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FORMATION SOUTENUE DES JEUNES LEADER DU SNAES PAR LA FONDATION FRIEDRICH EBERT : Des militants plus aguerris pour la démocratie et la justice sociale. 

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Pendant un an, au sein d’un  groupe restreint de jeunes femmes et hommes issus d’organisations de la société civile, de partis politiques et de syndicats du Cameroun, lauréats du concours de sélection organisé par la fondation Friedrich Ebert Stiftung, les jeunes du SNAES du Centre, de l’Adamaoua et de l’extrême-nord ont approfondi les connaissances et affiné les compétences nécessaires à un leadership qui promeut les valeurs de la démocratie, plaide pour la justice sociale et défend l’idée de bonne gouvernance.  Ces jeunes ont complété l’édition 2021 du programme Jeunes leaders avec succès du 25 avril au 04 décembre 2021.

Cette série de formation qui a vu la participation active des jeunes du SNAES et des autres associations de la société civile à l’instar de l’association éducative EX-DUCERE, s’est déroulée en sept sessions avec des thèmes riches et variés, délivrés à travers 48 Modules de formation.

Le premier regroupement s’est déroulé du 25 au 27 Avril 2021 à Yaoundé sur le thème : Connaitre ce qu’est le Leadership, devenir leader. Les facilateurs de cette session étaient le Dr. Richard MAKON et le Dr. MBANGUE Expert–Consultant en Leadership. Ils ont entretenu les participants sur les éléments suivants :

  • Propos inaugural: Qu’est-ce que le Leadership ?
  • Module 1: Les qualités et attributs du Leader (vision clairement formulée, sens de l’écoute, esprit critique, animation, organisation, mentorat…)
  • Module 2 : Leadership : perspectives pratiques (Les types ou formes, les champs d’expression, la spécificité en politique, les rapports entre leadership – pouvoir – commandement – autorité – dictature, les armes du leadership)
  • Module 3 : Quels leaders pour le Cameroun et l’Afrique d’aujourd’hui et de demain ?
  • Module 4 : Etudes de cas : les figures mondiales et africaines du leadership culturel, social et politique, forces et faiblesses.
  • Module 5: Formation pratique en communication, évaluation, motivation et leurs fonctions en matière de leadership (+ distribution des rôles de discours, évaluation et motivation)
  • Module 6: Exercices de groupe + Jeux de rôle + Exercices théoriques et pratiques

Du 13 au 15 Mai 2021 s’est déroulé à Yaoundé, le deuxième regroupement sur le thème : Théories politiques, institutions Politiques Camerounaises et leurs fonctionnements avec 6 modules animés par le Pr MACHIKOU Nadine et le Pr Moïse YANOU, Agrégés de Sciences politiques.

  • Module 1: élément de cadre définitions du concept : Idéologie, politique et citoyenneté ; Grands problèmes politiques contemporains. Pr Moïse YANOU, Agrégé de Science politique
  • Module 2: Formes taxinomiques et idéelles de l’ordre politique : Catégoriser les formes de régime politique : La démocratie représentative ; L’autoritarisme et le totalitarisme – Catégoriser les idéologies : une notion dogmatique une notion au territoire fluide ; Une notion possible à contextualiser ?
  • Module 3: Identifier des idéologies en Afrique. Etudes de cas
  • Module 4:  Les structures institutionnelles du politique au Cameroun: La nature du régime politique camerounais ; Les institutions émergentes et l’analyse SWOT des institutions politiques camerounaises
  • Module 5: Les structures partisanes du jeu politique camerounais
  • Module 6: SWOT des partis politiques camerounais

Le troisième regroupement du 23 au 25 Juin 2021 à Douala sur le thème : Introduction aux droits humains: instruments, institutions et enjeux, animé par l’équipe du Pr Agbor Balla Félix. Les modules de formation étaient les suivants :

  • Module 1: Introduction aux droits humains internationaux : Brève histoire / philosophie des droits de l’homme ; Universalité et inaliénabilité ; indivisibilités ; et interdépendance.
  • Module 2: Le système des droits de l’homme des Nations Unies : Instruments et Institutions.
  • Module 3: Les droits de l’homme en temps de crise : Boko Haram, la crise anglophone et le Covid.
  • Module 4: Droits de l’homme en Afrique : Histoire, structure et fonctionnement de l’OUA / UA ; Instruments : la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le Protocole des Femmes et la Charte de l’Enfant
  • Module 5: Institutions : La Commission Africaine et la Cour Africaine : Mandat et fonctionnement et décisions clés.
  • Module 6: Droits spécifiques dans le système africain des droits humains : femmes, enfants et minorités sexuelles
  • Module 7: Droits de l’homme au Cameroun : Instruments et Institutions
  • Module 8: La corruption et les droits de l’homme

Le quatrième regroupement a eu cours du 26 au 28 août 2021 à Yaoundé sur le thème : Art oratoire et pratiques orales conduit par M. Binyou Bi Homb Expert en développement, spécialiste en oralité, Maître Roland Dieuwou, Juriste-consultant, Pr. Alain Cyrille Pangop Kameni Expert en sciences de la communication et de l’information, journaliste de formation et facilitateur en leadership et par M. Fayçal Pepouna, Ingénieur agronome, orateur professionnel-expert MUA. Ils ont entretenu les participants sur les axes suivants :

  • Leçon inaugurale: Devenir orateur aujourd’hui
  • Module 1: Voix, corps et langage
  • Module 2: Les bases de la prise de parole : Les 7 défis de l’orateur
  • Module 3: Discours et présentation : Discours ; Thème et arguments
  • Module 4: Introduction au débat parlementaire : Les formats de débat ; Pratique débat parlementaire.
  • Module 5: Le panier de l’orateur : Faire rire, faire pleurer…Mémorisez ! Contez ! Enseignez ! Répertoire contes, blagues
  • Module 6: Argumentation, structuration, réfutation & motions (Partie 1)
  • Module 7: Initiation à la négociation et au plaidoyer
  • Module 8: Pratique orale générale /TP 6 : Pratique débat parlementaire
  • Module 9: Introduction au Modèle de l’Union Africaine et Pratique du Modèle de l’Union Africaine
  • Leçon finale : Art oratoire, leadership et entreprenariat

Le cinquième regroupement, tenu à Yaoundé dans la salle de conférence de la friedrich Ebert du 23 au 25 Septembre 2021 sur le thème : LA COMMUNICATION POLITIQUE, à été animé par le Dr  Médard sosthène Lipot, expert en communication politique  et  Mr Emmanuel Binyam, expert en marketing.

  • Module 1: LEÇON INAUGURALE :  La  communication  politique  :  concepts  et  techniques  du  grand art.
  • Module 2: reussir son intervention
  • Module 3: community manager et marketing politique
  • EXPOSE FINAL : Communication politique, jeux et enjeux géostratégiques

L’avant dernier regroupement (le 6ème) s’est tenu du 21 au 23 octobre 2021 à Yaoundé  sur le thème : Gestion axée sur les résultats  avec la facilitation  du  Pr. Viviane Ondoua Biwolé (UYII) et la modération du Doctorant Pius Michel MINDJA (UYII). Les modules abordés étaient les suivants :

  • Module 1: Comprendre la gestion axée sur les résultats
  • Module 2 : Cadre Conceptuel de la GAR
  • Module 3 : Implémentation de la GAR
  • Module 4 : Suivi et évaluation de la GAR
  • Module 5 : Leçons apprises de la GAR Synthèse

La dernière session s’est quant à elle tenue du 2 au 4 Décembre 2021 à Kribi sur le thème : prévention et résolution des conflits sous l’encadrement du Dr. Edouard Epiphane Yogo  et de M. Zoa Rodrigue (Bestrat) sur les modules suivants :

  • Module 1 : Introduction générale à la prévention des conflits (Définition des concepts clés de gestion des conflits, prévention, sécurité, défense, conflit et Etat des lieux des conflits actuels au Cameroun)
  • Module 2 : Phénoménologie des conflits au Cameroun : (Les activités, les acteurs de la prévention et de la résolution des conflits, la typologie, les causes et les conséquences des conflits)
  • Module 3 : Travaux de groupe : « Diagnostic des causes profondes et des intérêts des parties prenantes dans le conflit au Cameroun »
  • Module 4 : Le dispositif stratégique de prévention des conflits internationaux
  • Module 5 : Le dispositif opérationnel de gestion des conflits internationaux
  • Module 6 : Travaux de groupe (2) : « Discussion sur les effets des menaces sécuritaires sur la jeunesse au Cameroun »
  • Module 7 : Travaux de groupe (3) « Le rôle des jeunes dans les conflits au Cameroun : acteurs ou victimes de la violence armée ? »

À l’issue de tous ces rassemblements les participants ont été véritablement capacités pour soutenir l’essor de la démocratie, de la justice sociale et de la bonne gouvernance à la seule condition qu’ils aient la volonté et les moyens de mettre en œuvre leurs cultures, capacités et compétences ainsi amplifiées. La Fondation Friedrich Ebert s’est quant à elle engagée à continuer à accompagner dans la mesure de ses moyens ces jeunes leaders dans leur éclosion, tout en mettant le cap sur les sessions à venir dont celle de 2022 qui est directement en ligne de mire.

LYCEE BILINGUE DE GALIM-TIGNERE : dynamisme, discipline et résultats mais… une section anglophone à problèmes

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ETABLISSEMENT DE LA SEMAINE

Pour ce  numéro de la rubrique établissement de la semaine, la rédaction du SNAES s’est intéressée au lycée bilingue de Galim-Tignère. Cet établissement situé dans l’Arrondissement de Galim-Tignère dans le Département du Faro et Deo, Région de l’Adamaoua. Il a été créé en 1992 puis transformé en lycée bilingue en 2020, à la faveur d’une décision ministérielle. Situé à près de 51 km de la ville de Tignère et à 191 km de Ngaoundéré sur une route quasi impraticable, ce lycée a un effectif d’environ 600 élèves réparties en deux sections pour ses deux cycles : Une section francophone qui va de la sixième en terminale et une section Anglophone qui est à sa deuxième année et donc se réduit uniquement à une Form 1 et une Form 2.

Le lycée bilingue de Galim-Tignère possède 10 bâtiments dont un bloc administratif et 9 autres pour les salles de classes dont 2 offerts par les parents d’élèves et élites de l’arrondissement.

A la suite des résultats de fin d’années (BEPC, Probatoire et BACC), le lycée de Galim-tignère a été classé premier établissement du Département, et est compté parmi les premiers établissements de la Région de l’Adamaoua. La discipline est de rigueur au sein du campus du Lycée bilingue de Galim-Tignère. L’équipe dirigeante y veille vraiment. Il est difficile de voir un élève flâner pendant les heures de cours, cela grâce au dynamisme de cette l’équipe qui veille à ce que les cours se déroulent dans de bonnes conditions. Parlant des cours, ils se déroulent bien dans l’ensemble au sein du campus car le personnel enseignant est assidu et dévoué. L’administration tient régulièrement des assises avec les enseignants afin de vérifier que tout est en ordre pour que le travail de chacun puisse se faire avec efficacité. Le seul problème à souligner est celui de la section anglophone qui n’a aucun enseignant et de ce fait, pour tenter d’atténuer ce problème, certains enseignants de la section francophone sont obligés de prêter mains fortes en faisant appel aux notions acquises en formation bilingue dans leur cursus Académique et professionnel.

Le lancement des APPS n’a pas encore eu lieu jusqu’à ce jour, mais cela a été programmé pour la fin des évaluations de fin de trimestre, la conséquence est que les clubs ne fonctionnent pas encore. Parlant du club AFLATEEN, son encadreur a été muté dans un autre établissement (Lycée Général Leclerc à Yaoundé). Connaissant l’impact positif que ce club avait sur les élèves, il serait judicieux de former encore plus d’enseignants afin que les enfants puissent toujours bénéficier de cette formation.

Le montant des contributions de l’APEE au lycée bilingue de Galim-Tignère est de 7500 francs. C’est l’un des montants d’APEE les plus bas dans le département du Faro et Déo, mais  malgré cela, beaucoup de parents peinent à payer, d’autres ne veulent ou ne peuvent même pas selon les cas,  s’acquitter déjà des frais exigibles de leurs enfants car, soit ils n’ont pas encore compris l’importance de l’école, soit tout simplement ils sont beaucoup trop pauvres.

Le 18 Novembre 2021, la communauté éducative du lycée bilingue de Galim-Tignère célébrait la 17ème édition de la journée mondiale de la philosophie qui avait pour thème : « Philosophie et Moralité ». Elle a été célébrée avec succès. Le soutien et la participation du sous-préfet, du Proviseur et de tous les enseignants a contribué au bon déroulement de toutes les activités véhiculant ainsi un message de cohésion et de vivre-ensemble à toute l’assistance. Les particularités de cette journée ont été, d’une part les débats mettant en scène les compétences philosophiques culturelles et dialectiques des élèves, et d’autre part la table-ronde brillamment conduite par des collègues des disciplines autres que la philosophie et un élève de la classe de Terminale C sur le thème : Peut-on compter sur la philosophie pour éradiquer le mal dans la société ?

 

Les activités du SNAES au sein du lycée bilingue de Galim-Tignère sont essentiellement basés sur la sensibilisation des collègues sur le bien fondé des syndicats en général et du SNAES en particulier. Le responsable local Etienne MAWEL n’ayant pour l’instant que quelques militants très actifs parmi le personnel de l’établissement se bat comme il peut malgré l’inconscience des collègues alimentée par des opinions erronées et différents préjugés sur les syndicats. C’est donc à une sensibilisation sur les actions du SNAES en général, et particulièrement sur la campagne de la restauration des droits des Animateurs Pédagogiques que se livre entre autres, l’équipe du SNAES sur le terrain pour essayer de renverser la vapeur. Cette sensibilisation a déjà commencé à porter ses fruits avec 90% des Animateurs Pédagogiques recencés au lycée bilingue de Galim-Tignère.

Au lycée bilingue de Galim-Tignère, il fait bon vivre, la discipline et le droit aux libertés individuelles et syndicales mises en œuvre par l’équipe dirigeante dans le respect des lois républicaines permet un travail serein et productif.

 

 

LE BRAINSTORMING, COMMENT BIEN S’Y PRENDRE ? CONSEILS A SUIVRE POUR SE METTRE A LA PAGE ET AMELIORER SES PRATIQUES EN LA MATIERE.

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Qu’avons-nous vu la dernière fois ? Qu’avons-nous dit à propos de ceci et de cela ? Si la révision est essentielle à la régulation rétroactive et à la vérification des pré-acquis, elle n’est pas toujours congrue aux cibles ponctuelles de l’apprentissage. Bien souvent il n’y a pas de lien entre cette activité et la leçon du jour.  Malheureusement, certains enseignants confondent cette pratique avec un brainstorming bien mené.  Le brainstorming est souvent assimilé par certains enseignants à une sorte d’investigation où ils posent des questions fermées aux élèves, à la recherche des réponses précises qui constitueront une partie du corpus de la leçon en cours, ou une partie des objectifs pédagogiques dédiés. Qu’est-ce que ceci ? A quoi sert cela ? citez-moi ceci ou cela ! Une véritable formalité introductive destinée à ouvrir la leçon. Il est intéressant de parcourir certaines hypothèses erronées sur lesquelles se fondent certains enseignants et qui les éloignent d’une pratique plus opérante.

Plusieurs enseignants pensent que :

  • Les élèves ne connaissent rien au sujet de la leçon à venir ;
  • Les enfants n’ont pas le droit d’avoir des attentes personnelles vis-à-vis d’une leçon. Que le programme est déjà assez suffisant pour eux, etc ;
  • Les apprentissages ont moins d’importance que les enseignements : il vaut mieux avoir un cahier de texte et un cahier d’élèves bien remplis plutôt que de faire apprendre. Les inspecteurs ne contrôlent bien que les cahiers, c’est ce qui compte ;
  • S’ils ne grondent pas les élèves pour leurs erreurs, ils continueront à les répéter ;
  • L’éducation se résume aux examens officiels et aux diplômes certificatifs…

Bien souvent ces enseignants confondent les mauvaises réponses à leurs auteurs, et les apprenants le ressentent très bien. En retour, ces derniers assimilent la discipline de l’enseignant aux sentiments qu’ils perçoivent de lui à leur égard. C’est donc sur une base affective que l’enfant s’engage ou non à respecter le contrat didactique dans une aventure cognitive ou motrice.

A l’inverse, il faudrait savoir que :

  • Les élèves, quel que soit leur âge, apportent toujours des connaissances préalables à toute expérience d’apprentissage.
  • Le brainstorming aide à débarrasser les enfants de la peur de l’échec : l’exercice doit présenter un cadre convivial non évaluatif, ce qui assure aux élèves un environnement propice à la confiance. Ils ont moins peur de leurs réponses.
  • Un brainstorming bien mené permet de mettre en place un cadre pour des interactions verticales où les apprenants peuvent mutuellement corriger certaines de leurs lacunes.
  • L’éducation va au-delà des diplômes certificatifs, Il doit nous aider à nous développer en tant que personne. Alors si l’enfant cultive à l’école la peur de donner une mauvaise réponse, en grandissant il risque :
    • De ne jamais prendre le genre de risques qui mène souvent au succès.
    • De voir ses peurs l’empêcher d’apprendre de ses erreurs.
    • D’être effrayé d’essayer des choses.

Une caractéristique commune à de nombreux entrepreneurs qui réussissent est qu’ils ne sont pas freinés par la peur de prendre des risques. Perdre la peur de l’échec est un résultat positif du brainstorming. Un bon brainstorming présente donc le mérite d’être pertinent pour la formation en entreprise des enfants et des jeunes apprenants.

Pour mieux comprendre comment mettre en œuvre une activité de brainstorming, Roland ASSOAH ETOGA, Conseiller Pédagogique et Formateur Maître en Education Sociale Financière et Entrepreneuriale pour le Compte de l’ONG AFLATOUN et du MINESEC, nous donne en trois points cruciaux, quelques conseils à prendre en compte pour un brainstorming.

« Dans une pédagogie centrée sur les apprenants, pour être efficaces, les plans de cours doivent prévoir comme entrée en matière, une activité de brainstorming ou de remue-méninges. Car dans la phase qui consiste à équilibrer les pré-acquis et les prérequis, le brainstorming est un outil d’enseignement et d’apprentissage qui présente de nombreux avantages. Aujourd’hui, rappelons-nous trois d’entre eux. »

  • Le brainstorming permet aux enfants de commencer avec ce qu’ils savent déjà.

« Grâce à André Giordan et la pédagogie allostérique, nous avons appris que c’est à partir de leurs conceptions primitives que les apprenants arrivent à en construire de nouvelles. Il est donc nécessaire de faire avec ce qu’ils connaissent déjà, ou ce qu’ils pensent déjà connaitre, pour les accompagner dans leur développement. L’un des avantages du brainstorming est qu’il permet aux enfants de récupérer des connaissances antérieures, et ainsi, ils auront plus de facilité à comprendre et à retenir de nouvelles idées et informations. Dans une interaction verticale en classe, les élèves pourront ensuite travailler sur le lien commun qu’ils ont avec le sujet d’apprentissage ou le cas échéant, à procéder à une remédiation entre eux. »

Conseil 1 :

« L’enseignant peut donc demander aux élèves de réfléchir deux minutes et de s’exprimer en cinq minutes sur ce qu’ils savent déjà par exemple au sujet de la pollution, de la première guerre mondiale, ou sur l’application des racines-carrées ou de telle autre nouvelle notion sujet de l’étude. Dès que les élèves sont à court de raisons, ils peuvent être invités à examiner la cible de l’apprentissage libellée par l’enseignant ».

  • Un brainstorming bien mené peut aider les enfants a perdre leur peur de l’échec et gagner en assurance.

« Le remue-méninges peut aider les enfants à surmonter leur peur de l’échec.  Les enfants ont souvent peur de donner leurs idées ou leurs réponses, surtout quand l’enseignant leur pose des questions fermées telles que  : quelles sont précisément…, qu’est ce nous avons vue…combien y’a-t-il de… Les élèves ont ainsi souvent l’impression que l’enseignant leur demande de donner la réponse qui lui plairait.  Ainsi, ils deviennent extrêmement prudents dans leur prise de parole. Il est donc une erreur de conditionner les enfants à croire qu’il n’y a qu’une seule réponse correcte à une question car ceci les met sous pression. Il est difficile dans un processus de réinvestissement mémoriel que l’apprenant soit efficace sous pression. Répondre à une question est donc, pour l’enfant, une expérience stressante, pleine de risques et de peur de l’échec, surtout quand les enseignants sont insensibles ou indélicats dans leur façon de conduire le brainstorming. »

Conseil 2 :

« Il est nécessaire d’encourager les apprenants à donner autant de réponses que possible.  Au départ, l’enseignant doit accepter toutes les réponses et les critiques bien formulées, afin de permettre aux enfants de prioriser l’introspection, la mobilisation des idées et leur participation au cours. Les questions doivent avoir une formulation ouverte : Que pensez-vous savoir au sujet de… ? A tour de rôle, l’enseignant doit communiquer avec les élèves en utilisant systématiquement la technique IRF (Initiation de l’enseignant, Réponse de l’apprenant et Feedback de l’enseignant). L’enseignant se doit de recourir à un feedback qui ne frustre pas les apprenants quelles que soient leurs réponses; il pourrait par exemple dire : oui excellent, qui a une autre contribution ? Oui très bien, pourrais-tu nous dire pourquoi ? Ne pas dire : pendant que les autres apprennent toi tu…, Non regardez-moi un Toto, Un idiot ! Non ! C’est faux ! Il faut toujours garder à l’esprit que l’objectif du brainstorming c’est de procéder au réinvestissement mémoriel pour servir de base à la construction du savoir. »

« Pour mener une bonne médiation pendant le brainstorming, l’enseignant se doit entre autres, de garder à l’esprit les principes de comportement suivants :

  • Reconnaitre les efforts des enfants avant d’aborder tout problème avec leurs réponses.
  • Ne pas oublier que si vous contestez leurs réponses, il faut les distinguer des enfants eux-mêmes. (Mauvaise réponse n’est pas synonyme d’élève détestable)
  • Le cas échéant, si l’activité d’apprentissage ne le permet pas, expliquer toujours aux élèves pourquoi une réponse donnée a été incorrecte, il s’agit d’une opportunité d’enseignement. »

 

  • Les élèves peuvent parfois apprendre autant les uns des autres qu’ils le peuvent de l’enseignant et même parfois avec une meilleure efficacité.

« Depuis les travaux de Lev Vygotsky sur la zone de proche développement, de Jérôme Brunner sur l’étayage et ceux de Philippe Meirieu sur les groupes de besoin et  la remédiation, il a été prouvé que les interactions horizontales sont aussi productives que les interactions verticales, voire même complémentaires. Pendant le brainstorming, il faut donc donner le temps aux élèves d’échanger entre eux à deux ou en petits groupes. Cet échange participe du conflit sociocognitif. Les élèves découvrent de leurs camarades des données qu’ils n’avaient pas, ou des réflexions qui étaient à leur portée mais qu’ils ne percevaient pas. Cette démarche offre comme avantage de combler certaines lacunes dans leurs cadres de référence, grâce à l’usage de signifiants empruntés à un réseau sémantique familier. Le langage employé par l’enseignant et ses références sont souvent éloignés de ce que l’enfant peut comprendre.

Conseil 3 :

« Il est nécessaire pour réussir un bon brainstorming, de donner quelques minutes aux élèves pour qu’ils échangent leurs points de vue et discutent ensemble au sujet des convergences et des divergences d’opinions ou sur la complémentarité de leurs informations. Ceci peut leur permettre de lever mutuellement certaines lacunes et barrières. De même, quand les élèves finissent de donner individuellement les réponses, l’enseignant doit consigner les meilleures et les moins bonnes, laisser les élèves échanger  en petits groupes, puis demander aux élèves d’en faire une petite synthèse. Dans le déroulement des activités d’apprentissage, avant la fin du cours, l’enseignant devra aborder le fait que certaines des réponses étaient fausses.  L’enseignant devra commencer à affiner les réponses que les enfants ont suggérées plus tôt, en les aidant à hiérarchiser les bonnes idées et à les distinguer des mauvaises, pour corriger les lacunes si elles ne l’ont pas été lors des interactions horizontales. »

Ces points et conseils essentiels sont d’une importance non négligeable pour réussir une bonne prise en main de l’activité de remue-méninges. Ils ne constituent pourtant qu’un point de départ pour améliorer les pratiques en la matière. Dans le cadre du brainstorming, les formateurs AFLATOUN utilisent des méthodes efficaces qui ont déjà fait leurs preuves à l’international, dans tous les établissements scolaires où le programme fonctionne effectivement. Il s’agit du remue-méninges seul, à deux et en petit groupe ; de la technique de la grille CVA et celle de la carte à grappes. Ces techniques qui offrent un aiguillage didactique et pédagogique aux enseignants, devraient être vulgarisées dans les établissements scolaires de manière à systématiser le brainstorming dans toutes les leçons, dans une pratique bénéfique et opérante pour un meilleur accompagnement des apprenants dans nos écoles.

 

Priscille BABIKOUSSANA, Psychologue de l’éducation.

Roland ASSOAH, Conseiller Pédagogique et Formateur Maitre ESFE.

LE MINESEC EN RETRAIT DE LA STRATÉGIE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ?

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Depuis 2018, les activités menées par le MINESEC en matière de lutte contre la corruption semblent s’amenuiser. Ce constat s’impose si on s’en tient à leur quantité et à leur consistance décroissantes d’années en années, dans le cadre des axes stratégiques préconisés par la matrice globale de la CONAC. Pire encore, pour l’année 2020, on apprend dans le rapport rendu public par cette même commission sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, que le MINESEC n’a pas pu rendre disponible les informations y afférentes. Un décrochage lourd de conséquence en termes de justice sociale, pour un corps enseignant déjà au bout du rouleau.

Suivant le modèle « PrECIS » adopté par la CONAC pour présenter l’action de la stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption, cinq axes essentiels sont mis en évidence : la Prévention, l’Éducation, les Conditions de travail, l’Incitation à l’excellence et les Sanctions. Malheureusement pour chaque axe, si les objectifs affichés par le Ministère des Enseignements Secondaires ont souvent été plus ou moins louables et ambitieux, les résultats attendus ne se sont pas toujours matérialisés sur le terrain avec évidence. A peine amorcées, les activités destinées à mettre en œuvre ces objectifs disparaissent systématiquement après quelques mois, sans véritablement avoir ni pris corps, ni opérées, comme une simple formalité sans la moindre importance.

Dans le cadre de la prévention, le MINESEC s’était par exemple engagé à assainir les comportements dans la gestion des établissements scolaires (2016) ; instaurer une lisibilité dans la gestion des créations et des ouvertures des établissements scolaires privés (2016) et , à répondre au besoin d’information des usagers (2017) par l’actualisation du Site internet du Ministère, la publication des actes de carrières signés sur le site du MINESEC et la mise en fonction d’un numéro téléphonique pour les dénonciations. Force est de constater que ces objectifs, pour le moins, n’ont pas été pérennisés et les activités traduisant leur mise en œuvre sont passées de 8 en 2018 à un seul en 2019, puis à un nombre indéterminé en 2020.

Pour ce qui est de l’amélioration des Conditions de travail du personnel, il s’agit d’œuvrer à rendre les enseignants moins vulnérables à la corruption. Entre autres objectifs, il était question d’améliorer le processus de mutation et de nomination (2016) ; d’améliorer le traitement des dossiers de carrières du personnel (2016) ; d’améliorer les conditions de prise en charge médicale du personnel (2017) : d’assurer la prise en charge des enseignants en cours d’intégration (2018) et d’assurer le traitement diligent des dossiers de carrière (2018). Une fois encore, ces objectifs n’ont été ni maintenus, ni promus. La quantité d’activités dans cet axe stratégique est passée de 6 en 2018 à un seul en 2019, puis inconnue en 2020.

Il en est de même pour tous les autres axes stratégiques. Les sanctions hors examens officiels sont passées de 102 en 2018, à 14 en 2019, les activités incitatives destinées à récompenser et à motiver le personnel du MINESEC étaient de 7 en 2018 pour complètement disparaitre en 2019 et enfin, les activités éducatives sont aussi passées de 3 à 2. On constate par exemple la rareté des lettres de félicitation, la disparition du prix de l’excellence et le manque de sérieux dans l’organisation des Palmes Académiques pour ne citer que cela.  Il est donc évident que la dynamique impulsée par la CONAC ne raisonne plus tout à fait au MINESEC, avec en 2020, une absence de redevabilité. Pourtant, sous l’impulsion du Ministre, la Commission Ministérielle de Lutte Contre la Corruption du MINESEC, créée en 2005 s’était engagée dans un vaste combat multiforme visant entre autres les irrégularités dans le recrutement des élèves, les malversations financières, la mauvaise gestion des Associations des Parents d’Elèves et Enseignants(APEE), le monnayage des actes de carrière, les établissements clandestins et les chantiers abandonnés.

Avec le climat social très tendu compte tenu de la dégradation des conditions de travail des enseignants, notamment : le traitement opaque des actes de carrières, des mutations, des salaires des enseignants nouvellement pris en charge, des indemnités dues lors des examens officiels, les convocations abusives des enseignants pour les besoins de l’administration, une gestion chaotique des recrutements des vacataires et des personnels d’appoint sans contrats de travail décent; il est étonnant de voir que les activités menées par le MINESEC par rapport à la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption ne suivent pas une trajectoire cohérente, dans un désarrimage stratégique incompréhensible. L’absence de redevabilité du Ministère éducatif mise en évidence par la CONAC pousse à s’interroger sur le message que ce premier veut émettre en destination de son personnel déjà aux abois.

Le Ministère des Enseignements Secondaires se doit de remonter la pente avec la reprise de ses activités anticorruptions. Il ne saurait avoir une excuse à ce décrochage, tous les autres ministères dans le même environnement conjoncturel ont fait montre de « redevabilité » vis-à-vis de leurs activités contre la corruption. Si dans un ministère en charge de l’éducation la stratégie nationale de lutte contre la corruption n’est pas strictement suivie et avec la manière, c’est l’éducation des jeunes camerounais qui baignera dans un environnement qui démotive leurs guides tout en les exposant à la corruption et à l’asservissement. Il s’agit là du meilleur moyen de corrompre l’éducation des apprenants, en avilissant leurs perceptions vis-à-vis des valeurs sensées promouvoir l’intégrité. Stanislas Leszcynski le disait si bien : « l’exemple est un grand maître, il faut savoir le suivre pour pouvoir le donner ».

 

 

Les Animateurs Pédagogiques (AP), ces maîtres d’œuvre qui travaillent au noir.

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C’est sous le joug d’une réglementation pour le moins obsolète que travaillent sans acte de nomination valide et sans rémunération, les Animateurs Pédagogiques. Une violation des droits dus à ces valeureux pédago-didacticiens, orchestrée par l’usage abusive des termes de la Circulaire N°32/09/MINESEC/IGE du 07 septembre 2009, dont certaines dispositions sont contraires au Décret présidentiel N°2012/268 du 11 juin 2012 portant organisation du Ministère des Enseignements Secondaires. Dans un pays de droit comme le Cameroun, ceci constitue une hérésie. Un décret présidentiel ignoré au profit d’une circulaire qui lui est antérieure de 3 ans !
Si au cœur de l’enseignement, lieu par excellence de l’éducation, la réglementation en vigueur n’a pas droit de cité, c’est à se demander quelle est la teneur et l’opérabilité des valeurs qui y sont véhiculées. En effet, selon notre enquête sur le terrain, plus de 90% d’enseignants à l’heure actuelle, remplissent les fonctions d’AP sans la moindre note de service de la part des chefs d’établissement les y investissant. Et 100% de ceux qui en ont une, sont astreints aux termes de la circulaire caduque suscitée. Il faut rappeler que les Animateurs Pédagogiques assurent un rôle essentiel au fonctionnement des établissements dont les devoirs sont de :
• convoquer et présider les réunions du Conseil d’Enseignement ;
• suivre l’application des résolutions du Conseil d’Enseignement et les instructions de la hiérarchie ;
• valider et transmettre les rapports d’activités des Conseils d’Enseignement ;
• Vulgariser auprès des enseignants les acquis des formations reçues au cours des séminaires ;
• assister les responsables pédagogiques dans l’élaboration des emplois du temps et le contrôle des progressions des enseignements ;
• préparer les documents et exposés de leurs disciplines à présenter à toute instance pédagogique ;
• assurer la bonne tenue des fiches de collecte exigée par les instances hiérarchiques;
• assurer l’encadrement pédagogique de leurs collègues inexpérimentés en assistant à leurs cours, en les invitants à assister aux leurs et en débattant avec eux sur des thèmes pédagogiques selon leurs besoins ;
• procéder aux inspections-conseils des enseignants de leurs disciplines ou spécialités et en produire les bulletins non chiffrés ;
• collaborer avec les IPN, les IPR et les CP ;
• collaborer avec les autres Conseils d’Enseignements dans le cadre de l’interdisciplinarité et des projets pédagogiques transversaux.

Sans eux, autant dire que les activités d’animation, de concertation et de recherche pédagogiques seraient rendues quasi-impossibles. À ce chapelet de responsabilité s’ajoute un autre, celui consacré à la mallette pédagogique comportant 14 documents exigibles lors de toutes séance de travail. Parmi ces outils, se trouve pourtant en bonne place la décision nommant l’AP. On peut lire dans la circulaire querellée, notamment au titre II-2, que l’AP est nommé par le Délégué Régional des Enseignements Secondaires après visa de son Ministre de tutelle pour une durée de trois ans. Pourtant, le Décret présidentiel mentionné plus haut, en son article 123, confère aux Animateurs Pédagogiques rang et prérogatives de Chef de service Adjoint de l’administration centrale. Cette disposition de la Circulaire a pour effet de priver les AP des avantages dus à leur rang, puisque conformément aux conditions d’octroi des avantages indemnitaires rendues publiques par la DDPP (Direction de la Dépense de Personnel et de la Pension) du Ministère des Finance, pour être valide, la nomination des Chefs de Service Adjoints doit être signée au minimum par le Ministre. Ce qui résulte de cet imbroglio, c’est que les AP à cause d’une règlementation obsolète, travaillent sans possibilité de jouir du moindre droit à la rémunération.
Fort de ce constat défavorable à la justice sociale et au travail décent d’une part, et d’autre part à la vision du SND30 (Stratégie Nationale de Développement 2020-2030) en ce qui concerne la gestion du personnel, le SNAES (Syndicat National Autonome de l’enseignement Secondaire) pense qu’il est temps de mettre fin à ces différents disfonctionnements en restaurant la fonction d’Animateur Pédagogique. Pour que cela soit possible, il suffirait qu’une Circulaire conforme au Décret présidentiel de 2012 règlementant cette fonction et des Décisions ministérielles nommant les AP soient produites par les autorités compétentes.
En attendant que ces droits garantis par le Président de la République soient une réalité, les enseignants pour la plupart, continuent d’être impuissamment assujettis sur le terrain à des promesses de participation aux examens officiels, à des postes de chefs de secrétariat ou de chefs de salle de correction, à des promesses carriéristes ou à d’autres formes de rétributions miroitées par certains chefs d’établissement, conditionnant leur « loyauté », telles des véritables épées de Damoclès. Ces enseignants sont ainsi amenés à travailler au noir, mus par des prérogatives pourtant dues, commutées en faveurs. Une véritable aliénation regrettable du travail d’éducateur.
Il faut que l’enseignant, responsable du Cameroun de demain, soit traité comme un fonctionnaire à part entière et non pas entièrement mis à part. Vivement que la conscience et la responsabilité collectives s’allient pour régler ce problème qui mine le paysage éducatif.

Cameroun : projet commun des organisations éducatives pour la démocratie et le renouveau syndical

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L’Internationale de l’Éducation et la Fondation Friedrich Ebert (FES, acronyme allemand) travaillent ensemble au Cameroun sur un projet de renforcement des capacités, ‘Renouveau syndical : construire des syndicats forts, inclusifs, démocratiques et efficaces dans le secteur de l’éducation au Cameroun’. Le projet, auquel participent toutes les organisations membres nationales de l’Internationale de l’Éducation, se déroulera de 2021 à 2023 et aidera les syndicats de l’éducation à renforcer leurs structures organisationnelles et à établir un dialogue politique.

Les syndicats sont confrontés à de multiples défis à l’échelle mondiale. Ces défis comprennent « les régimes répressifs et la fermeture des espaces pour le travail syndical, la numérisation, le changement climatique, la privatisation, l’intégration des jeunes travailleurs », selon Mirko Herberg, chef de l’équipe de projet Politique syndicale internationale de la FES. Ces défis exigent « un haut niveau de flexibilité organisationnelle et un besoin constant de développer des réponses politiques et organisationnelles qui doivent se faire de manière démocratique et transparente ». C’est pourquoi la FES, dont l’objectif est de soutenir les syndicats du monde entier, estime qu’il est important de soutenir les projets de renforcement des capacités menés par l’Internationale de l’Éducation et ses affiliés.

Les syndicats doivent suivre le rythme, consacrer du temps et investir des ressources pour renforcer leur capacité à répondre à ces défis, a-t-il déclaré. « Avec les budgets limités dont disposent les syndicats, des partenaires solidaires tels que la FES peuvent et doivent jouer un rôle pour soutenir les initiatives des syndicats afin de rester au top. »

La Fondation y parvient par le biais d’un soutien financier et en s’engageant dans le développement du contenu et de la méthodologie, a-t-il déclaré.

La FES est présente dans 108 pays à travers le monde. Dans ces pays, ses expert·e·s en matière de politiques locales, de politique, de traditions, d’économie, etc., travaillent avec les syndicats de l’éducation et d’autres syndicats et organisations de la société civile.

Au Cameroun, les organisations membres de l’Internationale de l’Éducation, la Fédération Camerounaise des Syndicats de l’Éducation (FECASE), la Fédération des Syndicats de l’Enseignement et de la Recherche (FESER) et le Syndicat des Travailleurs des Établissements Scolaires Privés du Cameroun (SYNTESPRIC) ont souligné qu’elles « opèrent dans un contexte politique répressif qui sape l’activité syndicale. Notre défi est de rééquilibrer le rapport de force en notre faveur par une syndicalisation massive afin de pouvoir libérer l’activité syndicale. »

Le Syndicat National Autonome de l’Enseignement Secondaire (SNAES) travaille avec la FES depuis cinq ans, a déclaré Roger Kaffo, secrétaire général du SNAES et secrétaire général adjoint de la FESER. Cette dernière, dont le SNAES fait partie, est l’une des organisations membres de l’Internationale de l’Éducation. La FES « est un partenaire stratégique depuis des années. La fondation est engagée avec mon syndicat dans plusieurs types de coopération. Depuis quatre ans, ils forment des membres de la direction du syndicat (quatre ou cinq par an) par le biais du programme des jeunes leaders de la fondation. »

Il a ajouté : « Je sais que la fondation est impliquée dans le mouvement de la démocratie sociale et que l’histoire de la fondation est fortement liée au syndicalisme. C’est une fondation qui a historiquement des liens profonds avec le syndicalisme. Elle essaie de promouvoir les valeurs de la justice sociale, de l’engagement social et, sur le plan politique, de la démocratie avec une orientation sociale. C’est là que nous nous rejoignons. »

Susciter un véritable débat politique

Kaffo a noté que l’analyse du forum démocratique camerounais par la FES a révélé des lacunes à combler. Il s’est rendu compte que les partis politiques ont le monopole de l’expression à la télévision. Il était donc nécessaire d’ouvrir le débat sur l’avenir de la société, des institutions, à un panel plus large, par exemple avec des syndicats et des chercheur·euse·s.

« Ils l’ont appelé le ‘débat politique’ ». Une équipe sélectionne les thèmes et les partenaires et supervise les débats. Cela fonctionne très bien et touche des sujets sensibles, pour lesquels il serait difficile d’obtenir l’autorisation d’organiser un débat public. Nous pouvons le faire dans ce cadre », a déclaré Kaffo.

La FES finance également des projets syndicaux particuliers, comme une campagne sur les personnels de soutien à l’éducation ou un travail sur la crise des manuels scolaires au Cameroun. Selon Kaffo, ce soutien permet aux syndicats de faire des choses qu’ils ne seraient pas en mesure de faire autrement, notamment en raison du manque de ressources.

« Nous sommes dans un espace politique restreint. Nous avons une certaine marge de liberté mais nous sommes parfois surveillés et contrariés. Ce que la fondation aide à faire, c’est mettre en place une infrastructure accessible qui n’est pas sous contrôle extérieur. »

Décrivant la FES comme « un partenaire stratégique fiable avec beaucoup d’ambition, non seulement pour le syndicat, mais aussi pour la démocratie plus largement », Kaffo a souligné que cet objectif « rassemble les organisations autour des idées de débat, d’ouverture, d’engagement et de combat ».

Vers un syndicalisme de développement

Kaffo a ajouté que le SNAES a changé depuis 2004, élargissant son champ d’action des intérêts syndicaux à l’ensemble du système éducatif. « C’est pourquoi nous l’avons appelé le syndicalisme de développement. Petit à petit, on a expliqué que, dans les pays sous-développés, l’éducation est au cœur du développement. Les enseignants et enseignantes doivent être impliqués dans cet objectif d’ouverture des enfants à la perspective du développement », conclut-il.

Faciliter le renouveau syndical

Outre la démocratie, le renouvellement syndical est également un objectif clé des projets pilotés par la fondation, selon Herberg de FES. « Conscients qu’il s’agit d’un travail très sensible qui nécessite beaucoup de confiance, de délibérations internes et de temps, nous encourageons nos partenaires syndicaux à être courageux, à poser des questions difficiles et à prendre des décisions stratégiques quant à l’orientation à donner au syndicat. Le rôle propre d’une organisation comme la FES est de soutenir de tels processus de transformation syndicale, en facilitant ou en réfléchissant à la dimension du processus. Nous encourageons l’Internationale de l’Éducation et ses affiliés à poursuivre ce travail. »

Au Cameroun, avec le projet soutenu par la FES, la FECASE, la FESER et le SYNTESPRIC sont résolus à agir conjointement pour la revitalisation des syndicats, en tenant compte des nouvelles réalités politiques et sociales, et en remettant en question leur rôle et leur organisation interne.

Pour mener à bien cette tâche difficile, les syndicats de l’éducation camerounais entendent s’appuyer sur les recommandations issues de « La syndicalisation des enseignant·e·s : développer le pouvoir de la profession », l’étude réalisée en 2018 par les professeurs Bascia et Stevenson, pour le compte de l’Internationale de l’Education, et visant à améliorer l’image et l’efficacité des syndicats.

Les syndicats de l’éducation camerounais sont également déterminés à fournir un espace adéquat pour :

  • Les jeunes membres et les femmes.
  • Toutes les catégories de personnel, y compris les enseignant·e·s, les personnels de soutien à l’éducation, les travailleur·euse·s sous contrat et le personnel des écoles privées.
  • Toutes les composantes du syndicat, y compris les sections régionales et locales.

Parmi les activités syndicales prévues, il y aura :

  • Un atelier national pour établir un diagnostic et des réponses alternatives concernant les pratiques syndicales dans le secteur de l’éducation.
  • Un atelier national pour identifier les besoins réels des enseignant·e·s afin d’améliorer la planification de l’action syndicale.
  • Des ateliers régionaux de renforcement des capacités pour les dirigeant·e·s syndicaux·les et les nouveaux membres au sein de cinq coordinations régionales sur les thèmes suivants : dialogue social, transparence et démocratie interne, leadership dans les coordinations syndicales régionales.

 

 SYSTÈME À DOUBLE FLUX : LES ÉLÈVES “DE MIDI” SACRIFIÉS !

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Les études en matière de chronobiologie sont formelles : les parents qui enverront leurs enfants faire l’école de l’après-midi du lundi à vendredi (13h à 17h30 puis le samedi de 07h30 à 12h30) doivent savoir que ces derniers seront réceptifs uniquement la moitié du temps (2 heures en moyenne par jour) et ceci à condition que les enseignants pratiquent la classe inversée, sinon ils ne le seront pas, excepté  le samedi matin.

Avec la pandémie à COVID 19, le système éducatif camerounais qui n’offre que quelques 2342 établissements secondaires publics[1] pour un peu plus de 1,3 millions d’élèves[2] (PME 2020) ne parvient pas à offrir à tous les élèves, dans des conditions de scolarisation respectant la distanciation sociale, huit heures journalières d’enseignement obligatoire comme par le passé. Pour répondre à la difficulté liée aux mesures barrières, les instructions du Premier Ministre lors de l’année scolaire 2020-2021 étaient de limiter les effectifs canoniques à 50 par classe, ce qui avait contraint les établissements à forts effectifs à réduire le temps journalier d’enseignement à 5 , voire 4,5 heures dans un système à double flux (matin et soir). Cette année, on apprend par l’arrêté conjoint N°078/B1/1464 du 25 Aout 2021 fixant le calendrier de l’année scolaire 2021/2022 en son article 14, que cet effectif a augmenté de 20% pour atteindre les 60 recommandés ultérieurement par le MINESEC en 2016 pour une classe dite  « normale » avant l’arrivée du Covid 19. Malheureusement, même avec cette augmentation de la capacité d’accueil des structures éducatives, une portion importante des élèves (environ 60%) aura une éducation de moindre qualité à cause d’un système de mi-temps dont les conséquences pour l’instant ne sont pas tout à fait prises en compte dans l’organisation pédagogique et les pratiques y afférentes.

En effet, si on se réfère aux nombreux travaux en chronobiologie (Montagner, 1992, Testu 1996, 2000…) notamment en ce qui concerne le rythme circadien lié à la vigilance et le rythme ultradien associé à l’efficacité et à l’attention, il ressort qu’il n’y a que dans l’intervalle de 8h30/9h00 à 11h00/11h30 que la vigilance est forte pour la mémoire à court terme (mémoire travail, acquisition du savoir prédicatif, factuel…), et de 15h00/16h00 à 19h30/20h00, elle est forte pour la mémoire à long termes (réinvestissement, transfert, savoir opératoire…). Les élèves qui iront à l’école le matin et pratiqueront une éducation à l’endroit, puis essaieront de résoudre les situations de transfert le soir capitaliseront leur moment de vigilance au service de leur développement intellectuel. Au contraire, ceux qui le matin essaieront de faire à la maison les exercices données la veille à l’école, l’après-midi de 12h00 à 16h00, pendant l’essentiel de leur temps scolaire, seront dans la phase de faible vigilance d’où ils se réveilleront à 16h00 pratiquement à la fin du déploiement des enseignants (à 17h30). Autant dire que dans cette configuration, seuls les élèves ayant des répertoires cognitifs primaires conséquents pourront s’en sortir, ceux qui iront à l’école dans l’après-midi avec pour objectif d’apprendre feraient alors mieux de trouver une alternative pour plus d’efficience. Les apprenant qui seront du flux de l’après-midi hériteront d’un plus mauvais traitement que ceux du matin.

Il faut noter qu’à ce problème chronobiologique, s’ajoute le libertinage, l’ennui, le besoin, le vice et la tentation, occasionnés d’une part par les longues périodes sans encadrement formel (ni scolaire, ni parental) le matin, le retour tardif de l’école au milieu des embouteillages, des bouchons et des délinquants, puis d’autre part, par la période d’adolescence qui pousse l’élève à expérimenter son corps à travers toutes les formes d’expériences imaginables ou non. Si la pandémie nous impose en zone urbaine à forts effectifs un fonctionnement en double flux, il nous appartient de faire tout notre possible pour ne pas jeter en pâture à toutes les formes de vices et de déviances une partie de notre jeunesse. Si des mesures conséquentes ne sont pas prises à temps, la déscolarisation, le décrochage scolaire, la délinquance juvénile et l’inefficacité de notre éducation tant interne qu’externe risquent de s’exacerber davantage.

Quelques aménagements pédagogiques s’imposent alors pour ne pas complètement se laisser dépasser par ces faits biologiques.

Premièrement, il faut tout faire pour améliorer le climat social délétère qui règne dans le corps du personnel des Enseignements Secondaires avec des mesures concrètes, parce qu’un enseignant démotivé jour après jour ne peut pas produire un bon rendement,  encore moins quand il est “de midi”. Deuxièmement, les élèves “de midi” doivent absolument être soumis à une pédagogie active de type classe inversée avec dans la première partie de l’après-midi (jusqu’à 15H) des activités simples, participatives et animées grâce à des techniques d’apprentissage dynamique qui peuvent même être ludiques dans la mesure du possible, de préférence dans les matières du deuxième ou troisième groupe pour le cas des classes de spécialité ou du second cycle. Dans la deuxième partie de la soirée, les activités de construction des schèmes cibles ou de transfert (régulation constructive et productive) par le biais d’inducteurs de problématisation efficaces doivent avoir cours. il s’agirait ici essentiellement d’activités de haut degré cognitif et non pas de faire recopier les élèves comme il est encore malheureusement coutume dans plusieurs cas de figure de pratiques pédagogiques courantes. Troisièmement, un dispositif de continuité pédagogique efficace doit être mis sur pied, permettant d’encadrer tant les apprenants du matin, le soir, que ceux de l’après-midi, le matin. Un enfant qui passe toute sa journée au champ, dans les marchés à vendre, devant la télévision à se distraire ou à ne rien faire, ne sera pas capable d’être ni vigilant, ni attentif et encore moins efficace dans l’après-midi pour répondre aux exigences d’une école des compétences.

Quelle que soit la détermination des élèves, l’aménagement  et la gestion de leur temps extra scolaire et la bonne volonté des parents, si des mesures conséquentes au sujet des rythmes circadien et ultradien en lien avec la Vigilance, l’efficacité et l’attention des élèves ne sont pas prises, nous allons acter le sacrifice des enfants qui fonderont leur espoir d’apprentissage sur l’école publique du Cameroun. Vivement que la stratégie éducative des Enseignements Secondaires prenne en compte ces problèmes et intègre les pistes de solutions disponibles, dont celles présentées ici.

 

[1] Selon le fichier SPIDER des Ressources Humaine du MINESEC

[2] Chiffre du Système d’information et de Gestion de l’éducation donnée par le Partenaire Mondial pour l’Education en Mai 2020

Recensement biométrique des enseignants: le MINESEC doit des frais de mission à tous ceux qui ont été déplacés !

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Le ministère des enseignements secondaires a organisé ces deuxième et troisième trimestres 2021 une opération de recensement dit biométrique des personnels qu’il utilise. Le prétexte de celle-ci, que l’on peut comprendre, était le nettoyage d’un fichier des personnels entaché de nombreuses irrégularités : absents, détachés non signalés, immatriculés fictifs, etc. Un an auparavant, la même opération avait été conduite avec les mêmes meilleures intentions, et avant celle-là une foultitude d’autres recensements de même nature, conduits avec le même sérieux apparent pour des résultats, au finish, toujours aussi peu convaincants. Outre que ces recensements occasionnent des dépenses budgétaires qui ne se justifient guère au regard des résultats régulièrement insatisfaisants, ils déplacent nombre d’enseignants sans frais de mission – ce qui est irrégulier – et tournent in fine à la tracasserie, voire à la brimade, nous allons dire en quoi.

Commençons par le côté tracassier de ces recensements. En règle générale, demander à un fonctionnaire de se faire recenser chaque année trahit soit une incompétence, soit une volonté délibérée des responsables desdites opérations d’empêcher d’atteindre les buts recherchés. On se retrouve devant l’un ou plusieurs des cas de figure suivants : soit la procédure n’est pas bien pensée, soit elle l’est mais est mal exécutée ; si elle est mal exécutée, c’est soit par incompétence, soit intentionnellement pour des raisons inavouées ; enfin, soit la procédure est bonne et est bien exécutée mais les résultats sont mal traités, encore une fois par incompétence ou intentionnellement.

Quel que soit le cas de figure qui se vérifie, ceux qui conduisent les opérations de recensement n’on rien à perdre : ils font leur travail et sont même en mission pour cela quand l’opération peut leur coûter financièrement. Ceux qui sont recensés à répétition ont toujours ou presque quelque chose à perdre dont l’importance est variable.

Ceux qui vivent et travaillent dans les villes/localités centres de recensements n’ont que du temps à perdre, mais généralement le déficit d’organisation les expose à de nombreuses humiliations : ils doivent s’aligner sous le soleil ou la pluie – aucune disposition n’est généralement prise pour les en préserver – des heures durant (il suffit parfois de contingenter pour fluidifier mais qui se soucie un tant soit peu du bien-être de ces enseignants qu’on identifie comme s’ils étaient déjà des prévenus ?), souvent ils doivent se bousculer, se froisser les habits et froisser leurs documents, se marcher sur les orteils, s’invectiver, en venir quelquefois aux mains, etc. Au dernier recensement, on a décidé de punir le Lycée Technique de Douala Koumassi parce que les pauvres enseignants de ce Lycée avaient attendu au soleil leur tour deux jours de suite, et n’avaient été admis en salle de recensement qu’en fin d’après-midi du deuxième jour, ce qui naturellement n’avait pas favorisé la sérénité des opérations et du coup, des voix s’étant élevées, les recenseurs avaient jugé cela intolérable. Le recensement de ce lycée avait été annulé, et pour faire bonne mesure, une lettre d’observation collective avait été aveuglement adressée à tous les personnels de ce lycée.

Mais il y a ceux qui vivent dans les périphéries des chefs-lieux de départements et doivent se déplacer pour se faire recenser. Cela fait un déplacement qui peut aller de quelques kilomètres à plus d’une centaine de kilomètres. Il faut alors voyager, se loger et se nourrir. Aux frais de qui ? Juridiquement, la question ne devrait même pas se poser. Le recensement ayant été décidé par l’administration dans l’intérêt de l’administration – elle veut assainir le fichier solde de ses personnels – tous les agents mis dans l’obligation de sortir de leur arrondissement de travail sont d’office en mission aux frais de l’employeur. Mais ce n’est pas ce qui a été fait dans le cas présent. Des enseignants ont été déplacés non pas parce qu’ils sollicitaient un recensement mais parce que l’administration avait besoin de les recenser, mais n’ont pas vu leurs déplacements pris en compte et les frais de ces derniers ont pesé lourdement sur leurs budgets. Et cela n’a pas suffi : certaines personnes ont estimé que ces premiers frais n’avaient pas suffi et n’avaient pas été  suffisamment élevés. Ils ont donc imaginé qu’il fallait recommencer le recensement pour une seconde catégorie de personnels, à déplacer cette fois-ci non plus aux chefs-lieux des départements mais à Yaoundé. On n’est alors plus dans une course de quelques kilomètres, mais dans des déplacements de plusieurs centaines de kilomètres pour de nombreux enseignants concernés. Que ces déplacements se justifient ou non – dans la plupart des cas ils ne se sont guère justifiés : on a ainsi fait venir des enseignants de Guidiguis pour Yaoundé aux seules fins de les prendre en photos, ou de rectifier une peccadille sur leurs noms ou prénoms – n’enlève rien au fait qu’ils sont normalement des missions, doivent être considérés et traités comme tels. On est tellement habitué, depuis le temps, à déplacer les enseignants sans frais, pour des séminaires pédagogiques par exemple, pour les mutations même d’office sans frais de relève, pour les congés annuels, ou quand on fait un petit effort pour des taux forfaitaires qu’aucun texte de la République ne reconnait et c’est le cas dans le cadre des examens, que demander aux administrateurs installés à Yaoundé de payer aux enseignants leurs dus quand ils les déplacent, c’est comme s’il s’agissait de prendre sur leurs salaires pour donner à ces collègues. On n’est point étonné que le moindre prétexte soit bon pour déplacer des enseignants, puisque cela ne coûte strictement rien à l’utilisateur ou au donneur d’ordre.

Dans le cas de l’actuel recensement dont le seul qui y a intérêt est le MINESEC il faut insister là-dessus, les profils des personnes convoquées à Yaoundé sont très variés et posent de nombreuses questions. On y trouve des enseignants en poste, à qui rien n’est reproché, et à qui au terme de ce double recensement on ne trouve toujours pas de faute à leur imputer. Entre temps, ils auront, pour certains, dépensé tout leur salaire d’un mois pour venir à Yaoundé faire constater que leur proviseur avait oublié de nettoyer ou mettre à jour son fichier du personnel, ou que l’agent recenseur avait omis un détail lors de son recensement initial. Il y a des enseignants de retour du second cycle de l’ENS, affectés dans de nouveaux établissements mais que l’on considère absents sur la base des documents de leurs anciens établissements, lesquels ont conservé leurs noms sans tenir compte de ce qu’ils étaient retournés en formation et qu’à l’issue de celle-ci, il est de tradition de les affecter ailleurs. Il y a des enseignants passés dans l’Enseignement supérieur depuis des années et qui pour cela ont obtenu une autorisation écrite du MINESEC, mais dont les noms sont restés dans les fichiers des enseignements secondaires… parce que personne n’a jugé bon de bien faire son travail, et il faut qu’ils reviennent de Buea, Maroua, Dschang, Bamenda pour se justifier à Yaoundé, à leurs frais, parce qu’une certaine administration et ceux qui l’incarnent ne sont jamais responsables de rien. Mais il y a aussi des absents tout court, partis vers d’autres cieux brouter une herbe plus verte. Et face à ceux-là, il y a tous ceux qui travaillent et se sacrifient pour des salaires que certains dédaignent, et il faudra leur expliquer pourquoi il faut les tracasser chaque année, les faire dépenser chaque année, comme s’ils étaient comptables des indélicatesses de ceux qui ont désertés.

Nous voulons ici informer tous les enseignants qui ont été déplacés à l’occasion de ce recensement qu’ils ont droit à une feuille de mission pour ceux qui n’ont effectué qu’un déplacement, et à deux feuilles de mission pour ceux qui ont effectué deux déplacements. Et un droit, cela se revendique si l’on veut qu’il soit pris en compte. Le MINESEC, au nom de l’Etat, leur doit ces feuilles de mission et les frais y afférents. Ces missions que l’on refuse de payer aux enseignants, les fonctionnaires et agents d’autres administrations se les voient payer, et ils ne sont pas pour cela plus travailleurs que les enseignants, ni plus Camerounais que les enseignants. Si ces frais avaient été pris en compte depuis le temps qu’on déplace les enseignants pour les recenser, puis les re-recenser et recommencer encore et encore, soit ces recensements auraient été mieux organisés, mieux exécutés et leurs données mieux traitées, soit on réfléchirait à deux fois au moins avant de les multiplier.

 

REGARD SUR LES RESULTATS DES EXAMENS 2021: JEUNES CAMEROUNAIS VICTIMES DE DIPLÔMES

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La session 2021 vient de rendre son verdict. La tendance des statistiques est de nature à mettre en joie les apprenants et les parents. Mais, et ce n’est pas être rabat-joie que de le dire, les statistiques se limitent à répondre aux questions relatives à la quantité.

S’agissant de la qualité, les statistiques sont plutôt inadaptées pour en rendre compte, menteuses. Alors une hygiène pédagogique consiste à fermer les yeux sur leur mensonge bienfaisant. Et l’on en oublie volontiers et pardonne la mise a disposition, un peu cavalière des sujets, les retards dans le début des épreuves, la non-conformité de leur structure… Cela suscite de brèves réflexions.

En plus d’être ce qu’on en dit – la pédagogie du succès -, l’APC fait une nouvelle démonstration : en tout cas, le taux de réussite au baccalauréat de l’enseignement secondaire général (Bac-ESG) en révèle les vertus miraculeuses. Plus problématiques sont les conditions d’un examen, mieux s’y prennent les petits Camerounais. La session 2021 enregistre probablement l’un des taux de réussite les plus élevés en ce qui concerne le Bac-ESG.

Il flotte par conséquent, entre les vives protestations des apprenants et des enseignants contre la structure non-conforme des sujets, un corpus de dysfonctionnements et les admissions, un parfum de mystère insoluble. Mais respecter les principes de son hygiène pédagogique, c’est surtout éviter de jeter le discrédit sur le diplôme de jeunes Camerounais, dont certains méritent amplement l’obtention.

Que l’on s’accorde, par convenance, de négliger la tâche ingrate de pénétrer au cœur du secret des délibérations n’exempte nullement la réflexion de creuser, ailleurs, les causes d’un succès (presque) inédit, la racine profonde des contractions d’un examen dont le déroulement aura laissé pendantes et irrésolues un corpus d’interrogations lancinantes et dont les résultats déroutants remplissent de perplexité les observateurs attentifs.

Mais, précision déjà faite, la quantité des reçus au Bac-ESG apparaît de loin comme une question secondaire. La société a besoin de savoir de quels contenus (acquis et compétences) le Bac-ESG (version APC) est la codification. Elle a besoin, pour exprimer plus sereinement sa joie, de savoir que ses tout nouveaux titulaires du Bac n’en sont pas d’infortunées et malheureuses victimes.

Être victime d’un diplôme, c’est en être infligé et affligé. Être victime d’un diplôme, c’est l’avoir pour l’avoir, c’est l’avoir reçu, sans valeur comme un ticket vomi d’un distributeur automatique, et d’être incapable de l’assumer, c’est-à-dire ne rien pouvoir/savoir en faire, c’est en disposer, à une époque exigeante, comme d’une attestation d’alphabétisation pour indigène.

La démocratie du diplôme, que l’on serait absurde de confondre avec l’accès démocratique à l’école, est le pire tort que l’on puisse causer à une société à son système éducatif. Mais, encore une fois, il faut tenir à ne pas livrer les impétrants du Bac-ESG, victimes d’une école qui se perd, la vindicte des anachronismes et des passéismes.

La cohérence consiste à former chaque génération de Camerounais avec les logiciels (moyens, actions, acteurs et conditions) qu’impose le contexte/la situation. Que l’on en convienne ou que l’on y résiste, le chantier de la modernisation et de la réforme du système éducatif du Cameroun incombe, aujourd’hui, à des hommes et des femmes capables de se dépouiller de se départir des réflexes inutilement administratifs pour s’approprier et mettre en œuvre des schèmes scientifiques.

 

 

En pleine COVID-19, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU réaffirme la reconnaissance des Principes d’Abidjan et appelle à une action conjointe entre l’ONU et le GPE 

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Dans une résolution adoptée par consensus le lundi 12 juillet, et parrainée par 54 États, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a réaffirmé sa reconnaissance des Principes d’Abidjan sur le droit à l’éducation, exhortant les États à agir contre la commercialisation de l’éducation, et a demandé aux Nations Unies de travailler avec le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) afin de les mettre en œuvre.

En particulier la résolution :

  • Prend note de l’élaboration par des experts de principes directeurs tels que les Principes d’Abidjan sur les obligations des États en matière de droits humains de fournir un enseignement public et de réglementer la participation privée à l’éducation (paragraphe préliminaire) ;
  • reconnaît “l’importance primordiale que revêt l’investissement” du maximum de ressources disponibles dans l’enseignement public(paragraphe 5), à tous les niveaux d’enseignement, y compris l’enseignement pré-primaire (paragraphe 6) ;
  • Prie instamment tous les États de « réglementer et de contrôler tous les prestataires de services d’éducation, privés et publics, y compris ceux qui fonctionnent de manière indépendante ou en partenariat avec les États, […] pour s’attaquer à l’impact négatif de la marchandisation de l’éducation » (paragraphe 12); et
  • Exprime ses préoccupations face à l’accroissement de la fracture numérique et souligne que l’intégration des technologies numériques dans l’éducation « ne remplace pas à long terme la scolarisation en présentiel » et a « des effets négatifs imprévus », notamment relatifs aux « changements que ces technologies pourraient entraîner dans l’organisation des systèmes éducatifs » (paragraphe préliminaire).

Cette résolution est la deuxième que le Conseil des droits de l’Homme adopte en reconnaissance des Principes d’Abidjan, après une précédente en 2019, et s’ajoute à la reconnaissance similaire de toutes les grandes institutions mondiales et régionales de droits humains et de titulaires de mandat en matière de droit à l’éducation.

Point crucial, la résolution 2021 du Conseil des droits de l’Homme engage « la Haute-Commissaire à collaborer avec les organismes des Nations Unies concernés, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, avec le Partenariat mondial pour l’éducation et avec les organisations de la société civile, afin d’apporter un soutien technique aux États pour la réalisation du droit à l’éducation pendant et après la pandémie de COVID-19 ». Cette recommandation sera essentielle pour aider les gouvernements à intégrer le droit à l’éducation dans leurs projets de construction de meilleurs systèmes éducatifs après la pandémie de COVID-19.

Le lien entre le GPE, la principale organisation multilatérale de financement de l’éducation, et les droits humains, est particulièrement important. Pour garantir que les droits humains soient effectivement placés au cœur de la programmation de l’éducation et ne se limitent pas à des déclarations rhétoriques, la collaboration entre, d’une part, le GPE en tant qu’organisme de financement harmonisé, d’autre part l’UNESCO et le HCDH, en tant qu’organisations de défense des droits humains et d’élaboration de politiques, pourrait s’avérer essentielle. À cet égard, l’UNESCO a récemment conçu une série d’outils pour aider les États à prendre en compte le droit à l’éducation dans la planification et la gestion de l’éducation, ce qui pourrait contribuer à combler cette lacune. Les organisations signataires s’engagent à travailler avec ces institutions pour soutenir l’utilisation pratique du droit à l’éducation dans la planification et la mise en œuvre du secteur de l’éducation, conformément à la résolution.

Les Principes d’Abidjan ont été adoptés en février 2019 par 57 des expert∙e∙s mondiaux∙ales les plus qualifié∙e∙s en matière d’éducation et de droits humains, à l’issue d’un processus consultatif de trois ans avec des décideur∙euse∙s, des communautés et des praticien∙ne∙s. Ce texte historique décortique les instruments existants en matière de droits humains dans le contexte de l’implication croissante du secteur privé dans l’éducation.  Les Principes d’Abidjan sont rapidement devenus l’instrument de référence pour mettre en pratique le droit à l’éducation.

Signataires

  • Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights
  • ActionAid International
  • Organisation pour la Démocratie, le Développement Economique et Social
  • Mouvement Ivoirien des Droits humains (MIDH)
  • Syndicat National de l’Enseignement Secondaire du Cameroun (SNAES)

 

Documents essentiels

  • Résolution du Conseil des droits de l’Homme sur le droit à l’éducation (2021): https://bit.ly/3B4tW4C
  • Website on the Abidjan Principles on the right to education:

https://www.abidjanprinciples.org/fr/home

Contacts 

  • David Archer, Chef du département Services publics, ActionAid
  • Sylvain Aubry, Directeur juridique et politique, Global Initiative for Economic, Social and Cultural Rights, sylvain@gi-escr.org 
  • Koné Ladji, Directeur Exécutif, Organisation pour la Démocratie, le Developpement Economique et Social
  • Drissa Bamba, President du Conseil d’Administration (PCA), siege_midh@yahoo.fr

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