à de telles extrémités.
La plupart des enseignants ne sont pas loin de penser qu’une fois privés de l’arsenal de violence dont ils peuvent user pour réprimer l’indiscipline de leurs élèves, il ne leur reste plus rien, et c’est comme si on les avait complètement dénudés. C’est que la violence est un raccourci bien commode, qui évite l’effort de pensée et d’imagination. Beaucoup d’enseignants ne se considèrent d’ailleurs pas responsables de la discipline et donc de l’indiscipline de leurs élèves. C’est d’autant paradoxal que ce qu’ils enseignent, de manière fondamentale, n’est rien d’autre qu’une discipline. Si leur enseignement n’aboutit pas à discipliner leurs élèves, à en faire des disciples, c’est qu’il est passé à côté de son objectif. Les surveillants généraux dans ce cas ont avant tout pour rôle d’enregistrer fidèlement le degré de réussite ou d’échec dans l’accomplissement de cette mission. Ils ne sont que les thermomètres de la discipline en milieu scolaire. Mais comment l’enseignant peut-il gérer la violence à laquelle il est inévitablement confronté au quotidien dans une société devenue de plus en plus violente ?
Premièrement, en évitant de la déclencher lui-même. De nombreuses formes de violence dépendent de lui, de sa capacité, en tant que maître, à maîtriser sa colère, son dépit, devant les maladresses et les fautes de ses élèves. Si les élèves étaient déjà sages et disciplinés au départ, ils n’auraient probablement pas besoin d’un enseignant. Certains sont même mal intentionnés, et ils vont tout faire pour provoquer l’enseignant. Si ce dernier est un maître, et donc sait se maîtriser, ces provocations feront long feu, et à la longue, il n’en restera rien. Mais si l’enseignant se laisse déborder, cède à la violence, alors il devient le vecteur de la violence, le modèle de l’absence de maîtrise de soi. On sait que l’enseignant n’enseigne avant tout que ce qu’il est.
Deuxièmement, il reste toujours une gamme d’outils de répression autorisés : ils font le contenu du règlement intérieur de chaque établissement. Il faut cependant veiller à les conformer à la loi. Un règlement intérieur ne sera jamais au-dessus de la loi et il devrait être pris la précaution de faire expertiser ces textes par des spécialistes du droit afin de s’assurer de cette conformité. En cas de nécessité, il faut donc appliquer le règlement intérieur, rien que le règlement intérieur, mais avec discernement et humanité, en bon père de famille comme dit la formule classique. Parce que appliquer le règlement intérieur c’est user aussi de la violence, même s’il s’agit d’une violence convenue, légale, il faut se rappeler que son application répétée indique l’ampleur de l’échec de la mission d’éducation.
En somme, pour manager efficacement la violence en milieu scolaire, il faut bien la connaître jusque dans ses formes les plus effacées, pouvoir bien en mesurer les conséquences éventuelles, et choisir avec soin les armes pour la contrer. La peur du gendarme, dit-on, est le début de la sagesse. On peut donc choisir de s’appuyer sur l’arsenal de la violence légale que nous offre le règlement intérieur pour commander la discipline par la peur de la sanction. Cela, n’importe qui peut y arriver et il n’est pas besoin d’un enseignant pour une telle tâche. On peut aussi choisir de prêcher pas l’exemple, et de se servir de la maîtrise de soi pour enseigner à son élève à se maîtriser lui-même face à la tentation de la violence. Et là, l’on gagne un disciple et son respect par-dessus le marché.

Par Roger KAFFO FOKOU

Halte à la soumission pédagogique : C’est elle qui tue notre école!

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Pourquoi ai-je l’impression que cela est chaque jour un peu plus vrai que le précédent ? Les enseignants camerounais non seulement n’organisent plus de débats – on pense à l’époque désormais bénie des années 1990, quelle insupportable nostalgie ! – mais quand bien même une bonne âme a l’idée d’en organiser un et de les y inviter, ils se gardent bien d’y paraître. Sont-ce les débats ou est-ce plus simplement le débat qu’ils fuient ? Alternative tragique pour des pédagogues, des gens qui se voient volontiers avant tout comme des pédagogues. Car si l’ont veut bien admettre que l’enseignant n’enseigne véritablement que ce qu’il est, on n’a plus qu’à conclure que l’enseignant camerounais enseigne le mépris/la détestation du débat. Il est donc au service de tous les césarismes qui pourraient éventuellement infecter notre société. Grave responsabilité.
Peut-être n’est-il pas inutile de se rappeler et rappeler ce que la démocratie en France, si imparfaite y soit-elle, doit aux salons du XVIIIe siècle. Comment libérer une société opprimée quand on ne parle pas et n’encourage pas à parler ? Quand dire devient le meilleur moyen de se taire ? Le silence a beau être considéré comme de l’or, chez nous cet or brille de plus en plus d’un éclat d’une violence fracassante : « cette foule étrangement bavarde et muette », disait avec le radical à-propos qui le caractérisait Césaire. Silence pour silence, celui des pédagogues, parce qu’il est aux fondements de la construction du futur homme chez l’enfant, ne peut que préoccuper profondément. Et il préoccupe d’autant qu’il est aujourd’hui soigneusement institué.
Qui sait chez nous ce que l’on appelle sous d’autres cieux – des cieux dont nous prenons d’ordinaire volontiers les errements pour modèles – qui sait chez nous ce que l’on appelle « liberté pédagogique » ? Vincent Peillon, alors ministre français de l’éducation nationale a déclaré : « Enseigner n’est pas un métier d’exécution. La liberté pédagogique est absolument essentielle pour les enseignants. » Celle-ci inclut pour l’enseignant l’organisation de ses enseignements, de ses évaluations, de ses méthodes d’enseignement et d’évaluation, dans le souci d’une plus grande efficacité, cela va de soi. Il n’y a pas de liberté pédagogique sans responsabilité pédagogique. Aussi la condition sine qua non pour être pédagogue et donc jouir de la liberté pédagogique doit-elle être une indiscutable expertise pédagogique et scientifique, autant dire une formation au-dessus de tout soupçon. Les salles de classes ne sauraient se transformer en abattoirs déguisés !
Ces derniers temps, l’institution pédagogique chez nous s’illustre comme une officine de transmission des instructions sur le mode injonctif le plus pur. On a dit « méthode globale » ? Appliquez ! Tant pis si au bout de l’année vos apprenants ont surtout appris à chanter les textes. Vous voulez en discuter ? C’est de la rébellion simple. Et si vous insistez, cela devient de la rébellion aggravée. Un vocabulaire d’un autre contexte à une autre époque ! En tous les cas, ce n’est pas avec Monsieur l’Inspecteur que vous l’aurez, cette discussion, son parti étant déjà pris. On nous expliquait l’autre jour combien il était important en vertu de l’APC d’intégrer l’apprenant dans son contexte. Qui pourrait en disconvenir ? Le tout, c’est de s’entendre sur le comment. Un exemple nous permettra certainement d’y voir un peu plus clair.
En orthographe, désormais, on va l’évaluer à l’aide d’un outil génial : la correction orthographique. Seuls quelques mots – à peu près une quinzaine – seront pris en compte dans le texte qui lui sera proposé. S’il les trouve tous, et même s’il rate tous les autres – hypothèse excessive mais pas surréaliste – il a 20/20 et est considéré comme parfait en orthographe. Est-ce que son futur potentiel employeur l’évaluera de la même manière lorsqu’il lui adressera une demande d’emploi truffée de fautes ? Certainement pas. Voilà donc une belle intégration en perspective !
Le français, paraît-il, est devenu une cause nationale : il serait le plus grand responsable des échecs des candidats aux divers types d’évaluation. Comme en sortir ? On a décidé de sanctionner cette insupportable discipline par l’asphyxie pure et simple : au lieu des six heures hebdomadaires d’hier, on n’en fait plus que quatre aujourd’hui. Et gare si le carnage continue, on pourrait alors descendre à deux, et finalement peut-être à zéro ? Qui sait ? Cela donnera encore plus d’espace aux sciences, dans la perspective d’une vision matérialiste du développement. Sans blague !
La vérité, c’est sans doute que nos enfants sont devenus des cobayes pour des savants fous, des fonctionnaires – que dis-je ? – des rouages de la machine pédagogique. Comment un rouage pourrait-il désobéir à la machine sans qu’il s’agisse d’une panne ? Comment une machine pourrait-elle désobéir à son programmeur sans qu’il s’agisse d’une panne ? Un pédagogue-rouage d’une machine pédagogique… Un rouage interchangeable… On ne serait pas dans l’univers décrit naguère par Robert Musil ? Vous me direz que la liberté pédagogique, laissée en roue libre, pourrait aussi déboucher sur des expérimentations hasardeuses, tout aussi dangereuses. Mais comment contrôler chacun des deux excès sans le débat, sans une culture du débat ? Il est temps que l’on se persuade d’une vérité élémentaire : la pédagogie, si on veut l’épanouir, ne devrait pas se cultiver en terrain dogmatique, et le pédagogue ne saurait se muer en gardien de vaches sacrées. L’espace pédagogique idéal ne peut être qu’un forum au sens étymologique du terme, ou mieux un carrefour de rencontres diverses. La seule dictature que l’on devrait y souffrir, à laquelle l’on y devrait se soumettre, est celle du débat.

Par Roger KAFFO FOKOU

LUTTE CONTRE LA MARCHANDISATION DE L’EDUCATION : une première bataille gagné contre le géant américain Bridge Academies au Kenya.

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Voici un combat auquel participe le SNAES depuis près de 2 ans au niveau international. Cette première victoire contre le géant américain Bridge Académies montre qu’ensemble les OSC peuvent obtenir des résultats y compris contre les plus puissants. Une leçon à méditer.

 

Les organisations de défense des droits de l’Homme se félicitent de la décision du Bureau du conseiller-médiateur pour l’application des directives (CAO) de la Banque Mondiale d’accepter une plainte concernant l’investissement de la Société Financière Internationale (SFI) dans Bridge International Academies (Bridge) au Kenya. L’entreprise gère plus de 400 écoles primaires dites à bas coûts au Kenya, qui ont fait l’objet d’une plainte de citoyens kenyans, ce qui soulève des inquiétudes quant aux violations des normes d’investissement de la Banque Mondiale ainsi qu’aux lois nationales et internationales.

La SFI, la branche secteur privé de la Banque Mondiale, a annoncé le 21 janvier 2014 un investissement en actions de $10 millions dans Bridge pour soutenir l’expansion de ses opérations dans plus de pays d’Afrique. La SFI a l’obligation de veiller à ce que ses investissements ne violent pas ses propres Standards de Performance, tels que ceux relatifs aux droits du travail, à la santé et la sécurité, et qu’ils soient conformes aux législations nationales.

Linda Oduor-Noah, de l’organisation kenyane East African Centre for Human Rights (EACHRights), qui a soutenu la plainte, a déclaré:

« Nous nous félicitons de la décision du CAO de prendre au sérieux nos préoccupations concernant les opérations de Bridge et d’accepter notre plainte concernant l’investissement de la SFI dans l’entreprise. Les pratiques en cours que nous avons documentées doivent être adressées de toute urgence afin de garantir que les enfants ne soient pas privés d’accès à une éducation correcte et de qualité. Nous attendons avec impatience l’examen rigoureux du CAO et espérons que ce processus sera sérieusement considéré par la SFI. »

La grande majorité des écoles Bridge au Kenya ne sont pas légalement enregistrées et l’entreprise a fait l’objet de nombreuses plaintes concernant des pratiques de travail abusives, de la discrimination, un manque de transparence et le non-respect des normes nationales d’éducation, de santé et de sécurité. A la suite de nombreuses rencontres de la société civile avec le personnel de la Banque Mondiale depuis 2015, et trois déclarations conjointes s’adressant à la Banque Mondiale et d’autres investisseurs de Bridge, EACHRights et huit citoyens kenyans ont déposé une plainte le 16 avril 2018 démontrant de graves violations des normes de la SFI et des droits de l’Homme. Les plaignants exigent que la SFI agisse pour mettre fin aux dommages causés par la chaîne multinationale.

Les organisations signataires saluent le processus du CAO, qui donne l’occasion de s’assurer que la SFI soit tenue responsable des problèmes liés à son investissement dans Bridge et de faire la lumière sur les pratiques de l’entreprise. L’évaluation devrait être effectuée dans les 120 jours ouvrables. Ceci est une étape importante dans les efforts visant à tenir responsable les investisseurs publics dans des entreprises scolaires multinationales, telles que Bridge, lorsque les entreprises dans lesquelles ils investissent commettent des violations des droits de l’Homme. Les organisations signataires s’engagent à continuer de demander justice pour de tels cas.

 

Oceane Blavot , oceane@globalinitiative-escr.org

CETIC de Foumbot : le directeur fait main basse sur la caisse et échappe de peu à la prison

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Le département du Noun coutumier des faits divers des plus rocambolesques aux plus sordides en passant par les plus tragiques dans le secteur de l’éducation, n’a pas dérogé à l’histoire en cette année scolaire. L’histoire qui tient en haleine les enseignements secondaires dans ce département cette fin d’année a comme acteur principal le directeur du tout nouveau CETIC de Kouoptamo, un des 9 arrondissements du département du Noun. On a dû sortir ce dernier de façon expresse des cellules du Commissariat de Sécurité publique de la ville de Foumbot pour aller organiser dans son établissement une cérémonie de remise des carnets de notes aux élèves ce vendredi 8 Juin 2018.

Ce long métrage commence à s’écrire en début d’année scolaire 2017-2018 lorsque le tout premier directeur nommé de ce CETIC créé par le feu ministre Bapès Bapès en 2014 prend effectivement service dans cet établissement dont il doit poser les jalons. C’est ainsi qu’il va prendre effectivement les choses en main et lors de la première assemblée générale, il va rassurer son personnel exclusivement vacataire dans un angélisme qui caractérise pratiquement tous les nouveaux chefs d’établissements en ces occasions, certifiant que ce dernier serait satisfait jusqu’au dernier centime convenu et ceci pendant dix mois. Il faut noter que cette ambition, loin d’être démagogique, était réalisable au regard de l’effectif de 211 élèves X 30 000 frs de frais d’APEE correspondant à une cagnotte totale de 6.330.000 frs (Six millions trois cents trente milles), pour une masse salariale mensuelle de 4.510.000Frs (quatre millions cents cinq dix milles francs) soit 451.000 frs X 10 mois (quatre cent cinquante et un mille X dix mois). Il serait même resté un reliquat de 1.820.000 frs (Un million huit cent vingt milles).

C’est dans ce contexte que les troupes, dopées de motivation, vont se mettre en rangs serrés derrière leur chef, question de relever le défi qui est celui de faire décoller cet établissement. Seulement, la désillusion sera très précoce lorsque à la fin du mois de décembre et sans explications aucunes, les salaires ne sont pas versés aux enseignants. Ceux-ci, qui ont continué de faire leur boulot tout en réclamant à qui de droit leur pécule, recevront l’équivalent d’un salaire à la fin du mois de janvier. C’est désormais dans un contexte de suspicions, de débrayages ponctuels, de promesses fallacieuses et de démotivation que les enseignants vont dans le désarroi total conduire le deuxième trimestre jusqu’à son terme.

CETIC3 2018-06-11 at 08.34.14A la rentrée du troisième trimestre, les enseignants qui ne reçoivent de la part du directeur qu’arrogance et mépris décident unanimement d’arrêter le travail. Cette situation attire l’attention des parents et surtout de l’autorité administrative qui décide de sauver l’année scolaire des enfants. C’est ainsi que de rencontre en rencontre et dans le but est de faire entendre raison au directeur à qui le Sous-Préfet demande de trouver de l’argent pour éponger les arriérés de salaire, celui-ci va trouver le moyen à chaque fois de se dérober en usant de nombreux rendez-vous manqués. Bien plus, le directeur va se permettre le luxe de disparaitre de la circulation pendant de nombreux jours tout en se rendant injoignable, confortant ainsi la thèse de la filouterie et de sa mauvaise foi.

C’est cette situation qui irrite l’autorité administrative et décide celle-ci de confier le dossier au procureur de la République auprès des tribunaux de Foumbot. La Magistrat aussitôt va lancer un mandat d’arrêt contre le fugitif. Au bout de quelques jours de recherches, le mis en cause est appréhendé et conduit dans les cellules du commissariat de sécurité publique de Foumbot. Après quelques jours de garde à vue, sa famille aurait réuni l’argent nécessaire pour satisfaire tous les arriérés de salaire chez tous les enseignants.

C’est ainsi qu’au cours de cette matinée du 8 juin 2018 à l’occasion de la remise des bulletins, le Sous-préfet en compagnie du directeur fraîchement sorti des cellules, va inviter tous les enseignants à se rendre auprès du procureur afin de recouvrer la totalité de leurs dus. Seulement une fois sur place, chacun en l’absence du procureur ne va recevoir du cabinet de l’héliaste que l’équivalant d’un seul salaire mensuel sans autres explications.

Signalons pour terminer que les enseignants-vacataires du Noun sont pratiquement tous habitués à ce genre de brigandage de la part des chefs d’établissement. Nombre de ces « chefs » poussent quelquefois le ridicule un peu plus loin en faisant main basse non seulement sur les salaires, mais aussi sur les fonds de secours, les tontines et les épargnes des amicales.

Par Fokou Kodjo/SNAES/NOUN

Semaine 24 – 2018

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L’argent est bien, mais l’homme est meilleur, parce qu’il répond quand on l’appelle.

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