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CONSEIL NATIONAL DU SNAES : SONS ET COULEURS D’UNE RÉUSSITE

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CONSEIL NATIONAL DU SNAES : SONS ET COULEURS D’UNE RÉUSSITE

Le mercredi 31 août dernier, le Syndicat National Autonome de l’Enseignement secondaire (SNAES) a tenu, conformément à ses statuts, le conseil national ordinaire comptant pour l’année 2022. Cette assise ô combien importante compte tenu de l’ambiance volatile qui secoue le secteur de l’éducation s’est tenue dans la salle de conférence de la Memorial Norbert Kenne Peace House à Yaoundé, parée aux couleurs du SNAES.

L’accueil des participants venus des quatre coins du pays était l’apanage de la Section Départementale hôte du Mfoundi. Elle s’est occupée de l’enregistrement et de l’installation des délégations ayant fait le déplacement pour honorer le Conseil National de leurs présences et faire l’écho des aspirations de la base syndicale. C’était également l’occasion de chaleureuses retrouvailles entre les militants du SNAES et de partage des potins et autres anecdotes croustillantes en rapport avec le voyage, l’année scolaire écoulée, ou encore les faits divers qui ont fait l’actualité au Cameroun et ailleurs.

Les travaux proprement dits ont débuté par l’exécution des hymnes national et syndical. S’en est suivi le bal des allocutions. D’abord le mot de bienvenue du Secrétaire Départemental du Mfoundi, Roland AssoahEtoga. Ce dernier a souhaité une chaleureuse bienvenue aux délégations présentes et un agréable séjour dans la capitale. Il a également souhaité que les différents protagonistes retournent sains et saufs dans leurs domiciles respectifs une fois la séance levée. Ensuite le camarade Roger Kaffo Fokou, Secrétaire Général, dans son allocution d’ouverture officielle des travaux, a remercié le Secrétaire Départemental du Mfoundi pour la chaleur militante de l’accueil réservée à tous les participants, puis passé en revue comme dans un discours de politique générale, l’environnement quasi hostile dans lequel se déploie les syndicats en général et le SNAES en particulier. Des difficultés enregistrées au cours de l’année scolaire 2021/2022 dues principalement aux mouvements de grèves qui ont paralysé le secteur de l’éducation, aux menaces qui pèsent sur l’année scolaire 2022/2023 en passant par l’inertie du gouvernement à répondre favorablement aux réclamations et revendications légitimes des enseignants, le Secrétaire Général du SNAES a mis en lumière les enjeux et défis des organisations structurées (consolidation des acquis, structuration de la base syndicale, prise en compte des revendications des enseignants, etc.) et les menaces qui pèsent sur leur existence (passivité de certains militants, émergence des mouvements non organisés et radicaux, capitalisme néocolonial, etc.). Enfin le discours de la coordonnatrice du Réseau National des Femmes du SNAES (RENAFE/SNAES), la camarade Désirée Kaptché Deffo. Elle a décliné le bilan des activités menées et présenté le projet « école des femmes syndicalistes du SNAES » qui permettra d’outiller les femmes syndicalistes du SNAES pour une meilleure efficacité sur le terrain.

Le plat de résistance a consisté en un exposé du camarade Roland Assoah Etoga sur le syndicalisme de développement. Par la qualité de l’éducation reçue, tout jeune diplômé doit être à même contribuer au développement du pays. Il est donc question de mettre autant de pression que possible au gouvernement afin que l’école soit effectivement un levier du développement. Pour cela, il faut mettre les enseignants (acteurs centraux de l’éducation) dans les conditions de vie et de travail susceptibles de leur permettre d’être efficaces, accroitre l’offre de formation professionnelle mais également citoyenne, et introduire dans les curricula l’éducation financière et entrepreneuriale ainsi que les compétences du XXIe siècle.  

Au cours de cette séance de travail, il a également été question des préparatifs du congrès national du SNAES et de la préparation de la rentrée syndicale 2022/2023. La tenue du congrès projeté en fin 2023 sera la dernière étape d’un processus qui débutera par la mise en place des Sections d’Établissements, des Sections d’Arrondissements, des Section Départementales et des sections Régionales, lesquelles devront être installées au plus tard en mai 2023. Les finances devront également être au rendez-vous pour l’organisation et la réussite de ce gigantesque évènement. A cet effet, les militants seront invités à contribuer dans chaque région pour l’atteinte de cet objectif. Pour ce qui est de la rentrée syndicale, il sera question de consolider les acquis et de poursuivre le recrutement massif des militants. Les leaders intermédiaires devront pour cela être attentifs aux problèmes des enseignants sur le terrain et les porter à l’attention de leurs hiérarchies respectives. C’est ainsi que le Conseil National, dans un communiqué signé du Secrétaire Général, a clarifié sa position par rapport aux menaces qui agitent leurs fanions dans le ciel de l’année scolaire 2022/2023.

Dans la page des divers, la communication au sein du SNAES a occupé une place de choix. Le camarade Patrick William Yongui Heubo a dressé un état des lieux tout en invitant les camarades à plus de responsabilités dans leurs prises de parole. Chacune d’elles doit être en phase avec l’idéologie du SNAES pour éviter la cacophonie. Chaque militant devra se sentir concerné pour un meilleur rayonnement du SNAES, vecteur d’une adhésion massive des enseignants.

Le discours de clôture du camarade Secrétaire Général Roger KaffoFokou, a mis un terme aux travaux du Conseil National Ordinaire de l’année 2022. Il a salué l’esprit de cohésion et de compromis qui a prévalu tout au long des échanges et souhaité que cette ambiance continue d’alimenter les veines du SNAES. Les participants ont ensuite partagé un repas pour se refaire les batteries mise à rude épreuve par cette journée épique.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES

Education et morale : La Chine sanctionne 27 personnes pour des illustrations jugées “obscènes” dans un manuel scolaire

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Education et morale : La Chine sanctionne 27 personnes pour des illustrations jugées "obscènes" dans un manuel scolaire

Publié le 23/08/2022 à 10:27 par Marianne

Selon « The Guardian », vingt-sept personnes ont été sanctionnées par les autorités chinoises après la publication d’illustrations d’enfants jugées non conformes dans un manuel scolaire de mathématiques. Devenus viraux sur les réseaux sociaux en mai dernier, ces dessins ont poussé le ministère chinois de l’Éducation à lancer une enquête nationale sur le sujet.

Les dessins avaient fait le tour des réseaux sociaux chinois. Vingt-sept personnes ont été lourdement sanctionnées par la Chine pour avoir publié des illustrations d’enfants qualifiées de « laides », « obscènes » et « anti-Chine » et qui ne « reflétaient pas correctement l’image ensoleillée des enfants chinois » dans un manuel scolaire de mathématiques, rapporte ce mardi 23 août le quotidien britannique The Guardian.

Dans l’empire du Milieu, l’affaire a éclaté au mois de mai dernier après qu’un enseignant a relayé ces dessins sur le réseau social Weibo (l’équivalent chinois de Twitter) en mai dernier. On peut notamment y voir des enfants aux visages déformés et aux pantalons bombés, des photos de garçons saisissant les jupes des filles et au moins un dessin d’enfant avec un tatouage apparent sur la jambe. L’ouvrage a été publié il y a près d’une décennie.

So this is top trending on Weibo today: an elementary schoolbook published by the People’s Education Press has attracted the attention of netizens for being “tragically ugly” and overall super weird. Judge for yourself: https://t.co/jcUm8QHtGepic.twitter.com/40cxUJEp8w

— Manya Koetse (@manyapan) May 26, 2022

Alors que la polémique n’a cessé d’enfler jusqu’au début de l’été, Pékin a décidé de prononcer la mise à pied de plusieurs responsables de la publication du manuel incriminé. Parmi les 27 personnes sanctionnées, Huang Qiang, le président de la maison d’édition People’s Education Press, qui a publié cet ouvrage, a reçu un sérieux avertissement ainsi qu’un blâme tandis que Guo Ge, l’éditeur responsable de ces parutions, a été démis de ses fonctions. Deux autres personnes ont subi le même sort et 17 autres ont écopé de sanctions disciplinaires non détaillées par le ministère de l’Éducation chinois.

En Chine, si certains internautes se sont dits « amusés » par ces illustrations de la discorde, d’autres les ont fustigées, y voyant un discrédit et une « annihilation culturelle » du pays. Cités plusieurs milliards de fois sur les plateformes, ces dessins ont poussé le Parti communiste et les autorités éducatives chinoises à annoncer une révision de tous les manuels scolaires, « pour s’assurer qu’ils respectent la bonne direction politique et l’orientation des valeurs ».

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De son côté, l’éditeur a annoncé, dès le mois de juin, avoir embauché de nouveaux dessinateurs pour remplacer l’ensemble des illustrations jugées déplacées et préparer une réédition des ouvrages pour le prochain semestre. En mai dernier, ce même éditeur avait en outre été accusé d’être « pro américain » par des internautes chinois.

FORUM NATIONAL DE L’ÉDUCATION : LE GOUVERNEMENT ROULE LES MÉCANIQUES

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FORUM NATIONAL DE L’ÉDUCATION : LE GOUVERNEMENT ROULE LES MÉCANIQUES

La rencontre initiée mercredi dernier le 24 août 2022 par la ministre des enseignements secondaires Pauline Nalova Lyonga, entre certains membres du gouvernement notamment le ministre du travail et de la sécurité sociale, le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, le ministre de l’éducation de base et le ministre des finances (y représenté) d’une part et les représentants des syndicats d’enseignants d’autre part, a servi de prétexte pour poser une fois de plus, l’épineuse question de l’organisation du forum national de l’éducation (FNE) dans notre pays le Cameroun. De l’avis général des observateurs, il se dégage que le gouvernement n’en fait pas une priorité, comme en témoignent la chape de plomb et l’omerta qui répriment toute évocation de ce sujet. Mais commençons par le début.

L’objet de la séance de travail susmentionnée portait « concertation a/s préavis de grève des enseignants », en référence à un préavis de grève introduit par des collectifs d’enseignants (OTS et OTA) et un syndicat d’enseignants (SECA).Le gouvernement projetait alors de focaliser l’attention de tous les protagonistes sur les revendications inscrites sur ce préavis. Et pourtant, les mouvements de grève dans le secteur de l’éducation qui ont débuté en février dernier et dont les mots d’ordre sont jusqu’à date suspendus, notamment celui de l’intersyndicale, mettaient un point d’honneur sur l’organisation des assises nationales pour la réforme de notre système éducatif. Il était de ce fait incompréhensible que cette rencontre bipartite passe sous silence la cause de tous les maux qui paralysent le plein essor de l’éducation véritable pour orienter ses projecteurs sur les conséquences d’un dysfonctionnement criard. C’est au forceps que le mandataire de l’intersyndicale, Roger Kaffo Fokou, obtiendra que ce point figure à l’ordre du jour, malgré la désapprobation des initiateurs de ce préavis (OTS, OTA et SECA).

Tenir le serpent par le milieu ou encore procéder à des injections d’antalgiques par doses homéopathiques, voilà bien une curieuse façon de régler des problèmes qui se posent avec acuité dans notre société actuelle. Non pas que les revendications conjoncturelles qui touchent à la bourse des enseignants soient à ranger au placard ! C’est l’argent qui fait tourner le monde et nous en avons tous besoin et encore plus par ces temps qui entretiennent les vents de la poussée inflationniste. Les enseignants ont droit à leurs dus et ils doivent le réclamer par tous les moyens légaux. Le préavis de grève de l’intersyndicale en avait d’ailleurs fait un point d’honneur en exigeant comme préalable, la publication par le gouvernement, d’un échéancier précis, pour l’apurement de la dette afin d’accroitre le pouvoir d’achat des enseignants. Cet échéancier a été obtenu et sa mise en œuvre, à ce jour, mérite qu’on salue cette avancée tout en restant vigilants pour la suite du processus. Cependant, il ne s’agit là que de l’arbre qui cache la forêt. Le malaise est plus profond. Les causes responsables de la situation actuelle résident dans les politiques publiques mises en œuvre dans le secteur de l’éducation. Le véritable problème est donc structurel. Les grimaces du gouvernement à toute évocation du forum national de l’éducation indiquent à suffire la direction vers laquelle doivent s’orienter toutes les boussoles. Les questions relatives à la place de l’éducation, à la place de l’enseignant, à la gouvernance de l’éducation et au le financement de l’éducation pour ne citer que celles-là, ne peuvent trouver des réponses satisfaisantes que dans un tel forum qui malheureusement s’apparente à un serpent de mer.

La question du forum national de l’éducation doit cristalliser toutes les attentions. C’est l’enjeu majeur.  Le ministre de l’éducation de base, au cours des travaux, a d’ailleurs déclaré : « nous voulons le FNE ». Force est de constater que ce forum sommeille encore dans des nuages inconnus. Les travaux préalables à l’organisation d’un tel forum ont été bouclés par le MINESUP (avec la participation des syndicats) depuis 2019 et prennent la poussière dans les tiroirs du gouvernement depuis ce temps-là. Le budget prévisionnel pour son organisation tutoie à peine le milliard de nos francs. « Tout est prêt et pourtant le FNE ne se tient pas », lance Roger Kaffo. Il faut dire que de nombreux goulots d’étranglement empêchent la délivrance du précieux sésame. D’abord le déni de la réalité et des faits. Le ministre du travail et de la sécurité sociale, Grégoire Owona, a laissé entendre dans sa prise de parole que « les travaux n’étaient pas tout à fait achevés pour une tenue sereine du  FNE ». Une assertion en total déphasage avec la position du MINESUP et des syndicats qui eux sont formels, pour avoir été les principaux acteurs sur le terrain. Ensuite le dilatoire. La ministre des enseignements secondaires a déclaré que les fonds destinés à l’organisation du forum national de l’éducation auraient été utilisés pour soutenir les dépenses liées à l’organisation du grand dialogue national, tenu du 30 septembre au 4 octobre 2019. Enfin la manipulation. Le gouvernement fait tout son possible pour orienter l’attention des observateurs vers les solutions mises en œuvre pour résoudre les problèmes physiologiques des enseignants. En d’autres termes, payer la dette pour divertir de toute revendication qui s’intéresserait aux questions de fond semble être l’option choisie par les décideurs.

Quoiqu’il en soit, chacun peut se rendre compte que le gouvernement joue à un jeu trouble dans lequel il essaie d’embarquer tous les acteurs. Entre temps, le système éducatif s’enfonce, l’école se noie dans la violence, la société se pervertit davantage et l’avenir déjà terne arbore les oripeaux qui augurent d’un grand deuil national. Les syndicats d’enseignants ont fait leur part du boulot, il reste au gouvernement à faire le sien. Pour emprunter au jargon sportif, nous dirons que la balle est dans son camp et c’est à lui de jouer.

Au sortir de la séance de travail du mercredi 24 août 2022, une réunion a été annoncée ce même jour à la présidence de la république, pour étudier les questions liées aux crises à répétition qui secouent le secteur de l’éducation et le cortège de désagréments qu’elles charrient. Il nous reste à espérer que ces assises en haut lieu libèreront enfin la fumée blanche que nous appelons de tous nos vœux. 

 YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES

Congrès du SNAEF: le triomphe de la démocratie consensuelle

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Congrès du SNAEF: le triomphe de la démocratie consensuelle

Ce 20 août 2022 s’est tenu à l’Hôtel Franco à Yaoundé le congrès du Syndicat National Autonome de l’Education et de la Formation (SNAEF). En ouverture à l’événement, les invités et participants ont eu droit à deux événements dans l’événement : la dédicace de l’ouvrage manifeste du SNAEF, L’Ecole Nouvelle, et le lancement du Centre de recherche du SNAEF, le CENRES. Autour de ces deux événements ont pris la parole, le préfacier d’abord, le Pr Lucien Ayissi nommé à l’occasion Directeur du CENRES et le postfacier M. Bancal lui-même nommé directeur adjoint, le Pr Eric Mathias Owona Nguini qui a assuré la note de lecture de l’ouvrage et de l’avis de qui le SNAEF est désormais un syndicat socialiste, le tout sous la modération de M. Paul Ombiono, membre de la direction sortante du SNAEF et de l’équipe scientifique de l’ouvrage.

Au détour de ces deux sous-événements et en prélude au grand événement du jour, le SG sortant du SNAEF, M. Phouet-foé Maurice Angelo a surpris quasiment toute l’assistance en présentant sont futur remplaçant à la tête du SNAEF, M. Owona Amougui : « Il sera élu SG du SNAEF cet après-midi », a-t-il précisé. Le modérateur Ombiono a ensuite pris la parole pour expliquer qu’il s’agit d’un mode de désignation plus conforme aux traditions africaines. Quelques responsables syndicaux ont ensuite été invités à prendre la parole pour la circonstance. Un cocktail a sanctionné cette entrée en matière, avant que les invités ne laissent la salle aux congressistes pour le début des travaux du congrès.

Roger Kaffo Fokou

Reprise en solde des enseignants suspendus du NOSO: un comptoir juteux pour le préfet du Ngoketunjia ?

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Le 1er février 2022, par une tribune publique (https://demainlafrik.blog4ever.com/ngoketunjia-le-prefet-quetong-anderson-kongeh-veut-fermer-ecoles-colleges-et-lycees) nous alertions l’opinion sur le comportement irresponsable de M. Quetong Anderson Kongeh, préfet du Ngoketunjia vis-à-vis non seulement des enseignants de son unité de commandement mais de l’institution scolaire de cette malheureuse zone de notre pays ensanglantée par une guerre aussi inutile que dévastatrice. Nous disions que « Dans deux arrêtés signés le 24 février et le 7 juillet 2021, Quetong Anderson Kongeh, préfet du département du Ngoketunjia, a ainsi fait suspendre les salaires de deux cents enseignants. Selon des informations de terrain, il aurait établi une liste de près de 1500 enseignants du primaire et du secondaire, autant dire toute la population enseignante de son territoire de commandement, en vue de les faire suspendre de salaires. Cela fera certainement du bien aux finances de la République, et permettra d’allouer un peu plus d’argent à la poursuite de la guerre. Les deux cents enseignants actuellement suspendus ne seraient donc que la première vague d’une série en cours. Un feuilleton qui promet d’être macabre. A l’examen, il apparaît que parmi les suspendus figurent, sans surprise, ceux qui enseignent plus ou moins régulièrement (mais le préfet n’a guère jugé utile de s’embarrasser de considérations aussi dérisoires), ainsi que ceux qui ont été mutés hors du Ngoketunjia récemment (Ils n’avaient qu’à désobéir à l’administration qui a osé les muter sans l’avis du préfet !). »

Le mérite de cette tribune fut de contribuer à limiter le désastre : M. le préfet dut arrêter ses suspensions bien en-deça de l’ampleur qu’il avait programmée. Il faut ici savoir gré à l’administration qui en la circonstance avait saisi le degré d’aberration dans lequel on s’enfonçait et qui avait ordonné au préfet non seulement d’arrêter de suspendre mais de procéder à la reprise en solde des suspendus. Faut-il rappeler que M. le préfet Queton Anderson Kongeh lui-même résidait non pas à Ndop comme il aurait dû, notamment du fait qu’il pouvait bénéficier pour cela d’une protection armée conséquente, mais bel et bien à Bamenda hors du territoire qu’il reprochait aux enseignants de déserter ? Passons. Mais il n’y a jamais de un sans deux, dit l’adage.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la procédure instruite de reprise en solde des enseignants qu’il a suspendus pour non présence sur un théâtre de guerre particulièrement sanglant et contrairement à toutes les règles humanitaires (la plus petite protection n’était pas assurée pour ces enseignants et l’inventaire du nombre de ces derniers victimes de cette guerre depuis son déclenchement est assez éloquent), M. le préfet Queton Anderson Kongeh aurait, selon de nombreuses sources y compris des plus crédibles, installé un comptoir à Bamenda à partir duquel il opèrerait un véritable racket, fixant les prix à la tête du client. Pour obtenir de M. le préfet un arrêté de reprise en solde, les enseignants suspendus paieraient de 40 000FCFA jusqu’à 120 000FCFA. Un petit pactole ! Ainsi, le théâtre de la guerre devient-il un terreau fertile à tous genres d’affairismes y compris les plus nauséabonds, au-delà de toute moralité. Il est urgent de commettre une enquête pour établir la vérité derrière ces informations persistantes. Et élever progressivement la République pour que, comme la femme de César, celle-ci soit au-dessus de tout soupçon.

Roger Kaffo Fokou

Examens 2022 : l’office du baccalauréat du Cameroun (OBC) entretient la vente des résultats.

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Cinq ans déjà que la pratique dure. Il faut dire que les habitudes ont développé des racines moulées à l’immobilisme qui parfois briment les voix de l’innovation dont l’objectif est pourtant de faciliter la vie.  Les candidats aux examens officiels organisés par l’office du baccalauréat du Cameroun (OBC) sont depuis 2017, orientés vers un numéro court, le 8070, pour avoir leurs résultats. Ils peuvent procéder soit par un appel à 150f la minute, soit par SMS au même prix. Les messages divulgués par l’opérateur de téléphonie en charge de ces opérations sont assez explicites à ce sujet.  

Les requêtes adressées à ce numéro court connaissent cependant des fortunes diverses : pendant que certains sont déclarés « REFUSÉ » pourtant en réalité ils sont admis, d’autres doivent multiplier les tentatives pour obtenir une réponse qui n’est pas définitive puisqu’il faut encore la vérifier. C’est pourtant prévisible ! Ouvrir un couloir unique et étroit à un nombre important d’utilisateurs concourt inéluctablement à la saturation du serveur avec la multiplication des désagréments qui en découlent. Dès lors, plusieurs questions émergent dans l’esprit de tout observateur qui s’intéresse à cet état des choses : primo, pourquoi l’OBC s’obstine-t-il à poursuivre ce partenariat dont la contrepartie est questionnable à plus d’un titre ? Deuxio,  quel est l’intérêt de cette politique qui consiste à toujours greffer des frais supplémentaires, en dehors de toute réglementation, politique qui sollicite toujours les bourses des plus démunis ? Tertio, quelles destinations emprunte cette manne colossale qui semble aiguiser beaucoup d’appétit ?

Le 8070 est désormais un démembrement de l’OBC pourrait-on dire, avec la compétence tacite de publier de façon individuelle, les résultats en lieu et place de ce dernier qui pourtant est l’instance financée par l’État pour remplir cette mission. Pour un même service, le citoyen paie au moins deux fois, peut-on constater. Comble du cynisme, une réponse de ce numéro à un utilisateur présente, en plus des informations sur le candidat et de la mention « ADMIS » ou « REFUSÉ », la phrase suivante : « liste disponible dans votre centre d’examen ». Ce qui est éminemment faux, les listes n’étant pas disponibles en temps réel. Le 8070, logé chez un opérateur privé, a de ce fait l’exclusivité des résultats des examens officiels organisés par l’OBC. Sous d’autres cieux, ce serait un scandale, avec des démissions à la clé et l’ouverture des procédures judiciaires pour faire la lumière sur cette escroquerie. Sous les tropiques, c’est un fait banalisé par l’habitude et qui semble bien graisser les rouages d’une machine bien organisée.

La prédilection pour le 8070 semble ne pas être un choix anodin. Le calcul aurait été fait avec une certaine précision. Il est connu que de nombreux candidats, après les évaluations certificatives, vont en vacances et parfois très loin des centres d’examens. D’autres s’adonnent à des activités génératrices de revenus dont ils ne peuvent se détacher une seconde. D’autres encore composent dans des centres différents de leurs établissements. Ces trois facteurs connus étant réunis, il suffit alors d’injecter dans l’air le parfum de la disponibilité des résultats et en même temps d’organiser la rareté de ces derniers sur le terrain pour que, la pression du moment aidant, on observe un flux important d’usagers vers le seul corridor laissé ouvert, en quête du précieux sésame. Certains diront que personne n’est obligé de composer ce numéro et que chacun peut tranquillement attendre l’affichage des listes pour connaitre son résultat. Ils n’auront pas tord sur toute la ligne. Seulement un fait semble leur échapper : celui de profiter de la faiblesse des gens dont on sait d’emblée qu’ils s’engouffreront dans l’unique soupape ouverte pour évacuer la pression qui enfle dans leurs viscères.

Un petit calcul nous semble important pour comprendre le recourt quasi atavique au 8070. D’après les « statistiques brutes des résultats » des examens baccalauréat et probatoire de l’enseignement secondaire général session de 2022 publiés respectivement les 28 juillet et 5 août derniers, l’OBC déclare 338876 candidats présents dont 135082 pour le baccalauréat et 203794 pour le probatoire. Supposons que seulement la moitié d’entre eux, soit 169438 candidats, envoient un SMS 8070 pour obtenir leurs résultats et s’y prennent en une seule tentative. Le produit de cet effectif et du coût du SMS donne la somme de 25415700 F CFA (vingt-cinq millions quatre cent quinze mille sept cents francs CFA). Si on considère qu’un parent de chacun de ces derniers envoie lui aussi un SMS à ce même numéro et pour la même raison, le montant précédent double, soit 50831400 F CFA (cinquante millions huit cent trente un mille quatre cents francs CFA). Et là encore le compte n’y est pas. Pour avoir une idée minimale des sommes en jeu, il faut ajouter les candidats de l’enseignement technique et leurs parentés éventuelles qui ont recours à la messagerie électronique pour les résultats. Nul doute que l’inertie ambiante est pour beaucoup, liée à cette activité mercantile et illicite, dont les profits sont à coup sûr, répartis entre les protagonistes qui entretiennent l’atonie.

Et pourtant les solutions ne manquent pas ! Il y a peu un lien (https :\\epimexam.cm/inscriptions/candidate/home) sensé offrir l’accès aux résultats des examens via la plateforme epimexam a circulé dans les forums d’examens de l’office du baccalauréat du Cameroun en particulier et sur internet en général. Cette option permettait d’entrevoir la fin de la commercialisation des résultats. « Cette année, on ne paie pas pour avoir les résultats. Tu te connectes, tu tapes ton matricule et tu consultes le résultat », pouvait-on lire dans un commentaire accompagnant le lien. Cette annonce accueillie dans l’allégresse par tous les protagonistes de la chaine des examens n’a pas tenu jusqu’ici, les promesses qu’ont répandues les fleurs de son encensement.

En effet, dès la publication de ce lien, les plus curieux ont testé son opérationnalité et se sont rendu compte que le chantier était en cours de finalisation. Sa livraison n’était qu’une question de jours. Depuis l’annonce de la publication des résultats du baccalauréat aussi bien technique que général, c’est le blackout total. La donne n’a pas changé avec les résultats du probatoire, tous ordres d’enseignement confondus. Un clic sur le lien qui avait fait rêver ouvre une page terne. La sentence exhale un parfum de déception et d’amertume : tout en haut de la page et en gros caractère, on peut lire « page d’erreur ! ». Pour en finir avec l’enthousiasme de l’internaute qui croit que sa connexion lui joue des tours, une bande orange juste en-dessous du texte précédent porte un message qui douche tout espoir : « la page n’existe pas ». Pour avoir les résultats objets de toutes les attentions et convoitises, il faut recourir à contrecœur  aux méthodes des années précédentes, à l’ancienne technologie comme dirait un contemporain. C’est dommage !

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur SNAES.

Cameroun: les défis de la défense et de la promotion des libertés politiques, des droits humains et syndicaux en contexte non démocratique.

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Cameroun: les défis de la défense et de la promotion des libertés politiques, des droits humains et syndicaux en contexte non démocratique

Les luttes pour les libertés sont le partage des femmes et des hommes de tous les hémisphères et de toutes les époques. Comme le rocher de Sisyphe, on n’a jamais fini de les hisser vers le sommet de la montagne. Les contextes ne sont cependant jamais les mêmes et, en même temps qu’ils particularisent les luttes des uns et des autres, ils enrichissent l’expérience collective et globale. L’expérience camerounaise en la matière pourrait facilement se fondre dans le contexte général des luttes africaines, ou à tout le moins de celles de l’Afrique francophone. Les grands traits seraient les mêmes : pays jeunes, nations en difficile gestation, économies satellites d’une mondialisation dure et ultralibérale, expériences syndicales relativement récentes… On pourrait penser que tout est ainsi dit. Pourtant, comme le dit souvent un truisme bien de chez nous, « le Cameroun, c’est le Cameroun ».  

Le Cameroun est entré non pas en démocratie mais dans un processus démocratique au début des années 1990. Les textes qui ont ouvert la voie à/et accompagné ce processus sont certainement parmi les plus beaux qui soient. Dans la forme, le processus démocratique camerounais avancerait plutôt bien : multipartisme intégral avec plus de 250 partis politiques enregistrés, une constitution qui reprend et consacre les grandes déclarations et chartes internationales et africaines des droits, un foisonnement de lois consacrant également les principales libertés fondamentales connues, l’organisation régulière d’élections au suffrage universel, rien n’est ici négligé du rituel démocratique classique. La réalité politique est cependant peu à l’avenant.  

Le pays a le même président de la République depuis 40 ans, le même président de l’Assemblée Nationale depuis 30 ans, le même président du Sénat depuis la mise en place de cette vénérable institution. Le Président de la République n’y a pas reçu une seule fois ses opposants depuis 1990. Aucun parti d’opposition n’y a pu organiser un meeting ou une manifestation autorisée depuis 20 à 30 ans. Le dernier qui y a voulu forcer cet exercice a vu ses militants arrêtés, jugés et condamnés à de lourdes peines de prison et ils y sont encore embastillés malgré les « vives protestations » d’ici et d’ailleurs.

Au plan des droits humains, le pays est aujourd’hui divisé en zones de guerre (l’Extrême-nord du pays où sévit le terrorisme islamiste avec comme acteur central la secte Boko haram, l’Ouest anglophone où une rébellion séparatiste affronte l’armée nationale depuis 2017) et en zones non pas de paix mais plus modestement de non guerre.

Dans les zones de guerre, les rapports des ONG camerounaises et internationales (Human rights watch, NDH-Cameroun, Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (RHEDHAC), Centre for Human Rights and Democracy in Africa, International Crisis Group…) publient régulièrement des rapports accablants sur les horribles exactions perpétrées par toutes les parties présentes aux fronts.

Dans le reste du pays, hors zones de guerre, l’indépendance de la justice est fortement questionnée (on parle surtout d’une justice aux ordres d’autant que le Chef de l’Etat est en même temps président du Conseil supérieur de la magistrature, d’une justice à tête chercheuse plus prompte à traquer les concurrents politiques que les criminels avérés) ; les avocats en pleine manifestation ont été enfermés dans un prétoire à Douala (la capitale économique du pays) en novembre 2020 et copieusement arrosés de gaz lacrymogène ; le 27 juin 2022, une manifestation de handicapés a été violemment réprimée par la police devant le siège du Gouvernement à Yaoundé…

Concernant les droits syndicaux, le Cameroun se distingue par la même ambivalence : beaux textes mais peu d’inclination à les appliquer. Le pays a ratifié les 8 principales conventions fondamentales et 3 des 4 conventions de gouvernance de l’OIT, mais a en même temps conservé, notamment pour les syndicats du secteur public, une loi de 1967 et son décret d’application de1968 dont les dispositions les plus pertinentes sont contraires à ces conventions, et ce sont ces lois qu’il applique en contradiction du principe de la hiérarchie des normes juridiques : l’article 45 de la Constitution camerounaise dit en effet que « les traités ou accords internationaux régulièrement approuvés ou ratifiés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ».  

Depuis le retour au multisyndicalisme à partir de 1990, 98% des syndicats d’enseignants du secteur public camerounais n’ont pas pu obtenir un récépissé attesttant qu’ils se sont déclarés conformmément aux dispositions conventionnelles en vigueur : ils fonctionnent donc en quasi illégalité, sous le régime de la tolérance administrative. Depuis le 23 décembre 2014, une loi de répression du terrorrisme permet d’assimiler toutes formes de manifestations non autorisées à des actes de terrorrisme justiciables des tribunaux militaires. Alors, comment défendre et promouvoir avec un quelconque succès les droits humains et syndicaux dans un tel contexte ?

Il faut pourtant le faire et c’est ce à quoi s’investissent de nombreux acteurs syndicaux camerounais d’année en année. Ils y réussissent si peu que de l’avis de la plupart des observateurs plus ou moins avertis, le syndicalisme camerounais dans sa faiblesse est aujourd’hui la véritable pierre de touche de la politique sociale du gouvernement. Quoi qu’il en soit, des stratégies, certaines anciennes d’autres innovantes, sont élaborées et mises en oeuvre pour surmonter ces obstacles et relever les principaux défis. Dans ce contexte si singulier qu’est le Cameroun, chaque défi peut heureusement en même temps être utilisé comme une opportunité. Ce qui ouvre comme l’on peut voir une fenêtre d’optimisme, si étroite soit-elle, sur l’avenir du mouvement syndical camerounais.

Le pouvoir en place au Cameroun, maître des horloges, fait presque toujours le pari du temps long et compte, souvent avec succès, sur l’usure pour émousser les déterminations et démobiliser les meilleurs engagements : les cas de violations même flagrantes des droits syndicaux, portés devant les juridictions, restent pendants d’année en année et finissent oubliés et abandonnés. Il n’y a pas meilleure dissuasion quant à la perspective de recourir à la justice. L’Etat crée ses propres syndicats et s’appuie sur ceux-ci pour mitiger aux yeux de l’opinion les points de vue des syndicats qui lui sont hostiles. Ces syndicats-là lèvent les mots d’ordre de grève qu’ils n’ont pas lancés, défendent dans les médias la politique sociale du Gouvernement, qui est généralement celle des grands groupes de capitaux qui tiennent l’économie du pays. Ainsi, le SMIG est demeuré jusqu’ici à 36 200FCFA (55 euros) par mois parce que les patrons des entreprises agro-alimentaires l’ont ainsi voulu. Le pouvoir encourage et entretient la fragmentation des syndicats qui lui résistent et cela a abouti à un paysage syndical extrêmement accidenté : près de 12 centrales représentent les travailleurs, plus 400 syndicats les travailleurs du secteur des transports, une vingtaine celui de l’éducation… Mais il y a, en plus, une action en profondeur que le pouvoir conduit depuis des années, et qui a des effets encore plus dévastateurs sur les syndicats.  

Ces dernières années en effet, dans le secteur public, l’Etat s’est surtout attaqué aux acquis : retards de 4, 5 ans et plus dans le paiement  des premiers salaires (on parle ici de prise en charge), paiement des salaires au 2/3 plutôt qu’en totalité et mise en mémoire du dernier tiers pendant des années, non paiement des indemnités de logement, accumulation des impayés dus aux titres de prise en charge financière des avancements… Cette stratégie vise simultanément plusieurs objectifs : clochardiser et fragiliser les travailleurs, décourager les cotisations syndicales, déporter les luttes syndicales des thèmes de l’amélioration des cadres de travail et des conditions de vie vers des problèmes élémentaires de survie ; basculer l’action syndicale des revendications structurelles vers des revendications conjoncturelles. Cette stratégie a d’ailleurs très bien fonctionné jusqu’ici : de la fragmentation syndicale, on est passé à l’ultra fragmentation des revendications du corps enseignant en une multitude de micro revendications pris en charge par des collectifs thématiques, collectifs promotionnels, revendiquant pour ce petit groupe leur prise en charge, pour celui-là leurs indemnités de logement, pour d’autres encore leurs primes de documentation et de recherche, leurs compléments de salaires quand ils sont payés aux 2/3, les rappels dus à un titre ou à un autre ; puis les mêmes revendications donnent naissance à de nouveaux collectifs selon les promotions par année ou période. On aboutit à un émiettement, une pulvérisation pure et simple. Ces collectifs, reçus en priorité et à grands renforts de publicité par le Gouvernement, ont capté et accaparé l’attention des médias, de l’opinion et des enseignants ces dernières années (depuis précisément 2017 avec la création du collectif des enseignants indignés) et relégué les syndicats dans l’ombre et la présomption d’impuissance. La décrédibilisation des syndicats s’en est trouvée quasi achevée.

Face à ce déploiement, les syndicats, conscients pour les plus lucides de leurs faiblesses, essaient malgré tout de mettre en œuvre un programme de renouvellement syndical (l’âge d’or du syndicalisme camerounais se situe dans les années 1940 et 1950 sous la colonisation, avec un mini renouveau syndical au début de la décennie 1990) : programme de maillage territorial, puis de densification de l’implantation régionale, départementale, locale. Objectif : construire un pouvoir syndical national crédible susceptible de corriger le déséquilibre flagrant de force qui donne la part belle au Gouvernement. Ce choix stratégique n’était pas mauvais intrinsèquement, il souffrait cependant d’une analyse incomplète de la situation de terrain : en négligeant, même provisoirement, les besoins conjoncturels mais quotidiens et urgents des enseignants au nom du long terme et du structurel, les syndicats ont sans doute durablement détournés ceux-ci du mouvement syndical et les ont jetés dans les bras ouverts des collectifs certes plus dynamiques mais plus éphémères parce que portés sur des revendications plus individualisées. Il s’est installé une déconsidération des syndicats probablement durable et qui va constituer un des grands défis des années à venir. On est là devant un défi préalable et surdéterminant. Avec quelles stratégies le relever ? Après maints diagnostics et débats, il semble se dégager 4 principales voies stratégiques pour les années à venir.

Premièrement, il faudra continuer et persister dans la voie du droit malgré les impasses et les déconvenues. C’est pourquoi dans leur grande majorité, les syndicats du secteur public ont refusé de se soumettre à la procédure d’agrément imposée par le Gouvernement et choisi de s’en tenir à la procédure de déclaration d’existence inscrite dans la convention 87. Mais ce bras de fer limite leurs déploiements sur le terrain (La CEACR dans ses observations 2016 sur le Cameroun, analysant cet état des lieux, dit qu’ « Il en résulte l’hostilité de l’administration à l’égard des dirigeants syndicaux et des syndicalistes, et une véritable entrave au fonctionnement des syndicats qui ne peuvent ni tenir des réunions syndicales dans les établissements scolaires ni obtenir des adhésions sans une existence légale »). A ces premières conséquences, il faut ajouter l’impossibilité pour ces syndicats d’ouvrir un compte dans une banque classique, avec les conséquences que cela entraine pour le financement des syndicats et la gestion des finances syndicales.

Deuxièmement, il faudra œuvrer à la construction d’un véritable pouvoir syndical, et cela implique une implantation nationale effective, une densification de l’adhésion régionale, une formation sérieuse des cadres syndicaux (d’abord tout le leadership intermédiaire puis de base et enfin les militants) à la maîtrise des enjeux des luttes syndicales. Cette tâche semble immense mais avec un bon mix de méthodes, on peut avancer avec une vitesse raisonnable sur ce terrain-là.

Troisièmement, il faudra faire face au problème de l’émiettement syndical, d’abord dans le secteur de l’éducation puis de façon plus transversale dans l’ensemble du champ social. L’unité d’action déjà acquise aujourd’hui dans le secteur de l’éducation n’en est que la première étape. Si celle-ci n’est pas dépassée à terme vers l’unité syndicale, les employeurs et l’Etat auront toujours beau jeu. Est-ce que ce sera facile à atteindre comme objectif à court terme ? Je ne le crois pas : le degré actuel de compréhension des enjeux parmi les acteurs qui comptent est faible, et toutes les chappelles syndicales s’équivalent à peu de choses près. Comme objectif de long terme, il me semble que les chances d’y parvenir deviendraient raisonnablement élevées.

Enfin, il faudra rester en permanence sur le terrain de l’action, même si cela peut avoir un coût négatif très élevé. A chaque action de grève, les sanctions infligées, généralement en toute illégalité aux syndicalistes, font reculer l’élan de syndicalisation. Les revendications des enseignants, surtout dans un contexte de désengagement de l’Etat des secteurs sociaux au profit des secteurs marchands ou marchandisés, touchent de plus en plus à leurs besoins de première nécessité : ils ont toujours un peu plus de mal à boucler les fins de mois. Comme nous l’avons remarqué plus haut, une des grandes erreurs des syndicats ces dernières années a été de négliger cet état des choses pour se focaliser sur le structurel et ils le paient très cher en ce moment. Il s’agit de ne pas récidiver. Mais l’action syndicale peut et doit être diversifiée. Il faut par conséquent également songer aux actions qui réenchantent le mouvement syndical, élèvent vers un idéal de générosité, promeuvent l’image d’un syndicalisme positif. Les syndicats doivent dans cet ordre d’idée développer des logiciels de lutte pour une éducation de qualité, pour un envrionnement durable, pour des organisations plus inclusives, plus démocratiques, plus transparentes et soucieuses de la redevabilité.

En somme peut-on défendre et promouvoir les libertés politiques, les droits humains et syndicaux en contexte non-démocratique ? Ce n’est certes pas facile et pourtant il n’est pas possible de faire autrement. Cela implique un investissement plus périlleux et consomme infiniment plus de temps. Le temps du bon diagnostic, de l’élaboration des solutions adéquates partagées. Le temps aussi de la recherche et de la mise en place des ressources nécessaires. Au Cameroun, le plus grand adversaire des syndicats a souvent été le temps : on y a généralement voulu tout changer sans délai, comme avec une baguette magique. Un certain nombre de leaders d’aujourd’hui commencent peut-être à comprendre que, comme les employeurs et l’Etat, il faudra aux syndicats trouver les possibilités de miser sur le temps long pour reconstruire le mouvement syndical, et éventuellement réussir le renouveau syndical.

Roger Kaffo Fokou, SGA/FESER, SG/SNAES

Vous acceptez une main aux fesses le mardi mais êtes intraitable les autres jours ? Tentez le fleximinisme !

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Par Jean-Marc Proust

Publié le 28/07/2022 à 12:34

Venu de la côte est des États-Unis, un nouveau mouvement féministe s’installe dans l’Hexagone : le fleximinisme. Une nouvelle étape, à la fois radicale et pragmatique de la lutte contre le patriarcat, décrypte notre chroniqueur Jean-Marc Proust. Attention, toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé ne saurait être que fortuite.

Elle s’appelle Aurélie (les prénoms ont été changés) et se définit comme flexiministe, c’est-à-dire « féministe enragée », mais « pas à plein temps ». Le vendredi soir où nous l’avons rencontrée, elle collait des slogans féministes sur les murs du 18e arrondissement de Paris : « Patriarcat partout, justice nulle part », « Non à toutes les violences sexuelles et coloniales ». Avec une vie familiale et professionnelle « bien remplie », elle indique ne pas pouvoir se consacrer entièrement aux luttes. « Mon féminisme est à temps partiel. Je dois choisir mes combats et le temps à leur consacrer. Au bureau, j’accepte d’être moins bien payée et à la maison, c’est moi qui fais à peu près tout mais je suis très active sur les réseaux sociaux. » Aurélie a immédiatement été séduite par le fleximinisme, qui lui permet d’être à la fois « en alerte permanente, hyperrevendicative et informée » et de « relâcher la pression de temps en temps ».

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Associant flexibilité et féminisme, ce mot-valise nous vient tout droit des États-Unis où le mouvement est né il y a moins de deux ans. « Le concept est proche de celui du flexitarian qui refuse de manger de la viande par conviction, mais assume de faire parfois honneur à un bon hamburger en famille explique Martina Denocke, professeure en neo gender studies à l’université de Pricelton. C’est une démarche progressiste qui accepte de faire un bout de chemin avec les conservateurs pour nouer le dialogue et faire avancer la cause. Par exemple, si vous êtes flexi-minist vous n’acceptez pas d’être attrapée par la chatte mais vous pouvez rire de la bonne blague. Vous acceptez une main aux fesses le mardi mais vous êtes intraitable les autres jours. Ça permet de discuter avec l’ennemi. »

DURA FLEX, SED FLEX

De fait, lassées d’être en opposition permanente avec le patriarcat, de plus en plus de néoféministes optent pour le « flexi », qui leur permet de souffler entre deux luttes. Quitte à mettre parfois de côté leurs convictions. Nora a ainsi renoncé à demander une augmentation cette année, parce qu’elle sait qu’en décembre, elle devra préparer les fêtes de fin d’année. « Mon mec n’en a rien à foutre, ça lui passe totalement au-dessus de la tête. Mais, moi, j’y tiens. On a invité toute sa famille et j’ai envie qu’ils se sentent bien reçus. J’aurai un cadeau personnalisé pour chacun, je vais cuisiner des heures… Si en plus je devais demander une augmentation… Ça doublerait ma charge mentale… » Heureusement, après le flex vient le minisme : dès le mois de janvier, elle prendra dix jours pour un « stage de sororité émancipatrice ». « Ça me coûte un bras mais… la lutte avant tout. » Pour avoir l’esprit tranquille, elle demandera à la nounou de faire des heures supplémentaires « et un peu de ménage. Pas envie de retrouver la maison en vrac à mon retour ! »

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Ce ne serait pas un peu contradictoire tout cela ? Maîtresse de conférences au département des études « genre, slam, food, intersectionnalités » de l’université Romorantin-III, Agnès Berthelot balaie l’objection : « l’immersion régulière dans l’oppression est nécessaire pour retrouver le sens de l’émancipation. En d’autres termes : faire la vaisselle pendant que Monsieur regarde le foot vous donne envie de porter plainte. Si Monsieur s’occupe des enfants et fait le ménage, votre charge mentale diminue et vous ne comprenez plus pourquoi la lutte est nécessaire. » Des propos confirmés par Martina Denocke : « Autre exemple : vous pratiquez l’écriture inclusive, mais vous devez utiliser un ordinateur patriarcal [dont le clavier ne permet pas le point médian]. Alors vous êtes obligé.e d’envoyer un mail non inclusif. Et le flex vous met dans une rage telle que votre féminisme gagne en vigueur. »

FLEXI-ÉDUCATIF

C’est exactement ce que ressent Véronique, pour qui la « pause ponctuelle du féminisme » est un outil redoutable. Pour elle, la confrontation avec la violence patriarcale est une nécessité car elle renforce le sentiment d’injustice et donc les convictions. « La semaine dernière, mon mari voulait faire l’amour mais je n’en avais pas envie. J’ai fini par accepter et me laisser faire, parce que le viol conjugal nourrit mon combat. Quand il a eu fini, je lui ai dit : “merci de m’avoir violée, ça m’aide !” Je crois que ça l’a fait progresser lui aussi. J’ai senti qu’il était un peu déconstruit. » Au petit-déjeuner, Véronique a expliqué aux enfants que « cette nuit, maman a été violée par papa », pour les aider à s’approprier la notion de consentement. « Mon mari était un peu réticent, mais il a fini par comprendre la démarche. Les enfants étaient très à l’écoute, c’était un beau moment de justice. Hadrien a même prévu d’en faire un exposé en classe », se réjouit-elle.

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Par sa souplesse, le fleximinisme gagne en effet de nombreux hommes à sa cause. Certains sont tellement convaincus qu’ils se rendent à peine compte du changement opéré dans leur vie de couple et de famille. Ainsi, joint par téléphone, Antoine, le compagnon d’Aurélie, se dit surpris : « Je ne savais pas qu’elle était flexiministe. Évidemment, je sais qu’elle sort avec ses copines dingos pour tagger des murs mais si ça lui fait plaisir, ça me va, du moment que la maison est bien tenue. » Ouille, c’est pas un peu patriarcal, ça, comme remarque ? Il sourit : « Bien vu ! Disons que je suis flexiministe, moi aussi. » Ou flexipatriarcal ?

Orientation scolaire et professionnelle des collégiens et lycéens camerounais : la tentative de musellement ne peut prospérer

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Orientation scolaire et professionnelle des collégiens et lycéens camerounais : la tentative de musellement ne peut prospérer

En l’état actuel, l’enseignement technique et la formation professionnelle ne représentent que 18% du poids de l’ensemble des autres ordres d’enseignement au Cameroun. 88% du système éducatif camerounais continue de produire des compétences dont les entreprises n’ont pas besoin. Pis encore, le taux de chômage croit avec le niveau d’instruction. Interpellée, l’Association pour le Développement de l’Éducation en Afrique (ADEA), au même titre que le Conseil de l’Union Européenne, positionne l’orientation scolaire et professionnelle comme un service essentiel pour assurer un passage efficace de la vie estudiantine au monde professionnel. Dans la même veine, le Document de Stratégie Nationale du Secteur de l’Éducation et de la Formation Professionnelle et la nouvelle Stratégie Nationale de Développement du Cameroun (SND30) font de l’orientation scolaire et professionnelle une des fonctions essentielles d’une école au service de l’amélioration de l’employabilité et de l’entrepreunariabilité des jeunes.

Paradoxalement, à l’observation, le Ministère des Enseignements Secondaires (MINESEC) semble s’employer à ramer à contre-courant. Deux exemples majeurs, entre autres, retiennent mon attention : (1) l’Arrêté N°227/18/MINESEC/IGE du 23 août 2018 portant redéfinition des séries et des disciplines des classes du Second Cycle de l’Enseignement Secondaire Général, d’une part, et, d’autre part, (2) la Liste officielle des manuels scolaires pour le compte de l’année scolaire 2022/2023. Dans l’un et l’autre de ces documents, l’orientation scolaire et professionnelle est absente. Ignorée pour tout dire ! Ce qui remet fondamentalement en cause les dispositions de la réglementation antérieure qui, bon an mal an, avait déjà réussi à faire inscrire l’orientation scolaire et professionnelle au rang des activités scolaires et non post et périscolaires comme d’aucuns pourraient le penser. Je veux citer pour exemple :

  • le Décret № 2000/359 du 05 décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires corps de l’éducation nationale (art. 64 § 2) ;
  • le Décret № 2001/041 du 19 février 2001 portant organisation des établissements scolaires publics et fixant les attributions des responsables de l’administration scolaire (art. 32 § 2 et 42 § 1) ;
  • le Décret № 2012/267 du 11 juin 2012 portant organisation du Ministère des Enseignements Secondaires (art. 8 § 3 et 60) ;
  • l’Arrêté № 40/10/MINESEC/SG/DPCPOS/CELOS du 5 mars 2010 portant institutionnalisation du Cahier des charges du conseiller d’orientation dans les lycées et collèges du Cameroun ;
  • la Décision № 002/B1/1464/MINEDUC/SG/DPOS/SDOS/SOS du 21 Janvier 2004 portant institutionnalisation du volume horaire destiné à l’orientation scolaire (six heures hebdomadaires) ;
  • la Circulaire № 02/07/C/MINESEC/SG/DPCPOS/CELOS du 15 janvier 2007 portant redynamisation de l’orientation conseil dans les services déconcentrés du Ministère des Enseignements Secondaires
  • etc.

Plus encore, je me demande si les responsables du MINESEC ont conscience que l’orientation scolaire et professionnelle est un droit acté et régulièrement encadré au Cameroun ; notamment par les Lois numéros :

  • 98/004 d’orientation de l’éducation du 14 avril (art. 29) ;
  • 005 du 16 avril 2001 d’orientation de l’enseignement supérieur (art.6 § 2 ; 12 § 2 ; 38 § 2 et 45) ;
  • 2018/010 du 11 juillet 2018 régissant la formation professionnelle (art.28 et 33) ;
  • 92-007 du 14 août 1992 portant Code du travail (art. 117 § 2 et 104 § 1)
  • 2004/018 (art. 20 § c) et 2004/019 (art. 223) du 22 juillet 2004 fixant respectivement les règles applicables aux communes et aux régions.

Mieux encore, en référence à la Constitution nationale (art. 45), je me demande aussi si les responsables du MINESEC ont connaissance des dispositions des outils internationaux en la matière. Je veux parler notamment de la :

  • Convention des Nations Unies relative aux droits des enfants (28 § 1 (d) ;
  • Charte Africaine de la Jeunesse (art. 10 § 3-a, 3-c, 3-d et art.15 § 4-e) ;
  • Convention sur l’Élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (art. 10 § a).

En effet, face à l’instabilité et à la flexibilité des offres de formation et du marché du travail, chacun est désormais appelé à être l’acteur de son projet professionnel et personnel. Sans un service d’information et d’orientation scolaires et professionnelles de proximité, il n’y parviendra point. Voilà pourquoi l’orientation scolaire et professionnelle est partout présentée comme l’épine dorsale de tout système éducatif et de formation porté sur la capacitation des individus à l’épanouissement individuel et sociétal . Les acteurs de l’éducation et de la formation y voient, plus que jamais, un service de liaisons entre les systèmes d’enseignement et de formation et le monde du travail, d’une part, et un service d’intégration sociale et professionnelle, d’autre part. À ce propos, en l’absence des repères établis et des références certaines, comme ce fut le cas dans nos sociétés traditionnelles artisanales d’antan, l’orientation scolaire et professionnelle est de plus en plus promue pour aider les individus à construire et à diriger leur vie ; à se faire soi et à développer les compétences à s’orienter tout au long de la vie. C’est dire, derechef, que les interventions d’accompagnement à l’orientation et au conseil psychologique en orientation constituent un droit pour les élèves et les étudiants et une obligation pour l’État en vue d’aménager et de rentabiliser la relation individu-éducation-orientation-travail.

 Je m’étonne donc que nonobstant l’existence d’une Cellule d’orientation scolaire (CELOS) et d’une Section Orientation scolaire à l’Inspection nationale et régionale de Pédagogie chargée de l’Orientation et de la Vie scolaire au MINESEC, aucune plage horaire destinée à l’orientation scolaire et professionnelle ne soit prévue dans la redéfinition des séries et des disciplines des classes du Second Cycle de l’Enseignement Secondaire Général (et technique). Pourtant, entre 2004 et 2018, il en existait ( cf . Décision № 002/B1/1464/MINEDUC/SG/DPOS/SDOS/SOS du 21 Janvier 2004). Plus encore, pour un service aussi crucial dans le développement personnel et vocationnel et la transition des études vers le marché du travail, mon étonnement est sans limite qu’il n’y ait aucun manuel scolaire. Incapacité des responsables de premier plan ou effet du cercle vicieux de la bureaucratie ? Que font les responsables et les cadres de la CELOS et de l’Inspection en charge de l’orientation ? Les initiatives louables, bien que perfectibles, des Conseillers d’orientation de la périphérie, en leur lieu et place, ne pourraient-elles pas être capitalisées ? Comment administrer et inspecter un service absent dans les programmes scolaires et ne disposant d’aucun manuel didactique ? Autant de questions sont le témoin de ce qu’il y a un réel souci au MINESEC quant à l’appropriation et à l’intégration des services d’orientation scolaire et professionnelle dans les mœurs administratives. Une attention particulière sur le sujet urge si tant est vrai que faute d’information et d’orientation scolaires et professionnelles, de nombreux jeunes camerounais peinent à saisir les opportunités qui existent aussi bien en matière de formation qu’en offres d’emploi.

En tout état de cause, en tant que citoyen ; parent ; conseiller d’orientation et enseignant-chercheur en psychologie sociale et sciences de l’orientation, me taire serait être complice d’une forfaiture qui mérite d’être dénoncée publiquement. Me taire me vaudrait de faire montre d’abstention coupable devant une hérésie qui doit être étouffée dans l’œuf pour faire place à la démocratisation du droit à l’information et à l’orientation scolaires et professionnelles au MINESEC et au Cameroun. Le Cameroun en a plus que jamais besoin. Le diagnostic de notre marché du travail fait état de ce que 80% de nos jeunes en âge de travailler ont moins de 25 ans. 69.1% sont en activité. Cependant, 88.6% parmi eux occupent des emplois informels. Ils auraient été informés et mieux orientés qu’ils auraient été à l’abri des dépenses éducatives infructueuses.

En effet, l’orientation scolaire et professionnelle présente l’avantage de maximiser le potentiel des ressources personnelles (l’adaptabilité de carrière ; employabilité ; intentions entrepreneuriales ; capabilité ; sentiment d’efficacité personnelle ; etc.) et la justice sociale.

C’est le lieu enfin de dénoncer le postulat suivant lequel l’Enseignant est « le principal garant de la qualité de l’éducation » (cf. art. 31 § 1 de la Loi 98/004 du 04 avril 1998 d’orientation de l’éducation) et qu’incidemment « la pédagogie » est la « vocation première » du MINESEC (cf. Circulaire № 02/14/C/MINESEC/CAB du 16 janvier 2014 relatives aux activités du conseiller d’orientation dans les établissements scolaires d’enseignement secondaire). Le CO a indéniablement sa place au secondaire car, pour celles et ceux qui l’ignoreraient, les options d’études au supérieur, tout comme les emplois, sont conditionnées par les options d’études faites au secondaire. S’il est vrai que le droit à l’éducation, qui semble tenir à cœur le MINESEC, permet de recevoir un service public d’instruction de qualité en vue du plein épanouissement de la personnalité humaine, il n’en demeure pas moins vrai que le droit à l’orientation scolaire et professionnelle contribue, quant à lui, à donner sens et pertinence aux offres de formation au regard des défis personnels, scolaires, professionnels et sociaux. Conséquemment, en l’absence d’informations pour une orientation scolaire et professionnelle réfléchie et assumée, les dividendes privés et sociaux de l’éducation et de la formation sont toujours limités.

Joseph BOMDA, Ph D, Conseiller d’orientation-Psychosociologue

RENOUVEAU SYNDICAL : L’INTERNATIONAL DE L’ÉDUCATION MOBILISE LES JEUNES ÉDUCATEURS.

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C’est un truisme de dire que l’avenir du monde se trouve entre les mains de la jeunesse. Le rappeler permet cependant de maintenir à l’esprit des jeunes, le poids des responsabilités qui sont les leurs dans la recherche de la paix et de la justice. C’est dans ce sillage que la branche Afrique de l’International de l’Éducation (EIRAF) entend désormais agir pour la mobilisation des jeunes enseignants du continent africain. Il est question d’éveiller les consciences de ces derniers au sujet de l’environnement dans lequel ils évoluent et de la maitrise des enjeux qui engagent autant le devenir de la profession que les perspectives d’éducation.

Le cadre légal et les objectifs

Le cadre qui permet la mobilisation de ces jeunes éducateurs est le Réseau Africain des Jeunes Educateurs (en anglais Africa Young Educators Network, AYEN).  Ce réseau a été mis sur pied le 23 septembre 2021 lors d’un webinaire organisé par l’EIRAf (EI Région Afrique) et qui a vu la participation de 40 jeunes éducateurs âgés d’au plus 35 ans. La création de ce réseau dont on est en droit d’attendre de belles réalisations, est consécutive aux résolutions des septième et huitième congrès de l’IE, tenus respectivement du 21 au 26 juillet 2015 à Ottawa au Canada et du 21 au 26 juillet 2019 à Bangkok en Thaïlande. Les termes de ces résolutions invitaient les organisations de l’IE à s’assurer d’une part que les aspirations des jeunes enseignants, des chercheurs et des personnels d’appui occupaient une place de choix dans les textes de base de ces organisations tout en mettant un point d’honneur à la promotion des valeurs syndicales. D’autre part, le projet baptisé Renouveau syndical vise à redynamiser les bases syndicales en multipliant autant que faire se peut, les formations à l’intention des jeunes éducateurs afin qu’ils soient parés pour faire face aux challenges à venir. Ce projet est d’ailleurs implémenté au Cameroun avec le concours de la Fondation Friedrich Ebert et a déjà permis la formation de nombreux leaders intermédiaires sur lesquels les syndicats peuvent s’appuyer pour étendre leur toile.

Le Réseau Africain des Jeunes Educateurs poursuit de nombreux objectifs au rang desquels :

  • La mobilisation des jeunes éducateurs en rapport avec les plaidoyers sur l’ODD4 pour accélérer la réalisation d’une éducation de qualité pour tous ;
  • La possibilité pour les jeunes syndicalistes du continent de travailler en synergie avec leurs pairs militants des organisations membres de l’IE ;
  • Le soutien au renouvellement des syndicats de l’éducation pour une meilleure représentativité ;
  • L’aide au recrutement de nombreux jeunes éducateurs et leur mobilisation pour la défense de leurs droits.

Les valeurs syndicales

 Le 25 mai dernier, l’EIRAF a organisé un webinaire animé par la camarade Anaïs Dayamba, auquel étaient conviés certains jeunes enseignants militants des organisations membres de l’IE. Le responsable de l’IERAF, le camarade Dennis Sinyolo, a ouvert les travaux a évoquant des thèmes tels que  la redynamisation des bases syndicales par des perfusions juvéniles, la culture du leadership et la promotion des valeurs syndicales. Il a notamment invité à la mutualisation des forces par tous les syndicalistes pour être forts ensemble, l’expérience des anciens conjuguée à l’énergie de la jeunesse étant vecteur de miracle.

La présentation sur les valeurs syndicales a été faite par la camarade Lucy Barimbu. D’entrée de jeu, cette dernière a rappelé que « les employeurs et les employés ne sont pas des copains », une phrase évocatrice qui invite à rester en état d’alerte permanente pour être la voix des sans voix et éclairer les zones d’ombres où tentent d’émerger le déni de justice et les abus de toutes sortes. 

Au terme de cette présentation, les valeurs que doivent porter les syndicats et leurs membres ont été mises en évidence et expliquées pour une meilleure compréhension de l’assistance. Parmi ces valeurs figuraient la démocratie, l’autonomie, la représentation, la solidarité, le respect mutuel, la transparence, la reddition des comptes, l’inclusivité, l’égalité et la diversité.

Aucune œuvre de construction ne peut prospérer si les jeunes qui doivent en assurer la durabilité sont en marge du processus. Aussi faudrait-il que cette jeunesse soit au fait des enjeux de demain pour prendre conscience de la nécessité de s’y préparer aujourd’hui. Frantz Fanon rappelait à juste titre que « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » l’IERAF a ouvert la brèche du Renouveau Syndical et du Réseau Africain des Jeunes Educateurs, il reste aux jeunes éducateurs de s’y engouffrer en nombre conséquent pour assurer la noble mission de la défense de l’éducation et de l’enseignant.

YONGUI HEUBO Patrick William, Rédacteur snaes.org

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